Obédience : NC Loge : Fako triangle de Lumière - Orient de Douala 17/12/2004

 
Le Banquet d'Ordre
La communion alimentaire et le pacte de sang chez les BASSA-MPOO du Cameroun


Le rituel du banquet d’ordre que nous célébrons aujourd’hui me renvoie  à quelques détails près à la communion  alimentaire et au pacte de sang  que nous observons dans la culture Bassa –Mpoo.

Les occasions où interviennent ce rite sont : la naissance,  la circoncision, les fiançailles, le mariage, les semailles, la récolte, la pendaison de la crémaillère etc.

Comme le banquet d’ordre, la communion alimentaire n’a lieu qu’entre des personnes qui  ont une relation amicale ou fraternelle. Manger ou boire avec quelqu’un signifie entrer en interaction vitale avec lui, laisser ses influences vitales s’échanger avec les nôtres.

Le pace de sang quant à lui est pratiqué entre membres de clans différents.
Essayons d’en comprendre le symbolisme.

Ici, le sang est symbolisé par le vin de palme ou de raphia ou même aujourd’hui le vin rouge. Le pacte de sang dépasse le cadre racial et tribal et ouvre de vastes horizons, à l’expansion et à l’élargissement de la famille.

Le pacte de sang  se pratique aussi entre les vivants et les morts. Pratiqué entre le néophyte d’un culte clanique et les âmes désincarnées, il révèle les aspirations de l’humain à entrer en communion avec le monde suprasensible, tout comme les offrandes aux âmes désincarnées nous dévoilent son effort de demeurer en communion alimentaire avec les réalités invisibles.

Pacte de sang et communion alimentaire entre les vivants et les morts sont donc des moyens pour les vivants d’entrer en contact avec les morts, d’établir entre eux et les vivants un courant vital. Ainsi, passe de l’existence des esprits quelque chose de leurs dévots et réciproquement.

Dans l’entendement du Bassa-Mpoo traditionnel, le don fait jaillir un courant qui, depuis l’instant même du don, coule incessamment de celui qui donne à celui qui reçoit et réciproquement.

Cette dialectique du donner et du recevoir est la même dans toute participation où communion, repas communionnel ou pacte de sang.

Le don est un point de rencontre, un trait d’union, un nœud de deux existences, un moyen qui permet l’écoulement vital réciproque de l’un vers l’autre.

Envisagé à ces degrés inférieurs, cette communion – participation vitale se trouve présent dans tout échange de moyens vitaux, repas ou boisson en commun, dans tout don et atteint son paroxysme du réalisme dans le pacte de sang où l’on  se donne réellement, l’on « s’entreboit », l’on fusionne, l’on met en commun jusqu’au principe vital. On ne pourrait aller plus loi dans la communion participation.

J’ai dit.

M\ P\ 

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