Obédience : NC Loge : NC Date : NC

 

Le Chrisme de la grange de Saint-Pastous

  1. La commune de SAINT-PASTOUS

Saint Pastous est une commune des Pyrénées orientales située à environ 15 km de Lourdes, 5 km d’Argeles Gazoz où il fait bon prendre le soleil.

Lorsque vous demandez aux habitants l’origine du nom de ce village et surtout quelle a été la vie de ce saint qui lui a donné son nom, il vous est répondu de suite que Pastous veut dire pâtre, berger ; il y en a beaucoup dans ce pays. Ils peuvent donc être honorés, c’est pourquoi dans les temps les plus reculés, ils se sont créé ce saint.

Autrefois il y avait une grange dans chaque prairie pour mettre les vaches à l’abri. La plupart de ces granges ont été transformées en résidence de vacances très confortables. C’est dans l’une d’elle que j’y ai passé deux semaines.

Cette grange, dite « aux bœufs » a la particularité de présenter sur sa face sud, à droite de la porte d'entrée, une grosse pierre provenant semble-t-il des ruines d'une ancienne chapelle à proximité, et représentant un motif gravé.

Malgré une détérioration amputant sa partie haute, on y voit, inscrit dans un cercle, trois barres : l'une verticale et deux en diagonale formant un X, avec trois lettres : un A ; ce quisemble un E couché, ses trois transversales pointées en haut ; un S enserrant le rayon du bas. Sa place actuelle, après destruction de la chapelle, sur une modeste grange, renoue avec un courant beaucoup plus ancien, voire primitif. Il est en effet courant d'observer sur des entrées de maisons comme sur des linteaux de porte ou de cheminée des inscriptions d'inspiration religieuse sensées protéger le logis. Un sigle couramment usité est I H S pour Jesus Hominem Salvator. Placer une pierre portant un tel médaillon et provenant d'une chapelle, témoigne - au-delà de l'ignorance de sa signification exacte - d'une croyance de type magique où un talisman peut avoir des propriétés bénéfiques, protégeant le lieu qu'il couvre. Mais là encore les symboliques s'interpénètrent : l'iconographie chrétienne ne faisant que s'inscrire dans une tradition bien antérieure en intégrant et donnant un nouveau sens à des symboles des plus anciens et partagés par différents peuples tels le cercle, la croix et la magie du signe (la lettre ou le nombre).

Il est aisé de reconnaître dans ce motif un symbole puissant du christianisme primitif, largement utilisé au Moyen-âge et particulièrement dans cette région des Pyrénées : il s'agit du chrisme, ou monogramme du Christ 7575-1-2 

  1. Implantation géographique

Le chrisme offre de très nombreuses représentations dans les Pyrénées et le Sud-ouest. À Bordeaux, dans la crypte de l'église Saint Seurin.

Saint Savin (65), tympan du portail Sud.

Sur le chemin de Compostelle qui mène au col de Roncevaux, la petite chapelle Saint Nicolas à Harambels (commune de Larceveau - 64) offre ce chrisme sur son tympan Ouest.
Sur la face et le couvercle d'un sarcophage romain, construit à Saint Béat (31) et exposé au musée des Beaux Arts d'Agen (47), à Saint Gaudens (31) sur le grand portail de la façade nord (XVII siècle).

On remarquera ailleurs en France : d'or sur champ d'azur. sur les armes de la ville d'Arles...rappelant ainsi le chrisme de saint Césaire - boucle de ceinturon (début VI siècle)- qui aurait fait partie des ornements ecclésiastiques du saint évêque d'Arles, au musée des termes de Cluny (75), et encore : sur des lampes du Ve avant JC, recueillies à Aléria (20) et conservées au musée du Fort Matra, sur l'autel de la chapelle du saint Sacrement à l'abbaye saint Victor (Marseille), à Vaison la Romaine, sur un autel dans l'absidiole gauche de la cathédrale (XI), à Civaux (86), ornant une inscription funéraire de la deuxième moitié du Ive siècle, encore insérée dans l'abside de l'église actuelle.

On remarquera enfin ce médaillon sur un mur du corps de bâtiment de l'église du Bourget du lac.

Au-delà des frontières, nous avons repéré des chrismes en Espagne, sur l'un des chemins de Compostelle :  au tympan ouest (Xl") de la cathédrale de Jaca (Aragon), encadré par deux lions héraldiques de style byzantin, dans le cloître du monastère du XII" de San Juan de la Pefia (Huesca, Aragon).

Remarquons enfin, que le tombeau même de Saint Jacques à Compostelle est orné du chrisme.

  1. Le Symbole

Le chrisme est un important symbole de l'église primitive, fort répandu jusqu'au Moyen-âge, tant en architecture que sur des objets (lampes, tapisseries, monnaies, ornementation de textes, pièces de vêtement...).

De façon générale, on appelle chrisme (du grec khrismon) le monogramme constitué à partir des lettres de Christ. On le trouve ainsi formé du l et X, les lettres grecques de Jêsous Xristos, ou de X et P (Chi et Rhô) les deux premières lettres de Xristos (xpvenoÇ / l'oint). Le chrisme de base est donc généralement un axe vertical (I) associé à une croix (X) ; si l'axe vertical comporte une boucle il représente alors le P.
7575-1-3                                                                                                          7575-1-4

Il est à remarquer que si ce symbole eut le succès qu'on lui connaît c'est que fort probablement il était déjà utilisé avant l'ère chrétienne. Harvey Spencer Lewis (La vie mystique de Jésus) l'atteste ainsi comme monogramme original d'Osiris.

Ce monogramme est une simple abréviation pour désigner Jésus Christ. Pour les croyants, il est important d'être baptisé au nom du Christ : « Pierre leur répondit : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit »». (Actes des apôtres : 2, 38)

Ainsi, arborer le chrisme, c'est être marqué du nom du Christ, s'affirmer son disciple. C'est pourquoi il a dû être naturellement copié lors de l'édification de la petite chapelle de Saint Pastous.

Le chrisme appartient au répertoire symbolique du compagnonnage sous le nom de « pendule de Salomon ».

Le chrisme est généralement inscrit dans un cadre : carré, il désigne l'incarnation du Christ ; rond, il met l'accent sur son aspect céleste (solaire).

Le chrisme est souvent associé à d'autres symboles, renforçant ou explicitant son sens.

  1. L’adjonction de l’alpha et de l’oméga

Le chrisme, simple au départ, s'est enrichi symboliquement et iconographiquement. Au tout début assez souvent réduit au X et au P, on lui rajouta ensuite l'alpha et l'oméga (1), symbole de la toute puissance de Dieu, début et fin de toute chose et allusion à la phrase de saint Jean dans l'Apocalypse : « Dieu est l'alpha et l'oméga de toute chose ». Le Chrisme évoque donc le commencement et la fin, l'origine et la finalité de toute chose et, in fine, la puissance du christ sur toute chose.

L'Alpha et l'Oméga réunis symbolisent la totalité (de la connaissance, de l'être, de l'espace et du temps).

La relation entre le Christ et l'Alpha et l'Oméga se trouve dans l'Apocalypse : « C'est moi l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, « Il est, Il était et Il vient », le Maître-de-tout ». (1,8)

  1. L'adjonction du S

Au XI siècle on surimposa un S au bas de la hampe du P (sans doute un symbole trinitaire) ; on l'entoure d'un cercle (ou deux) et quelquefois même d'anges. Ce S qui pose déjà des problèmes d'interprétation en lui-même (que signifie t-il ?), ajoute à son mystère en s'enroulant le plus souvent autour de l'axe vertical dans le sens de l'écriture, voire même en sens inverse.

Quelle interprétation lui donner ? S = Soter ou Sator ? S = Serpent ?

Soter est un mot grec qui signifie sauveur. Sator est un mot latin qui veut dire veut dire planteur, semeur ou plus poétiquement créateur ou père.

Le S pour « Christ sauveur » est l'explication la plus communément admise, mais si on considère les chrismes des Hautes-Pyrénées, la représentation symbolique du serpent semble plus juste.

  1. D'autres symboles sont également très fréquents :

les deux petites rivières qui coulent sous le chrisme évoquent le Christ nous offrant « l'eau vive ».

« Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, lança à pleine voix : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive, celui qui croit en moi vivra » Évangile selon saint Jean : 7, 37.

La couronne de palme évoque le salut, la vie éternelle qu'offre le Christ. En effet, le palmier, comme le saule, est un arbre qui pousse au bord de l'eau ; il évoque ainsi le croyant qui se nourrit de la bénédiction de Dieu :

Les colombes sont également associées au chrisme. Cet oiseau à la riche symbolique représente le Saint-Esprit et la pureté. Associée à l'eau, la colombe signifie paix et harmonie.

  1. L’origine du symbole

D'après la légende, c'est ce signe que portait l'étendard (dénommé labarum) de Constantin Ier quand il marcha contre son rival Maxence et le battit à la Bataille du pont Milvius. Par la suite, Constantin déclara qu'il avait eu un songe où il avait vu ce signe accompagné du message : Ev 'tou'tco vucœ (En touto nika en grec, ln hoc signa vinees en latin, Par ce signe tu vaincras en français).

L'association des deux lettres X et P pour former le symbole préexiste à Constantin et au moment où il manifesta sa faveur envers le christianisme.

L'« Encyclopédie Catholique Romaine » considère que ces lettres sont bien les premières lettres du mot signifiant « christ » ou « oint », (celui qui a reçu l'onction divine), mais reconnait aussi que ce symbole était utilisé bien avant l'ère chrétienne. Dans le monde grec païen, c'était l'abréviation du mot χρηστος (2) (chrêstos), qui signifie « utile, de bon augure » et il indiquait soit un souhait soit un commentaire approbateur. C'était aussi l'abréviation de l'adjectif grec χριστος « christos », déjà employé par Euripide au Vème siècle avant notre ère, et qui était attribué à celui qui avait reçu « l'onction sainte ». Il s'appliquait à un Prince, Roi ou Empereur, et rappelait sa double nature, divine puisqu'il était le dernier des dieux, et humaine puisque premier des hommes.

C'était enfin une simple abréviation comme en témoigne une médaille du cabinet des Médailles, à l'effigie d'un farouche persécuteur du christianisme, Trajan (53 - 98 - 117), provenant d'un atelier monétaire lybien situé à Moeonia, en Asie Mineure.

  1. L’influence de Constantin

Constantin 1 dit le Grand (280 - 337), eut une vision avant sa victoire sur Maxence au pont Milvius (312), qui fut décisive pour le destin du christianisme. Le chrisme lui serait ainsi apparu, accompagné de la devise : Ev roorœ VUCCl (En touto nika /Triomphe par ceci, traduit en latin par : In hoc signo vin ces /Par ce signe tu vaincras). Dès le lendemain de son songe, Constantin aurait fait broder le chrisme sur son labarum (étendard) et graver sur les boucliers de ses soldats, plaçant ainsi son combat sous la protection divine.

En 313, la religion catholique devient officielle dans l'empire, par l'édit de Milan. L'empereur Constantin donne aux chrétiens des lieux de culte et envoie sa mère en Palestine à la recherche de la « vraie croix » et des reliques du Christ. C'est à partir de cette date que l'art chrétien va se développer en architecture, sculpture, peinture, mosaïques, art funéraire (sarcophages) etc. Le chrisme apparaît dès les premières représentations chrétiennes (IVème siècle), tant dans l'empire de Rome que dans l'empire byzantin (Justinien portait un chrisme sur son bouclier). Cette bataille assura à Constantin la maîtrise de l'Occident, étape décisive dans l'édification de son pouvoir absolu et fut à l'origine de sa conversion au christianisme.

  1. Autre version moins prosaïque

Le Chrisme est la roue solaire à six rayons que Constantin fit dessiner, en 312, sur les tendards et bannières de son Armée peu de temps avant la bataille du Pont Milvius. Assurément, Maxence n'était pas un guerrier très valeureux ; ses victoires antérieures, notamment sur Sévère, avaient été le fruit de magouillages tendant à soudoyer l'armée adverse, de sorte qu'un nombre élevé d'unités avait pris la fuite pour protéger leur butin, abandonnant l'Auguste d'Occident à la vindicte de son compétiteur. Cependant, s'agissant d'un proche affrontement entre deux armées romaines, équipées et vêtues de la même manière, une confusion au cours de la bataille restait toujours possible. Constantin devait trouver un moyen simple pour assurer le regroupement de ses troupes, de telle sorte qu'elles demeurassent solidement unies pour culbuter plus aisément un adversaire d'ailleurs peu aguerri. Il aurait conçu ce dispositif pictural à la suite d'une « révélation » divine, semblable à celle dont il avait été gratifié en 309 ou 310, lors de son pèlerinage au sanctuaire d'Apollon Grannos à Grand (près de Langres, dans les Vosges, et qui l'amena à se rallier alors au culte solaire d'Apollon. La singularité de cette roue solaire résidait en ce que ses rayons dessinaient les deux lettres « CHI : X » et « RRO : P » abréviatif de Christos. Les chrétiens affirmèrent plus tard que ce mot, Christos, désignait bien leur Dieu, mais cette affirmation est sujette à caution.

En effet, on peut tout aussi bien comprendre que ce qualificatif s'appliquât d'abord à Constantin dont c'était un des titres et n'ait de ce fait pas de rapport avec le Christ. Quoi qu'il en soit, les chrétiens, en adoptant ce symbole, qu'il soit ou non d'origine solaire ou qu'il résulte d'un certain syncrétisme pagano-chrétien, le christianisèrent et le firent passer, en ce sens, à la pérennité.

  1. Avant Constantin 
  • Le chrisme des catacombes

La croyance en la représentation de chrisme dans les catacombes romaines au temps de la persécution est ce qui reste d'une légende pieuse à l'usage des non-spécialistes. Légende s'appuyant sur deux éléments principaux. L'un objectif : la présence réelle de chrisme gravés ou peints sur les murs ou sur le loculus (la plaque de marbre) qui fermait la tombe creusée dans les catacombes. L'autre subjectif: la foi que l'espérance des persécutés et des nouveaux chrétiens convertis par l'exemple des martyrs reposait toute dans la croix du Messie qu'ils auraient donc eu à cœur de représenter.

A noter : le chrisme est souvent, dans ces représentations primitives, associe à une colombe. Celle-ci, depuis l'antiquité grecque, est sensée représenter l'âme humaine d'où leur association fréquente : la colombe étant, dans la pensée chrétienne, à la fois illuminée et comblée par le chrisme.

La conversion de Constantin (306-337) au Christianisme, au début du IVè siècle, bouleverse de fond en comble les symboles représentés sur les enseignes militaires. Dès l'instant où l'empereur devient chrétien, il n'est plus question de représenter l'aigle de jupiter sur les étendards impériaux.

Constantin choisit de faire représenter le Chrisme, sur les enseignes de ses troupes et aussi sur sa propre figuration. On a trouvé un médaillon d'argent frappé en 321 sur lequel le chrisme figure au sommet du casque qu'il porte, mais il ne frappe pas de monnaies avec cet emblème. Sur une monnaie à effigie de son épouse, Fausta, on retrouve toutefois un prémice de ce symbole sous la figure de l'étoile à six branches.

Les successeurs de Constantin adopteront ensuite le chrisme tel que nous le connaissons, et les monnaies qu'ils émettent traduisent ce changement.

Galla, empereur d'Occident, (351-354) semble être le premier à faire frapper des pièces avec une croix.

  1. Le christianisme installé

Une fois le christianisme triomphant, après l'édit de Milan et surtout celui de Théodose, l'emploi du Chrisme s'étend d'abord à une communauté, qui n'est pas encore celle de l'Eglise entière, mais celle de l'armée de l'empereur. En effet, le monogramme du Christ apparaît d'abord sur les boucliers des soldats de Constantin.

Une autre tradition, rapportée par Lactance, rapporte que le symbole porté sur les boucliers était XXX, signifiant une promesse de trente ans de règne.

  1. Les chemins de Compostelle

En termes de localisation il semble que le Chrisme soit le plus fréquemment situé sur des édifices religieux de style roman ou plus rarement gothique situés entre le 44ème et le 42ème parallèle. Soit une aire recouvrant tout le Sud-Ouest de la France et le Nord de l'Espagne. Dans cette aire, il apparaît encore plus fréquemment le long du Chemin de Compostelle dénommé « Chemin d'Arles » ou « via Tolosana » et le long du « Cami no Frances ».

On trouve également ce Chrisme sur des monuments beaucoup plus anciens que les églises romanes comme par exemple sur un tombeau Wisigoth conservé au Musée provincial de Burgos en Espagne. On peut également en trouver sous forme de pétroglyphes comme à Malte. On peut en voir aussi simplifiés au nord de la zone mentionnée ci-dessus comme par exemple sur la Cathédrale du Puy en Velay ou à Moissac (réduit à l'X et à la lettre RO).

  1. Autres symboliques

Au niveau du symbolisme des constructeurs, ces lettres sont inscrites dans un cercle pour marquer le côté solaire du christ et découpent le cercle en 6 portions qui ne sont pas forcément égales. Il semblerait que le jour du rituel de fondations de l'église, les bâtisseurs à l'aide d'un cadran solaire primitif (gnomon) traçaient un cercle et relevaient l'ombre du soleil L'ouverture des axes de la croix du chrisme donnerait alors l'axe solaire de ce jour la. En quelque sorte une signature cosmique de l'édifice ! En outre, la boucle supérieure du « P » symboliserait le soleil élevé au sommet de l'axe du monde, le Christ en tant que « soleil invaincu », mais aussi la porte étroite de la rédemption.

Si les Compagnons du Tour de France s'attribuent également ce motif sculpté (3) sans en donner d'explication, certains auteurs, comme Raoul VERGES, natif des environs de Bagnères de Bigorre, le nomment « Pendule à Salomon » et en font un paradigme des secrets relatifs à l'art d'orienter et de bâtir les églises.

D'autres auteurs voient encore dans ce schéma une représentation traditionnelle des procédés secrets de la science alchimique. Une hypothèse a même été développée dans un petit roman intitulé « L'anneau du pêcheur » selon lequel le Chrisme serait lié à la lignée récemment éteinte des « Papes Français ».

Les initiés de la « ghematria » et de « l'isopsephie », sciences perdues des lois de correspondance entre les chiffres et l'écriture, ont vu dans le chrisme une allusion calculée au mystère de la Trinité. Celui de Sainte-Engrâce, comme celui de Jaca en Espagne, se prête bien à cette interprétation.

D'après les lois de ces sciences, dans le chrisme: la lettre X, c'est-à-dire le Christ, se traduit par le nombre 600, la lettre S, l'Esprit-Saint, par 200. X + S donne 800, et 800 représente ω, la dernière lettre de l'alphabet, c'est-à-dire l'aboutissement de tout. Si le Fils et l'Esprit réunis sont la fin de toute chose, ils en sont aussi le commencement, car la première lettre de l'alphabet, A, équivaut à l'unité, et A + W donne 801. Or 801 est le total des nombres qui, traduit en lettres, donnent epictepa, la colombe, symbole de l'Esprit-Saint (Cf. note 3). Cathédrale d'Esteilla (Espagne)

La subtilité du calcul des adeptes de la ghematria vient s'ajouter au symbole des lettres entrelacées, pour attester que le Christ et l'Esprit-Saint ne font qu'un. Il ne reste plus qu'à mesurer les composants du tympan, pour y retrouver la section d'or. Or, pour le Moyen-Age, elle est la règle des proportions divines, car elle a une seule propriété en trois termes, de même que la Trinité est une substance en trois personnes...

  1. Relation avec la Franc-maçonnerie

Le symbole du Chrisme a traversé les âges, il a porté la symbolique religieuse et la symbolique de certaines cités. Il est aussi un symbole du Régime écossais rectifié.

Mes recherches m’ont permis de constater que le Chevalier bienfaisant de la cité sainte qui apprend le maniement de l’épée doit, au cours de son adoubement tracer le Chrisme sous la conduite du maitre de cérémonie qui lui énonce : « Efforcez-vous donc, mon Bien-aimé Frère, de vous rendre digne de son secours et de sa lumière ». Le Maître des Cérémonies et les deux parrains conduisent le nouveau reçu au milieu du chœur. Etant là, il tire son épée du fourreau, avec laquelle il frappe l'air trois fois de suite ; au premier temps il frappe devant lui, au deuxième, il frappe sur sa droite, et au troisième, sur sa gauche, ce qui forme un chrisme.

Pendant qu'il frappe l'air trois fois avec son épée, le Prieur ecclésiastique dit : Puissions-nous en ton nom, Seigneur, repousser les ennemis qui se lèvent en nous car ce n'est pas dans mon arc, ni dans mon glaive, mais c'est en Toi, Seigneur, que je mettrai mon espérance.

J’ai dit.

N\ F\

(1). Certains y voient une reprise de la Kabbale où l'alpha et l'oméga sont similaires à l'aleph et le tau première et dernière lettre de l'alphabet hébreu.

(2). Entre « Chrestos » et « Christos », il n'y a qu'une différence de voyelles ce qui rend les deux mots pratiquement homophones.

(3) La Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment en a fait le logo de sa revue trimestrielle « Compagnons et Maîtres d'Œuvre ». On ne manquera pas d'être frappé par le fait que, dans ce cas, le S est écrit à l'envers.


7575-1 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \