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Arséne Lupin « Gentleman Initiateur »

Au travers du verre cathédrale des fenêtres de la bibliothèque d’Arkham, la lueur blafarde du passé filtre dans des salles tranquilles, où assis à leurs places, étudiant sans répit sous le sceau du silence, des personnages, des Initiés muets, des Veilleurs, cherchent la vérité cachée.

Mais, parfois, à l’occasion d’une rencontre discrète, d’un échange de livre, il peut survenir que l’un de ces initiés décide de laisser entrevoir le secret gardé, en griffonnant quelques messages secrets à destination du profane.

C’est ce qu’il arriva, il y a quelques temps, où une de ces rencontres discrètes me donna l’occasion de me replonger dans l’œuvre d’Arsène Lupin, afin d’y entrevoir les relations que ses œuvres avaient avec la maçonnerie, la Rose + Croix et les mystères de Rennes le Château.(mystères dont on parlera un autre soir).

L’étrange voyage, c’est par ces mots que Lupin inaugura en 1907 la longue série de ses aventures.

C’est donc par ces mots qu’il convient ce soir, de feuilleter ses romans et de tenter de démontrer par 3 indices, 5 noms et les 7 étoiles de la Grande Ourse, que Lupin n’est pas seulement un cambrioleur, mais un initiateur.

Tout d’abord « les indices au fil des romans »

Tout commença lorsqu’un homme en smoking, accompagné d’une « femme à deux sourires » me tendit deux livres « la Comtesse de Gagliostro «  et « 813 » en disant « selon la formule alchimique : Lis, relis et tu trouveras ».

Donc, suivant ce conseil, je lis, je relis les « confidences du cambrioleur »,  pour tomber sur une allusion à l'Archevêque de Rouen Mgr de Bonnechose.

Ce prélat de haut rang et de haut vol,  aurait été le détenteur d'un fabuleux secret trésoraire, dont la clef est cachée dans un chandelier à 7 branches.

Chandelier, qui pour certains auteurs, évoque la constellation de la Grande Ourse, dont la formule ALCOR « Ad Lapidem Currebat Olim Régina», « Vers la Pierre jadis courait la Reine ». n’est qu’une redondance.

D’ailleurs Lupin, lui-même en convient lorsqu’il s’écrit et qu’il écrit « ALCOR, Tout est là dans ces 5 mots latins ».

Ces mots, nous les retrouverons dans d’autres œuvres et notamment dans un livre de Gérard de Séde relatif à Rennes Le Château.

Pour la petite histoire cet Archevêque venait souvent se recueillir dans l'église Carcassonnaise où se trouvent les reliques de saint LUPIN,

Toujours au grès des pages des aventures lupiniennes, apparaissent d’autres indices plus ou moins flamboyants et lumineux : demeure mystérieuse, des triangles, des épées lumineuses, des chevaliers bienfaisants, des dalles noires et blanches, des « loges ».

Car qu’elles soient de concierges ou de théâtre, Lupin s’y réfère souvent et il y trouve nombre de chandeliers à 3,5 ou 7 branches, des veuves et leurs fils et même de vénérables ouvriers.

Troisième et dernier indice, « 813 ».
"813", est le titre d'une aventure de Lupin, mais c’est aussi la date de fondation de l'abbaye d'Alet (Aude).
Abbaye dont les rosaces portent le sceau de Salomon….

Alors Lupin porte-parole des milieux ésotériques et occultistes ?

A la recherche de la pierre cachée de fil en aiguille creuse, de romans en romans, d’allusions en allusions, les indices rencontrés furent nombreux.

Dans cette recherche du « bouchon de cristal,  de « l’Ile aux Trente cercueils » à « l’Aiguille Creuse », en passant par le « Triangle d’Or » il fallu bien se rendre compte que l’œuvre Maurice Lupin suivait un schéma typiquement initiatique comprennent de nombreux symboles maçonniques et de détails de rituels.

Alors pour tenter de répondre à la question posée plus haut, il faut fouiller les relations et la biographie de Leblanc-Lupin.

En faisant cela, on peut se rendre compte que cet homme, de nature extrêmement discret,  avait ses entrées, ou en tout cas ses antennes, dans nombres de chapelles ésotériques.

Alors de ce pas, il n’y a plus qu’une chose à faire c’est de livrer à Lenormand les 5 noms.

Des noms ? Son ami et confrère à la Société des Gens de Lettres était l'ésotériste Jules Bois, initié entre autre à la « Golden Dawn », et amant de la cantatrice Emma Calvé,

Bois et Leblanc fréquentèrent un autre ésotériste connu, le comte Léonce de Larmandie, bras droit de Péladan au sein de la Rose+Croix du Temple et du Graal.

Coïncidence, c’est le même Jules Bois qui se chargea d’assurer la promotion des premières aventures de Lupin, et qui écrivit à ce titre « L’Aiguille Creuse représente du fantastique exact ! ».

Outre Jules Bois, c’est l’académicien Jules Clarétie (de son vrai nom Arsène Arnaud) qui préfaça le premier tome des aventures de Lupin, il était alors président de la Société des Gens de lettres et membre du GODF à la loge « L’Ecole Mutuelle ».

Le beau-frère de notre auteur, René Renoult, ministre de l'Intérieur , était en outre un haut-dignitaire franc-maçon et fut le disciple du frère Camille Savoire , fondateur du Rite Ecossais Rectifié (appelé aussi Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte).

Preuve familiale, Georgette Leblanc, la sœur de notre auteur. Compagne de Maurice Maeterlink,. fut l’apprentie du Sâr Peladan,.

Elle fut aussi l’amie de Debussy (que l’on dit avoir été Grand Maître du Prieuré de Sion) et de la cantatrice Emma Calvé (qui fut paraît-il la maîtresse de l’abbé Saunière de Rennes le Château et qui faisait suivre sa signature du titre de Supérieur Inconnu).

Dernier nom, dernier comparse, le sous secrétaire d’état aux Beaux-Arts Dujardin-Beaumetz, ce maçon de Limoux, ami de Saunière, de Georgette Leblanc, remit à Lupin la Légion d’Honneur un 17 janvier.

Donner d’autres preuves serait fastidieux, et nécessiterait une nuit entière ! Alors je vous laisse le soin de finir de soulever le voile d’Isis, pour trouver le pot aux roses (Croix évidemment).

Mais, alors, Lupin est-il cambrioleur ou initiateur ?

Pour répondre à cette question, tel « Herlock Sholmes », il faut suivre la spirale des œuvres de Lupin, et se faire à l’idée que les manuscrits de notre Ami sont étranges, qu’ils forment un tout pour celui qui sait que les couleurs de l’Arc en Ciel donnent l’unité blanche, ou pour l’artiste qui sous son pinceau, fait des six teintes jaillir la septième, le noir.

Alors il ne reste plus qu’à laisser luire les 7 étoiles de l’Axe ALCOR. Et comprendre que le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat.

Première étoile, la Demeure Mystérieuse. Dans la « Demeure Mystérieuse », qui se trouve être le cadre d’un secret dramatique, Lupin nous décrit un temple de la maçonnerie du Rite Ecossais  Rectifié. Cette demeure dans laquelle on pénètre par trois marches, possède un étage avec un perron de 6 marches.
Lupin précise en outre que cet étage supérieur possède lui 25 marches.

Initialement le Rite Ecossais Rectifié comportait 6 grades, sans compter les Supérieurs Inconnus, et Lupin fait du perron l’indice révélateur de cette Demeure.

Comme par hasard, le rite écossais de Kilwinning ou de Perfection, fut crée au 18ème siècle avec  25 degrés, avant d’en comporter 33 sous le nom de Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Deuxième étoile : les deux héros de cette Demeure Mystérieuse sont clairement définis comme des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, grade Rose+Croix de Supérieur Inconnu crée par le R.E.R. .

Troisième étoile, il apparaît clairement que les romans de Lupin sont basés sur un schéma initiatique et font apparaître au travers d’allusions , des sociétés secrètes, souchées sur les Elus Coëns de Martinez de Pasqually et des Rites utilisés dans la Maçonnerie Ecossaise.

Autre luminaire, dans maints romans, le pavé sur lequel Lupin marche d’un bon pas, est toujours fait de carreaux blancs et noirs. Toujours dans la Demeure mystérieuse, dont les meubles sont recouverts de soie bleue, les héroïnes y subissent une véritable initiation maçonnique, avec yeux bandés, déambulation labyrinthique, dépouillement de métaux, et grande lumière.

Ainsi, Lupin, au cours de ses aventures, a pu infiltrer les convents des Rose-Croix de tous poils et de tous pétales, Rose-Croix kabbalistique de Stanislas de Guaïta, Rose-Croix Catholique de Péladan, et surtout les Rites de Memphis et de Misraïm dont les racines remontent à la mission de Cagliostro, le Grand Cophte, dont Lupin fait grand cas.

Toute sa vie Lupin s'est fait passer pour un auteur de romans policiers. Machiavélique, sachant que "la plus belle ruse de Satan est de nous persuader qu'il n'existe pas", Il a donc feint de se décrire en gentleman cambrioleur pour mieux révéler - en double langage- qu’il était un de ces Initiés muets, un Veilleur, un chercheur de vérité cachée.

Et qu’au fil de ses romans et aventures marchant tout au long de la rose ligne, d’Orient à Occident, puis du Nord au Midi, il a rassemblé les pierres éparses, pour donner à ceux qui ouvrent l’œil équerre et compas afin de les remettre en ordre régulier et enfin obtenir la solution cachée.

Ainsi décrypté ou démasqué, Arsène Lupin reçoit l'aura du Supérieur Inconnu en charge de travaux occultes, repérables sur les cartes secrètes de la géographie sacrée par des croix rouges, roses ou noires

Agenouillé dans l’ombre comme le berger d’Arcadie, je vous ai convié à un rendez-vous déraisonnable à un Délit d'Initié ou un délire d'initié, à l’angle du plausible et de l’inexpliqué. où notre fil d’Ariane fut la plume de Lupin, car son encre à la fois blanche et noire fait de son œuvre un chef-d’œuvre, mieux un Grand Œuvre.

« Un étrange voyage », C’est donc par ces mots qu’il convient, ce soir de terminer le jeu, de cesser de courir sur les 7 étoiles de l’axe ALCOR, de laisser Leblanc reposer dans son aiguille creuse et de vous laisser jouer à votre tour au fil des aventures lupiniennes.

Mais juste un tout dernier mot pour vous dire que sur le bristol, l’homme en smoking, avait écrit « Avec les compliments d’Arsène Lupin, Gentleman Initiateur » et en dessous ces quelques vers de Jehan l’Alcuiz :
« Viens au jardin où le lapin joue avec sa bouteille,
que l’on sache à sourire dans les neiges d’antan,
toujours sans besoin de gesmes,
car l’œil des woivres rouges révéla la place
où se cachent le mot oublié et la pierre perdue
 et le rejeton de l’acacia qui en rend témoignage »
.. « L’Horloge à sonné ses huit coups ».

« Et in Arcadia ego ».

T\ D\


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