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A bas la calotte... !

Je suis toujours un peu interloqué, à la fin des tenues, lorsque le V\ M\ a fait promettre aux frères le silence, d’entendre fuser des expressions ou des exclamations triviales du genre « A bas la calotte, à bas les curés, etc... ».

« Vive la République, vive la Franc-Maçonnerie universelle », ça va. Mais « A bas ceci ou à bas cela », ça ne va pas. Pourquoi ?

Je comprends sans peine que ces manifestations anticléricales aient pu naître un jour, dans un contexte historique spécifique. Mais je ne suis pas certain qu’elles cadrent, de nos jours, avec nos discours sur la tolérance et l’humanisme.

La locution « à bas » signifie que l’on veut détrôner, se débarrasser, voire détruire des choses ou des personnes. Entre à bas et à mort, il n’y a qu’une subtile nuance.

Nos travaux de Loge ont aussi pour but de nous apprendre à maîtriser nos paroles et à réfréner l’ardeur de nos passions. Et conclure une tenue par des manifestations d’agressivité verbale ne cadre pas avec la sérénité recherchée des débats qui leur ont précédé.

Certains veulent-ils réellement exprimer leur désir de voir les membres du clergé mis à bas, persécutés ou tués ?

Je me pose la question.

Si c’est le cas, je souhaite leur rappeler certaines petites choses.

Tout d’abord, nous ne devons pas oublier que notre constitution prend ses sources dans les Constitutions du Pasteur Anderson, membre du clergé Britannique, en 1723. Dans les constitutions d’Anderson, il est précisé que le Franc-Maçon ne doit être ni un athée stupide ni un libertin irreligieux. Certes, au G\ O\ nous nous affirmons laïques et adogmatiques.

Il n’en demeure pas moins que nous devons le respect à nos frères profanes, parmi lesquels des prêtres ou des religieux ont parfois voué leurs vies au service et au secours des plus humbles et des plus démunis. La République a d’ailleurs reconnu et récompensé récemment les mérites de l’un d’eux, en faisant l’Abbé Pierre Grand Officier de la Légion d’honneur.

Je ne m’étalerai pas sur ce que je pense de la Légion d’honneur dans son ensemble. Mais je crois que là elle était bien méritée.

Par ailleurs, il existe des prêtres Francs-Maçons. Je le sais, bien que n’en connaissant pas personnellement.

Il se peut aussi que dans nos loges ou parmi nos frères ou soeurs visiteurs, il y ait des catholiques qui puissent être gênés par ce genre d’attitude. Ne leur devons-nous pas le respect absolu de leur liberté de conscience, comme à chacun d’entre nous ?

Enfin, on ne peut d’un côté affirmer des convictions de tolérance et d’humanisme, et de l’autre afficher une attitude sectaire et intolérante.

Ou alors, que nous invoquions outre les curés, également les pasteurs, les popes, les rabbins, les ayatollahs et les moines bouddhistes ou indouhistes...

Pourquoi se cantonner à nos braves curés ?

Nos ennemis déclarés ne seraient-ils pas plutôt les extrémistes de tous bords dont la seule doctrine est l’asservissement de l’homme par une caste dirigeante, tels les extrémistes de droite ou de gauche ?

Il faudrait peut-être se mettre au goût du jour. Pour l’instant, l’église ne représente pas vraiment une menace pour nous. Et je n’aime pas cette attitude par trop triviale vis-à-vis d’hommes qui pourraient bien donner des leçons de morale à beaucoup d’entre nous.

En tout état de cause, crier « à bas » n’est pas une formule en accord avec l’esprit maçonnique.

Je précise que je ne suis ni croyant ni pratiquant et que je suis également partisan et défenseur de la laïcité.

J’ai dit, V\ M\

L\ D\


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