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La Paix

Facteur de progrès ou compromis acceptable

Si l’on essaie de remonter aux données immédiates de la conscience, il semble que les hommes vivent dans la paix sans y penser, comme lorsque nous sommes en bonne santé on ne sent pas ses organes, la maladie comme la guerre nous rappelle brutalement à la réalité.

Alors que les philosophes, les théologiens, les historiens et les juristes ont proposé des définitions nombreuses et variées sur la guerre, on ne retrouve pas de définition proprement dite de la Paix.

Autrement dit, la paix est définie par rapport à la guerre et comme son contraire, c’est pourquoi sa place est bien plus modeste en tant que source d’inspiration poétique, littéraire et dramatique.

Sur plusieurs milliers de titres, la bibliothèque Salacrou ne possède que deux fascicules, deux cent pages en tout, avec pour titre « La Paix « onze titres avec le mot « Paix » dont « Guerre et Paix « de Tolstoï et « Guerriers de la Paix » de Kouchner, titres symboliques s’il en est pour appuyer le propos.

Une définition pourrait être acceptable et qui est la suivante: « La paix est l’état d’un groupe humain souverain, c’est-à-dire doté d’autonomie politique, dont la mortalité ne comporte pas une part d’homicides collectifs organisés et dirigés »

Cette définition est juste mais est elle objective? Un état peut y répondre et porter la guerre à l’extérieur !

Jacques Prévert décrivant avec humour cet aspect disait: « La vraie paix, c’est quand il y a la guerre ailleurs ».

Cette boutade porte une vérité profonde car elle signifie que notre sentiment de paix est renforcé par les malheurs de la guerre, vécus au même moment par les autres peuples.

Mais aujourd’hui, peut on sérieusement épouser cette thèse alors que les guerres portées sur le sol d’autres pays ont une incidence directe sur les populations du pays qui les exportent ?

La guerre d’Irak à elle seule coûte plus de 5 milliards de dollars par mois à l’économie américaine (chiffre 2005), plus de 300 milliards qui pèse aujourd’hui sur cette crise du capitalisme qui touche tous les pays.

Alors que les besoins humanitaires ne cessent de creuser le fossé entre pays riches et pays pauvres, le coût des dépenses d’armement qu’ils soient conventionnels ou nucléaires pèsent sur les économies des pays concernés qu’ils soient agresseurs ou agressés.

Les dépenses d’armement dans les états du monde ont dépassé les 1000 milliards de dollars en 2004, 47% de ces dépenses ont été effectuées par les Etats Unis, (1464 milliards de dollars en 2008).

Ralph BUNCH sous-secrétaire général de l’ONU de 1959 à 1971, prix Nobel de la Paix en 1950 écrit: « Pour que la Paix ait un sens pour la multitude des êtres humains qui n’ont connu jusqu’ici que la souffrance en temps de paix comme en temps de guerre, elle doit se traduire en pain ou riz, en habitat stable, en santé, en éducation, en dignité humaine et en liberté »

Xénophon d’Athènes environ 400 avant Jésus Christ relatait que les guerres, notamment celle du Péloponnèse laissaient les Cités exsangues, gaspillant toutes les richesses accumulées mais que, à peine la paix revenue sur terre et sur les mers, les échanges et les biens augmentèrent et que les citadins purent en jouir et augmenter leur bien-être.

Il est intéressant de rapprocher Bunch et Xénophon dans une vision constructive de la paix en opposition à celle des Romains qui correspondait dans l’éthique et la politique à la domination totale de l’état romain sur les adversaires.

Sous l’influence de la philosophie grecque, on voit naitre et pratiquer un usage intellectuel et philosophique du mot « Paix » tranquillité de l’âme, détachement et imperturbabilité.

La conception romaine correspond à une définition juridique et politique de la paix, « pax » étant pris dans le sens « pacisci » qui signifie « conclure un pacte ».

Dans la définition du titre « La paix: Rapports réguliers, calmes, sans violence, d’un Etat, d’une Nation avec un autre état, une autre nation ».

Cette définition est aussi sujette à caution la paix extérieure, internationale, peut régner, même si à l’intérieur la même société est un grouillement de conflits, d’atteintes aux libertés, de cruautés, d’injustices, de tyrannies et même de crimes.

La Paix est elle l’état normal des sociétés?

Cette position n’est peut être qu’une hypothèse, étant donné l’alternance guerre et paix depuis le paléolithique et je m’autoriserais la seule digression en mentionnant que le passage de l’homo-erectus à l’homo- sapiens sonna le glas de la paix des ménages.

En tout cas, qu’elles soient optimistes ou pessimistes, les hypothèses sont indispensables car elles animent les recherches sur l’étude des causes de la guerre envisagée comme une sorte d’épidémie, à la fois physique et mentale et parallèlement l’étude des causes des paix, conçues dans ce cas comme une guérison ou un immunisation plus ou moins durable contre les crises de violences collectives.

C’est de cette façon, un défi de civilisation, progrès vers la paix soit, mais à condition de ne pas concevoir cette dernière comme l’absence de toute guerre.

En revanche, que la guerre se fasse autrement, c’est à dire non dans la violence et la destruction, mais dans la contestation, la dispute, la remise en cause des inégalités, du mépris et de la violence cachée.

La Paix est elle vraiment le remède souverain ou le « souverain bien »? Certes non! S’il s’agit seulement d’être tranquille;

S’il s’agit d’autre chose, elle ne se définit plus simplement comme « le contraire à la guerre » et le désir consistant que nous pouvons en avoir nous engage à combattre non seulement les ferments de haine et d’hostilité, mais aussi la bonne conscience, le sommeil dogmatique ou les charmes de l’idéal.

Dés lors, la philosophie a toujours dû, et doit encore penser à la fois la Paix dans son idée, la guerre dans sa réalité et l’avenir dans ses possibilités.

Prenons l’idée du développement durable qui par essence est généreuse, porteuse d’immenses espoirs, qui se traduisent dans la réalité par une agglomérat de recettes pour l’économie d’énergie alors que sur notre planète, 925 millions de personnes souffrent de la faim.

Alors l’avenir, c’est 82 milliards de dollars par an pendant cinq ans, objectif du millénaire fixé par les pays riches à l’ONU en 2000, objectif non réalisé, au mépris de toutes les règles d’humanisme ou bien octroyer au G20 de 2009 1000 milliards de dollars au FMI (3 fois son budget) qui n’est rien de plus qu’une officine de recouvrement à l’échelle planétaire.

La paix est l’élément essentiel et fédérateur de notre constitution, maçonnique j’entend, sans elle rien n’est possible pour donner vie à l’article premier, sans elle l’universalité maçonnique dans ce qu’elle contient de progrès, d’humanisme, de socialement utile aux peuples de notre planète n’a plus de sens.

Bien sûr, chacun et chacune peut se déterminer librement sur sa propre liberté de conscience, son idéologie dans la société, la laïcité nous le permet encore, mais quand même, en toute conscience, je suis fier de ne pas être du côté du manche!

Le monde est un immense tapis, plus les couleurs de la laine sont variées, plus le tapis sera beau, plus les noeuds seront serrés plus le monde sera solidaire, plus les brins seront nombreux, plus le monde sera doux mais cela, il nous faut une bonne trame: « LA PAIX »

Alors, mes frères, gardons les yeux grands ouverts sur ce monde!

J’ai dit Vénérable Maître

J\M\ T\


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