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Penser librement…pour agir

« Les francs-maçons cherchent à réaliser sur terre, pour tous les humains, sans distinction de sexe, de religion ou de race, le maximum de développement moral intellectuel et spirituel ». Tel est,du moins, l’objectif du franc-maçon défini par notre constitution.

Cette communauté d'idéal, cette construction d’un monde meilleur, implique l'unité du groupe, sa liberté et celle de chacun de ses membres. Liberté bien sur d’agir mais au préalable de penser. S’il est relativement facile de constater les limites qu’imposent les autorités de tutelle à notre liberté, les limites, fruits de nos habitudes, de notre culture et de notre inconscient sont beaucoup plus difficiles à cerner. C’est pourtant la découverte de ces limites cachées qui font l’originalité et l’intérêt de notre démarche maçonnique. Mais est il possible de sortir de notre prison, de penser librement d’être cette personne libre et de bonne mœurs, ce franc maçon, qui, fort de ses conviction pourra influencer positivement la marche du monde.

Et tout d’abord, qu’est ce que la pensée ?

Il est très difficile de définir notre pensée parce que nous sommes cette pensée elle-même. Sa véritable naissance passe par son extériorisation et par les réactions qu’elle provoquera sur les autres.

Il me semble intuitivement que l’homme ne peut être privé de sa pensée. Plus encore, il est sous le règne permanent de sa pensée, d’une pensée qu’il ne peut, arrêter ou maitriser du moins sans un apprentissage spécifique. L’homme, alors, n’est il pas plutôt l’esclave de sa pensée.

Analysons notre situation au quotidien. Chacune de nos actions est suivie d’une réaction. Ce sont les répétitions de situations identiques qui vont nourrir notre mémoire, interagir sur nos pensées alimenter notre expérience et influer nos rapports aux autres.

Nous avons observé des dizaines de fois que l’action A est suivie de l’action B, en conséquence, notre cerveau traduit cet enchaînement temporel par une phrase logique, du type si l’action A est effectuée, alors l’action B surviendra. Par exemple le coq qui chante à chaque fin de nuit, peut donner à penser que c’est le chant du coq qui fait lever le soleil. Cet exemple, bien sur caricatural, montre qu’il faut se méfier des automatismes. Il ne s'agit pas de refuser l'enseignement de l'expérience mais d'être constamment attentif afin de d’apprécier si la situation que l'on vit peut se rattacher à notre expérience et comment elle s'y rattache. En premier lieu il s'agit de se demander si les faits observés ne peuvent être expliqués autrement Dans notre exemple il y a certainement d'autres rapprochements à faire entre le lever du soleil et le chant du coq.

C’est banalité d’affirmer que l’éducation nous formate en nous apprenant ce qui est bien et ce qui est mal. Ce formatage nous imprègne profondément et c’est à partir de ces valeurs induites par les traditions et des habitudes, qui toutes, ne sont universelles, que nous réagissons instinctivement.

Ceci illustre bien je crois l’affirmation d’Alain « les pensées mènent tout le monde, alors que personne ne pense ».

De plus les hommes rangent leur opinion du côté du plus grand nombre, et l’opinion du particulier finit par être celle du tout, effaçant ainsi toute originalité. Il suffit d’un matraquage médiatique subtil pour faire siennes des idées des attitudes qui sans cela seraient rejetées. On a démontré, expérimentalement, que ce ralliement aux idées des autres concernait deux personnes sur trois. Pour nous en convaincre il suffit d’observer l’efficacité des publicités qui nous harcèlent. pour induire un nouvel achat et rendre obsolètes les achats précédents. Cela est d’autant plus pernicieux que cette réduction du cycle de vie des produits est nécessaire à notre économie Nous consommons donc, nous consommons, oubliant notre préoccupation sur les déchets qui s’accumulent, la réduction de nos ressources fossiles et l’état dans lequel ont laissera la planète à nos enfants.

Des techniques similaires de manipulation sont employées par toutes les dictatures pour faire oublier à l’homme sa responsabilité de citoyen Aurions nous en 1940 étés différents des allemands qui ont suivi la l’idéologie nazie ou des français qui ont collaboré ? Je crois qu'il est difficile de répondre avec certitude.

Vous avez compris que je ne crois pas à la liberté de la pensée de l’homme d’autant plus, que je passe sous silence, pour ne pas être trop long, l’influence primordiale de notre inconscient sur la naissance de notre pensée.

Nous ignorons ce que nous sommes réellement. Combien de fois n'avez-vous pas remarqué chez les autres (bien sûr) le fossé pour ne pas dire l'abîme qui sépare ce qu'il croit être, de ce que nous percevons. Malheureusement il faut se persuader que nous sommes identiques aux autres et que la seule introspection ne nous suffira pas pour nous connaître réellement et avancer.

Si ma pensée ne peux pas être libre, comment la franc maçonnerie peux t elle se prévaloir de cette liberté de penser s’agit il vraiment de la même chose ?

« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux » cette pensée de Socrate nous indique qu'avant d'avoir une vision globale du monde il faut d'abord à rentrer en soi pour que la confrontation du moi avec les autres puisse nous révéler à nous même. C'est en sortant de ce que nous pensons de façon instantanée pour chercher au fond de nos entrailles, de notre cœur et de notre 'intelligence que l'on pourra peut-être accéder à une vision du tout.

Mais comment sortir de notre caverne enchaînes par la vie, la quotidienneté, les doctrines, les dogmes. Comment briser ces chaînes et aller vers la lumière. Une lumière qui nous éclaire et qui ne soit pas aveuglante ou chimérique. Pour moi cette lumière, cette la liberté de penser du franc maçon s’identifie avec le « osez penser » de Kant. « Le financier vous dit : ne pensez pas, payez ; le militaire vous dit : ne pensez pas, obéissez, le prêtre vous dit : ne pensez pas, priez, le chef de l'État vous dit vous pouvez penser ce que vous voudrez mais faites que je vous dis. Au contraire de cela, Kant nous dit : oser penser. l'homme est d'abord un penseur libre qui refuse une pensée qui lui est imposée, un homme qui refuse toute doctrine qu'il n'a pas au préalable, mise sur son établi, pour la déconstruire la reconstruire la disséquer afin qu’il puisse décider de prendre ou de ne pas prendre ». Toute pensée toute croyance est acceptable dès lors qu’elle à été sciemment choisie et qu’elle n’est pas contraire à l’éthique aux valeurs et à l’idéal qui nous portent.

« Osez penser » différemment n’est pas facile Vous imaginez vous remettre en question les grands génies de la pensées qui nous ont précédé ? Comment vaincre cette difficulté, comment la franc maçonnerie peut elle nous aider à construire de notre propre pensée. Comment être réellement dans une démarche maçonnique, c'est-à-dire être capable de se détacher de tout a priori, de tous dogmes, de tout affect et de toute pensée normative ou à la mode ? Sur quelle aide peut s’appuyer le franc maçon pour qu’il est le désir, l’audace, la volonté la liberté de tout remettre en question.

Quelle est la particularité de la démarche maçonnique.

Je crois que le génie de la franc maçonnerie est d’avoir crée un univers unique et singulier dans lequel l’homme retrouve sa dignité d’individu c'est-à-dire d’être ultime non divisible, et dont la légitimité est non seulement reconnue et protégée, mais encore exaltée et portée au plus haut niveau des valeurs de l’humanité.

Le franc maçon trouve au sein de sa loge non seulement le lieu de sa protection qui est le sentiment primordial sans lequel il ne saurait prospérer, mais encore le cadre favorable à l’expression de sa pensée et donc à sa naissance aux autres.

Donner la parole quand elle est demandée, la faire circuler et imposer le respect du silence sont autant de règles sans lesquelles la parole et donc la pensée seraient réduites, déformées, et même niées.

Cette méthode maçonnique est non seulement le moyen d’exprimer sa pensée mais encore de l’amplifier, de la modifier, de l’améliorer même d’en changer, bref d’entrer non dans une simple révélation de sa pensée, mais dans un chemin personnel, une voie qui va du simple accroissement de la connaissance à l’approfondissement des idées et des concepts.

Ce symbolisme et rituel, ne serait qu’un vase vide s’il n’y avait le partage d’un idéal, qui, s’appuyant sur l’amour fraternel, conduit naturellement le franc maçon à sa juste place et le rassure en lui faisant constater que quelque soit le libre exercice de sa pensée, il est légitimé dans son expression et que, plus encore, il est encouragé à poursuivre dans cette voie. Ce ressenti profond, cette sorte de sentiment sans cause ni but, cette nébuleuse d’interactions humaines sans substrat ni organisation formelle, est je crois essentiel à notre engagement et à l’expansion de la libre pensée des francs maçons...

C’est porté par cet idéal commun, dans le cadre protégé de la loge que le franc maçon peux et doit oser penser librement sur sa vie et son interaction sur les autres. Cela implique ouverture, attention et écoute. C’est de cette écoute et cette attention que pourront peut être naitre des pensées créatrices d’un monde, plus proche de notre idéal et de nos valeurs. Je crois que, si comme Stéphane Hessel nous gardons la faculté de nous indigner, mais que cette indignation soit véritable et responsable nous viendra alors l’audace de penser personnellement, la volonté et l’énergie pour agir.

J’imagine le travail en loge comme un creuset ou le franc maçon va prendre conscience que le bonheur ne peut exister en ignorant l’autre. C’est de la force de cette prise de conscience que naitra un véritable sentiment d’implication de responsabilité dans la marche du monde
Pour Saint-Exupéry « être homme, c'est précisément être responsable. C'est connaître la honte face à une misère qui semblerait ne pas dépendre de soi. C'est être fier d'une victoire que les autres ont remporté. C'est sentir en posant sa pierre que l'on contribue à bâtir le monde ».

La responsabilité individuelle et collective a été le sujet d’une question sociale de notre obedience en 2004/2005. Pour ne pas plagier ce qui a été exprimé clairement et avec force je voudrais simplement vous faire part de quelques phrases ou citations qui résument à mes yeux l’importance fondamentale de la notion de responsabilité comme moteur de notre pensée et de notre action en particulier dans le monde profane.

Une citation d’abord.

« Nous sommes tous responsables de ce que nous essayons pas d'empêcher » Jean-Paul Sartre.

« L'engagement l'exemplarité, l'aptitude au doute, à la désobéissance et à la transgression raisonnée, sont les conduites essentielles qui mènent à l'exercice de la responsabilité. Il faut pouvoir aussi assumer déléguer, détecter la manipulations et lui résister, s'appuyer sur une information de qualité et ne jamais se départir du permanent souci de l'autre du sens de la solidarité et de l'altérité ».

« On est responsable « en étant citoyen, en pensant citoyen et en agissant en citoyen ».

Autres citations :

la responsabilité, mais c'est tout pour l'homme : c'est son moteur, son professeur, son rémunérateur et son vengeur. Sans elle, l'homme n'a plus de libre arbitre, il n'est plus perfectible il n'est plus un être moral, il n'apprend rien, il n'est rien. Il tombe dans l'inertie et ne compte plus que comme une unité dans un troupeau. F Bastiat (1801 1850)economiste et philosophe
« faire de la responsabilité une valeur c'est indiquer des devoirs. Si je suis responsable de je dois faire ceci et ne pas faire cela ; mais je dois agir, plus encore, je ne dois pas être négligent : le devoir s'impose à ma conscience ». Etchegoyen (1951 2007) professeur essayiste et consultant ministeriel.

L'utopie qui résume toutes les autres est celle d'une humanité consciente de son devoir premier : « faire comprendre à chacun qu'il est responsable du devenir de tous » Albert Jacquard. Je pense que le rôle de chacun, si minime soit-il, est fondamental car il ne peut y avoir appartenance à la communauté humaine sans avoir conscience de cette responsabilité et des actions qu'elle implique. Mais la aussi, il y loin de la coupe aux lèvres :

Nous sommes certainement nombreux à juger que notre consommation effrénée est une voie sans issue pour l’humanité et pourtant que faisons-nous ? quelle action avons-nous engagé ? par ailleurs, dans quoi sommes nous impliqués ?quel est le problème qui nous révolte vraiment au point de nous faire agir selon nos moyens et nos capacités ?

Je suis persuadé que la liberté de penser est une utopie et que nous sommes enfermés par notre passé, notre culture, notre environnement notre inconscient. Mais l’important n’est il de concrétiser une pensée qui pousse à l’action pour l’amélioration de la condition humaine ?

Je veux croire à une pensée humaniste fortifié en loge empreinte de tolérance de respect et pourquoi pas d’amour comme catalyseur d’une prise de conscience réelle de notre responsabilité qui nous obligera à penser et agir personnellement pour construction d’un monde meilleur.

J’ai dit.

P\ D\


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