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Heureux qui comme Ulysse…

Pour mener notre exposé, il nous a paru nécessaire, d’abord de définir sommairement la notion de mythe, puis de retracer l’Odyssée d’Ulysse, enfin de faire la relation avec le symbolisme initiatique.

Par le truchement des mythes, légendes, allégories, l’homme ancien a fait parvenir jusqu’à nous les significations les plus profondes de la tradition.

Ainsi les mythes font partie du patrimoine de vérités éternelles relatives à l’être primordial, aux archétypes et aux origines indispensables à la restauration des pouvoirs originels, pour une réintégration individuelle et universelle.

Dans le monde occidental, le mot mythe suggère des histoires fabulatrices relatives à des religions antiques. Cette conception est la conséquence des efforts que fit le christianisme pour dévaluer et anéantir l’influence du monde païen.

Les mythes, aujourd’hui comme dans le passé ont toujours joué un rôle important dans différents domaines comme l’art, l’éducation…

Cependant au fil du temps, les mythes et les images mythiques ont perdu de leurs valeurs profondes car ils furent séparés de leur origine ; ils furent déformés, laïcisés, amenuisés. Les mythes en réalité concernent la personne humaine dans sa totalité.

Ce qu'il importe de comprendre, c’est que notre vie psychique comprend une part archaïque, et de ce fait, l’étude des grands mythes de l’humanité est source de connaissance de soi-même. Or, il se fait que le mode d’expression du mythe est le langage symbolique. Par conséquent il nous importe mes soeurs et mes frères de travailler à pénétrer progressivement le langage symbolique qui est le langage par excellence de la franc-maçonnerie.

Un de nos frères à Memphis Misraïm, Bertrand de Maillard nous disait à travers l’une de ces planches intitulées « ETRE MACON » planche lue par un frère à l’une de nos tenues, que se sont l’étude du symbolisme et la pratique du rituel qui constituent les deux mamelles du Maçon.

Le mythe raconte quelque chose selon un mode historique, la création du monde, l’œuvre de Dieu, les épreuves d’un héros. Mais le mode adopté pour raconter n’a que le rôle de support d’une idée à l’instar du symbole. C’est l’essence même de l’événement qui importe. L’histoire du mythe se situe au-delà du temps et de l’espace. Ainsi donc il prend un caractère universel, c’est à dire il est valable en tout lieu et en toute éternité. Comme nous l’avons dit plus haut l’enseignement du mythe concerne l’homme total. Il concerne la réalité de l’être et non l’authenticité de l’événement historique. Le mythe à une valeur initiatique.

Il doit aider l’homme à se délivrer. Sa fonction en effet est destinée à faire prendre conscience de soi, à départager les forces et les faiblesses, à les connaître : condition première pour les maîtriser.

Il ne vise pas un enseignement moral, il vise la connaissance de l’être total. Pour nous franc-maçon le mythe est une clef. Il concerne chaque être en particulier, car chacun peut s’y retrouver et s’y reconnaître dans les personnages-symboles.

L’histoire d’Ulysse est racontée dans l’Odyssée d’Homère.

Ulysse roi d’Ithaque vaniteux, prétentieux n’hésite pas à offenser le DIEU POSEIDON en se considérant lui-même comme étant indépendant, et à l’égal des Dieux.

C’est ainsi que Poséidon, lui dévolu sa colère, en plaçant sur son chemin de multiples épreuves après la guerre de Troie.

Cela faisait bien longtemps qu’il était séparé de son île, de sa bien aimée Pénélope et de son fils Télémaque.

Après la guerre, sur le chemin du retour et sous la protection de l’ange Athéna, en proie à de multiple tempête, les navires d’Ulysse échouent sur des côtes les plus inhospitalières. C’est ainsi que notre héros doit affronter Polyphème, le cyclope, puis il évite le chant des sirènes, va chez Eole roi des vents. De là ; les Lestrygons, peuple de mangeur d’hommes, tue une grande partie de son équipage. Il rencontre la magicienne Circé, avec laquelle il demeura un an. Ensuite il descendit aux enfers pour consulter l’âme de Tirésias sur sa destiné. Puis il échoue sur l’île de la nymphe Calypso.

Cette dernière tombe amoureuse de lui et le retient prisonnier.

Huit ans plus tard, les Dieux l’ayant exhorté de libérer le héros, Calypso laisse Ulysse reprendre la mer. Une dernière tempête le fait échouer sur les côtes phéaciennes où la princesse Nausicaa, fille d’Alcinous le découvre. Après un séjour à la cours du roi, il repart et rejoint vingt ans plus tard l’île d’Ithaque.

Pendant son absence, dans le royaume, de nombreux prétendants cherchent à épouser son épouse Pénélope pour accéder au trône.

La reine se propose de s’unir à celui qui sera capable de se servir de l’arc d’Ulysse. Seul le héros lui-même, méconnaissable, car déguiser en mendiant, y parvient.

Il tua avec l’aide de son fils tous les prétendants.

C’est ainsi qu’après de multiples écueils sur le chemin du retour qu’Ulysse reconquérit son royaume.

De nombreuses correspondances symboliques mes sœurs et mes frères pourraient être faites sur la base de ce mythe. Nous avons choisi, pour notre part de mettre en exergue deux dimensions qui ont avec acuité interpellée notre réflexion à savoir : la notion de chute et la notion de réintégration.

Cependant une précision s’impose, la valeur de nos propos est à titre personnel et n’a pas la prétention de viser l’universalité de ce mythe.

A travers l’Odyssée, nous pouvons dire que la chute d’Ulysse survint quand il tomba dans l’oubli de lui-même c’est à dire dès lorsqu’il s’écarta de son Etre suprême, de la source mystérieuse d’où il émergea. Ulysse en effet va offenser les Dieux, en l’occurrence le Dieu Poséidon par sa prétention à se considérer à l’égal des Dieux.

Il affirmait en effet que la force qu’il avait, et son intelligence était le fruit de sa propre volonté et par conséquent il lui était possible de faire et de penser comme il le voulait. Bref qu’il pouvait agir à sa guise.

Son départ pour la guerre de Troie symbolise la chute. En effet il du abandonner son royaume, l’île d’Ithaque et son épouse Pénélope.

Les lois de l’analogie nous permet de dire que l’île symbolise le centre spirituel, centre primordial, lieu de science et de paix, de gestation.

La chute, l’abandon de l’île en l’occurrence l’abandon du centre est renforcé par la séparation à Pénélope. Cette dernière représente la Sagesse Divine, la Sophia, la Schekinah, l’Epouse, expressions différentes utilisées dans diverses traditions pour manifester le même principe. N’est ce pas ce caractère d’abandon et de séparation que nous retrouvons dans le mythe d’Adam et Eve !

Le mythe d’Osiris, n’exprime t-il pas lui aussi, en toile de fond ces mêmes réalités !

Rappelons nous la position du maître châtier, lors de l’initiation au premier degré, lequel dessinant un pentacle inversé, donc maléficié représentant l’Adam kadmon après la chute dans la kabbale. A l’origine l’homme archétype occupe, gère, et administre le royaume : Malkuth.

Après sa chute, malkuth obscurcit et enténébré par la prépondérance qu’ont prise les anges rebelles deviennent alors sa propre prison.

S’il est vrai qu’Ulysse était reconnu pour son intelligence, il voulait cependant ignorer que tout lui venait des Dieux.

Plus il s’oublia lui-même et plus il sombra vers des plans de conscience plus bas et vécut dans les niveaux inférieurs de lui-même jusqu’à qu’il ne lui devint plus possible de se maintenir dans les régions supérieurs de son être. Ainsi, il fût chassé de son jardin d’Eden, de sa demeure intérieure sacrée symbolisée comme nous l’avons dit par Pénélope et l’île d’Ithaque.

Après, ses malheurs commencèrent, lorsqu’il fut transformé en un égo individuel, exilé, devenant un problème pour lui-même et pour son environnement.

A l’image de ce mythe, nous pensons qu’à chaque naissance, l’homme commence son existence terrestre avec un état de conscience pur, sans tâche, encore relié à la source sainte d’où il tire son origine. Il grandit bien souvent dans des conditions extérieures discordantes, et il est ainsi soumis dès le premier instant à des influences défavorables, il commence à oublier sa véritable identité. Finalement, comme les être spirituellement atrophiés qui l’entourent, lui aussi oublie totalement l’aspect supérieur de sa nature et commence à leur ressembler en tous points et à tous égards. C’est ainsi pouvons nous dire qu’à chaque naissance, le même drame de la chute spirituelle de l’homme se rejoue mystérieusement.

Comme Ulysse, les luttes spirituelles de l’homme et ses efforts répétés de rappel à lui ou plus précisément au Soi représentent le prix qu’il doit maintenant payer pour retourner à son état primordial en accord avec la Pensée Divine, le Verbe Divin, et le But Divin.

Il devra en effet réaliser continuellement des efforts jusqu’à ce que puisse venir le moment où il aura gagné le droit de demeurer consciemment comme Ulysse auprès de son épouse. De là il retournera à l’état sanctifié de contemplation de son véritable Etre. Ce sera une nouvelle compréhension, une nouvelle naissance, et une expérience sacrée gagner au prix de douloureuses leçons, de beaucoup de luttes et de souffrances.

Nous pensons que c’est seulement un effort conscient et intense de présence intérieure qui rendra possible l’apparition de l’impersonnel à notre vision intérieure, car c’est par la conscience que l’homme est relié au Divin. Dans cet état, il n’y a pas de dualité, mais que l’omniprésence unité en laquelle nous nous fondons.

Après ce qui vient d’être exposé, nous pouvons mettre en relief une vérité éternelle commune à toutes les traditions.

Ulysse à pu retrouver le chemin du retour après d’inlassables efforts, mais surtout après s’être connu lui-même. En effet, il du descendre au royaume des morts pour consulter l’âme du devin Tirésias afin de comprendre le sens de sa destinée.

La démarche d’Ulysse nous fait penser à certains aspects du symbolisme initiatique : la descente aux enfers, le cabinet de réflexion, le V.I.T.R.I.O.L (visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée).

Avant de conclure mes sœurs et mes frères, deux points importants méritent selon nous, d’être souligné :

Ulysse, a été choisi et guidé par les Dieux. Puissions-nous comprendre que les Dieux ne souhaitent point la mort de l’homme, mais sa réintégration en son sein, réintégration qui se réalise inéluctablement par la reconnaissance de Sa Bonté infinie, De Sa Sagesse Infinie, de Sa Puissance Infinie, et de Sa Beauté Infinie. Pensons à la parabole de l’enfant prodigue, Luc Chap. 15, verset 11 à 32.

En outre rappelons-nous du rôle d’Athéna, l’ange protecteur. Nous laisserons ce fait sans commentaire, tout au moins nous pouvons nous référer au frère expert, plus précisément le frère terrible lors de l’initiation au premier degré.

Et enfin méditons sur un extrait du rituel au moment où le profane se trouve dans le cabinet de réflexion : « Monsieur, s’initier c’est apprendre à mourir… Quittant la chambre de réflexion et son appareil funèbre, vous traversé ainsi qu’en un mauvais rêve le sombre Amenti, l’Illadès, le royaume des morts. Guidés par l’Hermès souterrain, conducteur des âmes dans l’Au-delà, vous vous dirigez en aveugle vers la Lumière ineffable et ce, sur sa seule conduite. Que ceci vous fasse pénétrer l’ésotérique enseignement de notre Rituelle : sans nulle intervention providentielle, sans quelque occulte et mystérieuse prédestination, il y a peu de chance pour que l’âme humaine, enténébrée, retrouve le chemin de sa Liberté première. Tel est l’enseignement de la Gnose ».

En guise de conclusion, nous dirons que les épreuves que nous rencontrons tout au long de notre cheminement initiatique, c’est à dire tout au long de notre vie terrestre ne doivent à aucun moment être perçues par l’initié comme une fatalité, une sanction, voire une malédiction. Ces épreuves sont nécessaires car elles participent aux lois de l’évolution individuelle et collective.

 Elles sont les conditions sine qua non à toute évolution et à l’ultime retour dans le Saint des Saints. Tant que nous sommes incarnés dans ce plan ici bas, nous ferons l’expérience de la dualité, sur les trois plans à savoir : Le plan physique, astral, et mental.

C’est en ce sens, parce que l’initié est fort de ses connaissances et de l’application qu’il peut en faire face aux épreuves qu’il se distingue du profane, ce dernier vivant encore dans l’oubli de lui-même.

Les épreuves nous permettent la prise de conscience de ce que nous sommes et de ce que nous avons toujours été. Elles nous permettent d’atteindre l’universalité de nous même.

Ainsi pourrons-nous dire avec Pythagore : « connais-toi, toi-même et tu connaîtras les Dieux et l’univers ».

J’ai dit

J\ M\ A\


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