Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Le VLS


" Frère Expert, veuillez ouvrir le Volume de la Loi Sacrée et faire apparaître les 3 Grandes Lumières... puis tracer le tableau d'apprenti." Ainsi ordonne le Vénérable Maître.

Indissociables, les 3 Grandes Lumières s'inscriraient dans un Principe Architectural et rituel (voire cultuel) très affirmé. Peut-être même nous indiquent-elles le symbole unifié d'un Essentiel Cosmique. Ainsi, dans notre Temple, le Volume de la Loi Sacrée, placé sous l'Axe du Monde (Fil à Plomb), sur lequel se superposent la Terre (Equerre) et le Ciel (Compas), se positionne au beau milieu d'un cône qui part du Delta Rayonnant et se finit sur le Pavé Mosaïque. Ce qui provoque la relation étroite entre l'Oeil du Delta et le Volume de la Loi Sacrée qui, utilisé avec l'aide de l'équerre et du Compas, nous propose la compréhension du monde que représente le Pavé Mosaïque. Le chemin serait alors le passage du Dual (le damier) à l'Unique (l’œil) par le filtre de la Connaissance (3 Grandes Lumières). Nous apprécions ici la ternarité (que nous retrouverons dans l'évangile non synoptique de Jean), ternarité si chère à l'Apprenti: l'angle droit du carré et le cercle se révèlent en quadrature par l'Universel qui fut, est et sera construit des oppositions complémentaires et symbiotiques tracées par les outils équerre et compas.

Le Volume de la Loi Sacrée, troisième Grande lumière, parce que symbole, ne supporte pas de définition. Mais si nous nous contentons d'une étymologie sommaire, il en ressort que le "volume" est géométriquement un "espace à 3 dimensions occupé par un corps; ou bien considéré comme mesure de cet espace; ou corps lui même". Depuis l'Antiquité, le volume est aussi "un manuscrit enroulé autour d'un cylindre". On constate que les deux définitions ne sont pas antinomiques et que le Volume de la Loi Sacrée de notre obédience en est une des compositions première par les trois dimensions du livre et les écrits qu'il renferment. Par ailleurs, le volumen latin est le rouleau, que l'on retrouve dérivé dans volvere, la voûte; voluta comme bande spirale du chapiteau ionique; archivolte comme voûte principale... Ce qui pourrait nous questionner sur les interférences entre la voûte architecturale, voire la Voûte Céleste avec le Volume de la Connaissance.

Cette idée de manuscrit en trois dimensions, donc, nous amène à une visualisation du Livre, tel le Livre de Moïse, le Pentateuque ou l'on retrouve la loi décalogue de Dieu ou bien tel le "Livre de Vie" de l'Apocalypse qui s'identifie à l'Arbre de Vie et dont les caractères représentent la totalité des êtres et des décrets divins. Le Livre comme "Liber Mundi", manifestation archétype du Principe Créateur, symbole du secret primordial et de l'intelligence cosmique livrés à l'Initié. Le Volume de la Loi Sacrée serait donc symbole de l'Univers par sa manifestation lorsqu'il est ouvert car, fermé, il n'est que matière vierge non encore fécondée. "Ouvrir le Volume de la Loi Sacrée", c'est en révéler son cœur. Fermé et ouvert, le parallèle serait aisé avec le travail de l'apprenti sur la Pierre Brute et la Pierre Taillée, volumes elle-même au sens premier du terme.

Mais, lorsque nous employons le mot "Volume", nous l'associons irrémédiablement à "Loi Sacrée". Or, si nous pouvons succinctement aborder le terme de "sacré" comme le caractère de ce qui transcende l'humain (par opposition à profane), ou ce qui s'impose par sa haute valeur aussi subjective soit-elle; si l'on considère le sacré comme ce qui transfigure l'ordinaire et lui donne un "sens", sens créé peut- être par notre libre arbitre; en revanche, il paraît difficile d'offrir une définition universelle de la Loi. Loi des hommes? et laquelle? Loi des préceptes révélés ou prescrite par une autorité divine? Loi naturelle? Loi des comportements comme règles sociales, morales? Loi issue de legare, "envoyer en mission"? La question est donc de savoir de quelle Loi nous parle le Volume sur lequel nous avons juré devant l'hôtel des Serments, une Loi peut-être comme la Tora dans son sens synonimique de Parole et d'Alliance.

Que ce volume ouvert, comme manifestation cosmique, puisse se spécifier au travers des écrits de Confucius, du Zoroastrisme, Bible, Coran et autres Tora n'a peut-être d'importance que par leur compréhension au sein des cultures dont ils sont issus et... fondateurs. Et, parce que l'origine de la Maçonnerie comme notre civilisation occidentale participe du judéo-christianisme, il apparaît assez naturel que la Bible soit référence. La Bible ouverte et, tout particulièrement, dans notre obédience, au Prologue de la Bonne Nouvelle de Saint Jean.

« Au Commencement était le Verbe
Et le Verbe était avec Dieu
Et le Verbe était Dieu »

Voilà donc une puissante ternarité fondatrice qui nous propose implicitement la Trinité dogmatique du Père, Fils et Saint-Esprit et qui cite par trois fois le vocable "Verbe".
Le Verbe en Grec ancien, langue dans laquelle Jean rédigea son évangile, s'écrit "LoGos" que l'on traduirait par "Parole" ou "Raison" et ce dans la perspective très optimiste d'une synonimie des deux mots. Anecdotiquement, d'aucuns voient en LoGos, L et G, le Lambda et le Gamma qui dans les écritures antiques seraient représentés comme l'équerre et le compas superposés.

Mais quand Jean nous parle du Verbe (comme troisième de la Trinité), il en affirme le rôle révélateur qui implique la lutte duale et dramatique entre la lumière qu'il apporte et les ténèbres qui s'opposent à elle :

« De tout être il est la Vie
La Vie est la Lumière des Hommes
La Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie »

Le Verbe est par conséquent Lumière et les deux ne feraient qu'un tout comme leurs racines grecques et latines se retrouvent en "Dieu" à la racine dei, "briller" et au préfixe Di comme "jour et lumière", décliné en Dia "passage et séparation" préfixe de Dialogue qui nous ramène au LoGos.

Le Verbe est donc Lumière dont l'accessibilité et la découverte, de part les ténèbres omniprésentes (génératrices ou conséquentes?), demandent à l'Homme qui veut la découvrir ou y tendre exigence et rectitude. Là semblerait être notre quête d'initié, notre Loi d'Apprenti perpétuel.

Et le message de Jean ne s'arrête pas au prologue, même s'il en est l'Essence, car Sa Bonne Nouvelle, est avant tout l'Evangile de La Connaissance et de la Gnose (Essence de l'Être, Homme intérieur), il s'inscrit dans un dualisme non abordé encore dans les Synoptiques, sur la mystique de l'Unité et la nécessité de l'amour fraternel.

« Il est venu chez lui
et les siens ne l'ont pas accueilli »  

C'est bien de fraternité et de tolérance dont il est question ici, d'Amour. Un audacieux raccourci enseignerai que l'ascension vers la Lumière passe par la connaissance du moi intérieur au travers de l'Amour de nos frères. Et, Ne serait-ce pas là un fondement primordial de notre apprentissage maçonnique ?

Quand il fallut jurer sur le Volume de la Loi Sacrée lors de notre initiation, j'aurais préféré, de part mon athéisme, "Promettre sur un Livre Blanc" auquel j'accordais toutes les valeurs de l'Humanité et tout le sacré de mon Serment. Si je respectais la Bible en tant qu'Histoire Universelle, elle gênait mon engagement de part l'utilisation que certains pouvoirs et hommes de peu de bien en on fait. Le Livre Blanc symbolisait alors toute l'Histoire humaine dont chaque récipiendaire s'imprègne tout en y apportant sa propre humanité. Donc un livre écrit à l'encre sympathique, un livre vivant, un livre exponentiel, sacré par le serment de générations et de générations.

Mais le Volume de la Loi Sacrée sur lequel j'ai prêté serment participe bien de tout cela, il est cela, il est notre Livre Blanc et bien plus encore par le mystère de sa parole. Par surcroît, ouvert au Prologue de Jean, qui ne se raccorde à aucune pensée révélée, il permet une véritable spiritualité adogmatique. Mais par notre serment sur le Volume de la Loi Sacrée, on accède à l'Histoire de l'Humanité et à l'obligation d'y participer car il est la Loi des anciens et le fondement pour de nouvelles valeurs. Son écrit est certes le signe d'une Vérité qui nous dépasse et qu'il nous reste découvrir.

Le Volume de la Loi sacrée est donc écrit, il est verbe par lui-même, parole et dialogue et c'est par ce dialogue fraternel que notre construction débute. La Parole devient alors le Principe Créateur.

Mais enfin, je m'interroge et m'en ouvre à vous, si ouvert, Le Volume de la Loi Sacrée nous offre la Parole, sa Loi est-elle nécessairement La Règle comme l'insinue la synonimie des deux mots dans notre langue contemporaine?

J'ai dit.

H\ M\

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