Isis et Osiris

La légende d’Isis et d’Osiris est un des piliers de la religion égyptienne antique. Toutefois il a fallu attendre Plutarque, vers 100 après J\ C\, pour en avoir un récit synthétisé.

Cette histoire commence avec la naissance des protagonistes : Isis, Osiris, Nephtys et Seth, tous fils et filles de Geb (la Terre) et Nouth (le Ciel ou plutôt la voute étoilée).

A Osiris et son épouse Isis sont données les terres fertiles de la vallée du Nil et à Seth et Nephtys les terres arides du désert. Osiris fût un roi bienveillant envers son peuple, lui apprenant la culture des champs et la création de lois. Cependant il fauta avec sa sœur Nephtys, concevant le dieu Anubis guide des morts. Seth, lui, ruminait sa jalousie au fond de son désert, s’estimant lésé dans le partage des terres. Isis, quand à elle, veillait sur son époux et empêchait toute attaque de la part de Seth. Seth conçut alors un plan pour détrôner son frère. Il fit confectionner un coffre magnifique, exactement aux mesures de son frère Osiris et lors d’un banquet, il promit ce coffre à celui qui pourrait s’y allonger parfaitement. Tout le monde essaya de s’allonger dans le coffre mais personne ne convenait. Osiris décida d’essayer de rentrer dans le coffre et c’est alors que Seth, aidé de 72 conspirateurs, l’enferma et le jeta dans le fleuve.

Isis apprit la disparition de son époux et se mit à sa recherche. Le coffre quand à lui s’était échoué à Bylbos où un arbuste avait fini par le recouvrir complètement et s’était développé d’une manière extraordinaire, si bien que le roi du Liban décida de le couper pour en faire une colonne pour son palais.

Isis retrouva sa trace et persuada le roi de lui céder sa colonne. Elle ramena le corps de son époux en Egypte mais Seth apprit la nouvelle et, fou furieux, réussit à voler le corps d’Osiris et le découpa en quinze morceaux (quatorze ou seize aussi selon les versions) et les dissémina dans tout le pays. Isis, aidée de sa sœur Nephtys, partit à la recherche de tous les morceaux et au fur et à mesure retrouva chaque morceau de son bien-aimé dans les différentes villes de l’Egypte : à Philae la jambe, à Busiris la colonne vertébrale, à Létopolis l’épaule gauche et à Abydos la tête. Elle retrouve tous les morceaux, excepté le phallus, qu’elle reconstitua avec de la glaise. Elle reconstitua le corps de son mari, créant ainsi la première momie, et avec ses ailes, elle lui rendit son souffle. Puis elle s’accoupla avec lui et conçût leur fils Horus. Elle mît son fils à l’abri dans les marais, l’élevant dans le but de venger son père et de reprendre la couronne paternelle usurpée par Seth mais ceci est une autre histoire.

Grâce à ce récit, on voit bien les bases de la religion égyptienne ainsi que de l’organisation politique du pays. En premier lieu, le Pharaon est un descendant des dieux, de qui il tire sa légitimité et son pouvoir. C’est grâce aux dieux que l’homme a appris à cultiver la terre et a formé une institution pour gouverner le pays. De plus, chaque ville importante d’Egypte se rattache à cette légende en étant un des lieux où se trouvait une partie du corps d’Osiris. Mais une des choses qui me paraît les plus remarquables est la création de la première momie, donnant à l’homme une âme et une vie dans l’au-delà. Osiris devient le juge des morts, celui qui permet ou non à l’âme du défunt de passer dans le domaine des dieux, devant « mâat-kherou » juste de voix et pouvant profiter d’une nouvelle vie dans l’au-delà.

Quand à Isis, elle devient avec ce mythe, la première embaumeuse, et grâce à ses ailes, elle redonne son souffle à Osiris, et on retrouve ici d’ailleurs ici l’image de l’âme « Ba », un oiseau à tête d’homme, présente dans le livre des morts égyptien. Les relations frères-sœurs sont aussi intéressantes, légitimant ainsi les mariages co-sanguins des dynasties pharaoniques.

D’un point de vue maçonnique, cette légende est pleine d’enseignements, du moins de mon point de vue et ce n’est pas la déesse Napatort qui me contredira, je pense.

On peut voir plusieurs symboliques se mélanger dans cette histoire. Osiris et Isis représentent d’une part le soleil et la lune, présent dans notre tableau de loge, ils sont aussi les principes mâle et femelle, créateurs de vie. Osiris représente le renouveau de la nature, Seth étant l’hiver qui endort la végétation et Isis la lumière et la chaleur qui permettent à cette dernière de se régénérer et de faire profiter de ses bienfaits à l’homme.

De notre point de vue, Osiris et Isis représentent aussi l’initié et la Franc-maçonnerie. Le profane meurt lors de son initiation, se retrouvant dans le coffre de Seth (cabinet de réflexion), démembré et éparpillé, guidé par l’expert,représentant l’Anubis, qui le mène sur le chemin de l’initiation, ce qui lui permettra de se voir reconstituer par le Vénérable Maître, l’Osiris (cf « je te crée et te constitue franc-maçon » lors de la fin du rituel d’initiation) et de se retrouver ainsi à l’orient, devant la lumière, le disque solaire Ra. Lors de son serment, le futur initié se retrouve dans le rôle du défunt lors de la pesée de son âme et il doit prouver sa droiture et sa sincérité en prêtant serment et c’est l’Orateur, le Thot maçonnique qui lui souhaite la bienvenue à la fin de l’initiation. On voit donc que la Franc-Maçonnerie, jouant le rôle d’Isis, permet à l’homme de se sublimer et de devenir « juste de voix ». Par ce mythe, l’homme a la possibilité de se sublimer, de se rendre meilleur, d’oublier ses fautes et ses errances (épisode avec Nephtys), de trouver la lumière et devenir un Horus, un être lumineux, ouvert aux autres, aimant sa famille, respectant les lois et aidant son prochain.

Le franc-maçon doit toujours travailler sur lui-même pour devenir meilleur, gommer ses défauts et exacerber ses qualités, il doit éviter le chemin de Seth, le désert aride des désirs futiles de la vie profane et s’engager sur la voie lumineuse et « juste de voix » qui le mènera à la vie éternelle.

Pour finir, je citerais Aménénopé qui dit : « Quand cœur et langue sont sans défaut, on dirige sa vie ».

J’ai dit V\ M\