Obédience : NC Loge : NC Date : NC

Le couvre chef en chambre du milieu

Il m’a été demandé de plancher sur le couvre-chef en chambre du milieu, ce titre a retenu toute mon attention, car la difficulté était d’en retirer à la fois le symbolisme et de tenter d’expliquer l’approche que j’en avais, je me suis alors posé plusieurs questions : Pourquoi un couvre-chef ? Et pourquoi uniquement en chambre du milieu ?

Mon élévation à la maitrise a été pour moi un choc profond de ma rencontre avec la mort. Tout a basculé en moi car en quittant le sol du pas de la Maîtresse, en décrivant le cercle au-dessus du cadavre, je suis passé symboliquement de l’équerre au compas, deux outils qui incarnent l’esprit et la matière, un pont entre la terre et le ciel qui va me permettre de quitter ma dimension humaine pour aller vers une dimension spirituelle.

Munie du couvre-chef que me remet la T\ R\ M\, je porte en moi le deuil de notre Maître HIRAM, son sacrifice n’a pas été vain mais la parole s’est perdue, c’est ce lien qu’il me faut rechercher dans ma quête de connaissance avec humilité et persévérance.

Notre couvre-chef est de couleur noir comme nos robes d’ailleurs, il est dit que la couleur noire absorbe la lumière, alors que le blanc la rejette, et nous sommes toutes vêtues de noir, symbole de deuil, mais symbole de réalité et de respect, le noir correspond au ventre de la terre où s’opère la régénération du monde. Le noir évoque la promesse d’une vie renouvelée. Cette étoffe en cercle que nous portons nous renvoie à l'origine de l'Alchimie, et désigne la matière primordiale de la terre, Il désigne aussi ce qui n’est pas visible, les V\ M\ se couvrent pour manifester la sortie de l’invisible du cœur, cette flamme intérieure qui s’intensifie pour rendre la parole loyale et équitable.

D'abord utilisé pour symboliser l'autorité, il a aussi trouvé un usage religieux, souvent sobre et accentué vers le haut en symbole d'élévation de l'âme vers le ciel. Il est nommé couvre-chef car le chef, en latin se dit caput on le retrouve dans la religion juive avec le port de la kippa, où il signifie que le divin est au-dessus de nous.

Point sommital du corps, axe entre le ciel et la terre, entre l'occident et le Delta de l'Orient, le couvre-chef est placé au sommet de la tête ce qui lui confère une signification éminente, il partage non seulement les valeurs de l’esprit mais également les valeurs qui le surmontent, Il symbolise la pensée, car le sommet du crâne est la clé de voute de l’homme, le lieu privilégié par lequel s’élève la spiritualité, lieu où elle prend force sous ce couvre-chef, sorte d’athanor permettant la concentration.

Il peut être assimilé à une voûte. Il devient alors aisé de comprendre la corrélation qui existe avec le Temple en pierres et le Temple vivant qu'est l'Homme. Il est considéré comme le centre des facultés intellectuelles, siège des énergies positives, des perceptions intuitives que la M\ M\ a intégrées en elle depuis sa naissance profane, par la Fontenelle mais que son cheminement maçonnique a permis de faire ressurgir en son être profond.

Plus symboliquement, on peut considérer que le couvre-chef rappelle par sa forme le dôme, et donc la sphère céleste ; il symbolise alors le ciel, domaine du divin. Sa forme circulaire indique la perfection, et la participation à la nature céleste dont le cercle est le symbole.

Portée par les V\ M\ il devient alors médiateur entre la terre et le ciel, ce qui justifie qu’il est symbole de commandement mais aussi d’humilité et qu’il ne peut être porté que dans la chambre du milieu, lieu de création et de régénération, lieu où l’esprit demeure et se perpétue de maîtresse en maîtresse.

La V\ Maitresse qui porte le couvre-chef peut donc être considérée comme celle qui joint la terre au ciel, et réciproquement elle conduit l’influx venu du ciel vers la terre. En ce sens la maitresse est une femme debout, l’esprit et le regard tendus vers la voute céleste.

Elle est à ce moment-là une perpendiculaire vivante. Et son couvre-chef lui rappelle qu’il y a toujours quelque chose entre elle et le Grand architecte de l’Univers, divinité supérieure. Il lui rappelle la puissance de la roue de la vie, ou les circumambulations autour du corps d'Hiram, Il est associé aux énergies venue d'en haut. Il doit nous permettre de prendre garde à nos faiblesses humaines, à nos métaux. Il nous enseigne que nos actions affectent notre être intérieur et conditionne notre comportement extérieur, et qu’il nous faut surmonter nos passions, les vaincre et les maîtriser pour trouver le chemin de l’harmonie.

Nous naissons avec le sommet du crâne ouvert et curieusement la Fontenelle ne se referme que vers l’âge de 6 ou 7 ans, ce qui me fait penser à une porte étroite, telle celle de notre initiation.

En tant que maîtresse il est le symbole indissociable de la chambre du milieu, car il oblige à l’humilité et à la responsabilité, élément protecteur contre les influences néfastes, mais aussi lieu de protection, sorte de rempart de cette alchimie secrète contre les mauvaises influences extérieures, il nous rappelle nos devoirs envers nous-même et envers nos sœurs apprenties et compagnonnes.

Revêtue de mes décors et de mon couvre-chef, j’accède à la maîtrise qui me servira à puiser en moi ce que j’ignore de moi-même, elle me permettra de dévoiler mes faiblesses et de m’armer pour les combattre. Je dois être en capacité de séparer l’essentiel de l’accessoire, le matériel du spirituel, voilà mon travail en chambre du Milieu, et le couvre-chef que je porte suscite en moi l’éveil de cette dimension, tâche immense à accomplir tout au long de ma vie maçonnique pour rayonner dans le monde profane et apporter aide et humanité à l’extérieur du temple.

Il me rappelle que mon devoir de Maîtresse Maçonne est une responsabilité qui m’a été accordée afin d’aider mes sœurs sur leur chemin et d’être à l’écoute de leurs peines et de leurs difficultés, la fraternité maçonnique n’est pas un leurre.

Tel le fil à plomb, j’ai opéré la descente en moi même, pour y trouver mon centre de gravité, mon feu spirituel, je deviens l’axe qui doit m’élever vers la voute étoilée. Cet afflux d’énergie spirituelle que je reçois me transforme pour un temps en axe du monde, pont entre ce qui est en haut et ce qui en bas.

C’est grâce à ce travail intérieur que je suis en chambre du milieu. C’est en ce lieu que je réaliserai la connaissance du cœur. Je dois replonger en moi-même pour y réaliser dans le silence et le secret la recherche platonicienne « Connais-toi toi-même ». En poursuivant ce chemin j’ai la conviction que la voie du perfectionnement est l’unique possibilité de salut. Ce qui veut signifier que hors du travail introspectif, hors de l’accomplissement de mes devoirs, il n’est pas de voie pour moi sinon celle qui m’assimilerait aux mauvais compagnons. Je dois avoir toujours présent à l’esprit que mes passions et mon subconscient peuvent à tout moment me mettre en péril, et que c’est au centre, entre équerre et compas et avec l’aide de mes sœurs que je pourrai me rectifier. Grâce à mon couvre-chef, je m’intériorise et cela peut me permettre d'accéder à la « Connaissance » par la concentration, la méditation et la réflexion.

L’initiée qui cherche, en secret, le mot secret du maître se rend au cœur du labyrinthe de sa vie, de sa spiritualité, vers le centre, vers le sanctuaire caché, où siège le plus mystérieux de l’être humain, à l’étincelle divine qui nous habite, à l’âme et aux profondeurs de l’inconscient. Notre quête prendrait-elle son vrai éclairage, sa vraie dimension, au 3ème degré, dans la perception que l’essentiel est invisible pour les yeux, que l’essentiel est indicible par les mots, et que c’est pourtant cet essentiel que nous cherchons, cet essentiel que nous voulons partager et transmettre.

La légende d’Hiram et notre façon de la « vivre » n’a pu être inventée qu’au sens profond du mot « inventer » qui signifie « découvrir » : elle nous propose une méthode, un moyen de continuer notre chemin initiatique. Pour moi, faire revivre Hiram c'est remettre mes pas dans ses pas, rechercher sans cesse ma voie au travers des dalles noires et blanches du labyrinthe de ma vie.

J’ai dit.

P\ B\


7524-5 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \