GLSA Loge : La Tolérance - Orient de Porrentruy 06/2004


René Schwaller de Lubicz

INTRODUCTION
Connu surtout pour ses travaux sur l'Egypte qui furent un apport considérable dans la connaissance du symbolisme de cette civilisation, René Schwaller de Lubicz (1887-1961) fut d'abord un scientifique, ingénieur chimiste de formation mais aussi mathématicien, philosophe et chercheur passionné du monde des causes et du processus de transfiguration de l'étre humain. Alchimiste de surcroît, Schwaller avait adopté le nom mystique d'Aor, un nom qui est lié au feu et représente l'aspect spirituel de lui-même. Il a certainement rencontré à plusieurs reprises Fulcanelli.

A travers ce que je sais de Schwaller et ce que j'ai pu en apprendre en préparant ce tracé, je peux le qualifier sans autre de "chercheur de lumière" et vous constaterez que par son travail, il se rapproche beaucoup de l'idéal maçonnique.

Et c'est à ce titre que j'ai choisi de vous en parler ce jour.

Eric Sablé, qui a publié en 2003 le fruit de ses recherches sur Schwaller, donne trois clés pour comprendre son oeuvre. Ces clés gravitent autour de trois thémes essentiels : l'intelligence du coeur, la loi de genèse et le symbolisme.

Schwaller est tout à fait actuel car il allie une certaine rigueur de la pensée avec une ouverture sur l'intuition. Il équilibre l'intelligence du coeur avec la raison, le sérieux et la révélation. Et il a su s'ouvrir à la Nature qui est le grand livre universel. Je vous propose de nous ouvrir à lui pour recevoir son message.

LE PARCOURS DE RENE SCHWALLER
On ne sait que peut de choses sur sa vie car il n'existe ni autobiographie, ni journal personnel ni recueil quelconque de témoignages. Mais ses travaux, ceux de son épouse Isha et les informations de sa fille nous permettent quand même de retracer les évenements principaux de son parcours.

A l'origine, René Schwaller est le fils d'un pharmacien chimiste alsacien d'origine suisse. Il est français du côté de Marie Bernard, sa mère et a grandi à Strasbourg.
A sept ans il ébaucha une théorie sur l'existence de Dieu et il s'interrogea sur l'origine de la matière à quatorze. Il maîtrisa aussi très rapidement l'allemand ce qui lui permit de lire des ouvrages d'alchimie ou d'auteurs rosicruciens des XVII et XVIIIe siècles en langue originale.

Il fréquenta très tôt les milieux littéraires et artistiques. Matisse fut son maître pendant des années ainsi que Henri Bergson, son contemporain mais je ne puis dire s'il a véritablement rencontré ce dernier.
Matisse avait des idées très précises sur l'art, la création, la vie. A vingt trois ans Schwaller menait un vie d'artiste un peu bohème est c'est dans cette période qu'il rencontra des Edmond Bailly, Mallarmé, Debussy, Satié, la cantatrice Emma Calvée (liée à l'abbé Saunière et l'affaire de Rennes le Ch‚teau), des poètes symbolistes et beaucoup d'autres personnages dans le milieu artistique ainsi que le peintre alchimiste Jean-Julien Champagne.

A vingt six ans il adhéra à la société théosophique qu'il fréquentera pendant trois ans. Il possédait la Doctrine Secrète, l'ouvrage majeur de la fondatrice de la société théosophique, Hélena Blavatsky, en trois langues. Il parlait avec beaucoup de reconnaissance de la société théosophique, mais il la quitta car il lui semblait qu'il avait à parcourir un autre chemin. Ses racines étaient égyptiennes. Et l'Egypte le guidera toute sa vie au point qu'il deviendra un égyptologue exceptionnel, laissant derrière lui un travail remarquable avec l'énorme ouvrage en trois tomes que constitue "le Temple de l'Homme" (12 ans d'études du Temple de Louxor).

A cette vie riche et forte et à sa période théosophique, il faut ajouter la création du groupe des Veilleurs. Ce groupe, très idéaliste, lança un appel pour créer une société différente qui se proposait de vivre pour se dépasser. Le groupe sera rejoint par des personnages aussi importants que Gaston Revel, Pierre Loti, Henri Duvernois, Fernand Léger, Vincent d'Indy, Henri Alvart, Camille Flammarion, le journaliste Carlos Larronde, et d'autres. Le groupe se développa autour de nombreuses activités notamment artisanales, culturelles et philosophiques. Les Veilleurs étaient opposés à la production industrielle et voulaient affirmer la noblesse du travail manuel et la nécessité d'une véritable hiérarchie, et ceci dans l'indépendance de tout parti. Ils avaient leurs propres ateliers, costumes, journal et voulaient repenser les structures sociales. La devise de leur journal était: Hiérarchie - Liberté - Fraternité. Mais l'ordre possédait aussi une aspect plus ésotérique, plus secret : les Frères de l'Ordre Mystique de la Résurrection, qui se réunissait en robe blanche, l'épée au côté, la tête couronnée d'or. Ils pratiquaient une sorte de culte du Feu et étaient au nombre de douze.

Parmi eux le poète Milosz qui jouera un rôle capital dans la vie de Schwaller. Milosz était un aristocrate lithuanien qui descendait d'une famille noble de chevaliers qui régnait sur la Lusace serbe. Il fit ses études à Paris et ses maîtres à penser furent Goethe, Hugo, Gérard de Nerval et les romantiques. Il écrit et publia. Lui aussi voulait rénover la société alors déchirée par la première guerre mondiale. Milosz a milité pour l'indépendance de la Lituanie, son pays natal. Schwaller l'a soutenu et après la guerre, pour lui rendre hommage, Milosz lui a transmi le nom de sa famille Lubicz. Il le fit rituellement, dans l'esprit chevaleresque qui les animait mutuellement, c'est-à-dire qu'il voulait instituer une noblesse des actes et des oeuvres, une noblesse du mérite ou de l'âme, à la place de la noblesse héréditaire qui était pour eux dénuée de sens.

Les routes de Schwaller et Milosz se séparèrent avec la dissolution du groupe au bout de trois ans. Le caractère idéaliste et hiérarchique du groupe avait déplu et provoqué une campagne diffamante. Les Frères se dispersèrent et toutes les activités culturelles furent abandonnées.

Schwaller partit avec sa famille et quelques amis s'installer à Saint Moritz en Suisse ou fut fondée la station scientifique Suhalia, une petite communauté consacrée au travail artisanal, à la recherche scientifique et la quête spirituelle. Suhalia possédait observatoire, laboratoires et ateliers et connaîtra des disciples. Tout cela fait étrangement penser au Goetheanum de Steiner dont Schwaller rejetait l'enseignement avec une certaine virulence. C'est dans cette période que sa femme, Isha, rédigea quelques ouvrages. C'est aussi en Suisse que Schwaller-Aor et son ami Carlos Larronde réussirent à retrouver les procédés alchimiques pour obtenir les bleus et les rouges des vitraux de Chartres, sans procédé chimique, grâce à l'essence volatile des métaux. Hans Arp et Miro vinrent aussi à l'atelier pour poursuivre leurs recherches.

Schwaller de Lubicz mit également au point un moteur poly-carburant qui fut utilisé par Berliet, un nouveau modèle d'hélice et une maquette de bateau entièrement construit au nombre d'or. D'après des marins qui l'ont essayé, il possédait des qualités telles qu'il aurait pu résister à n'importe quelle tempête. Toujours fidèle à sa démarche, Schwaller recherche d'abord les principes, les causes puis les applique à des domaines bien concrets.

Schwaller posa les bases d'une autre science qui ne se fonde plus sur l'expérimentation pour en tirer des théories, mais qui part, au contraire, de la connaissance de la loi d'harmonie. Cette loi d'harmonie est ce qu'il appelle la loi de genèse et elle se trouve au coeur de toute son oeuvre.

LA LOI DE GENESE
La première publication importante de Schwaller de Lubicz fut son étude sur les nombres dans laquelle il veut, je cite : "dégager la vérité du chaos des phénomènes cosmiques pour trouver la loi fondamentale de l'univers, celle qui fixe les proportions de l'édifice, indique la place à chaque pierre et dicte le moment de la construction ou de la destruction". Il fut toujours passionné par cette connaissance du monde des causes, celle qui donne la réponse au pourquoi des êtres et des choses. Cette interrogation l'habita toute sa vie et elle est double : pourquoi le monde, d'où vient-il, en quel lieu trouve-t-il son fondement ? Et d'autre part il s'interroge sur le développement harmonieux des formes du vivant et se demande pourquoi une musique et non du bruit ?

La réponse à la première interrogation est l'unité, principe inexprimable, évidence première. La réponse à la seconde question est la "loi de la genèse" qui régit tous les phénomènes vitaux car tous se développent de façon semblable et s'enchaînent nécessairement à partir de l'unité insécable du principe premier.

Pour Schwaller de Lubicz, l'existence de cette unique loi de genèse est fondamentale. Elle régit toutes les connaissances et fait se correspondre des domaines aussi différents en apparence que l'embryologie, la sociologie, la linguistique, l'architecture, etc. Il confia à quelques personnes à Suhalia l'origine de cette connaissance qu'il possédait. Elle était née lentement en lui, elle fut mûrie, une connaissance née d'une révélation qui fut ni une extase, ni un moment de grâce mais un accouchement. Une fois l'enfant né, il faut apprendre à la connaître, en étudier chaque aspect et c'est un long apprentissage. Mais cette connaissance n'est pas un savoir exprimable en mot et en théories. Dès le départ, il sait, il connaît, de l'intérieur. Il a la vision du monde des causes et ne fait qu'appliquer cette "vision" aux différents domaines de la connaissance.

C'est grâce à cette lumière que Schwaller décryptera les textes hermétiques ou bien les symboles de l'ancienne civilisation égyptienne ou encore les lois de la nature. Pour René Schwaller l'expression de l'ésotérisme occidental est la continuation du grand oeuvre qui s'est joué dans l'Egypte ancienne. La sagesse égyptienne donne les vraies clés de la genèse des formes de la nature. Et c'est elle aussi qui lui livra les clés de l'intelligence du coeur.

L'INTELLIGENCE DU COEUR ET L'ESOTERISME DE SCHWALLER
Le terme "Intelligence du Coeur " est emprunté aux anciens égyptiens pour désigner cet autre aspect dans l'homme qui nous permet de pénétrer au-delà de notre limitation animale et en vérité fait la caractéristique de l'homme humain pour aller vers l'Homme Divin ; c'est-à-dire l'éveil de ce principe originel qui sommeille en tout être humain animé.

Dès lors, l'Esotérisme, ne peut pas être écrit, ni dit, ni par conséquent être trahi. C'est ce que pense et dit Schwaller. Il faut être préparé pour le saisir, le voir, l'entendre, à votre choix. Cette préparation n'est pas un Savoir, mais un Pouvoir et ne peut s'acquérir finalement que par l'effort de la personne elle-même par un combat contre ses obstacles et une victoire sur la nature animale humaine.

Il y a une Science Sacrée et depuis des millénaires, d'innombrables curieux ont, en vain, cherché à en pénétrer les secrets. C'est comme si, avec une pioche, ils voulaient creuser un trou dans la mer. L'outil doit être de la nature de la chose qu'il veut travailler. On ne trouve l'Esprit qu'avec l'Esprit, et l'Esotérisme est l'aspect spirituel du monde inaccessible à l'intelligence cérébrale.

L'Initié véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir le chemin de la Conscience plus rapidement et l'élève, arrivé à des étapes d'Illumination, par sa propre Lumière intérieure, lira directement l'Esotérisme de tel enseignement. Personne ne pourra le faire pour lui. L'éveil est l'éveil de "L'Intelligence du Coeur" : La Raison est née avec nous; si nous lui donnons la prépondérance sur l'intelligence cérébrale, sur le Mental, elle nous dira tout, car elle est l'Intelligence de l'univers.

L'intelligence du coeur est au-delà de la raison. Pour Schwaller, la véritable connaissance est issue de cette intelligence ; il considère le fonctionnement du mental comme second, au même titre que la lune est seconde par rapport au soleil. Elle n'est qu'un reflet de sa lumière. De même, la pensée mentale ne devrait être qu'un reflet de l'intuition. Cette intelligence n'est pas à confondre avec le samadhi des grands mystiques. C'est un état intermédiaire qui permet de se confondre avec les êtres et les choses et donc de les connaître dans leur réalité.

L'Esotérisme pour Schwaller n'est donc pas un "sens particulièrement caché dans un texte" mais un "état de confondement" entre l'état vital du lecteur et l'état vital de l'auteur ; ceci dans le sens de la vision spirituelle, spatiale, synthétique qui, précisément, cesse avec la concrétisation de la pensée. Il conçoit donc que l'enseignement ésotérique n'est qu'une "évocation" et ne peut être que cela. L'initiation ne réside pas dans le texte, quel qu'il soit, mais dans la culture de "l'Intelligence du Coeur " (au sens o_ elle a été définie plus haut). Alors rien n'est plus "occulte" ni secret parce que l'intention des "Illuminés", des "prophètes" et des "envoyés du ciel" n'est jamais de cacher, au contraire.

Donc pour être certains de notre Connaissance comme nous sommes certains de notre Savoir, nous devons rechercher la preuve expérimentale démontrant que l'Esprit, l'abstrait, devient effectivement concret par un chemin déterminé. La Science Sacrée affirme ceci possible. Elle nous l'enseigne par son "Esotérisme" qui n'est hermétiquement clos que pour l'intelligence cérébrale et le restera si nous ne cultivons pas un autre aspect d'Intelligence et une autre mentalité. C'est pour cela que les Sages laissent aux oisifs la spéculation et ils regardent la Nature. Celle-ci enseigne tout. Un son évoque toutes ses harmoniques, un gland de chêne évoque le chêne etc.

Seul l'homme a en lui ce Don qui lui permet de se libérer des réactions émotives égo'stes et d'atteindre à la liberté aristocratique, par le confondement avec le Tout, l'Amour sans cause, sans but, sans récompense, donc sans déception. Ce Don est la Raison qui fait, de l'animal, l'Homme ; et c'est là une 2ème naissance au Monde, car la nature s'arrête à l'animal, y compris l'animal humain. C'est un deuxième "Fiat Lux" que celui du baptême de l'Esprit, la Pentecôte qui donne la "Raison".

La Raison nous affirme ce que le cerveau ne peut pas comprendre, c'est une Connaissance : "à priori" ; la Raison nous montre la noblesse de l'inutile qui est la Beauté, le Pardon, la Foi, le Sacrifice : l'acte sacré.

La Raison est "l'Intelligence du Coeur" qui nous permet en Amour d'être la chose, en la chose, de croître avec la plante, de voler avec l'oiseau, de ramper avec le serpent . C'est à cette "Raison" que s'adresse "l'Esotérisme".

Mais nous avons prostitué cette Raison pour en tirer du Rationalisme qui est Utilitarisme.

La Réalité est confondement de la Conscience avec l'objet : il y a identité, c'est la fonction vécue isolément et innée dans l'organisme qui fait l'Intelligence du Coeur. L'Intelligence du Coeur, qui établit le rapport de la Conscience innée avec l'observation, est l'Identification. Identification signifie vivre avec et dans le fait observé, être soi-même ce fait, subir, agir, souffrir, se réjouir avec lui. C'est la "Conscience sympathique".

LE SYMBOLISME
L'intelligence du coeur a son langage et ce langage est le symbolisme. Le symbole évoque une réalité qui n'est pas présente donc pas objective. Ce symbole est vie, il est mouvement de la conscience. Mais il est plus encore : il exprime un moment vital éternel. Il se relie à une idée, un archétype qui préside au développement des formes.
Le symbolisme livre le sens. Pour Schwaller, tout est symbole et ce qui lui permit d'atteindre à cette profondeur des mystères et des choses.

Ces symboles, le sens, le monde des archétypes et les clés de l'homme, il les étudie dans l'univers égyptien et plus précisément dans le temple de Louxor pendant 12 années de sa vie qu'il va . 12 années de recherche, d'analyse et de méditation.

René Schwaller développe la notion d'anthropocosme qui signifie que la nature est le reflet de l'homme. L'homme synthétise toutes les formes, toutes les espèces minérales, végétales, animales en lui-même. Il est l'Adam Kadmon de la Kabbale. C'est donc une notion équivalente à celle du microcosme. Sa grande idée est que l'homme n'est pas seulement à la fin mais aussi à l'origine de l'évolution. Il montre ainsi comment chaque règne de la nature est l'expression d'un organe de cet homme cosmique. Et l'univers entier résume toutes ses phases, ses moments, ses aspects.

Il a même divisé l'Egypte en neuf périodes qui sont pour lui les neuf phases de la gestation de l'Horus-Christ. Il voit donc dans le christianisme un résumé de la sagesse égyptienne, particulièrement l'évangile de Saint Jean. Mais il prétend que cette gnose chrétienne a été détournée par l'Eglise catholique qui a détruit le véritable Christ dont l'esprit s'est perpétué à travers les tenants du symbolisme de la rose et de la croix. Il faut préciser ici que Schwaller considérait le Christ comme la Pierre Philosophale de l'Ouest / Occident. Sa femme, Isha, a continué son oeuvre en développant l'idée d'un christianisme ésotérique et il est extrêment riche de se tourner vers les ouvrages de l'un comme de l'autre (sachant que le "Temple de l'Homme" est d'une lecture ardue qui peut en décourager plus d'un).

Les symboles sont le langage qui parle à notre être intérieur et qui peuvent livrer le secret de toutes choses.

CONCLUSION
Ce travail n'est qu'un coin de tapis levé sur une vie d'exception, sur un homme qui a pénétré au coeur de la vie, qui a touché du doigt son essence et est probablement entré dans la lumière.

En guise de conclusion à ce travail et en guise de transition avec la quête de chacun, je citerai deux pages de l'un de ses ouvrages intitulé "le Miracle Egyptien":

"Notre Occident juge nécessairement l'Antiquité à la lumière de ses propres facultés, ou, plus exactement, de ce qu'il suppose d'après les facultés intellectives qu'il a cultivées si exclusivement qu'il ignore ses autres possibilités.

Or le problème de l'intelligence n'est pas résolu pour autant ! A côté de l'intelligence cérébrale, nous avons une intelligence émotive que le cérébralisme trait en phénomène indépendant.

On prête volontiers à l'animal une certaine intelligence, tout en résumant ce complexe intellectif sous le nom d'instinct. Or il est possible de transmettre un ordre verbal à l'animal domestiqué ou familier, à condition que celui-ci ait pris l'habitude de sa signification. Tel son, tel mot, signifient qu'il doit se comporter d'une façon donnée. Mais l'observation montre que le sens émotif de l'animal perçoit la volonté émotive de l'homme, sans que celui-ci ait besoin de l'exprimer par la parole, car l'animal comprend l'intention éprouvée, comme il pressent les tremblements de terre ou d'autres cataclysmes, comme il comprend que son maître va partir en promenade ou en voyage, comme il pressent la mort.

Dans la même catégorie d'intelligence, il faut classer la transmission de pensée entre humains. Q'une pensée soit éprouvée émotivement, cette émotion se transmettra soit à une personne, soit à une foule, et la distance ne joue plus aucun rôle. Il reste un lien émotif entre la mère et son enfant.

Notre pensée est toujours descriptive, elle pourrait être définie comme visuelle. Il nous est normalement impossible de penser quoi que ce soit sans que cette pensée se présente à nous comme image ou en écrit. Sans la formulation (muette ou exprimée), c'est-à-dire sans une expression imagée et descriptive, il n'y a pas de pensée mentale. Le mental est constrictif, il contracte en image ce que nous éprouvons ou constatons. La substance mentale tend vers le centre, vers la définition de ce qui fixe†: elle est centripète.

L'émotion par contre pourrait être définie comme auditive, elle dilate. Le sens émotif (et non pas l'émotion qui est un résultat) est d'une substance rayonnante. L'émotion, elle, résulte de l'effet de l'intelligence émotive dilatante sur le complexe solaire constrictif, en tant que réaction intermédiaire avec la pensée humaine, réaction qui donne la possibilité d'une interprétation mentale.

Chez l'animal le centre émotif passe directement au centre actif, ordonnateur, du système central.

La connaissance de cette source intellective du centre émotif, en connexion avec l'intelligence cérébrale, peut ouvrir les yeux sur une toute autre façon de penser et d'agir. Elle n'exclut plus une connaissance directe, sans aucun intermédiaire physique ou descriptif. C'est ici le siège de ce qui fait l'intuition, et cette faculté peut être cultivée au point de permettre, entre personnes dûment préparées, la communication de la pensée sans aucun signe extérieur. Ce contact (qui est une véritable identification personnelle) permet de résoudre les problèmes d'ordre technique et pratique, là où notre mode mental analytique ne voit que des enchaînements quantitatifs mécaniques.

Mes FF
\, cette forme de connaissance est celle que nous approchons par les symboles et par l'exercice de notre propre intelligence émotionnelle (pour utiliser un terme plus contemporain).

Le travail ne s'arrête pas au dedans et nous n'aspirons point au repos.

Vén
\ M\, mes FF\, j'ai dit !

L
\ D\

BIBLIOGRAPHIE
• Propos sur Esotérisme et Symbole, René Schwaller de Lubicz ,éditions Dervy, 1993
• Le Temple dans l'Homme, René Schwaller de Lubicz, éditions xxx, xxx
• Le Temple de l'Homme, René Schwaller de Lubicz, éditions xxx, xxx
• La vie et l'oeuvre de René Schwaller de Lubicz, éditions Dervy, 2003
• Her Bak Pois Chiche, et Her Bak disciple par Isha Schwaller de Lubicz, éditions Flammarion, collection champs, xxx
• La doctrine secrète, Hélena Blavatsky, 6 tomes, éditions Adyar, xxx
• John Anthony West, Die Schlange am Firmament. Die Weisheit des alten Égypten , Zweitausendeins, Frankfurt/M. 2000, 332 S.
• Le Miracle Egyptien, René Schwaller de Lubicz, Champs / Flammarion, 1978
• Dictionnaire de Philosophie, Gérard Durozoi ñ André Roussel, Nathan, 1990

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