Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Tenir un plateau, remplir un office

Mes F\ F\ je vous ferai grâce du rapide cours d’étymologie qu’il conviendrait peut-être de faire concernant Plateau et Office. Je préfère puiser dans mon expérience, courte, de F\ M\ et des quelques plateaux que j’ai eu à occuper.

Chaque F\ M\ travaille sa pierre pour lui-même, pour la construction de son Temple intérieur, et pour le Temple commun. Car la pierre doit trouver sa place au sein de la communauté des F\ F\, cela signifie être utile à la Loge.

1000 façons d’apporter sa contribution à la vie de la Loge : l’écoute fraternelle, la tolérance, l’assiduité et la disponibilité, l’adhésion aux grands principes de la F\ M\, l’engagement et la pondération, la présence et la discrétion… Tous ces éléments concourent à faire de la Loge un lieu privilégié, qui essaie de s’abstraire du brouhaha du Siècle, pour donner accès à une appréhension des choses plus fines, plus entière, en un mot plus éclairée.

Mais la vie de la Loge c’est aussi un certains nombre de plateaux, de fonctions qui doivent être gérées et assumées. Il faut une Mémoire de la Loge, c’est le Secrétaire, il faut un Gardien du Trésor, c’est le Trésorier, il faut un gardien de la porte du Temple, c’est le Couvreur, il en faut un qui enseigne les F\ F\ A\ A\, c’est le 2nd Surveillant, il en faut un autre qui guide les F\ F\ sur les voies de la F\ M\, c’est le V\ M\…

Car la F\ M\ c’est aussi, rappelons-le, rassembler ce qui est épars. Et pour que ce qui est épars forme un semble ayant un minimum de cohérence il faut qu’il y ait un cadre. Que seraient les échanges si de temps à autres le 1er Surveillant n’intervenait opportunément d’un coup de maillet pour demander à chacun de revenir à une attitude plus mac. ? Ce serait le Café du Commerce. A quoi ressemblerait notre Temple si le F\ Trésorier ne se chargeait, vaillamment, de faire rentrer les capitations ? Au Paris-Rome ou à la pizzeria d’Angelo car l’Obédience n’accepterait pas très longtemps d’abriter nos travaux si en retour nous n’étions pas capables d’assumer nos engagements matériels à son égard.

Que serait l’amour fraternel sans la présence de l’Hospitalier qui se doit d’être disponible pour contrer autant que faire se peut l’adversité qui touche un F\ à travers la maladie, des difficultés professionnelles, les dissensions familiales ou tout simple via le truchement d’un F\ Trésorier trop intransigeant ?

Tenir un plateau, c’est tout cela. C’est tenir le cap et assumer le mandat que l’on a accepté. Sous la direction du V\ M\ qui, pour utiliser la métaphore musicale, est un chef d’orchestre : il ne joue pas de tous les instruments mais il donne le tempo, insuffle le rythme et déroule la mélodie.

Mais alors, remplir un office ? Est-ce synonyme ? Une façon plus imagée de dire la même chose ?

En tenant un plateau, je participe à tenir la boutique, il faut que ça tienne la route. En remplissant un office je suis peut-être un peu plus dans le symbolique : Office, Officier, Officiel, Office religieux… Il y a plus de solennité, à défaut de sacralité, dans ce mot.

Historiquement, l’office est une charge accordée comme un privilège ou un témoignage de confiance car il s’agit d’une délégation de pouvoir. Un officier royal est donc un officiel qui sur certaines questions (impôts, homologation de certains biens comme la bière ou la farine, etc.) agit au nom de l’autorité centrale. Lui est ainsi conférée une partie de l’aura dont jouit l’autorité supérieure. D’où aujourd’hui par exemple l’officier ministériel.

Si la charge s’achète, voir se négocie, et finira dans certains cas par devenir un actif cessible à un tiers, l’office lui obtiendra parfois un statut héréditaire. Il devient ainsi plus consubstantiel à celui il a été confié, qui devient ainsi officier.

Chez le F\ M\ remplir son office, son bien sûr assurer une fonction. « Frère Couvreur, remplissez votre office » demande le F\ 2nd Surveillant avant l’ouverture des travaux. Le F\ Couvreur alors s’exécute, il assure alors une fonction. Mais sa fonction ne se limite pas à une simple tâche, il ne s’agit pas uniquement de se lever, d’ouvrir la porte du Temple et de s’assurer que les parvis sont dégagés. Le F\ Couvreur peut être amené, si les circonstances l’exigent, à prendre toute initiative nécessaire pour assurer la sérénité et la sécurité des travaux.

Ainsi, le rituel d’ouverture ne prévoit pas ce que doit dire et faire le F\ Couvreur si d’aventure survient un évènement sur les parvis. C’est alors qu’il remplit son office : en prenant en charge une situation qui lui incombe mais qui n’a pas nécessairement été dument répertoriée.

C’est parce qu’il connaît le rituel, parce qu’il en a compris le sens, qu’au-delà de la lettre il est capable d’en restituer l’esprit face à une situation nouvelle, que le Couvreur comme tout autre officier remplit son office. D’où l’importance de connaître le rituel au point d’en être inspiré. C’est ce qui permettra entre autres de lâcher la rampe, de quitter le pas à pas du rituel, de devenir autonome par rapport à la lettre.

Dans remplir son office, il y a office, mais il y a aussi remplir. Il s’agit d’être à plein, à fond. Si on préfère, on peut paraphraser une formule heideggérienne et dire « être présent à son office » comme le philosophe parle de « être présent au monde ».

Remplir, c’est occuper, prendre la place, réaliser une forme de complétude, déployer. Chaque officier de la Loge, ayant accepté un plateau, doit le remplir. Attention, il ne s’agit pas qu’il se sente rempli de sa propre importance fantasmée. Tous les officiers de la Loge sont au service de la Loge, chacun à partir de son plateau, et il ne peut y avoir place pour aucune sorte de vanité quant aux prérogatives supposées de chaque plateau. Il n’y a pas de prérogatives, il y a des responsabilités, des obligations et un engagement. C’est en ce sens que remplir son office c’est faire ce qu’il y a à faire.

C’est la raison pour laquelle mes F\ F\, le moment venu, sous la conduite du V\ M\ et avec l’aide du F\ Hospitalier il m’appartiendra de faire en sorte que le trésor de remplisse. Mais ceci pourrait faire l’objet d’une autre planche.

J’ai dit.

F\ L\


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