Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Joseph Turmel, apôtre de la vérité

Joseph Turmel naquit à Rennes, le 13 décembre 1859, au sein d’une famille modeste où il fut élevé dans la tradition catholique. D’une intelligence vive et d’une piété profonde, le jeune homme fut remarqué par un prêtre, M. Gendron, qui le dirigea vers le séminaire.

Au grand séminaire, son amour des livres le fit désigner comme bibliothécaire) ; ce qui lui permit d’étudier à fond la théologie, afin, disait-il, de « confondre les hérétiques ». A 21 ans, il reçut le sous-diaconat et fut envoyé à la Faculté catholique d’Angers (1881-1882), où il eut pour professeur le futur cardinal Billot. Au terme de ce séjour, Joseph Turmel fut ordonné prêtre le 3 juin 1882, avec dispense d’âge. Puis il fut nommé professeur et directeur au Grand Séminaire de Rennes où son rôle d’enseignant le poussa à approfondir sans cesse son savoir exégétique. Ce fut cette volonté d’en savoir toujours plus qui lui fit perdre la foi, constatant que les dogmes chrétiens étaient soumis à variation.


Turmel connut d’abord une période de doute. Mais le 18 mars 1886, alors qu’il n’avait que 27 ans, il se rendit à l’évidence : la doctrine ecclésiastique n’était qu’un échafaudage de spéculations humaines. « C’est fini, déclara-t-il, je ne dirai plus le bréviaire. L’Eglise est une vaste entreprise de mensonges ». Toutefois, comme le dit si bien Henri Perroco-Le Moyne (ancien prêtre et Rennais, comme Turmel), « Par affection pour sa mère, pour M. Gendron, pour ses amis fidèles, il accepta de rester dans la prison du sacerdoce. Jusqu’à la mort, il conserva la soutane ».

Dans une lettre au président de la Libre Pensée Rennaise, datée de 1937, Turmel expose ce que devint sa vie quand le bandeau des préjugés fut tombé :

« Il y a en France cinq à six cents prêtres qui, après les engagements pris, arrivent par l’étude à connaître la vérité. Ils continuent de remplir ce que le ministère que l’Eglise, en les trompant, leur a confié. Je fis comme eux. Seulement, tandis que les prêtres éclairés ne laissent rien transpirer au dehors de leurs convictions intimes, j’entrepris de communiquer à quelques amis le trésor de Vérité dont j’étais dépositaire […].
L’Eglise romaine eut connaissance de mon essai de propagande. Immédiatement sa lourde main s’abattit sur moi. C’est par une chance inespérée que je pus échapper à la mort et rester dans les rangs du clergé. Mais ma vie fut brisée ; et plus de vingt cahier de deux cents pages chacun furent brûlés. C’était le travail de dix années systématiquement détruit ! […].

Quand je me vis en butte à la persécution, ma résolution fut vite prise. Et cette résolution se condense dans la devise suivante : Martyr de la vérité, j’en serai l’apôtre ». Devise qui a toujours été présente à mon esprit, qui n’a jamais cessé de m’inspirer au cours de ma vie entière. Être l’apôtre de la vérité, c'est-à-dire multiplier les articles de revues et les livres pour apporter aux lecteurs studieux quelques parcelles d’enseignement véridique : tel fut mon programme. Pendant trente ans, sous divers noms d’emprunt, je pus accomplir ce programme en toute tranquillité.


Mais cette tranquillité eut une fin […]. Quand la papauté, pour laquelle j’étais un dangereux malfaiteur, fut avertie par sa police que ce malfaiteur travaillait à enlever aux âmes la foi, immédiatement ses fonctionnaires eurent ordre d’employer tous les moyens, y compris ceux que la loi condamne, pour acquérir la preuve de mes prétendus forfaits. Tout fut employé, sans excepter la publication de lettres secrètes. Puis une fois en possession de toutes les pièces de mon procès, Rome me dénonça au monde entier comme un hérétique à qui on ne devait même pas parler. Dans la presse catholique, dans le clergé, on eut la conviction que ce coup de tonnerre allait inévitablement me tuer.[…]. Mais la déception vint vite. Vieillard, je tins tête à la tourmente. L’intervention fracassante du pape, au lieu de m’abattre, a décuplé mon énergie. J’ai travaillé plus que jamais à être l’apôtre de la vérité. L’Histoire des dogmes a fourni au monde entier la preuve en six volumes que tous les dogmes ont varié ! D’autres livres ont vu le jour ; d’autres sont prêts à paraître et seraient déjà parus, n’était la crise terrible que nous traversons. Sans doute les 78 ans que j’attends ne me laissent aucune illusion. Le jour du Grand Départ, je le sais, n’est pas éloigné. Je l’attends avec calme, je partirai avec la consolation d’avoir participé au bon combat et éclairé quelques âmes. J. Turmel ».


Parmi près de 120 publications de l’abbé Joseph Turmel, les plus en vue sont :

-         1922, Henri Delafosse : Sur les lettres d’Ignace d’Antioche.
-         1925, Henri Delafosse : Le quatrième évangile.
-         1926, Henri Delafosse : Les écrits de Saint Paul (1er volume, l’épître aux Romains ; 2e volume, la 1ère épître aux Corinthiens).
-         1927, Henri Delafosse : Les écrits de Saint Paul (3e volume, la seconde épître aux Corinthiens, les épîtres aux Galates, aux Colossiens et l’épître à Philémon).
-         1928, Henri Delafosse : La lettre de Clément Romain aux Corinthiens.
-         1928, Henri Delafosse : Les écrits de Saint Paul (4e volume, l’épître aux Philippiens, les épîtres aux Thessaloniciens, les épîtres pastorales, l’épître aux Hébreux).
-         1931, Joseph Turmel : Histoire des dogmes (tome I, le péché originel, la Rédemption).
-         1932, Joseph Turmel : Histoire des dogmes (tome II, Trinité, Incarnation, Vierge Marie).
-         1933, Joseph Turmel : Histoire des dogmes (tome III, la Papauté).
-         1935, Joseph Turmel : Histoire des dogmes (tome IV, le Créationnisme, les anges, la vie outre-tombe, canon et insp. Des Ecritures, la grâce sanctifiante).
-         1936, Joseph Turmel : Histoire des dogmes (tome V, la grâce actuelle, les sacrements, baptême, confirmation, eucharistie, mariage).
-         1936, Joseph Turmel : Histoire des dogmes (tome VI, la pénitence, l’extrême-onction).
-         1937, Joseph Turmel : Réfutation du catéchisme.
-         1938, Joseph Turmel : L’Apocalypse.

L’abbé Joseph Turmel s’éteignit le 5 février 1943, à l’âge de 84 ans, dans son humble demeure de la rue Waldeck-Rousseau, à Rennes.

P
\ B\

7493-1 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \