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Exaltation à la Maîtrise

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Je n’ai, jusqu’à ce soir, jamais tracé, ni buriné au grade de Maître. Le travail demande réflexion et concentration.

Que faire ?
Des sujets tous aussi intéressants les uns que les autres m’envahissent le cerveau :
     -la mort d’Hiram Abi et la construction du Temple
     -la chair quitte les os
     -le Maître
     -la marche du Maître Maçon
     -Mak-Benah
     -Hiram, origine d’une légende

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Mais il me semble ne pouvoir traiter tous ces thèmes qu’après avoir exposé mon sentiment sur l’exaltation à la maîtrise tant celui-ci fut pour moi l’instant maçonnique le plus impressionnant.

Une rétrospective sur les différentes étapes de ma vie de Maçon m’est nécessaire. Voici comment je les identifie :

- Au 1er degré, le cabinet de réflexion me marque profondément, viennent ensuite les épreuves, « apprendre à mourir », ainsi que le répétait Platon, car la marche par les trois pas de l’apprenti, c’est le rappel du trépas, de la mort du « vieil homme ». Il y a aussi l’enlèvement de bandeau qui concrétise l’entrée dans la Lumière, la naissance et le dépassement.

C’est ensuite la beauté façonnée par le maillet, le ciseau et la règle.

- Le 2ème degré est l’accroissement des connaissances techniques, le développement spirituel centré sur la perception. Le passage du dedans au dehors nécessitant l’utilisation du maillet, du compas, de l’équerre, du niveau, de la perpendiculaire et du levier. Les voyages nous attendent, l’accès aux connaissances de la nature et de la science nous est permis.

- Le 3ème degré je le vis (du verbe vivre) dans un changement total de décor ; des images choc ne me quitteront jamais. C’est que je ne m’y attendais guère.

D’abord je ne reconnais pas mon Temple. C’est terrible. Tout est noir, sombre. Je vois bien que « Les ténèbres couvrent l’Egypte et que la Lumière a disparu ». Ensuite, je me retrouve dans un psychodrame initiatique. Je joue le rôle du héros (ou du dieu), ainsi qu’il en était dans les mystères de l’antiquité.

Tous se méfient de moi car il y a eu trahison au plus haut degré. Une horrible chose s’est passée. Physiologiquement, je sens en moi monter le taux d’adrénaline, le stress est au top du summum...

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Il y a eu crime, on me demande de m’expliquer. Je dis que ce n’est pas moi, que je suis pur. Je suis accompagnée, dans ces tribulations, par l’Expert qui répond de moi. Mais n’est-il pas « l’Hermès conducteur des Morts de la Vieille Egypte, celui qui menait les Ames au Souverain Tribunal du Dieu ineffable ? »

Je comprends le scénario. Il met en scène la mort de l’architecte Hiram Abi et la construction du Temple de Salomon, pour lequel ce Maître d’œuvre dirige 183 600 ouvriers tant apprentis, compagnons et maîtres, occupés à la construction de cet édifice.

Ça a l’air d’un grand malheur pour tous !

Plus tard j’en comprendrai la métaphore : il s’agit des forces psychiques occupées à la construction du Temple intérieur.

On a décidé de me faire vivre l’histoire et je comprends ainsi que trois mauvais compagnons, qui s’estiment brimés dans leur avancement par Hiram, ont résolu de lui arracher le mot, ou secret, des Maîtres, pour augmenter leur pouvoir, mais en continuant à s’en servir à la manière des Compagnons, c’est-à-dire avec les mêmes outils.

J’entrevois une psycho-métaphore, ne s’agit-il pas là, d’une impulsion vitale des Compagnons qui veulent continuer leur élan dans une perspective de continuité illimitée, en substituant au grand dessein ontologique (spéculation sur l’être en tant qu’être, sur l’être en soi) de l’évolution, la virtualité inacceptable d’un projet personnel.

C’est en substance, le scénario de la tentation d’Eve par le serpent : « vous serez comme des dieux si vous mangez le fruit de l’arbre », sous-entendu : sans passer par le processus de déification (mise au nombre des dieux, élévation à l’égal des dieux) avec ses épreuves, ses souffrances et ses dangers.

L’acquisition facile et frauduleuse des pouvoirs doit être remplacée par une palingénésie (retour à la vie, nouvelle vie), une ascèse (discipline de vie, ensembles d’exercices physiques et moraux pratiqués en vue d’un perfectionnement spirituel) suivie d’une remontée vers l’esprit.

Pour Adam et Eve, ce sera l’expulsion de l’Eden et le rachat par le labeur et la souffrance.

Pour Jésus, qui refuse après son jeûne de 40 jours au désert, les pouvoirs que lui offre à trois reprises Satan, la voie de la déification passe par la crucifixion et la résurrection.

Quant au bon compagnon, fidèle au devoir jusqu’à la mort - il sera occis symboliquement par les mauvais compagnons, à l’instar du Maître Hiram qu’il incarne. Après sa mort, son ensevelissement et son exhumation, il ressuscitera en la personne du Maître Hiram ou, plutôt, c’est le Maître Hiram qui ressuscitera dans la personne du nouveau Maître.

Dans ce scénario initiatique de la mort et de la résurrection d’Hiram, nous utilisons les âges des trois degrés afin de retrouver le corps d’Hiram. D’abord 3 Sœurs cherchent le cadavre, puis 5, puis 7.

Ne devenons-nous pas voir dans un premier temps « nos premiers pas d’apprenti sur le chemin initiatique, pour nous montrer que les enseignements de l’initiation du premier grade doivent toujours être présents et que, sans eux, nous ne pourrions rien faire, mais qu’ils sont également insuffisants et qu’il ne faudra pas s’en contenter » Et les 5 Sœurs qui elles aussi cherchent, ne symbolisent-elles pas « le grade de compagnon et ses symboliques voyages. Elles nous invitent à nous inspirer des connaissances acquises dans ce grade ».

Mais au final, il a fallu de 7 Sœurs, « 7 caractérisant le nombre de la Maîtrise, ce qui nous montre que les connaissances initiatiques d’un Maître-Maçon doivent comporter l’ensemble de tous les enseignements des trois grades, lesquels constituent un tout invisible ».
Ainsi le 3ème degré porte à son parachèvement les prémices du 1er et du 2ème grade.

Cette résurrection s’accomplit au moyen d’une « étreinte particulière par les cinq points de la Perfection Magistrale ». Par celle-ci nous devons, mes Sœurs, « nous porter secours ». Continuons « à nous assister dans le besoin comme dans le malheur ». Continuons « à écouter les conseils que nous dicte notre sagesse et n’altérons jamais cette union qui doit être à la base même de notre Ordre ».

Le psychodrame touche à sa fin. Je m’investis alors de la responsabilité qui m’incombe, « j’accepte d’œuvrer avec mes Sœurs à l’accomplissement du Grand Œuvre commun, à la réalisation de notre but séculaire. Je m’y engage sur la branche d’acacia, sur le compas et l’équerre couvrant le livre sacré ».

Me voilà alors revêtue des insignes de Maître-Maçon, tablier, cordon et calotte symbolique et protectrice à la fois, c’est la modeste couronne (kéther).

Pour conclure il me plaît à penser qu’il s’agit donc d’un couronnement, le Compagnon hérite ainsi de la vertu canonique du grade de Maître qu’est la sagesse, comme la force l’est du Compagnon et la beauté de l’Apprenti. Outre le fait que la maîtrise ne se conçoit en principe que comme le couronnement d’une vie consacrée à la recherche de la vérité et implique de ce fait un minimum de sagesse due à l’âge et à l’expérience.

La sagesse prônée par le 3ème grade est une éthique exigeante et forte, inspirée directement par l’exemple de l’Architecte Suprême de tous les Mondes dans sa création.

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