Obédience : NC Loge : NC 11/03/2017


Il n’a pas de hasard


Notre traditionnelle assemblée générale, me donne à nouveau, en ma qualité de Grand Orateur Provincial, l’occasion de me prêter à ce difficile et prétentieux exercice, de vous entretenir sur un sujet maçonnique. Si je m’y emploie avec zèle, honneur et plaisir, c’est à cause de la grande indulgence que vous avez toujours démontrée, mes F\ F\.

La grande mansuétude dont le G.M de la G.L.P.S.E a toujours démontrée à mon égard, m’a laissé libre de choisir, une fois encore, le thème de cette année. J’ai choisi de vous entretenir, sur un thème très souvent évoqué parmi les M\, et qui mérite notre méditation : « Il n’y a pas de hasard ».

La méthode traditionnelle pour discourir sur un thème, commande, à juste titre, que l’on le définisse d’un point de vue sémantique et conceptuel. De quoi parlons-nous ? Qu’est-ce que le hasard ?

Le Micro Robert définit le hasard comme événement fortuit ; un concours de circonstances inattendu et inexplicable ; une coïncidence. Utilisé au pluriel, hasards, désigne le risque ou circonstance dangereuse. Au sens de probabilité, le hasard désigne une cause fictive attribuée à des événements apparemment inexplicables. Au sens du concept, le hasard indique l’aspect aléatoire des choses, des événements ou encore des décisions, signalant ainsi l’impossibilité de prévoir avec certitude un fait quelconque. Le hasard a pour synonyme l’imprévisibilité, l’imprédictibilité. On attribue l’origine du mot hasard à l’arabe « al zahr » signifiant à l’origine  « dés » (dés à jouer) et ayant pris la signification de « chance » car il désigna jusqu’au XIIème siècle un jeu de dés mais aussi, par métaphore, tous les domaines relevant de la chance. Du point de vue scientifique, du moins de la science avant les théories quantiques, tout phénomène à nécessairement une cause déterministe (non soumis au hasard ; dont l’existence est connue et conduit nécessairement au phénomène en question)  à l’exception : Des points de bifurcation. Une bifurcation intervient lorsqu'un petit changement d'un paramètre physique produit un changement majeur dans l'organisation du système. En général la bifurcation concerne tous les phénomènes de changement de phase (frontière entre les états solide, liquide et gazeux). Par exemple la prise de la mayonnaise : Le système, à l'état liquide, contient de l'huile et de l'eau (dans le jaune d'œuf). En mélangeant, on forme une émulsion d'huile et eau, où la quantité relative des deux (huile et eau) varie lentement au fur et à mesure qu'on ajoute l'huile. La mayonnaise prend lorsque le liquide se transforme en gel (bifurcation appelée changement de phase en physique), et cela se produit pour un rapport eau/huile critique.

Des systèmes dynamiques complexes (ex. météo), d’une complexité telle que l’esprit humain ne peut en déterminer le devenir. Depuis les théories quantiques, on ajoute à ces exceptions, toutes les réactions issues directement ou indirectement d’un phénomène quantique et donc fondamentalement non déterministe et probabilistique (ex. désintégrations nucléaires, ondes électromagnétiques).

En science, on admet généralement que le hasard s’applique aux phénomènes obéissant à la théorie mathématique des chaos. Cette théorie étudie le comportement des systèmes dynamiques qui sont très sensibles aux conditions initiales (comportement non linéaires), phénomènes généralement illustrés par l’effet papillon : des différences infimes dans les conditions initiales (comme par exemple des erreurs d’arrondi dans les calculs numériques), entrainent des résultats totalement différends pour de tels systèmes, rendant, en général, toute prédiction impossible à long terme. La théorie des chaos est utilisée dans des domaines aussi variés que la météorologie, la sociologie, l’économie, la physique, l’informatique, la biologie et la philosophie.

Pour Aristote, le hasard ne peut venir que du hasard. Évidemment, cet illustre penseur ne disposait pas des théories quantiques, et sans en donner la définition, reconnaissait l’existence du hasard mais, affirmait qu’une cause déterministe ne pouvait donner qu’un effet déterministe. Pour qu’il y ait hasard dans l’effet il faut qu’il y ait hasard dans la cause.
Cournot au XIXème siècle proposait comme définition du hasard, la rencontre de séries causales indépendantes. C’est de leur rencontre imprévisible, de l’intrusion d’une nouvelle causalité indépendante dans le déroulement normal du phénomène que naît le hasard. Par exemple, Mr X se rend à son lieu de travail à bord de son automobile (1ère série causale). Mme Y se rend à pied au marché de son quartier (2ème série causale). Un problème du système de freinage survient sur le véhicule de Mr X (nouvelle série causale indépendante). Mr X renverse Mme Y alors qu’elle traversait une rue (effet imprévisible).

Le problème, voyez-vous mes F\ F\, réside dans la détermination de l’indépendance d’une série causale. Comment et quand décider qu’une série causale est indépendante ? Deux séries causales pourraient-elles avoir des liens que dans l’état actuel de nos esprits, de nos connaissances ou, si vous préférez, de nos moyens d’investigation, nous ne pouvons percevoir ? Cela, je peux le concevoir aisément. En effet, vous conviendrez avec moi, qu’il peut exister deux phénomènes apparemment indépendants, mais qui en réalité sont fortement dépendants.
Je vais vous donner un exemple de séries causales qui semblaient apparemment indépendantes mais qui, on le sait maintenant, ne le sont pas du tout. Avez-vous entendu parler des phéromones ? Les phéromones sont des substances chimiques comparables aux hormones, émises par la plupart des animaux et certains végétaux (quelque fois à de très grandes distances), et qui agisse comme messagers entre les individus d’une même espèce (parfois interspécifiques), provoquant des réponses comportementales, ou endocrines, innées spécifiques, notamment sexuelles. On pourrait dire que ce sont des « hormones externes ». Sujets aux influences de phéromones émises par une femelle, certains papillons mâles parcourent plusieurs centaines de kilomètre afin de s’accoupler avec elle. Évidemment, tous n’y arriveront pas, mais leur mise en route et leur comportement, ont été déclenchés par des phéromones (Potentiel). Les plus « endurants » y arriveront, comme si l’évolution faisait une sélection (cinétique). Comme si le « hasard », l’aléatoire, était utilisée par la providence pour faire un tri, pour favoriser celui des mâles qui pourra endurer toutes les péripéties de la « route ».

Chez les mammifères, le récepteur des phéromones se trouve dans l’organe de Jacobson, en arrière des incisives, sous la surface intérieure du nez. Les phéromones chez les mammifères régulent les comportements sociaux (sexuel, parental, d’agression…). Chez l’homme, l’organe de Jacobson est vestigial et donc ne serait plus très fonctionnel. Cependant, certaines écoles prétendent que chez l’homme, les phéromones sont responsables dans le choix d’une odeur d’homme par une femme et dans les liens qui unissent une mère et son bébé. Il semblerait que le développement du cerveau chez l’homme soit corrélé avec la perte de fonctionnalité de l’organe de Jacobson. Les échanges d’informations se trouveraient-ils à un autre niveau chez l’homme? Souvenons-nous ici que c’est le développement de la faculté de penser qui distingue l’homme de l’animal. Toutes ces données évoluent en fonction de l’avancement des découvertes scientifiques, notamment dans le domaine de la biologie moléculaire. Ce que nous retiendrons, c’est que des échanges de substances chimiques, induisent des réactions endocriniennes ou comportementales. On peut donc affirmer qu’une série causale que l’on avait qualifiée d’indépendante d’une autre à une époque, peut se révéler, avec le développement des connaissances ou des moyens d’investigation, en être très dépendante. Souvenons-nous de la théorie de la génération spontanée répandue à une époque et soutenue par l’église catholique, jusqu’à ce que les travaux de Louis Pasteur viennent la détruire.

Le hasard existe-t-il ?

Les nouveaux développements de la physique, surtout après les travaux de l’illustre Einstein (E=MC2), établissent que tout est énergie et que l’énergie est le support de toutes choses, de toutes vies. Cette énergie est une, et se subdivise dans un univers pluridimensionnel. Tous les règnes sont issus d’une même source.

En effet, tout ce qui existe est composé d’atome qui lui-même est composé d’éléments subatomiques, les électrons, les neutrons et les protons. Ces derniers éléments (neutrons et protons) donnent par décompositions successives des particules plus élémentaires, les « supercordes » (superstrings, travaux de J. Schwartz et M. Green, 1984). Ces supercordes infiniment petites (10 -33 cm) vibrent à des fréquences plus ou moins élevées et sont par conséquent les supports de l’énergie (par leurs vibrations). Les basses vibrations produisent la matière. La physique quantique affirme même que le vide n’existe pas et qu’il est « plein » de particules énergétiques. En clair, tous les organismes sont des assemblages particuliers de forme d’énergie, qui baignent dans un océan d’énergies sous des formes différentes. Nous sommes tous une combinaison particulière des mêmes particules élémentaires (électrons, mésons, barions, leptons, muons, eux-mêmes composés de quarks, eux-mêmes de bosons et de fermions). La physique quantique affirme également que l’Univers est un continuum d’énergie allant de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Nous sommes donc liés les uns aux autres. Nos actions, nos pensées, nos paroles ont un retentissement sur les autres éléments de l’Univers. Voyez-vous, mes F\ F\, nous ne sommes pas aussi libres que l’on pourrait le croire. Il semble que l’Univers soit gouverné par des lois dont certaines sont bien évidemment connues mais toutes ne sont pas encore connues au point où certains physiciens disent même que « d’étranges coïncidences existent à nous faire douter du hasard ». Voltaire ne disait-il pas que « Ce que nous appelons hasard n’est et ne peut être que la cause ignorée d’un effet connu ». Il nous faut reconnaître qu’une Grande Intelligence est à l’œuvre dans l’Univers.

Des recherches en Psychologie nous apprennent que le cerveau humain fonctionne comme un système de récepteur-décodeur-émetteur. Le décodeur (circuit complexe des neurones) est fortement influencé par un grand nombre de facteurs tels que le subconscient, les émotions, l’éducation, la santé, etc. Le récepteur, l’inconscient, est continuellement bombardé d’information (ondes, pensées, etc.). Ces informations, dans certaines conditions sont captées par le récepteur, décodées par le circuit des neurones, et l’émetteur, le conscient, les exécute. On affirme même, qu’au stade actuel de l’humanité, la grande majorité d’entre nous, n’est pas créatrice. Nous pensons, sans le savoir, ce que les autres pensent, tout en croyant, penser de nous-même. Le hasard existe-t-il ? Convenons avec Friedrich Engels que « Partout où le hasard semble jouer à la surface, il est toujours sous l'empire de lois internes cachées, et il ne s'agit que de les découvrir ».

Mes B\B\A\ A\F\ F\, je n’ai abordé jusqu’à présent que certains éléments scientifiques touchant au thème du hasard. Cependant, je voudrais que vous vous étonniez avec moi, du fait que ces vérités que la Science « découvre » furent enseignées depuis des temps immémoriaux dans les écoles de mystères. Hermès n’avait pas la puissance d’analyse de la NASA lorsqu’il disait que : « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut » enseignant ainsi le principe d’analogie des lois. Il y a deux millénaires que Jésus Christ conseillait qu’il fallait : « s’aimer les uns les autres comme le Père nous aime » enseignant par là même le grand principe de notre origine unique et notre interdépendance.

Les écoles des mystères, dépositaires de la Tradition, enseignaient qu’il existe de nombreuses correspondances entre les chiffres, les couleurs, les sons, les règnes vivants, les sentiments, les planètes, les régions du corps, etc. : TOUT EST UN. Elles enseignaient que l’Univers est basé sur des lois physiques et mathématiques et rien n’est laissé au hasard. On pourrait dire avec l’écrivain français, Théophile Gautier que :

« Le hasard, c'est peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas signer ».

La F\ M \étant également une école des mystères, est dépositaire d’une partie de la Tradition. Le F\ M\, travaille à la construction d’un Temple en l’honneur et à la gloire du Grand Architecte De L’Univers. Pour le M\, l’univers est le Temple de Dieu qu’il sert et sa loi est concorde (planche tracée au 1er grade). Un architecte, conçoit des plans de construction précis à l’usage des ouvriers. Il ne saurait avoir de hasard dans les plans du G.A.D.L.U tant, nous le croyons, sa Sagesse est infinie.

Le sujet, vous en convenez j’en suis sûr, et j’en suis conscient, est très vaste. J’aurai pu discourir sur la synchronicité, sur l’astrologie, la numérologie ou sur l’angéologie, et tant d’autres domaines. Le temps qui m’est imparti à ce rendez-vous annuel ne me le permettrait pas. Mes objectifs dans le choix de ce sujet étaient plus modestes. Premièrement, vous donner quelques éléments d’information pour asseoir votre conviction que l’Univers est régi par des lois, plus prosaïquement « l’Univers est gouverné ». Deuxièmement, celui de susciter la réflexion sur la phrase « il n’y a pas de hasard » que j’ai tant entendu sur le parvis et qui ne se trouve pas dans nos rituels.  Si ces objectifs sont atteints, alors, j’ai reçu mon salaire mes
F\ F\.

J’ai dit,

S\ Z\


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