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Les enfants de la Veuve

Je vais commencer mon travail par vous donner la définition de la veuve. Ce mot vient du latin Vidua signifiant vide, privé de. Selon le dictionnaire français, c'est celle qui a perdu son conjoint, ou au sens figuré, c'est quand on a perdu ce que l'on avait auparavant. Dans les deux cas il y a un rapport avec la mort, un deuil à faire.

En zoologie, c'est le nom d'un oiseau d'Afrique au plumage blanc et noir, tient tient, Mr Lehasard est encore passé par là. Argotiquement la veuve est le nom de l'échafaud, de la guillotine, donc avoir la gorge tranchée, cela ne vous rappelle t'il rien ?

Analysons maintenant l'image que nous renvoie une veuve. Dans les temps anciens, pas si loin que cela, voir même dans certain pays toujours en vigueur, une veuve était habillée tout de noir, de la tête au pied, ne laissant transparaitre aucune joie. Elle marchait le dos vouté par le lourd fardeau qu'elle porte. Elle avait le regard triste et le visage blême. Renfermée sur elle-même, elle attirait les regards et forçait le respect. Cela est le côté morose de la vision que l'on perçoit d'elle. Mais il y a aussi un côté beaucoup plus positif. Une veuve a vécu des moments difficiles, elle a été dans le chagrin et la souffrance. Elle a du faire faire le deuil de la mort irrémédiable de son conjoint avec qui elle partageait son existence, faire le deuil de sa vie passée, et d'un changement indéniable de son mode d'existence. Puis elle a relevé la tête pour faire face aux vicissitudes et aux difficultés de la vie, enfants à charge, salaire en moins, entretien du foyer, et la liste n'est bien évidement pas exhaustive. Quand elle est arrivée à ce stade, c'est une femme forte, fière, qui a acquis une certaine sagesse et à qui nous demandons conseil lorsque nous sommes en difficulté.

Elle est morte mentalement avec son époux puis a ressuscité de sa souffrance. Elle peut maintenant par ces actes et sa manière d'être, par son exemple de force mentale nous montrer que chacun d'entre nous peut aller au bout de son chemin, que chacun peut donner un coup de pied au fond pour remonter à la surface.

Avant les gens mourraient chez eux, auprès de leurs proches et entourés d'Amour. Nous faisions des veillés et un repas le jour de l'enterrement afin de nous rappeler qui était le défunt, de lui rendre hommage. Tous les membres de la famille ainsi que les amis proches venaient sans prendre de rendez vous, la convivialité et la solidarité étaient également de la partie en mémoire au défunt. C'était une bonne occasion pour pardonner, ressouder ce qui était cassé, rassembler ce qui était épars. De nos jours, la majorité meurt à l'hôpital, plus ou moins bien accompagné, plus ou moins seul. La mort dérange, nous voulons l'ignorer, la cacher, l'oublier. Nous aimerions repousser l'échéance de sa venue à une date indécente. Nous voudrions bien enlever ce mot du dictionnaire, la radié de notre vie. Ne craignant pas de choquer quelques uns d'entre vous, nous en sommes même arrivé à vouloir autoriser l'euthanasie afin de raccourcir ce qui nous parait dérangeant, insupportable…ce qui nous montre ce que pourrait être notre propre mort. Pourtant elle est présente à chaque instant, à chaque coin de rue, c'est une maladie contagieuse et irrémédiable que nous attrapons dès notre naissance.

Nous, Francs Maçon côtoyons la mort quasiment à chaque pas que nous faisons. Dès notre initiation, nous devons mourir dans le cabinet de réflexion pour nous connaître plus profondément, pour plonger au plus profond de nous même, renaitre dans une nouvelle vie plus sage et plus enclin à tendre vers le Grand Architecte de l'Univers. Lors de notre élévation nous devons mourir comme l'a fait notre Maître Hiram pour être ressuscité ensuite aidé par le Vénérable et les deux surveillants. Lors de la réception dans les grades de sagesse nous la touchons encore une fois du doigt. C'est elle qui est la cause de la vengeance implacable du premier grade. Et après… Si je tiens compte de la fréquence à laquelle elle est présente dans notre parcours, je ne doute pas que son chemin croisera à nouveau le notre.

Mais notre Veuve n'est pas encore morte, alors revenons à elle. Le symbolisme qui se dégage de la Veuve peut prendre également bien d'autre visages dont un plus particulier. Je veux parler du mythe d'Isis. En effet, si le devoir d'un Maître Maçon est de répandre la lumière et de rassembler ce qui est épars, je peux faire facilement un parallèle avec Isis, veuve éplorée qui rassemble les membres de son époux Osiris.

Afin de mieux comprendre mes dires, je vais vous remémorer succinctement cette histoire. Elle se compose de 5 personnages, Osiris, son frère Seth, sa sœur Nephtys, Anubis et bien sur Isis, sa sœur mais également épouse.

Osiris est tué par Seth, son frère jaloux qui convoite son trône. Après avoir enfermé Osiris dans un coffre en bois Seth le jette dans le Nil. Osiris péri noyé. Après plusieurs péripéties, Seth découpe le cadavre en morceau et disperse les restes afin qu'il ne soit pas retrouvé et ne puisse avoir de funérailles digne de se nom. Mais c'est sans compter sur l'acharnement d'Isis qui cherche puis trouve les morceaux de son défunt époux, les rassemble et avec l'aide de sa sœur Nephtys et d'Anubis elle lui redonne la vie avec ses ailes en prenant la forme d'un faucon. Il est à noter que seul son phallus ne sera pas retrouvé, affaire à suivre… Mais je vous rassure, elle a été encore fécondée par Osiris et mis au monde un fils Horus qui plus tard vengera l'assassinat de son père. Je vous passe tous les détails de se récit toutefois intéressant.

Nous sommes tous, Francs Maçons enfants de la Veuve mais nous ne sommes pas nés de son ventre, ne sommes pas de sa chair. Il me plait de penser que nous pourrions être nés de sa force mentale de sa puissance spirituelle, c'est elle qui nous nourrit.

J'ai deux ou trois questions qui me trottent dans la tête, si vous me le permettez, je vais vous les soumettre.

Pourquoi nous disons nous, nous Francs Maçons, « Les Enfants de la Veuve » ? Et pourquoi ne serions nous pas « Les Enfants d' Hiram » ? Pourquoi nous reconnaître comme les enfants d'une femme que nous ne connaissons pas, l'épouse d'Hiram et d'ailleurs quelqu'un peut il me dire son nom ou son prénom ? Est elle citée une seule fois dans notre rituel ?
Ou peut être serions nous « Les petits enfants de la Veuve » puisse que Hiram est enfant lui-même d'une veuve.

Alors, pourquoi sommes-nous « Les Enfants de la Veuve ? Est-ce par le fait que nous revendiquons que le fait de mourir et de renaître correspond bien à notre démarche Maçonnique ? Ce qui ressemble fort à la conduite que la Veuve a tenue pour faire le deuil de son conjoint. Est ce par le fait que nous devons mourir et renaitre chaque jour dans le but de nous élever un peu plus, c'est notre quotidien si nous voulons progresser. Est ce pour nous préparer et nous faire connaître la mort ? »

Voilà bien des questions auxquelles j'ai du mal à répondre, mais je ne doute pas de l'aide que vous m'apporterez tous mes Frères.

Peut être est ce simplement la Franc Maçonnerie qui est la Veuve d' Hiram, notre Maître bien aimé, assassiné par trois mauvais Compagnons. Cette Franc Maçonnerie qui a perdu un être cher. Nous nous reconnaissons tous comme Frères, nous sommes bien tous les Enfants de la Franc Maçonnerie. Alors n'hésitons pas à nous allaiter à cette mère nourricière qui nous apporte force, rigueur et courage lorsque nous en avons besoin.

Pour conclure mon travail je voudrais faire un parallèle avec une association qui est bien dans le thème de la veuve et qui côtoie la mort au jour le jour, qui ne la repousse pas mais qui œuvre pour la rendre plus douce, je veux parler de Mathusalem.

En effet ses membres s'occupent des personnes dans le besoin ou en fin de vie, que se soit les Francs Maçons ou bien les veuves ou veufs de Francs Maçons. C'est une association pluriobédencielle qui a pour maxime « J'ai été ce que vous êtes, vous serez ce que je suis ».
Afin de vous faire toucher du doigt cette association merveilleuse, je vais vous faire part de quelques lignes que j'ai écrites à ce propos. Je me tiens également à disposition de tous les Frères voulant adhérés à cette noble cause.

Mathusalem

Mais qu'elle est le but de cette association
Où tous ces membres œuvrent avec dévotion ?
Apporte-t-elle un peu d'espoir
A ces Sœurs et Frères qui broient du noir ?
Qu'ils soient âgés ou en mauvaise santé
Qu'ils soient seuls ou alors désœuvrés
Qu'ils soient dans leur demeure ou dans une institution
Ou soient simplement dans une mauvaise situation
Mathusalem apporte un peu de réconfort
A ceux qui, pour nous, valent de l'or.
Frères et Sœurs, vous qui nous avez instruit et initié
En aucun cas vous ne devez être oubliés.
Vous nous avez légué le respect des traditions,
Nous avons bu vos paroles avec délectation.
Vous nous avez transmis votre savoir,
A notre tour de vous faire voir
Que même si de nos Loges vous êtes absent,
Dans notre cœur vous serez toujours présent.
Permettez nous de vous donnez à notre tour
Du respect, de la chaleur et de l'Amour.

S\ B\


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