GLDF Loge : NC 22/04/1996


Le Destin : Hasard ou nécessité ?


Je remercie la Colonne d'Harmonie de bien avoir voulu, à titre d'introduction, nous faire entendre un extrait de l'Opferlied, le "chant du sacrifice", de Beethoven, car il illustre bien le double destin du compositeur, tragique par le drame de sa surdité, mais qui marche malgré tout vers son destin de gloire et de souffrance et qui, ayant vécu son propre Golgotha, touchera le fond du désespoir, envisageant même l'ultime solution : le suicide...et destin glorieux, mais dans lequel résonne inéluctablement ce qui manque à son génie, le calme et le bonheur... :

En préambule, je souhaiterais dire que dans le titre " hasard ou nécessité", il n'est absolument pas question de reprendre ou discuter le thème célèbre développé par Jacques Monod, dont je respecte la magnifique oeuvre scientifique, mais qui, me semble-t-il, est complètement passé à côté du sujet, en ce sens que, face à une "science officielle" dans laquelle on associait dans un ensemble complexe les notions
de " causalité, légalité, déterminisme, mécanisme, rationalité," n'a pu ou voulu se rendre compte que surgissait un ensemble de thèmes étrangers à la science classique : la vie, le destin, la liberté, la spontanéité, qui sont des émanations de profondeurs enfouies, et qui se voulaient inaccessibles à la raison...

Mon propos de ce soir va consister, non pas à donner des réponses ( je ne les ai pas ! ) à ce que représente cette interrogation permanente, lancinante, obsédante de l'humain, sur son destin, mais plutôt de susciter le questionnement, le doute bien sûr, la réflexion surtout, et ainsi de tenter d'apporter un sorte d'éclairage à ces interrogations, et d'essayer de "raisonner maçonniquement ", en particulier devant l'apparente absurdité de la condition humaine, qui a souvent conduit l'Homme à rechercher un " neuroleptique de l'âme ", ou un "imaginaire consolateur ".

Ainsi, ma planche s'articulera autour des thèmes suivantes:

- Qu'est le destin ?
- existe-t- il un Destin concernant l'Humanité, et ( ou) des destins et des destinées individuels, intégrés ou non dans un plan d'ensemble ? En d'autres termes, dans la mesure il ne semble pas d'ores et déjà possible de dresser un le tableau complet de toutes les variétés de destins, et encore moins de donner une analyse détaillée des diverses allures qu'il peut prendre, il suffira de se rappeler que le destin peut être bon ou mauvais, étroit ou très large, selon qu'il intéresse peu ou beaucoup d'hommes, altruiste ou égotiste, mais sans doute devrions-nous parler de "rythme" propre :
- le destin est-il inéluctable, répondant ainsi à une nécessité ?
- ou bien ce que nous nommons destin n'est que le fruit du hasard ?
- dans tous les cas, avons-nous un quelconque liberté, ou bien faut-il se référer uniquement au fatidique ?
                 
L'apparition de la notion de destin dans la conscience humaine paraît antérieure à toute réflexion philosophique et même à toute religion organisée.

En effet, le besoin de mettre de l'ordre dans le chaos des événements et des phénomènes amène à leur supposer une unité, à ne voir en eux que les effets d'une force unique ou d'un schéma préétabli, expression d'une volonté plus ou moins personnelle ou d'une nécessité inhérente aux choses.

Cette force peut être envisagée comme s'opposant à la volonté humaine, c'est-à-dire que, contraint par la fatalité, on peut aussi trouver le bonheur dans une soumission volontaire au destin : cette philosophie relève du stoïcisme, ou bien au contraire une telle force peut être un déterminant, allant jusqu'aux actes mêmes par lesquels l'homme croit lutter contre elle, thème que l'on retrouve tout particulièrement développé dans la tragédie grecque : nous y reviendront...

La naissance des religions et la croyance en une volonté divine personnelle n'élimine pas nécessairement une référence au destin ou à la fatalité. En fait, l'idée d'un plan préétabli, même si elle n'intervient pas comme telle dans un dogme en vigueur, peut rester sous-jacente et entraîner l'apparition de points de vue théologiquement différents, comme c'est le cas dans le débat bien connu entre prédestination et liberté humaine, qui a traversé tout le christianisme.

D'ailleurs, hors des religions établies, les notions de destin et de fatalité ont toujours joué et jouent encore un rôle important dans les superstitions populaires ( contes de fées, magie, divination, astrologie ), voire dans la vie courante. Ces notions sont en fait si profondément ancrées dans l'homme, et celui-ci semblant fortement répugner à admettre l'idée de contingence ou de hasard, qu'on les voit survivre au déclin ou au rejet des religions traditionnelles et tenir, dans la pensée moderne, une place non négligeable sous des formes nouvelles telles que le déterminisme...

Il est difficile d'établir une chronologie de la préoccupation du destin chez l'homme. Quelques exemples, de natures mythique ou traditionnelle pourtant, sont significatifs de cette préoccupation plusieurs fois millénaire.

Déjà, dans la tradition juive ancienne, en se référant au Livre d'Hénoch,on ne parle pas de destin, mais bien de responsabilité, et non de fatalité, dans l'orientation de l'âme des hommes vers un séjour spécial après leur mort. En résumé, le méchant est le seul auteur de son châtiment, sinon il ne serait pas l'auteur de sa faute.Il est ainsi normal qu'il ne puisse se supporter lui-même et que parfois il se punisse. Par suite, c'est par le repentir que le pécheur devient un autre homme et mérite, en droit, l'indulgence absolue ( tel le bon larron)
                                                    
Dans la religion sumérienne, le destin se dit nam.tar, soit littéralement " ce qui est tranché ", et la décision appartient aux dieux, en particulier à Enlil, dieu de Nippur, "Seigneur de tous les pays", " pasteur des "têtes noires" ( les sumériens ) ; les rois sont persuadés de détenir le pouvoir, parce qu'ils ont été "élus" par les dieux ; chaque être humain a une vie programmée, avec ses bonheurs et ses malheurs : la résignation semble être la seule attitude adoptée par les sumériens, qui adressent peu de requêtes aux dieux, ceux-ci ne modifiant pas le cours des choses, sauf éventuellement par caprice !...

Cette idée de prédestination, c'est à-dire le caractère fatidique de la destinée humaine, se retrouve d’ailleurs dans toutes les civilisations mésopotamiennes, par exemple au travers du mot assyro-babylonien : « shimtu », plan d'ensemble voulu comme tel par les dieux qui seuls en disposent, et l'établissent une fois pour toute. On parlera même d'une "mort de shimtou" pour une mort naturelle, c'est-à-dire conforme aux intentions de son dieu protecteur.

Avant de continuer dans l'analyse phénomènologique du destin, je voudrais revenir sur une question incontournable qui, elle aussi, a traversé les siècles, est toujours vivace dans bien des civilisations, cultures, croyances ou religions : c'est celle de la réincarnation, selon laquelle l'âme, ou l'élément psychique ou le corps subtil, se dote lui-même, à chacune des existences successives, d'un corps différent et se trouve ainsi "réincarné". On parlera ainsi de "palingénésie", c'est-à-dire de nouvelle naissance.

Dans le Zohar, il est bien mentionné que l'âme est immortelle, mais elle n'atteint le bonheur céleste que lorsqu'elle est devenue parfaite, et ce après avoir vécue dans plusieurs corps : il s'agit de réincarnation, et non de métempsycose ; toutes les âmes ont été créées depuis l'origine du monde, et lorsque toutes seront à l'état de perfection, le Messie viendra.

(Pause musicale : Rozo d'Shabbos, P.Pinchik )

La croyance de la réincarnation a été admise, avec quelques nuances, par de nombreux peuples : par exemple chez les Celtes, dont César disait :" une de leurs principales maximes est que les âmes ne meurent point, et qu'à la mort, elles passent d'un corps dans un autre ".

Il en est de même dans le monde grec :  
            -   chez les Orphiques pour qui le salut de l'homme consiste en la cessation de  l'existence : l'âme, à peine sortie du corps, s'incarne à nouveau dans un corps  le sôma, qui est une prison (sêma), et ce cycle est sans fin pour les non-initiés ;

-         Pythagore admet la doctrine de la Transmigration des âmes, et Platon parle de certaines âmes qui sont encore susceptibles de s'amender après la mort et de se réincarner, mais sans se souvenir d'existences antérieures.

-         les gnostiques, le néo-platonisme, repris d'ailleurs à la Renaissance, et les écoles d'Alexandrie, reprennent l'idée de la métempsycose ; pour Plotin cette théorie est conforme à la justice, qui consiste à recevoir un corps pour expier les fautes commises dans le passé.

Il est intrigant d'observer que dans les milieux chrétiens des premiers siècles, la doctrine de la réincarnation, qui ne reçoit aucun appui dans les Ecritures, n'a même jamais été soutenue par qui que ce fût. Si Origène admet la création des âmes de toute éternité,et parle pour elles d'épreuves successives, tout en admettent la doctrine chrétienne de la résurrection du corps, le concile de Constantinople, en 542, règlera le problème en condamnant la position d'Origène. L'Occident a, depuis, continué à professer sur l'âme humaine, une doctrine incompatible avec la réincarnation, sauf dans milieux occultistes ou spirites du XIX e siècle.

Mais il paraît surprenant que la chrétienté n'ait pas su, ou voulu, utiliser cette croyance pour la rendre plus accessible à ses adeptes, car comment expliquer, dans le Credo des chrétiens, la résurrection de la chair : puisque la thèse ou l'antithèse ne peuvent être démontrées, érigeons ce credo en dogme, et hop, le tour est joué : dogmatisme contre intelligence ! Combien de contestataires ont d'ailleurs rôti sur des bûchers allumés par les inquisiteurs ou autre intolérants qui ne pouvaient supporter l'ombre d'un doute concernant le dogme !

Cette croyance dans la résurrection de la chair n'est d'ailleurs pas l'apanage de la chrétienté, si l'on garde à l'esprit le mazdéisme iranien, dans lequel le prophète Zarathustra réactualise une croyance ancienne, d'une résurrection des morts, effectivement la "re-création" des corps en relation avec l'arrivée du "Vivant" annoncé par le prophète, qui équivaut à une cosmogonie, en vertu d'une conception archaïque commune à de nombreux mythes indo-européens, c'est-à-dire le parallélisme entre microcosme et macrocosme, et qui connaîtra un développement considérable en Iran et aux Indes.

Pourtant, dans le dualisme esprit-matière, divin ( transcendant ) et anti-divin,se retrouvant dans les religions iraniennes telles que le mazdéisme, et qui inspirera largement la gnose manichéenne, le mythe de la chute de l'âme ( l'esprit est parcelle divine et le corps, la matière, d'origine démoniaque ) : c'est l'incarnation dans un corps, assimilé à une prison, et la certitude de la délivrance ( le "salut" ), obtenue grâce à la gnose.
On retrouve d'ailleurs cette notion de salut au travers de l'assimilation audacieuse de l'imagerie, de la théologie et de la liturgie chrétiennes à la symbolique de l'Arbre du Monde, dans laquelle la Croix, véritable Arbre de Vie, faite du bois du Bien et du Mal, est identifiée à l'Arbre Cosmique. Ainsi, le salut ne fait que reprendre et compléter les notions de rénovation perpétuelle, de régénération cosmique, de fécondité universelle, de sacralité, de réalité absolue, et in-fine, d' immortalité : voilà bien un rappel du soir de notre initiation au cours de laquelle "le vieil homme meure "...

Bien sûr, il faut se référer à la philosophie du karma, du samsâra ( devenu récemment parfum de femme !), la libération. Le karma, l'action, a subi une évolution considérable du sens : à la période védique ancienne, ce mot est synonyme de rite, en particulier de sacrifice, grâce auquel l'homme ( védique ) accède à une vie heureuse dans l'au-delà, devenant ainsi l'égal ses dieux. Plus tard, le Karma perd son action salvatrice, avec l'apparition du bouddhisme : il ne peut plus libérer l'homme ( devenir comme le dieux ne sert à rien ! ), et le karma sera un attachement à ce monde actuel et futur. La loi du karma serait celle de la rétribution des actes.

Les conséquences de cette doctrine sont nombreuses ; retenons la solution la plus radicale : le "non-agir", notion à laquelle j'avoue ne jamais avoir compris grand chose,car ne pas agir est tout de même agir !... ou, de façon moins radicale, celle de la Bhagavad-Gîtâ : il faut continuer à agir, mais au travers d'une action désintéressée, qui ne cherche pas les fruits de l'action en ce monde et dans l'au-delà.

Et bien sûr, nous ne pouvons oublier l'Islam, dont l'idée de prédestination reste proche, d'une certaine façon, du christianisme : la destinée éternelle de l'homme est "écrite" dès l'embryon dans le sein maternel. Mais l'homme reste libre et responsable, car Dieu ne fait jamais le mal. Se pose donc pour l'Islam, sous le titre de Qadar ( décret prédestinant ) et comme pour beaucoup de religions révélées, le triple problème :
1.         - Comment concilier la Toute-Puissance Divine avec la liberté humaine ?
2.         - Dieu serait-il encore juste s'il rétribuait un homme qui ne serait pas libre et  responsable ?
3.         - Prédestine-t-il au paradis ou à l'enfer, et qui ?

On constatera, bien sûr, quelles déviations ont été apportées ultérieurement : par exemple, chez les Ash'arites, qui affirment fortement que Dieu est le seul agent : il n'y a donc pas de hasard, mais une nécessité, et une absence totale de liberté humaine  l'inverse, chez les Mu'tazilites, on parle de la "Prédestination conséquente ", c'est-à-dire que l'homme possède la liberté d'être créateur de ses actes Pourtant, beaucoup de musulmans modernes veulent ignorer un verset (entre autres ) du Coran pourtant clair : " Tout bien qui t'arrive vient de Dieu ; tout mal qui t'arrive vient de toi " ( 4,79 ), pour s'abriter non seulement derrière l' Inch' Allah, ou mieux, le "Allah Akbar " : l'homme est irresponsable de ses actes, tout est volonté divine, ce qui conduit à tous les intégrismes...

Actuellement, l'occultisme et le spiritisme modernes présentent, avec quelques variantes, un schéma conceptuel proche de la notion de karma ; en bref, nous choisirions notre incarnation dans tel ou tel corps ( ce qui impliquerait une certaine liberté, et en même temps tendrait à suggérer que nos géniteurs ne sont que les parents biologiques, mais que notre esprit, notre âme, viendraient d'ailleurs ), et ceci afin d'accomplir un destin que nous ne savons pas décrypter, pour expier des fautes que nous aurions commises dans des vies antérieures, dont nous n'aurions d'ailleurs pas conscience, et nous améliorer jusqu'à ce que notre âme soit parfaite : toute notre vie terrestre ne servant, tel que prêché par Sakyamuni, celui qui réalisa l'Eveil, c'est-à-dire Bouddha, que de transition, sachant qu'un des piliers du Bouddhisme est l'impermanence de l'Etre.

De telles croyances présentent plusieurs caractéristiques d'une certaine "morphologie du fatidique ", selon la terminologie du très cathare René Nelli  :

 -d'abord l'aspect consolateur, que l'on retrouve d'ailleurs dans bien des religions, y compris le christianisme ( mon Royaume n'est pas de ce monde, etc;) : je souffre, certes, mais je l'ai pas volé, ayant fait le mal dans des vies antérieures ; l'injustice de payer une ou des vies dont je n'ai aucun souvenir, est allégrement oblitérée par les spirites : une telle prise de conscience serait dangereuse, alors acceptons l'absurdité ( apparente ) de notre vie humaine :

  - le salut individuel est possible, mais se mérite
  - mais surtout, nous avons la liberté, à la fois d'avoir choisi notre destin. Celui-ci n'aurait rien à voir avec le hasard, il est nécessaire, contingent et de l' accepter, ce qui relève d'une grande sagesse !

Pause musicale : " Lascia ch'io planga ", Haendel

  -   poussé à l'extrême, ce psychotrope des " bleus à l'âme" peut conduire à de somptueuses déculpabilisations et à une quasi totale passivité devant cette prédestination : je n'y peux rien, c'est ma nature ( j'étrangle allègrement mon prochain, c'est mon destin ou mon karma, on ne se refait pas, etc), voire même une "mission"divine, dont se sont crus investis des personnages tristement célèbres, par exemple dans notre histoire moderne riche en inducteurs d'holocaustes plus inspirés par la paranoïa ou l'éthylisme que par une soit-disant mission, tels qu'un Staline, un Hitler ( on prétend que lors de son baptême, bien avant qu'il ne devint peintre, caporal puis dictateur, le prénom de Wolfgang fût rajouté à celui d'Adolf, ce qui donna en numérologie 666, la bête de l'Apocalypse, l'Anté-Christ ), ou un Pol Pot, un Karadzic,  allant de Saint-Just à Mao, de Khomenyi à Milosevic, tous aussi   "irresponsables "et "non-coupables" de dizaines de millions de morts, mais les victimes sont nécessaires aux bourreaux et réciproquement, n'est-ce pas ?

Toujours est-il que, selon ces croyances, chacun naîtrait avec un certain bagage dont il devra faire usage toute sa vie, mais dont il ne connaît pas le contenu qualitatif et quantitatif : ici, les choses se gâtent si l'on prétend, selon la déclaration des droits de l'Homme, que nous naissons tous égaux en droit : cette égalité est purement illusoire, car qui peut prétendre que naître dans une favella brésilienne, à Soweto ou à Neuilly équivaudrait au même ? Mais si tel est le choix, ou plutôt l'absence de choix, son karma, son destin, il nous faudra bien l'assumer ; avec quoi ? mais avec ce que nous avons... J'aimerais à ce propos, vous lire quelques phrases d'un grand initié anonyme :

" Le destin est cette valise que nous emportons avec nous lorsque nous descendons sur terre. Dans cette valise, il y a tous les ingrédients possibles pour s'alimenter et progresser. Le problème majeur qui se pose à tout voyageur, est de définir le moment précis auquel il va recourir à ce qui lui semble nécessaire. Ce sera l'eau, dont il a besoin pour étancher sa soif, lorsqu'il traverse ses périodes de désert, mais ne connaissant pas les incertitudes d'aujourd'hui et de demain, et combien de temps durera cette traversée, il faudra apprendre à limiter ses besoins pour mieux se situer dans la pauvreté de l'existence terrestre.Il y a les oasis, bien sûr, mais qui sait ce que l'on y trouvera : l'eau du puits pourra être pure, tarie ou empoisonnée ! « 

Le destin, grand ou petit, ne peut se vivre que si l'on se pose la question de son devenir. S'intéresser à sa route, n'est-ce pas regarder des cartes comme un navigateur qui prend la mer et désire arriver à bon port. Le problème est que les caps ne sont pas tous de Bonne Espérance, que dans notre bagage contient beaucoup de cartes, mais qui souvent ne peuvent être lues, nous qui sommes si souvent aveugles ", et ne savons même pas ni lire ni écrire, alors quel cap prendre, et où est le port ?

Alors ?

Alors, nous ne sommes effectivement pas très avancés, sur la question de savoir s'il existe un destin, si nous pouvons ou non agir sur lui, s'il nous reste une quelconque liberté sous l'horizon du destin, si celui-ci est le jeu du hasard ou d'une nécessité ?, si, si...

Je vous propose, à ce niveau, de réfléchir quelque peu sur ce que peut inspirer l'arcane de la 10e  Lame du Tarot, la Roue de la Fortune, qui représente un cercle, et dont la doctrine de l'involution et de l'évolution est un lieu commun dans la littérature occultiste en général.

Toutefois, ces notions prennent un tout autre sens lorsque l'involution est prise comme chute, et l'évolution comme salut. Il y a un monde de différence entre les doctrines "orientalisantes ", quasi automatiques, du processus de l'évolution -involution et la doctrine hermétique, biblique, chrétienne de la chute et du salut.

L'évolution-involution, comprise de façon exotérique, se déroule en "processus" organiquement organisé, en existant, par lequel la montée et la descente ne sont que deux phases successives d'une seule vibration cosmique.

Qu'est-ce que cela a à voir avec le destin, penserez-vous ?: mais tout, ou tout au moins beaucoup : car le mythe cosmique, le drame ésotérique qui est au fond de du "processus de l'évolution " exotérique, met en avant l'idée du cercle ouvert et du
cercle clos.

Le cercle ouvert,ou la spirale, est le monde des six jours de la création d'avant la chute, couronné par le 7eme jour, le Sabbat cosmique, et suggère l'idée de progrès illimité.Par contre, le cercle clos n'est qu'une prison, la roue de la répétition éternelle.

Trois personnalités historiques ont mis en relief l'idée de la roue cosmique :

 - Bouddha, parlant de la "roue des réincarnations" révèlera par son illumination, que ce monde est une roue où la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort se répètent sans cesse, que son mouvement n'est au fond que souffrance, apprécié comme le "grand malheur".
 - Salomon, le sage et triste roi de Jérusalem, qui eut la vision de la roue de l'existence : le soleil se lève et se couche, le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord, et reprend les mêmes circuits ; tous les fleuves vont à la mer, et la mer n'est pas remplie ; " j'ai vu tout ce qui se fait sous le soleil, et voici, tout est vanité et poursuit le vent "  ; ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil...et quel conseil pratique le roi Salomon donnera-t-il à la postérité ? Celui du désespoir suprême, car il montre le vide - qu'il appelle "vanité des vanités"- du monde du Serpent avant le Christ, et qui met en relief le dilemme, si tout est vanité : suicide, ou salut reçu de Dieu, car au-dessus de la roue tournante de la vanité, il y a Dieu.

-  Friedrich Nietzsche, qui a vu, compris et même chanté la roue, l'éternel retour du même ( ewige Wiederkehr), lui a donné une forme poétique qu'il considérait comme son illumination : c'est le célèbre "circulus vitiosus deus", le cercle des vicissitudes, l'effroyable anneau des anneaux qui enserre l'étant dans sa totalité, qui le détermine en tant que monde, et cet anneau serait-il...Dieu ?

In-fine, devant la dualité entre le cercle clos, le serpent qui se mord la queue, la conservation de l'énergie du monde physique, et le cercle ouvert, la bonne nouvelle annoncée par toute gnose évoluée, est qu'il y a une entrée et une sortie, et que le cercle clos, l'éternel retour, le "monde où il n'y a rien de nouveau sous le soleil ", ne serait rien d'autre que l'enfer cosmique, c'est-à-dire l'idée d'une existence éternelle dans un cercle clos : celui de l'égoïsme, subjectif et individuel, même si pour Sartre, l'enfer, c'est les autres !.

Devant cette vision d'éternité, se pose naturellement la question du lien entre destin et temps.Dans son ouvrage " Temps et Destin", le philosophe Marcel Conche développe bien l'idée que le concept du temps est en nous, mais que nous sommes aussi " dans le temps ", selon Aristote, car il nous est compté. La notion de destin a originellement signifié chez les Grecs : n'avoir qu'une part du temps.
Ainsi, le temps, la mort et la destin s'entre-signifient, mais qu'en serait-il si la mort est un évènement destinal ?... car il faut bien admettre que notre seule certitude est bien celle de notre finitude, de notre mort charnelle. De quelle liberté disposerions-nous sous l'horizon du destin vu sous cet angle ?

Chez les stoïciens, la notion de destin signifie que les évènements ne peuvent manquer d'arriver, qu'ils sont tous prédéterminés, mais il n'y a d'avenir que dans l'inaccompli.

Dans cette prédestination de l'avenir, Origène a été considéré comme un hérétique, car il avait atténué la doctrine, voulant que les substances individuelles diffèrent par leurs accidents, ou que les individus ne soient pas identiques.Ainsi la thèse maximaliste du destin abolirait l'avenir. Dans ces conditions, comment concevoir un quelconque liberté, même si Chrysippe, la liberté implique l'absence de contraintes, et qu'en même temps, en étant très stoïcien, il estime que les " mouvements de nos âmes ne sont rien d'autre que les instruments des décrets du destin". Mais cette liberté est illusoire... En effet, si l'on prend, de façon concrète, l'exemple de l'amant que l'on a enfermé sous clé avec sa bien-aimée dans une chambre, il est très content ! Toutefois, s'il reste volontairement, il ne reste pas librement : lorsque l'homme n'a pas le pouvoir d'agir ou de ne pas agir, il n'est pas libre. Je suis libre signifie : je peux réaliser ou ne pas réaliser telle ou telle action..
Mais la liberté chrysipéenne est une dérision : un être sans avenir, dont l' "avenir" est est toujours déjà comme accompli et passé, n'est pas un être libre. Faut-il même parler de destin ? En effet, si le destin est prédétermination de l'avenir, il fait place à la nécessité, s'il n'y a plus d'avenir.

Je ne vois pas très bien pourquoi le fatalisme de certains peuples d'Orient serait, selon Paul Mazon," contraire à toutes les tendances de l' esprit hellènique", sauf peut-être au travers de la tradition homèrique. Celui qui transgresse le destin précipite sa ruine ; il faut donc rester dans les limites que le destin nous fixe, dans la part qui nous est faite, ce qui est notre "lot" ! D'où l'importance du "connais-toi toi-même", qui vaut pour tout le monde. Mais pour obéir au rôle que nous aurait confié le destin, encore faudrait-il le connaître ! Peut-être serait-il raisonnable de se souvenir d'Epicure, puisque contre la mort, nous ne pouvons rien :" à cause de la mort, nous, les hommes, nous habitons une cité sans murailles " : voilà bien ce que nous devons réaliser dans les termes " égalité, fraternité ", mais la liberté ?

La liberté se place dans la dépendance du destin par le fait même de croire au destin. Celui qui considère sa condition comme un destin ne fera rien pour la changer. Aucune autre possibilité ne semble donc s'offrir, que celle de continuer à être ce que l'on est, ou encore mieux à " devenir ce que l'on est". Pour ceux qui s'empêchent d'être libres, il n'y a pas, en général, d'autre solution que la mort. Mais s'ils meurent, ils sont remplacés par d'autres ! C'est peut-être une des significations profondes de la trilogie révolutionnaire : " Liberté, Egalité, Fraternité, ou la mort ". Les F :. M :., gens de bonnes mœurs, sont par définition libres : s'agit-il de cette liberté- là ?

J'ai parlé tout à l'heure, du lien entre temps et destin. C'est le temps de la nature qui entraîne toute chose vers le néant. Or nous sommes partie intégrante de la nature, mais le temps de l'esprit en est la négation, et l'homme, en tant qu'esprit, nie ce qui le nie : la nature du corps ; et la nature a toujours le dernier mot.

Si le temps de la nature est le temps primordial, est-il réel ?

Le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore, et le présent, qui est fait de passé et d'avenir, se réduit à un instant sans durée : une telle analyse, à laquelle étaient d'ailleurs attachés les noms d'Aristote, du stoïcien Chrysippe et de saint Augustin, vaut pour le temps de la nature.

Mais ne pourrait-on pas plutôt dire que le temps est le mouvement de ce qui existe ; à l'intérieur du passé. Le futur qui va devenir du passé a toujours été du passé. C'est pourquoi on ne peut que constater dans ce qu'on est devenu, et l'on est toujours donné à soi-même dans ce qu'on n'est plus. L'instant, bien que happé par le passé, n'est que perpétuel franchissement !

Dans ces conditions, notre destin sera : "nous sommes ce qui nous arrive". Il y aurait donc un plan, celui du "futur à venir", où les choses et les évènements sont ce qu'ils signifient avant d'être ce qu'ils sont.

Et plutôt que de prétendre " je pense, donc je suis ", devrait-on dire " j'ai pensé, donc je suis celui qui vient d'être ", ou encore mieux  " je suis celui qui sera ".

Nous serions donc réduits à une idée dépassée de nous -mêmes, à nous "sous-venir". Il est vrai que,dans la vie courante, nous essayons de nous loger dans une présence durable, en feignant de croire que notre passé immédiat n 'est pas tout à fait le passé, mais tout cela est chimère. C'est précisément parce qu'ils se sentent déjà morts que la plupart des hommes tiennent à leur passé constitué : ils jouissent de cette espèce de "fantomalité" comme un capitaliste de ses revenus.

De toute façon, l'homme "nouveau" que nous portons en nous, celui que nous devrions reconnaître, annule "l'ancien", le seul que nous reconnaissions, au moins jusqu'au soir de notre initiation, par la mort symbolique du vieil homme.

Rien n'est plus. Tout est passé. Reste le Tout-Possible !

Toutefois, il semblerait, dans ce contexte, que tout est programmé, et que, assis sur la flèche du temps, notre destin soit inéluctable, puisque nous n'avons pas les bons logiciels ! Mais avant de sombrer dans le fatalisme le plus sombre, faut-il parier ! Il y a eu de grands philosophes du pari : les Socrate, les Pascal, qui connaissaient si bien l'Homme, qui est en effet déterminé par son caractère à parier sur l'Être ou sur le Néant.

Mais, c'est bien joli de parier, si les dés sont pipés, si nous n'avons aucun choix, aucun degré de liberté, pour reprendre le langage des statisticiens ! Pourquoi le faire ?

Car au fond, dans ce continuum "passé-présent-futur", notre destin serait préétabli..

Et pourtant, il existe des êtres qui ont une vision brutale de leur destin ( je ne les envie pas !), ou des humains qui possède un don de clairvoyance ( je ne les envie pas non plus ! ). En dehors de tous ces charlatans, de ces boutiquiers du mental, existe bien une catégorie d'êtres ayant un véritable don, capables de se projeter dans le subconscient de ceux qu'ils rencontrent, en voyageant dans l'intemporel, si je puis
dire, ainsi qu'une grande perception du corps subtil, et un sens morpho-psychologique aiguë du destin qui est inscrit en nous et sur nous ( nous sommes ce que nous serons )

C'est ce qui nous incite à concevoir le destin comme une forme nécessaire, par l'uniformité des déterminismes que nous subissons :un homme-type a un destin-type. Le destin ne ressemble pas seulement à l'homme qui l'assume, à son physique, à son âme, à son esprit : il ressemble aux choses qui lui arrivent...

Mais, me direz-vous, il y a les prémonitions soit pour soi-même, soit pour un tiers. Il arrive en effet, que l'on soit averti d'un danger imminent par un rêve, une vision éveillée ou une sorte de voix intérieure ( un avion qui explose, un train qui déraille, etc..). Mais il ne faut pas pour autant en conclure que l'homme est libre, car dans les rêves ou les visions, on se représente un évènement fatidique, et que le destin est contingent.
En effet, l'avenir qui ne se réalise pas n 'est pas l'avenir, et le destin qui est inchangé n'est pas le destin. Cela signifie que le rêve peut se construire sur une connaissance intuitive de l'avenir comme il se construit sur des matériaux présents et passés, ce qui veut dire que, dans ce cas, il prévoit mais ne change pas la destinée.Il faut donc faire l'hypothèse qu'en certaines circonstances, le temps est réversible et que ce futur est comme ce qui est passé... Ainsi, le rêve éveillé perçoit le futur, fait partie lui-même du destin du sujet, voilà pourquoi il ne se trompe jamais sur la signification de tel ou tel évènement qu'il lui révèle. Les volontés, les désirs, les rêves, les évènements indépendants en apparence de son vouloir, les prétendus hasards, sont en harmonie avec son être physique et moral.

Alors, n' y a t-il pas d'espoir ?... Serions-nous "coincés"" dans les mailles du filet de notre destin, petit ou grand ?

( Pause musicale : J.Ferrat, " On ne voit pas le temps passer..." )

Oui, faut-il en rire ou faut-il en pleurer ?

Même si nous pleurons en général sur nous-mêmes, il nous faut nous souvenir que les larmes font briller, et c'est cette lumière qui nous permet de descendre au fond de soi et de regarder ses propres étincelles : les larmes sont une lumière, comme les étoiles dans le ciel...

Cela dit, quelle attitude adopter, si nous n'avons toujours pas la réponse ? Sombrer dans le désespoir qui, selon Kierkegaard, "est une maladie de l'esprit, du moi", ce désespoir par lequel le désespéré "est celui qui ne veut pas être lui-même ou celui qui veut l'être " ?

Et puis une des choses que m'a enseignées la F\M\ est que nous sommes les pierres d'un même édifice, et même s'il semble exister de grands ou de petits destins, nous devons considérer sous un angle égal " les petits, les sans- grades ", les plus humbles, que les "grands", et aimer, si c'est possible ( et ce n'est pas facile ), sa concierge aussi bien que le balayeur ou le plombier, ou un Prix Nobel : ils ont tous leur rôle à jouer à la construction de l'Edifice...

Force, Sagesse, Beauté...

Lorsque le V\M\ allume le pilier ionique, il dit : " que la sagesse préside à la construction de notre édifice ", suivi du 1er S\ allumant le pilier dorique et disant :   "que la force le soutienne ".

En effet, de quelle sagesse pouvons-nous imprégner concernant notre destin ?

Le sage ne croit pas que l'on puisse vraiment agir sur son destin, le modifier, mais il doit au contraire essayer de coïncider le plus possible avec lui.
D' ordinaire, les hommes acceptent facilement de se confondre avec leur destin lorsqu'il est heureux, mais se retranchent de lui, et le haïssent lorsqu'il ne l'est pas. La seule façon de prouver qu'on est libéré du destin et de soi-même, est de devenir capable de considérer sous le même angle de beauté et le même désintéressement les bonheurs et les malheurs qu'il comporte : imaginons que ce fût peut-être la réaction de Napoléon devant le désastre de Waterloo : " Cette défaite où la gloire du vainqueur sombre dans l'éclat du vaincu ".

Cette voie est la plus humaine, qui consiste à tout aimer de ce qui se manifeste à propos de nous, de même que nous aimons tout ce que nous sommes et notre destin comme si nous l'avions choisi.

Il y a une autre attitude qui consiste au contraire à refuser le plus possible notre destin, voie choisie par les philosophes, les religieux qui s'enferment dans leur cellule ou les mystiques épris d'absolu. Cette voie de détachement assortie de la conviction que l'homme n'est que néant, n'exclut pas le destin ( elle en serait plutôt la plus haute expression ), ni la ressemblance de l'homme avec cela même qui le détermine, la transcendance.

Il existe enfin une 3eme voie, plus ésotérique, qui demeure en quelque sorte " à l'intérieur du destin " : elle est réservée à ceux qui aspirent à se laisser instruire par lui et qui ont atteint au plus haut le sens du fatidique. Toutefois, il y a quelques règles à respecter, en particulier que le destin n'aime pas les changements brusques : c'est dans les failles, les coupures, qu'il frappe ; il est donc nécessaire de s'aménager une transition symbolique, car pour le destin ou pour notre inconscient, le symbole vaut la réalité.

Le sage est bien celui qui s'est tellement familiarisé avec le fatidique qu'il ne peut discerner si sa volonté consiste à vouloir ce qui est voulu, ou à ne pas vouloir et à attendre, comme l'enseigne le Ta-Tö-King, que les évènements et les choses agissent à sa place.

En vérité, il n'est pas possible d'avoir un vue relativement claire de son propre devenir fatidique si l'on n'a pas appris à se tenir soit-même pour une conséquence du destin et se situer, par l'imagination, maîtres de vérité, au croisement de ses lignes de forces.

Toutefois, nous ne pouvons toujours pas décider si le destin, en particulier le nôtre, est le fruit d'une nécessité, ou d'un hasard... Mais, au fond, qu'est-ce que la hasard ? On peut même le définir mathématiquement ( voir la loi de Poisson ), ou trouver qu'il existe un loi des séries, souvent dénommée Loi de Murphy, ou second principe de Le Chatelier : un malheur ( ou un bonheur ) n'arrive jamais seul ( ma belle-mère est venue s'installer à la maison, et nous a donné sa grippe...)

Sans doute peut-on risquer l'hypothèse que l'ordre découle, par hasard ou par nécessité, d'une infinité de désordres qui s'annulent. Si cela était, il faudrait encore constater la présence, à côté du hasard, d'un anti-hasard qui, bien qu'apparent, engloberait, réduirait, limiterait les désordres contingents.

L'esprit n'aurait donc le choix qu'entre 2 solutions : ou bien Hasard et Anti- Hasard seraient, en fin de compte, une seule et même chose et donc, en quelque sorte, interchangeables ; ou bien il y aurait perpétuel affrontement entre Hasard et Anti-hasard et, par conséquent, un " Monde du Mélange " ou règnent conjointement un hasard souvent mis en échec et une nécessité toujours menacée.

L'Anti-hasard est encore dans le passé irréversible ; c'est grâce à lui que nous sommes la coexistence de l'être et du néant, du passé et du futur, et de la part de fatalité qui nous oppose à nous-mêmes. Nous pensons l'Anti-hasard.

Si dans ce monde le hasard est aux prises avec la nécessité, l'existence d'un Principe Créateur se confond avec celle d'un Anti-hasard. L'ordre ne serait qu'un cas particulier du chaos, s'il ne correspondait pas à une exigence éternellement stable. Il y a un ordre qui peut sortir du hasard et un autre qui empêche l'ordre de sortir du hasard. Ce dernier ne serait-il pas une certaine perception du G\A\D\L\U\ ?

Ainsi, la question, à propos du destin, de savoir s'il y a un hasard ou une nécessité, devient accessoire, j'allais dire presque d'ordre sémantique...

" L'expérience du soi ouvre à l'individu une fenêtre sur l'éternité, en lui permettant de se soustraire à l'entreprise étouffante d'une image intolérable du monde ", écrivait Jung. " Là, l ' Homme, l' éternel toujours en soi, et par cette fenêtre peut du même coup, passer dans le monde lié au temps sous forme d'évènements de synchronicité ".

Michel Barrat n'appelait-il pas l'Initiation, " une fenêtre sur la transcendance" ?

Mais notre vie, dans tout cela, s'il n'y a pas de réponse ? Pourquoi la prendre trop au sérieux, personne n'en est jamais sorti vivant !
" Notre vie vaut ce qu'elle nous a coûté d'efforts ", se plaisait à dire F. Mauriac ; les épreuves que nous subissons dans nos destins respectifs, doivent nous faire grandir et progresser : voici certes un sagesse qu'il n'est pas aisé d'atteindre...

Et puis n'oublions pas que la F :.M :. Suggère, par ses rituels, l' immortalité de l'âme et la chaîne ininterrompue avec ceux qui sont passés à l' Or.. Eternel...

Alors, mes FF :.., gardons à l'esprit ces magnifiques paroles du " Chant des Adieux ", dont je déplore d'ailleurs l'absence à la fin de nos tenues :

            Faut-il nous quitter sans espoir,
            Sans espoir de retour ?
            Faut-il nous quitter sans espoir,
            De nous revoir un jour ?

            Unis par cette douce chaîne d'union,
            Autour d'un même feu,
            Unis par cette douce chaîne,
            Ne faisons point d'adieu.

            Car l' idéal qui nous rassemble,
            Vivra dans l'avenir,
            Car l'idéal qui nous rassemble,
            Saura nous réunir.

V\ M\, et vous tous mes FF\, j' ai dit.
 

Bibliographie
- M.Eliade, Histoire des croyances et idées religieuses, Payot
- M. Crépon, Les fleurs du Bouddha, Albin Michel
- Le Coran, trad. E. Chouraqui, R.Laffont
- M. Conche, Temps & destin, P.U.F.
- S. Kirkegaard, Traité du désespoir, Folio Essais
- R. Nelli, Les grands arcanes de l' hermétisme occidental, Coll. Microcosmes
- Méditations sur les 22 Arcanes du Tarot, Ed. Aubier Montaigne
- K. Gibran, Le Prophète, Livre de Poche.
- J. Varenne, Zarathustra et la tradition mazdéenne, Coll.Microcosmes
- H. Jonas, Le concept de Dieu après Auschwitz, Rivages Poche
- F. Nietszche, Ainsi parlait Zarathustra, Collection bilingue Flammarion

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