Obédience : NC Loge : NC 28/01/1999

 

Internet, outil de l'Universalité Maçonnique

Lorsque notre T\ C\ F\ Jean-Paul m’a proposé de traiter de la question « d’internet, Outil de l’Universalité maçonnique », j’ai commencé par revivre les premières heures des FIFs pour retracer le chemin parcouru. Il se trouve que mon éloignement, mais aussi la réalité de mon vécu maçonnique en Pologne, pays où je réside depuis quatre ans, me prédisposaient à m’intéresser particulièrement à cette question. Les mois qui viennent de s’écouler m’ont permis de vivre une double expérience d’universalité maçonnique.

En m’installant à Varsovie, je fus immédiatement confronté à un sentiment de solitude maçonnique. Les Temples parisiens me manquaient, l’impossibilité de fréquenter les Loges constituait mon principal motif d’amertume. C’est dans ce contexte que je fis la découverte de la Fraternelle des Internautes Francophones. Dans un premier temps, ce lien constitua mon seul contact permanent avec les Maçons. J’ai donc vécu de manière particulièrement sensible cette brutale ouverture vers des SS\ et FF\ de toute obédience, de tout pays. Quelques mois plus tard, je devais rencontrer quelques Maçons Francophones vivant en Pologne, issus de sept obédiences différentes. Ensemble, nous avons allumé les feux de la première Loge francophone libérale en Pologne, « Rencontre Fraternelle », qui nous permet depuis, sous les auspices du Droit Humain, de nous retrouver pour travailler tout en restant avant tout attachés à nos Loges d'origine. Autrement dit, à quelques semaines d’intervalle, j’ai pu découvrir deux moyens de vivre la maçonnerie au milieu de maçons pratiquant des rites divers, ayant vécu des cheminements différents, au gré de leur appartenance obédientielle respective.

La première observation qui découle de ces deux expériences est l’intérêt évident qu’éprouvent les Maçons à découvrir leurs semblables par-delà la couleur d’un tablier et l’identification à une sensibilité particulière. Bien évidemment, nombre d’entre nous aurons déjà eu, par le biais de fraternelles particulières ou de rencontres plus informelles, l’opportunité d’échanger avec des Maçons d’autres obédiences, d’autres pays. Mais l’originalité ici réside dans le fait que la Maçonnerie, dans son essence, constitue l’unique but de ces rassemblements. Dans le cas précis de la FIF, on notera avec intérêt que, sans que quiconque ne s’abandonne jamais à une tentation syncrétique, les échanges électroniques auront permis de mieux faire connaître les rituels pratiqués par l’autre.

De nombreux messages, fort divers quant à leur nature, nous permettent de mieux cerner l’originalité d’une pratique particulière, de découvrir les conditions d’épanouissement de la maçonnerie dans un pays donné, de percevoir avec davantage de discernement les sensibilités nombreuses qui participent du caractère universel de la maçonnerie. A cet égard, l’expérience de la FIF présente des particularités inédites : le nombre inégalé ailleurs d’initiés associés à un même échange, l’étendue de l’origine par pays et par obédience des connectés, le caractère presque instantané des discussions proposées. Un message parviendra, en quelques minutes, à plus de 700 abonnés répartis à travers les cinq continents, pratiquant probablement tous les rites qui nous soient connus. Internet offre un cadre particulièrement novateur et efficace pour organiser la plus vaste et la plus éclectique agora. De ce point de vue, l’ambition énoncée par Anderson de réunir des hommes qui, sans la maçonnerie, seraient restés éloignés les uns des autres, trouvent, dans le Réseau des réseaux, une nouvelle dimension pour le moins impressionnante et inattendue.

Et, s’il est bien clair que la FIF n’offre pas aux Maçons une praxis maçonnique réelle, dans la mesure où son ambition n’est pas de proposer des travaux et de se substituer à la réalité du vécu de la Loge, elle présente néanmoins la plus grosse salle humide qu’on puisse imaginer. La FIF constitue la plus grosse chaîne à travers l’espace, dépassant les frontières, tissant un nouveau lien par dessus les murs des loges et des obédiences.

Pour autant, il serait utopique d’imaginer qu’un tel outil puisse fonctionner dans un climat d’égrégore cybernétique permanent. Il arrive que l’harmonie des listes de diffusion soit troublée par des heurts inévitables, voire même que les FIFs soient assez sérieusement ébranlées par des crises plus importantes. Je vais m’attacher ici à décrire ces problèmes pour en montrer finalement l’aspect positif. Que cette approche ne laisse toutefois pas l’impression que les FIFs constituent un champ de bataille permanent. Simplement, l’éclairage que je retiens ici, comme la réalité de tout groupement humain, ne sont pas à ignorer. Nous sommes quelques-uns, dans ce temple, à avoir consacré de nombreuses heures, en qualité de listonneurs, pour résoudre des situations de tensions. Schématiquement, je retiendrai ici plusieurs types de freins à l’harmonie :

La provocation plus ou moins habilement dosée d’un internaute qui, en vertu du principe du « maçon libre dans une loge libre », trouvera dans la fif l’opportunité inespérée d’une tribune à la hauteur de ses ambitions. Généralement, une issue rapide est trouvée à ce type de situation, d’autant plus que les membres, contre toute attente, ont su très rapidement trouver le moyen de s’auto-réguler.

Le désir de conquérir un supposé maillet virtuel, qui peut inciter certains FF\ à déployer une énergie peu compatible avec la sérénité qu’ils sont supposés préserver s’ils sont effectivement appelés à administrer une liste.
L’irruption dans les échanges de thèmes profanes passionnels qui génèrent des antagonismes difficilement maîtrisables. Autrement dit, l’introduction de métaux dans nos circuits électroniques de communication peut provoquer parfois de dommageables courts-circuits qui n’ont eux, rien de virtuels.

Globalement, ces trois types de tensions se règlent sans trop de conséquences néfastes et, passés quelques heures, voire quelques jours, la qualité des échanges finit par prévaloir.

Ce qui nous intéresse davantage ici, ce sont les incompréhensions qui surgissent sur des questions plus maçonniques, et la manière dont elles s’atténuent. Les principales touchent à des sujets récurrents :

la mixité,
la régularité ou la reconnaissance,
les saillies contre une obédience qui sera, selon les cas, jugée trop sociétale ou trop politique, trop exclusive ou trop dogmatique. Internet est aussi, parfois, une chambre d’écho redoutable...

Dans ce dernier cas, et suivant un rythme inchangé depuis les origines, un abonné émet un jugement assez caricatural sur une obédience, relayé par une poignée de membres prompts à surenchérir. La défense ne tarde généralement pas et, souvent, les colonnes virtuelles résonnent alors de part et d’autre sur un mode qu’il est facile d’imaginer. La périodicité régulière du phénomène m’a poussé à l’analyser un peu plus profondément. Il en ressort que ces poussées de fièvre émanent généralement de nouveaux abonnés, fraîchement confrontés à l’universalité de la FIF. L’antagonisme qu’ils soulèvent s’apaise assez rapidement pour resurgir au bout d’un temps suffisamment long pour que de nouveaux membres, pas encore habitués à la diversité de la liste, relancent la polémique. Si l’on observe superficiellement le phénomène, on peut déplorer que les FIFs soient si souvent le lieu d’incompréhension entre FF\ issus d’obédiences différentes. En réalité, une étude un peu plus poussée encourage à des conclusions radicalement différentes : la pratique des listes de diffusion maçonnique constitue un outil extraordinaire pour dépasser les stéréotypes et les préjugés que des Maçons peuvent entretenir à l’égard d’autres obédiences.

Quelques semaines suffisent pour constater que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui semble nous séparer. Que, au-delà de nos appartenances respectives, les frontières ne sont pas aussi rigides qu’on pourrait l’imaginer, et que la réalité du vécu initiatique d’un F\ n’est pas à confondre avec l’idée qu’on peut éventuellement se faire très subjectivement d’une obédience particulière. L’idée, encore une fois, du maçon libre dans une loge libre, prend sur la FIF tout son sens. Les listes de diffusion fonctionnent en définitive comme des outils permettant de remettre en question nos préjugés et de briser les stéréotypes. Il serait intéressant d’estimer le nombre de Maçons pour qui la fréquentation de nos colonnes virtuelles aura joué un rôle primordial dans cette prise de conscience. C’est ici peut-être, qu’internet joue son rôle le plus important en tant qu’outil de l’universalité maçonnique. Si chacun reste attaché à son rite, à son obédience, à sa manière de concevoir un cheminement initiatique, chacun peut aussi mieux connaître les diverses expressions de la maçonnerie et les considérer avec un regard plus constructif, plus ouvert, plus œcuménique. Chacun peut, plus sereinement, considérer les diverses expressions de la maçonnerie sans ostracisme.

Cet aspect essentiel de la vie des fifs m’a incité à rédiger une courte contribution la semaine dernière, que je vous proposerai ici en guise de conclusion. Si elle emprunte un mode plus convivial et plus oral, qui contraste avec le style des planches que l’on a coutume de présenter en loge, elle donne néanmoins une idée plus réelle de la manière dont nous pouvons échanger sur Internet. J’écrivais sur les troubles occasionnels et notre universalité :

« Depuis que je fréquente les FIFs, c'est-à-dire, en gros, depuis qu'elles existent, il y a toujours eu un maçon pour sortir un drapeau contre un autre, deux maçons pour s’échiner sur la régularité, trois maçons pour s’étriper sur la mixité, sept et plus pour convenir que tout cela, c’était bien dommage...

Cela fait partie de la vie des FIFs, de sa mémoire aussi, ces échanges qui naissent de la dualité pour s'accomplir parfois dans le duel. Un mot de trop, et hop, les claviers crépitent, les certitudes s'affolent. Et après tout, cela a son charme, des lors que cela ne blesse pas, tant que cela ne menace pas l'harmonie. On réinvente l'agora à la mode virtuelle, on se sert une petite cuillerée de modernes contre anciens. On s’arrête juste au seuil des guerres de religions, prévues pour un dessert plus lointain... C'est si bon, de pouvoir exprimer dans la tolérance des idées divergentes, sans volonté de convaincre, sans velléité d’excommunier. (...)

Le symbole flirte avec la société, la philosophie avec l'humour, l’émotion avec la réflexion... Grand magma, cyber auberge espagnole, danse des rites et des sensibilités... Ce n'est pas du Mozart, mais, flûte, cela m'enchante quand même.

Cela fleure bon la grosse fraternité, la bonne universalité, la rencontre des ouvriers sur un chantier très net.

Histoire des rites et bonne rigolade, pas mal de salubres coups de maillets sur nos préjugés réciproques, la belle égrégore !

C'est tout ça aussi la fif, les fifs, rendez-vous oblige de 700 SS\ et FF\ si divers que notre cher Anderson n'en reviendrait pas.

Ah... si seulement, en plus de la quadrature du cercle, on trouvait la solution pour savoir jusqu’où ne pas aller trop loin. Juste ce qu'il faut. Pour nous couper les cheveux en trois et non en quatre. On pourrait mettre nos bits d'insulte au feu, et le croque-mitaine au milieu (je veux dire, dans la Chambre, of course).

Non, sincèrement, c'est vraiment bien, les FIFs...dès qu’on oublie de s'engueuler. »

P\ L\


R.E.F.O.R.M., espoir d’un vent nouveau

V\ M\, Dignitaires qui décorez l’Orient, et vous tous, mes FF\ et mes SS\ en vos grades et qualités,

La planche que je vais vous lire a été écrite en collaboration par un frère belge, un frère allemand et moi-même, de Suisse. Je vais vous parler  de l’association forum R.E.F.O.R.M. et vous dire mon espoir d’un vent nouveau, venant de France cette fois.
R.E.F.O.R.M. veut dire en français : Réformateurs de l’Europe franc-maçonnique – Organisation Réformatrice Maçonnique.
Ce groupement est une association autonome de personnes physiques. Son siège social est à Dortmund et il est inscrit au registre des associations.

Cette association explore les traditions maçonniques dans  leurs fondements historiques et essaie d’élaborer des concepts propres à promouvoir une Maçonnerie européenne. Elle milite pour l’ajustement du droit associatif en maçonnerie et travaille à son insertion  dans le cadre juridique européen.

Elle travaille aussi à l’entente internationale entre les diverses obédiences maçonniques, en concertation avec les institutions internationales et les centres maçonniques de recherche. L’association favorise la coopération avec le monde profane (administration et organisations publiques) et cherche à mettre sur pied une représentation internationale commune à l’ensemble de la maçonnerie.

Nous ne sommes donc pas une loge ou une obédience, mais des frères et sœurs travaillant  à la réforme de la maçonnerie, au renouveau de la société, au rapprochement des peuples, à plus de tolérance entre Obédiences, dans le but d’unifier tous les maçons et dans l’esprit de l’hymne européen : « Que tous les hommes soient des frères ».

Un des chevaux de bataille de REFORM est celui de la ségrégation des sexes : parlons en  un peu.

Le 3ème point des Principes de Base, bien connu, où le sexe des maçons est précisé et obligatoirement  masculin,  nous semble n’avoir aucune importance initiatique.
 
Ce point des Principes de Base date du temps, où les mâles, sous l’angle « archaïque » de « bande de Chasseurs », apportaient nourriture et sécurité aux femelles. Cette forme d’existence n’a pas disparu, mais aujourd’hui, d’autres sont apparues. D’où la nécessité d’une modernisation des termes du discours. Je sais que vous êtes d’accord avec moi sur ce point. Je vous demande juste de le dire autour de vous. Et de demander une rectification.

On peut voir encore aujourd’hui des exemples  de « bandes de chasseurs », comme, par exemple, dans une équipe de football. La sociologie les a comparées. Onze hommes courent après une proie, un ballon. Et le public, majoritairement masculin, est de toute évidence animé de réactions archaïques dans les rythmes, la passion et l’esprit d’équipe - de clan -, d’un match de football.

Il a fallu une faire nouvelle loi pour que les cyclones reçoivent  alternativement un nom masculin et un nom féminin. Il y a très peu de temps les cyclones étaient tous féminins …Autant dire que  la catastrophe était féminine… 

Il serait fraternel, initiatique aussi, de changer pareillement de comportement envers les femmes. On attend, en maçonnerie, une Loi qui permettrait aux initiées de participer aux Travaux partout. Cela n’est, malheureusement, pas encore possible aujourd’hui.
Il faut bien reconnaître qu’il y a eu des précédents historiques  fâcheux !
Le plus vieux livre, la Bible, fait dire, par Yahvé à la femme : « Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui, il dominera sur toi ».

Les « ancients Devoirs » de James Anderson répètent cette discrimination avec cette formule d’exclusion remarquable : « Pas d’esclaves,  pas de femmes,  pas de serfs, seuls ceux qui sont libres et de bonnes mœurs peuvent devenir francs-maçons ». (Art. III, 1723)
Mais, c’est justement sur l’île britannique que nous trouvons les premières traces de fraternité maçonnique entre hommes et femmes, dans le Regius-Poem du 14ème siècle, ou par l’exemple de la franc-maçonne « Margareth Wild », membre de la Compagnie de FM au 17ème siècle. Ou de « Mary Banister » au 18ème siècle. 
Elle n’était pas non plus absente sur le continent. Je vous ai apporté une reproduction d’une miniature du15è siècle « Deux femmes maçons », image qui parle d’elle-même.

Cependant, l’immense tristesse du peuple anglais apres la mort de Lady Diana, symbolise, peut-être, enfin, l’acceptation dans l’âme anglaise d’une femme différente, qui n’est plus vue  uniquement comme dangereuse.

Aujourd’hui, nous avons un travail de rectification à faire ; l’humanité ne se divise pas en blanc et en noir. Les femmes sont aussi capables du ternaire. Les hommes ne seront pas libres tant qu’ils auront peur d’eux-mêmes dans ce domaine, dans le cadre de  leur  initiation, bien sûr.

Je vous adresse une requête ardente : Travaillons à ce problème, chacun dans la mesure des ses capacités.

J’ai dit, Ven\ M\

D\ C\F\


7488-4 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \