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René Schwaller de Lubicz

Qui est-il, en réalité pour nos contemporains ?
Un scientifique, un égyptologue, un philosophe ?

Mondialement connu pour ses travaux sur l’Egypte ancienne, ingénieur chimiste de formation, il n’apparut tout d’abord que sous l’aspect du chercheur, passionné par les découvertes en Egypte du siècle précédent.

Bientôt, au cours de la parution de ses œuvres, l’opinion perçu le véritable moteur de sa recherche : la connaissance du Monde des Causes et en conséquence le processus de transfiguration de l’homme et les avancées de la société ainsi créée.

Reconnu plus tard philosophe et de plus alchimiste, il adopte le nom mystique de « AOR » (l’appel du feu), aspect spirituel de lui-même reflétant son « état d’être ».

A travers le cours de son existence et de ses œuvres, nous allons assister à la construction de sa pensée toujours très personnelle. Evitant dogmes et Institutions, il ne veut s’adresser qu’à des individus, chercheurs comme lui, en quête de l’Essentiel.

Actuellement, une des rares « lumières d’Occident », il a su donner à notre civilisation moderne occidentale une nouvelle conception de l’univers dans laquelle l’homme trouve sa place, ses valeurs, son devoir.

En recevant son message, reconnaîtrons nous en « AOR » les grandes lignes d’un idéal maçonnique ?

Le parcours de RENE SCHWALLER :

Peu de renseignements sur sa vie : ni autobiographie, ni journal personnel, peu de témoignages, si ce ne sont les travaux de sa femme, les informations confiées par sa fille, qui ont cependant permis de retrouver les différentes étapes de son parcours.

René Schwaller (1887/1961), est le fils d’un chimiste suisse et d’une mère française. Il vécut à Strasbourg, ébaucha à 7 ans une théorie sur l’existence de Dieu, s’interrogea sur l’origine de la matière à 14 ans. A 17 ans, après la défaite de 1870, (l’Alsace étant devenue province allemande), il rejoint Paris, marchant jour et nuit, sans papiers et sans argent et apprend la vie de bohême ; l’indépendance. C’est alors qu’il ressent le souci de mettre en conformité ses idées et sa conduite avec, à la fois, volonté et sérénité dans sa détermination. Les milieux littéraires, artistiques, les cercles philosophiques, les cafés où l’on rencontre Matisse, Debussy, Bergson…l’attirent. Les poètes symbolistes l’amènent à reconnaître la valeur de « l’émotion première », repoussant ainsi au second plan la recherche rationnelle. Dès 23 ans, les expériences alchimiques n’ont aucun secret pour lui, ayant adhéré à la société théosophique. Tout en gardant une reconnaissance infinie à ce mouvement, René Schwaller n’adhère pas entièrement à leur « doctrine secrète » et décide de parcourir son propre chemin. Ses fréquentations l’ont amené à contester la valeur morale de la science, source de profit, devenue inhumaine, annonçant la destruction future de l’homme. En correspondance, il pense que la gratuité de l’acte, le désintéressement, la noblesse de l’idée, la conformité de la parole et de l’action, tracent son nouveau chemin spirituel vers l’Universel et vont conduire le monde vers une mutation. La publication de son livre « l’étude des nombres », réunit autour de lui les « Veilleurs ». Ces chercheurs enthousiastes désirent « vivre pour se dépasser » et proclament la noblesse du travail. Parmi les 12 veilleurs, un noble de la chevalerie Lithuanienne, Milosz de Lubicz, institue « la noblesse des actes et des œuvres » à la place de la « noblesse héréditaire ». Une cérémonie, précédée par une journée de jeûne et de veille, permet à Schwaller d’ajouter un second nom spirituel à celui qu’il avait déjà adopté : AOR
Parti en Suisse pour y fonder une station scientifique : Suhalia, il réussit à retrouver des procédés alchimiques en utilisant l’essence volatile des métaux. Ainsi furent reproduites les couleurs des vitraux de Chartres. Dotée de laboratoires, d’ateliers, d’un Centre Observatoire, la Station permet la mise au point de nombreuses inventions en obéissant aux règles du nombre d’or. Lors de ses recherches, AOR abandonne la démarche scientifique basée sur l’expérience pour en tirer une théorie partant intuitivement d’une loi d’Harmonie dont il ressent intérieurement la justesse. Voilà un savant qui procède de l’intuition vers l’expérimentation, utilisant prioritairement le monde sensible plutôt que la raison ! Cette loi d’Harmonie se retrouve employée au cœur de toute son œuvre que nous essayerons de comprendre, guidés par trois thèmes philosophiques, trois clés qui sont : La loi de Genèse (d’Harmonie), L’intelligence du cœur, Le symbolisme, trois messages qu’il nous a transmis depuis l’Egypte, sa principale source d’inspiration.

Après quelques années passées au Plan de Grasse, le couple traverse la Méditerranée sur un voilier, afin de poser le pied sur cette terre d’Egypte, racine secrète, à l’origine de tout humanisme dans le monde (car, en effet, n’a-t-on pas prouvé que le christianisme et les textes de la Kabbale s’en inspirèrent du fait que l’alphabet hébreu était issu de l’écriture hiéroglyphique ?)

Premier thème, Loi dite de Genèse : présente, au cœur de toute l’œuvre de Schwaller de Lubicz.

L’étude sur les nombres l’amena, dit-il, à « dégager la vérité du chaos ». En partant des phénomènes cosmiques, il trouve la loi fondamentale de l’Univers, celle qui fixa les proportions suivant le nombre d’OR, qui indiqua, d’après lui, la place de chacune des pierres d’un monument Egyptien, et qui dévoila la date des constructions. Schwaller s’aperçoit que cette loi avait une portée universelle, s’adressant à toute chose, dans tous les domaines. Il prend alors en compte l’origine où tout concourt, l’existence d’un centre primordial, le « UN ». Cette vision du monde qu’il considère comme un Tout Unique, n’existant que par son Ensemble, ce nouveau regard, amène AOR à aborder l’étude de l’homme et auparavant l’étude de toute vie (mot pris dans son sens philosophique). Vie des animaux, des plantes, des minéraux, certes, mais vie en tant que « phénomène vital ».

Il nous dit : la vie, toute vie, est en création constante et la cause de ce phénomène semble résider dans la scission de l’ « unité ». Il s’agit de la scission de la matière mais aussi celle de l’esprit créée par le Fiat Lux, la lumière. Cette création en continuité n’a plus de durée car toujours renouvelée et on peut alors comprendre l’expression : « le temps n’existe plus ». On pensait qu’il y avait un commencement, une fin, mais il s’agit d’un commencement et d’une fin à chaque instant et, ceci, dans l’éternité.

Cette création hors du temps, Schwaller l’appelle : loi de Genèse. Elle permet de penser que l’homme se crée et se transforme indéfiniment et sa vie est un éternel présent. Cette loi ne semble pas expliquer cependant l’existence du « UN », du premier homme, de la première vie sur terre, sauf s’il possède en lui toute la Connaissance ! et l’auteur parle alors d’un homme « Dieu du Temps de la Genèse ». Quel est son langage ? c’est celui inscrit sur les pyramides, les tombeaux, ce langage mystérieux : hiéroglyphes constitués de dessins animaliers, de signes géométriques déchiffrables seulement par les Maîtres, les Initiés de l’époque antique dont la connaissance dépassait les « mesures cosmiques ».

Qu’est devenu cet homme maintenant, dans ce que l’on dit être une période historique ? Dans ce monde moderne, on ne peut plus entendre la véritable harmonie universelle. Tels les habitants de la Tour de Babel, nous n’entendons plus le langage sacré, nous n’entendons même plus nos propres langages devenus disparates et étrangers d’un être à l’autre. Schwaller s’exprime : « la fleur des champs a son langage, tout comme l’oiseau dans la forêt, mais ces langages ne répondent plus au désir immense de la vie car il faudrait que le soleil leur rende la lumière universelle ». L’homme d’aujourd’hui s’est laissé envahir. Il a, dans sa chute, subi le phénomène de scission dont nous avons parlé, et s’est constitué d’une partie matière et d’une partie subtile. Les Egyptiens avaient compris l’existence de cette dualité humaine et la nommait BA et KA ; le BA : le subtil et le KA : la matière.

L’homme moderne n’accepte pas cette chute, le regret profond qui l’habite explique ses efforts pour retrouver son ancienne condition. Ainsi, le BA modifie le KA avec des alternatives de conquêtes et d’échecs : c’est la véritable Roue de la Destinée chère aux Indous et aux Egyptiens, idée à laquelle s’associe AOR dans son œuvre ultime « l’appel du Feu ». Mais l’homme peut il devenir un Temple ? Un Etre totalement spirituel, planétaire et conscient, Etre auquel nous tendons sans toutefois penser que nos efforts seront couronnés de lauriers !

Une double interrogation habita l’auteur durant toute son existence. Quel fut l’homme de la création ? Nous venons d’en dresser le portrait. Comment construire la société de demain ? Ce deuxième thème de son œuvre nous donne, sinon la réponse, du moins une orientation.

Deuxième thème : l’intelligence du cœur

C’est une expression empruntée aux anciens d’Egypte. Il s’agit de l’éveil du Principe Originel qui sommeille en nous. La Connaissance, que nous avons détenue dans les temps primordiaux, reste à l’état latent, elle a imprégnée notre mémoire primitive et nous en gardons encore le reflet, (telle la lune, reflet des rayons solaires). Or, les secrets de la science cachée ne peuvent être pénétrés que par un moyen de même nature. La connaissance du Sacré relevant essentiellement du domaine de l’âme, ne peut donc être redécouverte par l’intelligence cérébrale, sous peine de trahir la vérité, mais par une intelligence supérieure.

L’initié qui parcourait son chemin de conscience avec la raison de l’esprit saura, au moment des étapes où l’âme s’illumine, laisser libre cours à sa propre lumière du cœur. Ainsi, Schwaller de Lubicz distingue l’intelligence cérébrale dont nous parlons communément et une intelligence intuitive qui se confond dans tout ce qui vit dans l’univers qui y participe, entraîne l’adhésion mentale touchée par la lumière.

C’est un état intermédiaire qui se confond avec les êtres et les choses pour les connaître dans leur réalité, leur intimité. AOR nous dit dans son livre « L’Appel du Feu » : « Ecoutes ! et pour entendre, deviens Oreille…quand tu seras oreille je te dirai l’histoire des choses créées…Regardes ! et pour voir, deviens œil et pensée…et tu connaitras l’origine des choses créées ». Pour l’auteur, l’ésotérisme n’est pas un sens caché dans un livre mais un état de « confondement » entre l’état vital du lecteur et l’état vital du lecteur. Ces deux ressentis différents pourront faire entendre des sons différents. Ainsi naîtra une résonance nouvelle. L’homme possède en lui le « Don » d’évoquer toutes ses harmoniques, de libérer de multiples réactions émotives afin d’atteindre son confondement avec le « Tout ». Il accomplit ainsi une deuxième naissance, son deuxième passage dans la caverne et accède à la raison universelle, hors de l’intelligence. Cette raison universelle est attirée par un point central où tout aboutit : l’Eternité. C’est là que se trouve la noblesse du cœur, de l’acte gratuit, là où se tiennent les notions de : Beauté, Foi, Sacrifice, Pardon…et cette intelligence du cœur nous permet d’être la chose en la chose, de croître avec la plante, de voler avec l’oiseau.

Troisième thème essentiel : le symbolisme, l’Alchimie du cœur

Je cite : « il ne t’est pas permis de garder pour toi ce que tu apprendras, tu devras le transmettre, le dire et l’écrire, non pour te faire plaisir, mais pour l’Eternel ». il fallait donc que l’intelligence du cœur ait son propre langage !

Comment communiquer la pensée abstraite, l’indicible, si ce n’est par le symbolisme, langue de la métaphysique par excellence reliée à un archétype qui exprime un moment vital. Schwaller nous a laissé un ouvrage monumental « le Temple de l’homme » dans lequel il dévoile la signification des symboles du Temple de Louxor : « le Temple couvert ».

Devenu le terreau de la Tradition ésotérique occidentale, le symbolisme égyptien nous parle encore aujourd hui de ses mystères. L’auteur consacra 12 ans de sa vie, 12 ans de fouilles parmi les sables du désert, 12 ans de méditation pour trouver la signification des signes sculptés sur la pierre ou tracés sur les papyrus. Avec lui nous découvrons que l’homme n’est pas dans la nature mais que c’est la nature qui participe de lui. Bases vivantes de pierres, les grandes pyramides de Guizèh reposaient leurs pieds sur terre, pierres sculptées, langage caché, pierres gravées, pierre de notre Secrétaire du Temple au 4ème degré ! Ces signes gravés ou tracés sur les papyrus sont restés longtemps incompris et ce sont les travaux de AOR, menés sans relâche, qui dévoilent leur signification profonde. Cette écriture symbolique, écriture sacrée hiéroglyphique, accessible aux initiés, permet à l’homme de connaître sa nature, elle l’emmène dans la caverne, dans les cryptes des temples, des tombeaux où tout est écrit sur les murs, les plafonds.

Ainsi, Schwaller nous montre la configuration du temple de Karnak représentant le dessin du squelette de l’homme debout et renfermant les principaux organes du corps humain. Les principaux âges de l’humanité peuvent être retrouvés également dans l’ordonnancement des bâtiments édifiés par les pharaons successifs. La tête humaine privée de la calotte crânienne représente l’homme Adamique. AOR nous en donne l’explication grâce à son sens aigu du symbole.

C’est aussi par l’école de la nature que les portes de la connaissance vont s’ouvrir dans un récit que nous devons à Isha : « Herbac Pois-Chiche ». Cette œuvre proche du roman est entièrement inspirée de la philosophie de Schwaller, son époux. Nous assistons à l’éveil de conscience de l’enfant, sa montée vers le Temple, sa découverte des symboles, des Néters. Il va apprendre à lire l’image, le langage abstrait des hiéroglyphes, à distinguer la sculpture en creux (entrée dans la matière) du relief qui en est la sortie, il va savoir que la main gauche donne, la droite reçoit, que le pied en avant indique l’action que l’on va accomplir et non la marche. Les travaux de Schwaller qui s’appuient sur ses relevés d’une minutie jamais atteinte, lui ont permis de vivre entièrement le symbolisme de l’Egypte et l’auteur a rempli le contrat qu’il s’était imposé : partager ses connaissances, donner aux initiés les conclusions de tous ses travaux afin de leur communiquer son admiration pour la symbolique.

In Fine

Ce travail n’est qu’un faible aperçu, un coin de ciel levé sur la vie et l’œuvre d’un contemporain qui a pénétré au cœur des croyances égyptiennes, qui les a dépassées par le fait qu’il étudie à la fois l’homme de la Genèse et l’homme moderne. Touchant du doigt sa propre essence, il a disparu, heureux et confiant dans l’avenir de l’humanité.

AOR a su construire avec cohérence une philosophie généreuse donnant prépondérance à la vie du cœur. Il allie rigueur de la pensée avec ouverture de l’intuition. Ce fabuleux chercheur de lumière semble pouvoir rejoindre l’ensemble des Grands Initiés, soucieux du devenir de l’homme, conscient de son devoir de transmission et, en cela, il me semble proche de la recherche et de l’idéal maçonnique.

Si je donne mon adhésion au principe de la Genèse, à l’existence d’une intelligence du cœur et à la dualité de l’homme qui en résulte, il me semble pourtant difficile de partager la certitude de S\ De L\ quand au retour de l’homme cosmique possesseur d’éternité. En effet, il faudrait pouvoir accepter le point de départ posé en postulat ! (Qui a créé le créateur, ou le premier aréopage éternel ?)

S\ S\


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