DH Loge : NC 25/09/2008


Le Respect

Selon le Larousse, le respect est un mot qui vient du latin « Respectus » : égard.

Selon « le Petit Robert » : fait de prendre en considération ; sentiment qui porte à accorder à quelqu’un une considération admirative en raison de la valeur qu’on lui reconnaît et à se conduire envers lui avec réserve et retenue, sentiment qui porte à traiter quelqu’un ou quelque chose avec de grands égards, une profonde déférence.

Nous discernerons ainsi le respect humain, le respect filial, le respect des lois, le respect des vieillards, le respect des morts, le respect d’un idéal, le respect pour le passé, le respect pour une tradition, respect de la liberté, le respect d’un texte, le respect du travail, le respect du repos, le respect de la décision, le respect de l’opinion, le respect de l’étiquette, le respect des convenances.

Balzac nous exprime ainsi le respect : « Le respect est une barrière qui protège autant un père et une mère que les enfants. »

Le respect peut induire une notion d’obligation. Ex : le respect des horaires, le respect du code de la route et, ce dans un but d’harmonie, de sécurité, de fonctionnement d’une entreprise.

De nombreuses expressions usuelles emploient ce mot de respect et je citerai notamment :

Sauf votre respect : que cela ne vous offense pas !

Il me vient à l’esprit cette image du bossu interprété par Jean Marais invitant le seigneur à toucher sa bosse et l’y incitant par cette expression : sauf votre respect, touchez, touchez Mon Seigneur.

Sauf le respect que je vous dois se dit pour s ‘excuser d’une parole un peu trop libre, un peu choquante. Ainsi  Montherlant dit : « et sauf votre respect, vous avez quel âge »

Tenir quelqu’un en respect : le contenir, lui en imposer, le tenir à distance avec des armes.

Ceci veut également dire que ce qui est respecté l’est parce qu’il est craint. Cela laisse supposer une certaine puissance, une certaine intransigeance voire de la violence.

Présenter ses respects : hommages, civilités

Témoignage de respect : « Tous ces soupirs, tous ces respects sont des embûches qu’on tend à notre cœur » Molière

Manquer de respect envers quelqu’un : être irrespectueux, irrévérencieux.

Manquer de respect à une femme : la traiter comme une femme facile. « Il eût bravé mille morts plutôt que de souffrir qu’on manquât de respect à sa maîtresse » Th.Gautier

Respecter le bien d’autrui : ne porter aucune atteinte à quelque chose. Traiter avec égard et ménagement, avoir égard à, ne pas troubler. Vaste programme pour nous tant en qualité d’individu, qu’en qualité de parents ou d’éducateurs. C’est ainsi apprendre à nos enfants dés leur plus jeune âge à ne pas cueillir des fleurs n’importe où parce que c’est joli, parce que quelqu’un l’a fait pour nous et que c’est lui faire de la peine que d’abîmer son travail.

Peut-être devrons nous convaincre ces adolescents, dont le sang bouillonne dans un corps en évolution qui sont partis en guerre contre le monde, défiant tout ordre et ne respectant plus rien.

A nous adultes d’avoir le respect de la nature, bien commun, unique et privilégié.

Le respect de soi : le fait de respecter. L’honneur, c’est le respect de soi-même et la beauté de sa vie selon Vigny.

Retrouver le respect de soi, perdu comment ?

A nous adultes de veiller à notre attitude, notre hygiène par exemple.

Il nous appartient, sans doute de ne pas imposer aux autres un taux de décibels à vous rendre sourd ou encore envahir les poumons du voisin d’un excès de fumée tabagique.

Ces honnêtes gens sont dits respectables  mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient remarquables voire bons.

C’est un homme respectable peut indiquer l’appartenance à une certaine classe sociale, une certaine bourgeoisie.

Si j’ai choisi toutefois choisi d’aborder ce thème du respect ce soir, ce n’est pas dans le but de vous en donner les définitions ou expressions qui jalonnent de nombreux dictionnaires mais, c’est, parce qu’un jour au cours d’une tenue j’ai eu le vif sentiment que des différences dans notre loge n’étaient plus respectées : celles de l’opinion et de l’expression. Pourtant sans vouloir être moralisatrice, principe contraire à notre idéal, j’avais eu en entrant en Franc- Maçonnerie, la conviction que cette confrontation d’idées diverses était sa principale richesse.

Cette planche que je souhaitais philosophique le sera beaucoup moins en raison de l’actualité de cet été dans notre région et nous permet d’en aborder quelques facettes.

J’ai évoqué  précédemment pour définir le respect la notion d’admiration, d’estime.

Le 13 Juin dernier disparaissait en mer Eric Tabarly. Baignant de ses exploits mes années d’études, il a joué pour moi le facteur d’exemple, celui d’un être qui, à la barre de son bateau, alliait ténacité, modestie, courage, discrétion. Seul, face à la mer, il allait au bout de son challenge. Et, pourtant, la mer ne lui a pas fait de cadeau et ne nous en a pas fait. Elle nous l’a repris.

Mes pensées admiratives iront pour nos chercheurs et tous particulièrement nos grands professeurs de médecine, qui savent bien qu’aucune science n’est parfaite et qui sont le plus souvent dotés d’une grande modestie. Je citerai par exemple le professeur Cabrol.

Juillet a mis à la une de nos journaux, ces malheureux scouts noyés en Bretagne victimes d’une  religion qui s’apparente aux sectes, qui met en évidence des notions de fascisme et de fanatisme. Amenés à respecter le libre choix de chacun de croire ou de ne pas croire, le libre choix d’une religion, pouvons- nous accepter au nom de ce respect de telles pratiques. Nous avons là franchi le seuil de l’intolérable. Quelles peuvent être nos actions, dénoncer ces pratiques ? nous poser cette question  de la limite entre le respect et la tolérance.

Selon le Robert, la tolérance, c’est le sérieux qui admet chez autrui une manière de penser ou d’agir différemment de celle qu’on adopte soi-même, qui respecte la liberté d’autrui en matière de religion, d’opinions philosophiques ou politiques.

Ce même mois de Juillet, l’actualité a mis à la une notre région à propos du problème de l’euthanasie.
Si une infirmière a transgressé les lois car elle ne dispose nullement du droit de vie ou de mort des malades, elle a néanmoins soulevé le droit de mourir dans la dignité et avec de moindres souffrances. Cette affaire aura probablement le mérite de faire évoluer les choses et d’aboutir à l’élaboration de lois autorisant l’individu à disposer de lui-même aux dernières heures de sa vie.

Ce n’est pas par hasard si un médecin du Sud Ouest a été inquiété pour les mêmes faits.

Ce respect du droit à la mort, n’empêche pas celui du droit à la vie        

Mais le respect, c’est surtout le respect de l’homme et de ses droits.
C’est le droit à la différence de couleur de peau, la différence d’ethnie, la différence de langue, la différence de religion, la différence de mode de vie, la différence d’opinion.

Ce respect inclut celui du droit des femmes à se faire respecter en tant que telles dans leur authenticité et leur intégralité. Je peux passer sous silence, toutes ces femmes maltraitées et humiliées aux quatre coins du monde mais aussi à notre porte parce que certains hommes les réduisant à de vulgaires objets prétendent pouvoir disposer d’elles : femmes battues, femmes violées, femmes prostituées….. Et bien sur, j’évoquerai les femmes de Kaboul réduites à moins que rien sous le couvert du fanatisme religieux.

Bien sur, nous n’oublierons pas tous ces enfants qui méritent tout notre respect et qui eux aussi peuvent subir de préjudiciables sévices.

Je ne peux passe sous silence les vieillards qu’on abandonne parce qu’ils ne sont plus .ce que nous souhaitons qu’ils soient et qui, de surcroît se font abuser. Il suffit de lire les quotidiens pour en connaître l’ampleur.

Et les handicapés auxquels on n’hésite pas à jeter soit un regard moqueur, soit un regard haineux. Rassurons –nous, ce n’est pas toujours le cas mais il y a là un travail d’intégration et d’acceptation à faire afin qu’ils soient respectés en qualité d’êtres humains.

Et le respect du travail dans tout cela ?

Le respect du droit au travail ? Le respect du travailleur, le respect du chômeur, le respect du SDF, celui qui n’a plus rien et que l’on méprise au point qu’il n’est plus rien lui-même, le respect de leurs droits. 

Vivre seul, en dehors de toute relation de travail et de famille, ne pas avoir de domicile fixe ni de compte en banque, c’est ne plus exister. Privé de considération sociale pour diverses raisons les moyens de conserver respect de soi et d’autrui sont anéantis.

L’exemple le plus manifeste de l’exclu qui a su se faire respecter, c’est Charlot. Il a su imposer au monde l’image du démuni face aux richesses des nantis. Son véritable tour de force, c’est de pouvoir démontrer que l’homme pauvre et dépouillé de tout n’est pas forcément humilié devant plus fort que lui. Cela lui évite de sombrer dans la maladie mentale, la drogue ou  et la boisson. Dans ces expériences limites le plus subies, il doit imposer une autre image que celle que lui renvoie sa solitude. Le respect prend une autre dimension que celle de la soumission ou de la conformité sociale. Le respect de lui-même que réussit à imposer Charlot, est celui d’un combat journalier contre les regards ignorants, indifférents, méprisants et qui lui permet de croire à sa propre existence.

Je n’aborderai que très brièvement le respect de la vie privée. Il existe une limite à ne pas franchir. Etre à l’écoute de l’autre est indispensable mais il ne s’agit pas de donner dans la curiosité et le voyeurisme. De même sous prétexte de ne pas gêner, il ne s’agit pas de jouer la carte de l’indifférence.

L’actualité internationale nous abreuve actuellement d’une vie privée présidentielle. Celle de M. Clinton, bien sûr ! et je m’en tiendrai là sur ce sujet préférant aborder le respect du citoyen et particulièrement de ses droits.

Pour nous, F\M\, attachés aux valeurs républicaines, les mots de Liberté, Egalité, Fraternité ont une particulière signification. La liberté de chacun commence par le respect des autres. Le respect et en particulier, le respect de soi est au cœur de la démocratie quand il s’inscrit dans le cadre d’une égalité de traitement entre hommes et femmes, jeunes et vieux, pauvres et riches.

Kant nous invite à une prise de conscience afin de reconnaître l’humanité en la personne d’autrui comme en nous-mêmes.

Notre F\ A\ S\ nous l’a exprimé lors de la clôture du Convent en ses termes : la vie collective passe par le respect et la fraternité.

Notre T\P\G\C\Camille Giudicelli nous l’a rappelé : c’est dans le temple qu’on devient F\M\, c’est hors du temple qu’on devient citoyen du monde

Si l’idéal maçonnique de tolérance entraîne le droit à la différence, le respect semble être un sentiment nécessaire à notre vivre ensemble mais, si fragile qu’il peut devenir dépendance et soumission, à moins que nous préférions mettre derrière ce respect de l’autre de l’amour et de la délicatesse.

Le respect de l’autre en loge est un facteur essentiel et le rituel de la prise de parole en est une expression. Lorsque nos mains dégantées sont jointes pour la chaîne d’union, nous ne sommes plus qu’un avec la ferme conviction que nos différences nous ont permis de travailler au progrès de l’humanité et c’est avec une profonde sincérité que ce soir, pour la première fois, je prononcerai au nom de tous lors de la fermeture des travaux :

« Que l’amour règne parmi les hommes »

J’ai dit

A\ B\


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