Obédience : NC Loge : NC Date : NC



Le symbolisme
Maçonnique et Hermétique de Peter Pan
Pour une lecture intelligente des contes
La légende de l'Homme Vert ou les origines de la maçonnerie écossaise

7455-3-1

Entre les chapiteaux, l'Homme vert omniprésent Chapelle de Rosslyn. Ecosse

Avant de pousser la porte

Les mots, à l'instar du temps, sont relatifs, ils ne délimitent jamais un signifiant unique, absolu ; ils sont porteurs de sens multiples, en fonction de leur acception particulière ou encore de leur voisinage sémantique. Par suite de ces variables, ils subissent une mutation de leur signification la plus usuelle, une transformation, un peu comme un personnage qui changerait d'aspect, de costume, voire d'identité, et qui serait un être différent tout en demeurant toujours le même. Il y a là, sans qu'on s'en doute, l'un des plus profonds mystères de l'existence : le passage de l'essence à la substance.

C'est que les mots ressemblent, à s'y méprendre, au célèbre héros de Maurice Leblanc, l'insaisissable voleur, champion du transformisme : Arsène Lupin, gentleman un peu milord et passablement arsouille, qui cambriole les coffres de la bourgeoisie avec autant d'aisance et de brio que les cœurs féminins.

Quant à Arsène Lupin, il n'est lui-même qu'un avatar, une emblématisation souriante de l'Hermès des grecs, le Mercure des latins. Curieux ces rapprochements, penserez-vous ? Et pourtant ! Tout est dans tout ou « tout est un » ainsi que le proclamaient nos ancêtres. C'est d'ailleurs la vision que possèdent actuellement nos physiciens contemporains lorsqu'ils évoquent l'Univers.

Après avoir scrute la vie d'un regard cyclopéen et ce, qu'il s'agisse d'avoir fait appel au microscope ou au télescope, après avoir disséqué des molécules, des atomes et une kyrielle de sous-particules, la Science moderne se trouve confrontée à l'impensable : l'unité de la matière. Force lui est de conclure que la théorie, si longtemps combattue et raillée, demeure la seule envisageable. L'infiniment petit et l'infiniment grand se répondent et l'affirment : « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut » et tout se résout en lumière, ou plus exactement en un étrange dynamisme premier. Hermès, le Trismégiste, et ses fils spirituels les Alchimistes, si fréquemment ridiculisés et pourchassés, prétendaient-ils autre chose ?

L'Alchimie, métaphysique beaucoup plus que physique, née dans les antiques sanctuaires et cachée aux regards indiscrets du monde profane, affirme que « le Mercure suffit pour accomplir le Grand Œuvre et obtenir la Pierre des Philosophes, la fameuse Pierre Philosophale. Or ce Mercure, dont le nom renvoie bien aux deux dieux de l'antiquité sus nommes parce qu'il en a les attributs et la spécificité, n'est en rien comparable au corps vulgaire de nos manuels de chimie. Agent et non patient il est tout simplement ce dynamisme auquel nous avons fait référence, cet Esprit apte à jouer tous les rôles. D'ailleurs, ne sont-ce pas les caractéristiques du dieu au pétase et aux talonnières ailes qui sont prêtées aux natifs mercuriens, lesquels affectionnent les paradoxes intellectuels, les jeux de l'esprit et s'avèrent doués pour la communication ?

Le Mercure alchimique, comme Arsène Lupin, est une substance protéiforme qui change d'aspect de densité, de nom tout au long du processus et qui, pourtant demeure lui-même.

Les savants alchimistes, s'ils vivaient retirés du monde, méprisant les succès faciles et les plaisirs factices, ne s'excluaient pas pour autant du climat culturel de leur époque. Aussi le Mercure alchimique, comme Arsène Lupin, est une substance protéiforme qui change d'aspect de densité, de nom tout au long du processus et qui, pourtant demeure lui-même.

Les savants alchimistes, s'ils vivaient retirés du monde, méprisant les succès faciles et les plaisirs factices, ne s'excluaient pas pour autant du climat culturel de leur époque. Aussi usèrent-ils toujours des supports mis à leur disposition afin de véhiculer les connaissances de leur art. Mais de quelle nature sont ces supports ?

Ainsi que le révéla le plus grand des alchimistes contemporains, Fulcanelli, dans son second livre, on appelle « demeure Philosophale » tout support symbolique de l'hermétique Vérité, quelles qu'en pussent être la nature et l'importance. À savoir, par exemple, le minuscule bibelot conservé sous vitrine, la pièce d'iconographie, en simple feuille ou en tableau, le monument d'architecture, qu'il soit détail, vestige, logis, château ou bien église dans leur intégrité... »

L'Adepte - c'est-à-dire l'homme qui entra en possession de la Pierre Philosophale dans le premier quart de ce siècle - se montra comme a son habitude très charitable. Il est parfaitement exact que les cathédrales, les églises, mais également l'architecture civile, servirent de supports à l'art hermétique. Telle est la raison d'être de ces emblèmes curieux, personnages, têtes et visages, animaux sortis d'un bestiaire fabuleux ou non, plantes, ornant les édifices du passe. Avouons que les sculptures gravées dans la pierre des monuments religieux dégagent comme un parfum de paganisme et semblent peu catholiques !

Mais les artistes éclairés ne limitèrent nullement leur talent à la seule sculpture, ils laissèrent le témoignage de leur savoir a travers l'ensemble des arts. Tout leur était bon afin de léguer à la postérité leurs symboles : peinture, littérature, objets divers, réalisés en céramique, en mosaïque, en métaux précieux ou non, et même en bois.

Néanmoins, la transmission ne s'effectua pas seulement à partir de ces supports matériels. En effet, ces artistes étaient trop avisés pour ne pas avoir compris que le temps, ce grand dissolvant, et l'inconscience humaine contribueraient largement à faire disparaître ces témoignages d'une connaissance secrète, occulte, et inestimable. Ils savaient que le secret de la vie réside dans la mort, comment auraient-ils pu ignorer que tout ce qui existe est voue inéluctablement a disparaître ?

Contrairement à ce qu'affirme un dicton qui voudrait que « les paroles s'envolent et les écrits restent », le seul véhicule de la Tradition capable de la préserver de toute destruction est oral. Aussi, les vieux maîtres prirent-ils soin de confier leur savoir à des supports indestructibles. Ils inventèrent les mythes, les légendes religieuses ou profanes, les contes, les fables, les comptines et les jeux. Concernant les jeux, qui se doutent encore de nos jours que la marelle, la chandelle et même les échecs sont - au-delà de leur nature ludique - des réservoirs de la science hermétique ?

La tradition orale fut confiée au peuple lequel, s'il est ignorant de la somme de connaissances qu'il transporte, n'oublie jamais rien. D'un siècle à l'autre, les contes, les comptines et les jeux se sont transmis avec une rigoureuse exactitude, sans que la moindre virgule en ait été omise, la moindre règle transformée. Sous des dehors naïfs, les contes.

La tradition orale fut confiée au peuple lequel, s'il est ignorant de la somme de connaissances qu'il transporte, n'oublie jamais rien. D'un siècle à l'autre, les contes, les comptines et les jeux se sont transmis avec une rigoureuse exactitude, sans que la moindre virgule en ait été omise, la moindre règle transformée. Sous des dehors naïfs, les contes bleus (= loges bleues), également appelés contes de bonne femme ou contes de fées, sont destinés à nous délocaliser, à nous mettre dans un état de plus grande réceptivité. Il est évident que les histoires en question sont des contes à dormir debout. Soit !

Mais essayez donc et vous nous en reparlerez. La position n'est guère propice à l'endormissement, en revanche elle est encore le meilleur moyen de passer des nuits blanches, de rester éveillé, c'est-à-dire en état d'éveil. On le sait, toute progression spirituelle s'accommode mal de la position horizontale, pour être il lui faut retrouver la verticalité.

Ces quelques précisions ayant été apportées, nous pouvons pousser la porte ouvrant sur le monde merveilleux, féerique, enchanté de l'enfance, ce monde que les tout petits partagent avec les simples d'esprit parce qu'il est le refuge de ceux qui ont conserve la candeur et l'innocence. Mais assez bavardé, il est temps de retrouver un étrange petit garçon du nom de Peter Pan...

« Pan, qui es-tu ? cria-t-il d'une voix rauque. Je suis la jeunesse, je sais la joie, répondit Peter spontanément. Je suis un oisillon tombé du nid ». Peter Pan

Chapitre I
De L'Enfance et de L'âge Adulte

Le roman de James Barrie nous introduit dans le foyer de Monsieur et Madame Darling. Il n'est pas besoin d'avoir étudié longtemps la langue de Shakespeare pour comprendre la signification de ce nom de famille. Nous y reviendrons très vite.

Madame Darling, nous dit-on, était « une dame gracieuse, a l'âme romanesque avec, à la bouche, un pli doucement moqueur. Cette âme romanesque ressemblait a ces petites boîtes gigognes qui nous viennent de l'Orient mystérieux -vous avez beau les ouvrir l'une après l'autre, il y en a encore une plus petite à l'intérieur. Et sur sa bouche doucement moqueuse flottait un baiser que Wendy ne pouvait jamais cueillir bien qu'il fût là, palpitant à la commissure droite des lèvres... »

Monsieur Darling en était tout de suite tombe amoureux, comme les autres jeunes gens. S'étant montre plus rapide que ses rivaux, Monsieur Darling était devenu son époux. De ce mariage devaient naître trois enfants : Wendy, John et Michaël. Monsieur Darling n'ignorait rien des fluctuations de la Bourse, ce qui « inspirait aux femmes un profond respect... » Comment mieux nous montrer le fossé qui sépare l'enfance de l'âge adulte, qu'en nous rappelant l'attrait des seconds pour l'argent ? Quant à Madame Darling, elle tenait les comptes à la perfection : « Le moindre chou de Bruxelles y figurait ; mais bientôt des choux-fleurs entiers furent escamotés et remplacés par des images de bébé sans visage ».

Cette histoire de chou de Bruxelles, puis de choux-fleurs est éminemment suspecte, d'autant qu'associée a certaines espérances relatives à la natalité dans l'esprit de Madame Darling. Ne dit-on pas aux enfants qu'ils naissent dans les choux ? Or le terme Darling signifie à la fois chéri et mon chou !

Nous voici donc prévenus et ce n'est pas le moment de céder à l'endormissement. Nous sommes en présence d'un texte qui doit se lire à différents niveaux d'entendement.

Souvenons-nous que Barrie eut un précurseur dans ce domaine, nous voulons parler du Doyen de Saint-Patrick, l'auteur des Voyages de Gulliver : Jonathan Swift. Ce roman de Swift est rédigé en Langue des Oiseaux, en petit langage ou langue des enfants, encore dénommée Langue du Cheval ou Cabale Solaire. Le principe en ayant été longuement expose dans un ouvrage précédent, nous n'y reviendrons pas et y renvoyons le lecteur curieux.

Dans l'immédiat, il nous faut revenir sur les toutes premières lignes de Peter Pan. Nous pouvons y lire : « Tous les enfants, sauf un, grandissent. Ils savent très tôt qu'ils grandiront Voici comment Wendy le découvrit » : Un jour -elle était alors âgée de deux ans -, comme elle jouait dans le jardin, elle cueillit une fleur et courut l'offrir à sa mère. Sans doute était-elle en cet instant radieuse car Mme Darling, la main posée sur son cœur, s'écria : « Oh, si seulement tu pouvais rester ainsi à jamais ! Elle n'en dit pas plus long mais, dès cet instant, Wendy sut quelle était condamnée à grandir. A deux ans, tout enfant le sait Deux est le grandiront ». Voici comment Wendy le découvrit : Un jour -elle était alors âgée de deux ans -, comme elle jouait dans le jardin, elle cueillit une fleur et courut l'offrir à sa mère. Sans doute était-elle en cet instant radieuse car Mme Darling, la main posée sur son cœur, s'écria : « Oh, si seulement tu pouvais rester ainsi à jamais ! Elle n'en dit pas plus long mais, dès cet instant, Wendy sut quelle était condamnée à grandir. A deux ans, tout enfant le sait Deux est le commencement de la fin... »

Ce passage, anodin en apparence, mérite que nous nous y arrêtions un peu. La phrase « Tous les enfants, sauf un, grandissent », si elle fait référence, déjà, à Peter Pan, s'oppose à celle ou l'auteur nous précise que Wendy est âgée de deux ans. Nous sommes en présence d'un texte apparent en masquant un second. En effet, c'est du chiffre Un, et non de Peter, qu'entend nous entretenir James Barrie. D'ailleurs, en anglais, le terme children désignant des enfants, signifie également dans une autre acception des descendants.

Pouvons-nous nier que tous les chiffres descendent ou proviennent de Un ? Mais quel est ce mystère ?

Louis Claude de Saint-Martin, dans son livre Des Nombres, faisait observer que le chiffre 1 est stérile et ne peut rien engendrer par lui-même. Il ajoutait que le passage à 2 s'était effectué par force. En effet 1 multiplie par lui-même ne donne que l'unité. Et nous savons que 1/2 élève au carré, au lieu de nous rapprocher de l'unité nous en éloigne. Ce petit problème mathématique pose également le problème de la Création.

Sur un plan strictement métaphysique, James Barrie entendait nous dire que le drame humain, dont Vitinéraire mène inéluctablement du berceau à la tombe, résulte de notre prise de conscience du dualisme. La rédemption de l'être humain, ainsi que le soulignent toutes les religions, passe par le retour à l'Unité. Telle est la raison pour laquelle la petite Wendy est condamnée à grandir. Deux est bien le commencement de la fin !

Pourrait-il en aller autrement du destin de Wendy, alors que son prénom est équivalent à s'acheminer vers, se diriger vers (to wend) ? Vous êtes naturellement en droit de considérer qu'il s'agit d'une coïncidence, d'un hasard fortuit mais, dans ce cas, il vous faudra admettre que les coïncidences mènent le monde. Les Darling étant trop pauvres pour pouvoir engager une nurse, utilisent les services d'une chienne terre-neuve répondant au doux nom de Nana. Or Nanny, en anglais, désigne une bonne d'enfant une nurse. Voila de quoi mettre en appétit un esprit toujours sur les dents.

Tel est le contexte dans lequel évolue la famille Darling. L'existence de ses membres s'écoulerait normalement si les enfants n'étaient entres en contact avec le Pays de Nulle Part, autant dire de n'importe où...de partout. Mais ce partout, il ne convient pas de le chercher sur une carte géographique, il se trouve à l'intérieur, en nous, quelque part du côté de notre enfance oubliée. Et c'est pourquoi bien peu d'adultes en trouvent le chemin.

C'est que pour trouver le Pays de Nulle Part, l'essentiel réside dans notre capacité à suivre le cours de notre imagination et les méandres qu'effectue notre fantaisie, ces deux facultés étant depuis longtemps perdues par tous ces gens prétendument raisonnables occupes a gagner leur vie, et qui ont désappris de rêver.

Ce sont justement nos rêves, lesquels constituent l'envers des choses de la vie éveillée, qui nous guident vers cet ailleurs enchanté où s'abolissent le quotidien décevant et la longue suivre le cours de notre imagination et les méandres qu'effectue notre fantaisie, ces deux facultés étant depuis longtemps perdues par tous ces gens prétendument raisonnables occupes à gagner leur vie, et qui ont désappris de rêver.

Ce sont justement nos rêves, lesquels constituent l'envers des choses de la vie éveillée, qui nous guident vers cet ailleurs enchanté où s'abolissent le quotidien décevant et la longue fuite éperdue du temps qui creuse la tombe, plus ou moins lointaine, qui nous attend quelque part au tournant d'un futur pas si simple que cela.

Ces rives magiques de l'île du Pays de Nulle Part, comme l'écrit Barrie : « Nous aussi, nous y avons joué et nous avons encore dans les oreilles la rumeur du ressac, même si nous savons que nous n'y aborderons plus jamais... »

Madame Darling vivra ce que peu d'adultes sont amenés à vivre. Un nom, lâche par sa fille Wendy, la contraindra à faire un plongeon en arrière dans son enfance. Elle se souvint, alors, de ce Peter Pan qui, disait-on, vivait avec les fées. On racontait à son sujet que lorsque des enfants mouraient il leur tenait compagnie durant une partie du voyage pour leur éviter d'avoir trop peur...

Un lecteur à l'esprit un tant soit peu agile, c'est-à-dire n'ayant pas trop souffert « des courbatures contractées au barres fixes de l'enseignement officiel », selon la belle expression utilisée par Madame Irène Hillel-Erlanger, se trouvera déjà en possession d'une clef non négligeable. Car enfin, que peut bien symboliser ce personnage veillant à ce que les enfants n'aient pas peur, sinon ce qui est capable d'annihiler leur ennemi le plus implacable, celui qui pèse d'une main de fer sur leur petit cœur oppressé par les ténèbres, ces loups nocturnes qui dévorent toute clarté ?

Nous ne tarderons pas à vérifier que l'hypothèse suggérée ci-dessus est séduisante, et loin d'être saugrenue.

Dans le roman, lorsque Peter se manifeste, la description qui nous en est fournie par James Barrie est fort éloignée de celle popularisée par le dessin animé de Walt Disney. Ici pas encore de justaucorps vert, pas plus que de chapeau assorti orne d'une plume, mais une tunique « constituée de feuilles sèches jointes avec de la sève suintant des arbres ». Néanmoins, le lecteur prudent se gardera bien de focaliser son attention sur cette différence ayant trait a des détails vestimentaires.

Disney procéda à ces changements en toute connaissance de cause, et uniquement afin de faire encore mieux ressortir un symbolisme que nous serions tenté de qualifier de...lumineux.

Si Walt Disney adopta, durant la seconde guerre mondiale, des options politiques sujettes à caution et pour le moins contestables, il fut également franc-maçon et, a ce titre, le symbolisme de l'œuvre de James Barrie ne pouvait lui avoir échappé. Quant à l'auteur du livre, il serait fort improbable, compte tenu de sa nationalité, qu'il n'ait pas fréquentée en loge.

« Les étoiles sont très belles mais elles ne s'intéressent guère à ce qui se passe sur la terre qu'elles doivent se contenter de contempler à jamais. C'est une punition qui leur a été infligée pour des fautes commises dans un passé si lointain, qu'aucune d'elles n'en a souvenir. C'est ainsi que les plus âgées ont pris un éclat vitreux et parlent rarement (elles s'expriment par clignotements) ; les petites, quant à elles, s'émerveillent encore de tout. Elles n'éprouvent pas de sympathie particulière pour Peter qui a une façon sournoise de se faufiler derrière elles et d'essayer de les souffler... » Peter Pan

7455-3-2

Chapitre II
Qui est donc Peter Pan ?
Mais qui est donc Peter Pan, ce petit garçon qui ne vieillit ni de corps ni d'esprit, qui vole et provoque un grand remue-ménage dans la Voie lactée ?

En dépit des apparences, il existe de notables similitudes entre trois Personnages mythiques, issus de la littérature anglaise. Peter Pan, Robin Hood et Gulliver. Tous trois sont liés à la nature, à la forêt et à la couleur verte. Qui ne s'avisera que le costume de Peter -du moins celui popularisé par le cinéma - et les vêtements de Robin des Bois sont identiques ? Même tunique verte, dont les franges rappellent les feuilles d'arbres, même petit chapeau décoré d'une plume.

Certains lecteurs contesteront, sans doute, que Robin Hood soit un personnage légendaire. Telle est pourtant la vérité. Etymologiquement Robin est le coucou, autrement dit la primevère ou Primavera : le premier printemps. Cette allusion à la renaissance de la nature et de la verdure est analogue à celle que l'on trouve chez Jonathan Swift, et dont le célèbre Gulliver désigne le vert du printemps.

Hood signifie capuche ou capuce : un capuchon taillé en pointe.

Souvenons-nous que capuce provient de chape, racine de chapeau. Robin des Bois n'est-il pas représenté vêtu de vert parfois avec un vêtement a capuche et coiffé d'un petit chapeau orné d'une plume ou phanère, terme provenant de phaneros (apparent) ? C'est a partir de ce terme grec qu'a été forgé le mot épiphanie, fête de l'enfant Jésus visité par les Rois Mages. Or, nous savons que le Christ est appelé la Lumière manifestée.

A ce stade, les lecteurs qui ont eu l'occasion de lire certains des ouvrages que nous avons publiés sont déjà en mesure de se livrer à d'intéressants prolongements. Dans l'immédiat, constatons que cette notion de lumière est habilement soulignée dans le roman de James Barrie. Mise en présence de Peter Pan, la fille aînée des Darling décline son identité : Wendy Moira Angela Darling. Ayant déjà rencontré ce type de rébus chez différents auteurs, nous n'hésitons pas a isoler les lettres majuscules : W-MA-D, lesquelles, une fois l'ordre rétabli, donnent le mot anglais Dawn : l'aube, l'aurore. Quant au verbe to dawn la signification en est poindre, commencer à paraître.

Cette aube, cette aurore, n'est-elle pas le point du jour où le coq annonce fièrement le lever du soleil, de l'astre dispensant la chaleur, la lumière et la vie ? Les grecs firent de ce gallinacé le symbole du dieu Hermès. Aussi est-il amusant de constater que cette image païenne, défiant le temps, traversa toutes les époques, échappa à toutes les tentatives d'occultation et trône, encore de nos jours, au sommet des clochers des églises catholiques. Primitivement, c'est-à-dire avant que les hommes ne décident de perdre le souvenir de leurs traditions, les coqs de nos églises étaient en étain, métal dédié à Zeus-Jupiter. On notera avec intérêt que les clochers, comme leur nom l'indique, abritent une, voire plusieurs cloches, lesquelles sont fabriquées en bronze, un alliage de cuivre et d'étain. N'est-il pas surprenant que la fée Tinn églises catholiques. Primitivement, c'est-à-dire avant que les hommes ne décident de perdre le souvenir de leurs traditions, les coqs de nos églises étaient en étain, métal dédié à Zeus-Jupiter. On notera avec intérêt que les clochers, comme leur nom l'indique, abritent une, voire plusieurs cloches, lesquelles sont fabriquées en bronze, un alliage de cuivre et d'étain. N'est-il pas surprenant que la fée Tinn annonce sa présence par un son de clochettes ?

Pour en revenir au personnage de Peter Pan, il serait une figuration du dieu Hermès. Mais pourquoi James Barrie inventa-t-il le personnage de Nana, la chienne dévolue au rôle de bonne d'enfants ? Ne serait-ce pas parce que le chien, dans l'antiquité, était une autre figuration d'Hermès sous sa forme de cynocéphale ? Hermès n'est que la variante grecque du Thot égyptien. Thot était fréquemment représente sous l'apparence d'un babouin, d'un singe a museau fortement allonge, comme celui d'un chien. Thot était un cynocéphale. Nous reviendrons sur ce terme au prochain chapitre, lorsque nous dirons quelques mots du dieu Pan.

Puisque nous venons d'expliciter le coq, le moment est venu de nous interroger quant à la signification d'un autre personnage, celui de l'adorable petite fée, baptisée Clochette par les studios Disney. Dans le roman de James Barrie, la fée susceptible, faisant montre d'un très mauvais caractère, se nomme Tinn-Tamm « parce qu'elle rétame les casseroles ! » Un lecteur avise aura garde de considérer l'explication comme superflue. Il s'agit bien d'une invitation à aller vérifier l'étymologie « d’étamer », mot provenant de la racine tain. Aussi ne serons nous pas surpris d'apprendre que tinn, mot anglais, signifie « fer blanc, ou étain ». Quant au bruit de clochettes annonçant l'apparition de la fée, comme nous le savons déjà, il nous renvoie bien au clocher surmonté du coq fait de ce métal...

Concernant la personnalité de Peter, nous apprendrons dans le cours du récit qu'il « accompagne les garçons perdus (...) les bébés qui sont tombés de leur landau pendant que les nurses regardaient de l'autre côté (...) et qui sont envoyés au Pays de Nulle part ».

Ces nurses, qui ne font pas bien leur travail, font preuve d'une légèreté bien coupable, elles commettent un bien grand crime, celui qui, dans le Cycle des Chevaliers de la Table Ronde, vaut à Perceval d'échouer dans la Quête du Saint-Graal. Ce crime, c'est celui contre lequel les textes gnostiques nous mettent en garde : le péché d'inattention.

Quant au Pays de Nulle Part il évoque le monde de l'Érèbe, le royaume des morts. Les Grecs affirmaient que le psychopompe (le guide des âmes) était encore Hermès.

N'importe quel lecteur, quelque peu familiarisé avec la littérature alchimique, sait que les vieux maîtres prétendaient que leur art remontait à un texte désigné sous le nom de Table d'Emeraude, et attribue a un certain Hermès Trismegiste (le Trois fois grand). Peter Pan en est l'équivalent ; lui aussi peut être qualifié de trois fois grand puisqu'il règne, comme nous l'enseigne la suite de l'histoire, sur le monde d'en bas, sur le monde des airs et sur le monde de l'eau.

A suivre...

R\ K\

Avec une Postface de J\ D\


7455-3 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \