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Mort et renaissance,
mythe fondamental
de la légende d’Hiram ?

Selon la légende, le temple de Salomon a été construit par un guide, Hiram.
Le chantier était composé d’ouvriers de tous les horizons. L’organisation était hiérarchique : apprentis, compagnons et maître.
L’architecte Hiram brillait comme un soleil, et à l’égal de tout grand homme, il n’y a aucune succession possible. Hiram possède un savoir qu’il transmet aux maîtres qu’il dirige, et le chantier tourne autour d’une autorité d’un charisme légendaire. Nul homme ne peut s’émanciper en présence d’une telle autorité.

La mort d’Hiram a eu des conséquences. Perte d’une forme de connaissance. L’art royal a été transmis aux maîtres, mais la perte du mot sacré les oblige à en inventer un autre.

Ce meurtre prend les maîtres de cours, une des conséquences est une perte d’une forme de boussole. Un mot sera décidé dès la découverte du cadavre d’Hiram, notre mot sacré : » la chaire quitte les os ». Il symbolise une véritable rupture avec l’ancienne tradition. Il ne restera rien. La parole est perdue, tout est épart.
Notre symbolique nous guide vers une recherche de nouvelles voies. Utiliser l’enseignement d’Hiram, la connaissance des outils de compagnons. Il nous faut rassembler ce qui est épart, créer de nouvelles traditions. Rechercher nos propres chemins, errer dans le désert afin de méditer et atteindre la spiritualité.
Un sage arabe à dit : ne m’indiquez pas ma route, je risquerai de ne pas me perdre. La mort d’Hiram nous prive du guide, elle nous aide à nous perdre pour enfin pouvoir nous trouver. Parcourir le monde avec le bâton du compagnon. L’oubli du chemin initial transcende le maître afin qu’il trouve sa propre voie, sa propre philosophie.

L’homme a développé la spiritualité quant il a pris conscience de sa propre mort, qu’il a développé sa connaissance du temps, appréhendé l’avenir.
 L’homme ne peut pas concevoir le néant. Il a créé Dieu pour trouver un sens à sa vie et un but à sa mort.
Pourquoi l l’homme ne peut concevoir le néant ? L’homme vient de la nature, et la nature à horreur du vide. Depuis le big-bang l’univers s’accroît. Il aurait eu la taille d’une orange et ne cesse de croitre d’une manière exponentielle.  Le tous remplis le rien, refuse la « non-existence ». La nature cherche des limites inexistantes, elles ne seront donc jamais atteintes. La nature humaine fonctionne ainsi. Chaque civilisation préfère sa propre destruction par son expansion anarchique à la modération. Chacune a cessé d’exister dès que sa progression s’est arrêtée. Ne pouvant combler le vide, elle devient le vide elle-même. Ce vide sera comblé par un autre groupe en développement. Ce sort nous attend, ce vide sera comblé d’une manière comme une autre.
Paradoxalement, nous pouvons combler nous-mêmes notre propre vide. Pour cela nous devons préalablement mourir, pour renaitre de nos cendres.

La mort d’Hiram nous montre que l’étape de la mort est nécessaire à la vie. La nature doit mourir en hiver pour renaitre au printemps et donner ses fruits en été.

Certaines pensées orientales ne résonnent pas par le développement linéaire pratiqué par les Occidentaux, mais en cycle. Le cycle est une autre loi naturelle.
Après la mort, nous serions réincarnés. Nous serions le même être, mais différent selon la vie que nous aurions eue. À l’égal de l’arbuste que le jardinier aura su tailler méticuleusement en automne. L’homme qui aura su polir sa pierre renaitra plus fort, possèdera des qualités humaines supérieures, lui permettant de préparer son nouveau cycle, sa future mort, sa future renaissance.
Pour ma part, la philosophie du cycle me convient par son symbole. Il n’est pas nécessaire de croire en un dieu, résurrection ou réincarnation pour chercher à s’améliorer. Cette tache permet d’être utile efficacement dans notre monde. Elle permet également de transmettre.
Emmagasiner des connaissances pour soi-même n’a qu’un intérêt égoïste. Partager ses connaissances, transmettre l’ensemble de l’acquis et des valeurs est une forme de prolongation de la vie. Une richesse matérielle finit par disparaitre, alors qu’une idée transmise peut transformer le monde.

Symboliquement Hiram par sa mort devient un vaisseau où voyage le compagnon, l’action des mauvais compagnons transcende par opposition des valeurs le compagnon élevé à la maîtrise.
Hiram doit mourir.
J’ai ressenti pendant mon passage de compagnon une nouvelle adolescence. L’enfant apprenti ne parle pas en présence des adultes, il écoute, il apprend. Adolescent, il a droit aux outils, les maitres lui en enseignent l’usage, et il a droit à la parole. Il en use et abuse avec impertinence. Les maîtres le recadrent tel à un adolescent. Mais la liberté de voyager, imaginer, rêver est propre à cet âge.
Il arrive un âge ou le fils tue le père. Il le respecte, mais refuse son autorité. Symboliquement l’adolescent tue le père, le mauvais compagnon tue Hiram. L’adolescent devient adulte, devient le père. Le compagnon, par les valeurs maçonniques devient maître, devient Hiram.
L’adolescent ne devient pas adulte à un âge donné, tout comme un compagnon ne devient pas maître après trois années passées sur les colonnes après un bref interrogatoire. À un moment donné on se rend compte qu’on est adulte, bien après l’âge théorique, tout comme on accède à la maitrise quand on se rend compte que les valeurs d’Hiram ne sont pas que des mots, mais qu’on les intègre au plus profond de sois. Dans le monde profane, on parle de maturité, nous, nous pratiquons l’initiation.
Ces valeurs, nous les partageons tous, dans le cas contraire nous ne serions pas Maçon. Si le nouvel initié les partages déjà, le maître doit ce poser la question du comment les exploiter, les diffuser.

Pour cela le compagnon doit mourir, passer dans le corps d’Hiram.

Je vais revenir à la pensée orientale pour faire un parallèle entre les cycles et les valeurs maçonnique.
Observons un peu ce symbole que sont le yin et le yang. Principe du taï-chi’i.  Tout le monde connaît bien sa représentation : Un disque séparé par un S : une partie blanche et une partie noire, chacun comportant un cercle en son sein de sa couleur contraire. Il représente toutes les dualités de notre univers : le positif et le négatif, le masculin et le féminin, pair impair, l’eau et le feu, bien d’autres encore. Chaque partie n’existe que si l’autre existe, et est ainsi indissociable l’un de l’autre.
Dans le thaï-chi, l’ensemble engendre 5 éléments :la terre, l’eau, le feu, le métal et le bois. Le tout associé en un cycle constructif en forme de cercle.
Le bois nourrit le feu, les cendres du feu nourrissent la terre, on extrait le métal de la terre, l’eau se condense sur le métal et le bois pousse grâce à l’eau. Et ainsi de suite, en boucle permanente. Mais l’association peut avoir de par sa dualité logique un cycle destructif :
Le feu fait fondre le métal, le métal coupe le bois, le bois pourrit dans la terre, la terre pourrit l’eau et l’eau éteint le feu. La construction s’alterne avec la destruction, les éléments étant en perpétuel changement.
Nous retrouvons la même dualité dans  les valeurs d’Hiram, le cycle constructif, et à l’opposé l’acte des mauvais compagnons. La mort provoque un nouveau cycle vertueux.

Lutte de la lumière contre la puissance des ténèbres ;

Les mauvais compagnons représentent l’ignorance, hypocrisie et le fanatisme, mais aussi la vengeance, l’intolérance, l’envie, l’avarice, la vanité et l ambition.
Hiram sait supporter la haine, la calomnie et les offense afin de rester fidèle à lui-même et ses engagements. Nul danger, nulle persécution, nulle vengeance ne l’intimident. Hiram choisit la mort au parjure.
Il représente le soleil nouveau remportant la victoire après les trois mois d’hiver.
Les trois compagnons sont les ennemis de la nature, de la science et de la vérité. Le cercle vertueux l’amour de l’étude, la loyauté et la tolérance.
Le maître sait qu’il possède en lui les deux cercles : le destructeur comme le vertueux.
La parole sacrée doit n’être transmise qu’aux compagnons partageant les vertus de la maîtrise. Seul le compagnon ayant poli suffisamment sa pierre ne pourra être admis en chambre du milieu.
Que nous enseigne l’allégorie de la découverte du corps d’Hiram ? Que nous dit la parole du maître : M :.B :..
De  peur  de que la parole sacrée n’est été divulgué, il a été convenu que la première parole prononcée lors de la découverte d’Hiram serait notre nouveau mot de passe. L’ancien, qui aurait été le nom de Dieu : « Yahvé » ou « Jéhovah » était définitivement perdu.
Plusieurs traductions existent pour MB, «  la chaire quitte les os », « Pourris jusqu’à la moelle », mais une interprétation plus récente serait : « le fils du maître mort » ou encore « Il vit dans le fils ». Cette dernière traduction m’inspire d’autant qu’elle transmet notre chemin initiatique de maître.
La parole est perdue, la parole de dieu est perdue. À dogmatique, nous recherchons cette parole perdue. Nous recherchons notre propre vérité. Nous ne mettrons plus de nom pour un dieu, et chaque Maçon cherchera sa propre vérité. « Il vit dans le fils », le mot sacré vit dans le Maçon.

Je n’arrive pas à croire au concept de vie éternelle, ou encore à la réincarnation telle que l’imaginent les Orientaux.
Je respecte ces croyances, chacun recherche sa propre vérité.
J’imagine pour ma part une notion de continuité par la transmission. Un homme, un frère doit s’améliorer lui-même tout au long de sa vie. Déjà pour son propre perfectionnement, mais également pour agir positivement sur son cercle d’influence, et enfin transmettre.

Pour simplifier mon propos, je vais parler de fils, symbole évident pour la transmission. Mais le fils peut être une fille, un étranger à sa famille, un groupe plus ou moins important. L’essentiel est la transmission. L’homme quitte la vie biologique, mais il laisse une trace de son passage. Plus ou moins grande. Notre rôle de maçon est d’écarter le cercle de notre compas. D’étendre et de propager nos valeurs. Être force de proposition et d’exemple dans la cité.

La transmission est également biologique. Nous l’observons au travers des animaux. Un chien, éduqué en dehors de sa meute, sans aucun contact avec ses congénères reproduira l’automatisme de son espèce. Il saura quoi faire pour survivre. On parle d’instinct, mais qu’est-ce d’autre, l’instinct, qu’une transmission cellulaire.

L’homme possède au fond de son patrimoine génétique de grandes connaissances que la majorité d’entre nous ne savent pas lire. Pourtant, les hommes ou les peuples qui vivent encore proches de la nature puisent dans cette connaissance ancestrale.

Par l’initiation, les peuples premiers transmettent et retrouvent des capacités de guérison par les plantes ou les forces naturelles. Il existe des peuples qui initient leurs guérisseurs, non pas par l’enseignement magistral, mais par une initiation utilisant les drogues et la transe. Ce phénomène a été observé par des hommes rationalistes, et n’a trouvé d’autre explication que la mémoire cellulaire. « Il vit dans le fils ».

Quoi qu’aient dit les philosophes du Siècle des lumières, Dieu n’est pas mort. Par l’initiation, il est présent dans chaque homme, à lui de le trouver, ou plutôt de se trouver. La parole perdue permet de trouver son propre chemin, d’exalter sa personnalité et trouver sa propre spiritualité.

J’ai dit

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