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Isis et Osiris

Introduction

Le récit du mythe

« La vraie réalité n’est pas celle manifestée mais elle est sous-jacente, telle une intelligibilité occulte qui, a priori, se trouve cachée dans la nature avec des caractéristiques universelles » (levi-strauss) Je rappellerai aussi, puisque je vais y faire référence, que les archétypes, qui réunissent la psyché et le soma, pleins d’énergie latente et encore obscure, font en sorte que surgissent des systèmes de pensée, de valeurs et de sentiments communs à toute l’humanité et que les contenus qui expriment les archétypes sont les symboles. Et les symboles ne sont que le voile transparent des idées.

Nous savons que la construction d’un mythe procède d’une pensée circulaire, comme les systèmes gnostiques et alchimiques : ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est à droite comme ce qui est à gauche.

Osiris règne avec sa sœur jumelle et épouse Isis sur une Egypte civilisée et unifiée. Ils sont nés, avec leur frère Seth et leur sœur Nephtys du couple formé par Geb, le dieu masculin de la terre et Nout déesse de l’air et du ciel.

Seth est jaloux de son jumeau, au cours d’un banquet il lui propose d’essayer de rentrer dans un coffre en bois précieux richement décoré, ceci fait, lui et ses conjurés clouent le couvercle et le jettent dans le Nil. Isis se lamente et part à la recherche du coffre- sarcophage. Elle le trouve à Byblos enserré dans le maître pilier du palais du roi. Lorsqu’elle peut le ramener en Egypte, elle le laisse quelques instants sur le bord du fleuve. Seth, qui chassait par là, l’aperçoit et de rage découpe le corps de son frère en treize morceaux qu’il disperse tous azimuts.

Et ce fut la deuxième phase de la quête d’Isis. A chacun des précieux morceaux retrouvés elle éleva un sanctuaire. Hélas la treizième partie du corps sacré d’Osiris resta introuvable car dévorée par un poisson du Nil. Il s’agissait de son pénis divin.

Alors Isis prit de la terre glaise d’Egypte la pétrit, la sculpta, la consacra et oignit et ayant ainsi recréé le phallus, elle se transforma en oiseau pour lui redonner vie. Elle s’unit à lui en une hiérogamie, union sexuelle sacrée, dont naquit Horus.

C’est donc une histoire de jalousie et de violence, d’amour et de fidélité triomphant de la mort. C’est aussi réunir ce qui est épars ; ordo ab chao.

Ce que le mythe d’Osiris a d’initiatique et ce que nous, maçons de la terre de Memphis, pouvons en tirer comme enseignement.

Osiris est représenté en Egypte comme un soleil avec une tête d’épervier parce que, dit Plutarque, cet oiseau a la vue perçante et le vol rapide; il tient à la main un bâton à crosse recourbée et en main droite un fouet à trois branches pour guider les chevaux de son char. Dans le « Livre des morts » Osiris signifie le seigneur de l’intelligence ; c’est lui qui instruit les hommes avec justesse et sagesse. Il représente à la fois l’instructeur d’humanité et l’innocent sacrifié, médiateur entre le monde divin et le monde terrestre.

Dans notre rituel, le premier surveillant fait cette invocation : « Osiris à la robe de lumière, couleur du principe éternellement pur, nous célébrons ton harmonie suprême, à laquelle nous espérons participer dans L’AMENTI ».

Le découpage d’Osiris en morceaux équivaut à la descente de l’être dans les mondes matériels, au démembrement de l’ancienne harmonie. Il faut tuer le vieil homme, le corps se sépare de l’esprit. La reconstitution par Isis de son corps originel signifie la reconstitution de l’unité primordiale et la restauration de l’harmonie dans l’être.

Pour les Egyptiens Osiris est l’image du cycle vie-mort-résurrection. Depuis le monde souterrain Osiris commande le cycle de la mort, de l’éclosion et de la renaissance, il assure symboliquement la transmutation de l’homme vers un autre état de conscience, ce qui est le principe initiatique. L’assimilation d’Osiris au règne végétal est une référence à l’œuvre alchimique où s’effectue la transmutation sur plusieurs niveaux successifs.

L’initié est celui qui a parcouru le trajet d’Osiris, qui a connu la mort suivie d’une résurrection et qui en a gardé l’empreinte. On retrouve la symbolique du voyage évoquant la progression de l’âme sur le chemin de la libération avec pour aboutissement, la révélation de sa propre nature divine.

« Osiris est l’évolution des âmes, leur retour au divin, leur reconstitution après le démembrement et leur complète fusion dans le divin. Cela est l’enseignement caché dans les temples d’Egypte ». (Damaskins)

La symbolique du mythe d’Osiris nous fait comprendre que le maçon doit se régénérer par la purification, se détachant ainsi du sens corporel de la mort. « C’est cette régénération de la personnalité qui constitue le thème principal du Livre des Morts, l’homme a été initié pour vaincre la mort. L’homme n’atteint la délivrance qu’en passant par une série d’états intermédiaires, constituant chacun autant d’étapes d’un voyage symbolique. Ce voyage du mort s’entend comme un processus de mutation que connaît la conscience, de sa libération graduelle jusqu’à l’obtention de la délivrance finale, en parcourant successivement les différents états posthumes de l’être selon René Guénon. Mais avant qu’il ne parvienne à cette issue heureuse, il passera par des errements dans la nuit et les ténèbres ». (Pascal Bancourt)

Le « Livre des Morts révèle aussi la conception psycho-spirituelle de l’évolution initiatique depuis le corps physique (momifié) jusqu’au corps glorieux illuminé (le sahu) en passant pas le Ka, (le double) le corps éthérique ».

Si l’apprenti peut faire la route seul, sans regarder en arrière, il sera purifié par le feu, par l’eau et par l’air ; et s’il peut vaincre la frayeur de la mort, il sortira du sein de la terre, il reverra la lumière et il aura le droit de préparer son âme aux mystères.

Un autre des aspects du mythe insiste sur l’importance du phallus divin, on peut y voir le symbole de la puissance de la virilité transcendante, du pouvoir créateur divin.

C’est seulement par l‘initiation qu’on retrouvera le pouvoir perdu, c’est un thème identique que l’on aborde dans la quête du Graal : seule l’énergie virile vitale rend l’être accompli.

La connaissance transmise par l’initiation s’acquiert par une pénétration en profondeur vers le centre de son être propre. Cette connaissance se révèle à mesure que l’on approche du principe qui est à la racine de l’être individué, puisque le même principe se trouve à la racine de l’univers.

Osiris est le guide des vivants qui vivent les étapes du cycle : souffrir, mourir, ressusciter, se diviniser. L’initiation osirienne est l’apprentissage de la loi des cycles.

« Noircir » dans la langue des hiéroglyphes signifie le rituel initiatique d’Osiris, c’est-à-dire : grandir, s’élever, se magnifier. Dans le noir s’accomplissent l’incubation et la germination. Le noir est promesse de résurrection.

Dans le temple de Sethis 1er à Abydos sont gravées les étapes du rituel de l’érection du pilier Djed symbolisant la résurrection d’Osiris et le renouvellement des pouvoirs vitaux. Le Djed représente la colonne vertébrale d’Osiris se terminant par quatre vertèbres. Allongée sur le sol, celle-ci symbolise l’inertie et l’absence de vie d’Osiris défunt. Dressée à la verticale, elle exprime sa transformation en seigneur de la vie, source des forces vitales jaillissant dans le monde depuis l’au-delà de la Douat. Les quatre plans horizontaux signifiant la diffusion de cette énergie aux quatre points cardinaux. Le Djed est symbole de puissance et de renaissance de l’âme c’est l’axis mundi.

Enfin Osiris préside à la pesée des âmes (la psychostasie), il représente la bonté, la vérité et la justice ; chacun compte sur sa bienveillance pour accéder à la vie éternelle. On comprend que ce dieu se soit imposé comme guide : comme les hommes, il a subi l’épreuve de la mort et en a triomphé donnant ainsi le salut et l’espoir aux maçons de Memphis.

Ce que le mythe d’Isis nous apprend

Plutarque raconte qu’une statue féminine voilée s’offrait aux regards des visiteurs pénétrant dans le grand temple de Saïs, elle tenait dans ses mains une tablette avec l’inscription : « je suis Isis la grande, celle qui fut, celle qui est, celle qui sera, éternellement. Nul mortel n’a jamais soulevé mon voile ».

« Isis fut mise au monde à Denderah par Nout sous la forme d’une femme noire et rose, douée de vie, douce d’amour. Il lui fut dit par sa mère Nout lorsqu’elle la vit : sois légère pour ta mère. Tu es plus ancienne que ta mère, c’est pourquoi ton nom a été Isis ».

De ce texte gravé sur le mur du temple de Denderah nous avons la représentation d’Isis principe féminin, fille de Nout, elle jouit d’une double nature épouse et mère c’est la grande magicienne, la manifestation la plus humaine du surnaturel, la référence suprême et l’ultime recours. Initiée par Thot à tous les arcanes de la connaissance elle les transmet à ses adeptes lors des rites initiatiques.

Ainsi le dit notre rituel dans cette invocation du Vénérable : « Toi qui sais rassembler la parole sacrée, la maintenir en son ordre et la communiquer aux initiés, Isis qui les habitue à persister dans les saintes pratiques, dont la fin est d’obtenir la connaissance de l’Ëtre-premier et souverain, accessible à la seule intelligence, les enfants de l’Art Royal saluent ici ta beauté ».

Et le deuxième Surveillant répond : « Isis, divine mère, au voile teint des couleurs innombrables du monde, nous communions tous en la compréhension du mystère que tu as révélé aux hommes ».

Plutarque dit encore : « Isis aux sages discours, dont le cœur est plus avisé que celui de milliers d’hommes, qui n’ignore rien de ce qui est au ciel et sur la terre ».

Isis révèle les choses divines et c’est bien la quête d’un savoir suprême, accessible seulement à ceux qui en sont dignes, qui constitue l’objectif des initiés aux arcanes maçonniques. La connaissance n’est pas à la portée de tous, pour ceux qui ne font pas l’effort d’entrer dans cet univers symbolique elle demeure cachée.

« Isis recueille et rassemble avec soin la doctrine sacrée, qu’elle communique à ceux qui, par leur persévérance dans une vie sobre, tempérante, éloignée des plaisirs des sens, des voluptés et des passions, aspirent à la participation de la nature divine ; qui s’exercent assidûment dans nos temples à ces pratiques sévères, à ces abstinences rigoureuses, dont la fin est la connaissance du premier et souverain être, que l’esprit seul peut comprendre et que la déesse nous invite à chercher en elle-même comme dans le sanctuaire où il réside ». (Plutarque) Isis, épouse et mère deviendra l’universelle mère des cieux, la miséricordieuse dont la puissance et l’amour s’étendent à tout le cosmos.

Héritière des vierges-mères de la préhistoire, elle incarne le principe féminin de la nature, l’aimant qui capte la puissance du mâle et donne l’existence à Horus né de l’étreinte sacrée. Elle est la passivité agissante de la féminité, le pôle complémentaire du masculin. En ressuscitant Osiris, elle inaugure le processus du grand œuvre (qui n’est autre que la quête de l’immortalité). En ce que le féminin porte en lui la lumière de l’esprit, le retrait du voile d’Isis représente la révélation de la lumière et, réussir à soulever le voile d’Isis c’est voir le miracle des miracles : le corps d’éternité. « La momification qu’Isis invente avec Anubis consiste à rendre vivante une chair momifiée, à transformer en or la Materia Prima. Elle est toutes les femmes et toutes les déesses, l’étoile du matin, la pourvoyeuse de vie, la médiatrice entre les vivants, les morts et cet esprit invisible, principe de la matière, que la pensée hermétique nomme la vierge noire ». (Lachaud)

Vierges noires si présentes en Auvergne, puisqu’on en compte une trentaine et dont la particularité est d’être représentées en majesté tenant l’enfant sur les genoux. Car les survivances du culte d’Isis dans tous les rites féminins transmis depuis les terres d’Egypte chargée de magie, nous les réactualisons chaque jour : elles sont subtilement passées dans les rites chrétiens et font ainsi partie de notre culture française.  Les représentations d’Isis allaitant son fils Horus préfigure les statues de la Vierge Marie tenant Jésus, son fils, né du divin. Jésus, fils de Mariam (Is, l’aimée d’Amen = Amon) et si l’étoile figurée au-dessus de la tête de la vierge est celle de bethléhem, on sait qu’Isis-Sothys est aussi représentée avec une étoile au-dessus de la tête.

L’origine des vierges noires a intéressé les archéologues et historiens qui ont constaté des pratiques religieuses antérieurs au christianisme : mise à jour de statues de déesses-mères gauloises, parentes des vierges en majesté romanes et gothiques. Ainsi la vierge noire de Marseille vient du Liban et était au départ une statue d’Isis, puisque le culte de la déesse a été vivant jusqu’au Vème siècle. Le 2 février s’ouvre une neuvaine à la vierge noire et il est de coutume de préparer des gâteaux nommés « navettes » qui ont la forme de la barque d’Isis. A Chartres où l’on vénère une vierge noire, on vénère également le voile de la Vierge, seul objet connu que la tradition dit lui avoir appartenu et qu’on peut mettre en parallèle avec le voile d’Isis.

D’Isis à la Vierge Marie, de la mère du monde à Kali, le monde ainsi s’interroge sur le rôle de la femme dans la naissance et la résurrection de Dieu.

De plus le nom même de Paris dérive d’Isis (la cité fut nommée : juste et près de la déesse Isis) on sait qu’un temple lui était dédié sur l’emplacement de l’actuelle église de St Germain des prés. Car il y a une continuité religieuse évidente entre l’emplacement des temples et celui des églises.

L’appellation Paris, ville lumière, serait en rapport avec Isis, la déesse noire, dont le corps serait identifiée à la pierre philosophale, et dans les armes de la ville il reste une barque.

Isis cherchait les morceaux épars de son amant, elle représente donc pour nous, en nous gardant des erreurs et des préjugés, la recherche de la vérité : vérité dispersée dans le cosmos, vérité que nous cherchons le long des rives du savoir, comme Isis cherchait le long du Nil. Les symboles sont comme les parties corporelles d’Osiris.

Isis est magie initiatrice, la grande mère universelle, un pont jeté entre les dieux et les hommes, Isis la noire est la veuve dont les enfants sont les initiés de tous les temps, la source de la vie, la matière et le mouvement.

Ce que le couple Osiris-Isis symbolise

Le grand Maître anglais George Smith voit dans le mythe d’Isis et Osiris la source d’inspiration des mystères de la maçonnerie : « Osiris et Isis représentent théologiquement l’Etre suprême et l’universelle nature et, physiquement, les deux grands luminaires, le soleil et la lune dont l’influence s’étend à toute la nature ».

Cela fait référence aux petits et grands mystères.

L’initiation lunaire, l’œuvre au blanc productrice de l’argent des alchimistes, les petits mystères sont les mystères isiaques qui avaient pour but la réintégration de l’individu avec la substance féminine. Ils s’adressent à l’Homme qui n’est encore, comme la lune, que lumière réfléchie par rapport à la Source. La couleur blanche s’y rattache.

La phase solaire, qui est l’initiation sacerdotale, l’œuvre au rouge, productrice de l’or parle des grands mystères, ou mystères d’Amon, qui ont trait au dépassement du niveau cosmique (ou niveau manifesté). Le principe solaire est associé à la couleur rouge du feu. Les grands mystères concernent la renaissance à l’être et le passage de la manifestation à son principe premier, le soleil.

L’objectif des petits et grands mystères est l’immortalité, les grands mystères poursuivant l’immortalité supra cosmique ou indifférenciée, la transcendance absolue.

La lune apparaît sous des formes changeantes, et à ce titre elle sert de symbole cyclique au monde des transformations et du devenir.

En revanche la forme du soleil reste toujours la même, à l’image de l’essence immuable. Le blanc est subordonné au rouge, la connaissance est transmise par ceux qui la possèdent au niveau supérieur.

« L’initiation lunaire comporte toujours la prédominance d’un principe féminin pour convenir à la nature propre des hommes concernés par elle. Il y a correspondance avec la nature primordiale, le principe du devenir. La femme-mère offre à l’être, l’eau-de-vie ou eau de résurrection, assure l’objectif des petits mystères : la seconde naissance ». Dans l’initiation lunaire le postulant est guidé par un bras ami, il va s’agir de rendre l’esprit corporel et de spiritualiser le corps, jusqu’à ce qu’ils deviennent tous deux de même nature.

L’âme et le corps sont nettoyés et blanchis de toute impureté. Alors l’âme unie par sa pureté à l’esprit supra-individuel, pourra s’assembler de nouveau avec le corps. Cet état stabilisé est appelé état de sagesse (Sophia).

La nature physique de la lune est humide et froide, sa nature psychique est changeante ; elle gouverne la germination, la gestation, l’imagination et la sphère affective ; elle commande le devenir, elle « est féminin ». Dans nos travaux, elle luit lorsqu’il est l’heure de les fermer.

Le soleil est sec et chaud, il gouverne la raison et le discours il est principe d’interprétation ; il est l’ordre cosmique et la justice impartiale, l’être absolu ; il « est masculin ». Il rayonne à l’ouverture des travaux. Le soleil gouverne le jour, la lune est la maîtresse de la nuit, ils s’enlacent l’un à l’autre dans la sygysie.

Au point de vue spirituel les deux luminaires (se trouvant respectivement à gauche et à droite du tableau d’apprenti) sont chacun à la tête d’un champ de forces égales et équipotentes, ces deux symboles sont en liaison permanente.

Tout cela ajoute au Mysterium conjunctionnis pour offrir une dimension cosmique à la Maçonnerie universelle.

Dans le « livre des morts », il est proposé à notre méditation que, lorsque le soleil et la lune vont être en synarchie, seraient vaincus le sexe et la mort, ces deux néfastes conséquences de la chute.

Osiris et Isis sont la reine et le roi du couple alchimique, (le mercure et le soufre dont l’union donne le Rebis) Le couple initial soleil-lune, l’acte d’Isis permet la résurrection du dieu signifiant le rétablissement de la synarchie dans son intégrité primaire.

Ces deux polarités, positif-négatif, n’ont de signification que par rapport à cette chose unique qui manifeste leur complémentarité. Ce miracle d’une seule chose est la réalisation de l’œuvre intérieure à laquelle contribue l’initiation. Car l’enseignement initiatique est un acte de patience, calqué sur les cycles de la nature métaphorisés par Osiris et Isis, acte en trois phases : le rassemblement, la mise en ordre et la révélation.

J’ai trouvé dans les principes maçonniques de Cagliostro, concernant la spécificité de la maçonnerie égyptienne ces directives : Comment restaurer notre divinité : 1) par la régénération psychologique et spirituelle 2) Par la régénération du corps : il faut prier pour se réconcilier avec Dieu.

Pour lui la mythologie est une allégorie de l’art hermétique ; la voie hermétique contient l’astrologie, la théurgie (invocation des anges) et l’alchimie : chaque étape de l’alchimie trouvant sa correspondance dans le corps du maçon. Le symbolisme du mythe équivalant à l’imagerie hermétique.

Enfin le mythe d’Isis et Osiris, en langage jungien, nous parle du Double : Osiris-Seth, Isis-Nepthys et du complémentaire car Osiris perd son pénis et Isis gagne un phallus de renaissance (son animus) tandis qu’Isis perd son utérus de première naissance et Osiris gagne un utérus de renaissance symbolisé par l’amenti qui est son anima. En terme jungien ces deux figures représentent les fonctions qui transmettent au conscient des contenus de l’inconscient collectif.

L’âme d’Isis se masculinise et celle d’Osiris se féminise. Il appartient ensuite à l’homme d’intégrer et réaliser jusqu’au bout cette anima (jusqu’à Sophia, la sagesse) et à la femme d’intégrer et réaliser jusqu’au bout cet animus (jusqu’au kristos) pour que chacun des deux partenaires alchimiques possède les deux sexes de l’esprit.

L’âme, en hiéroglyphe c’est l’oiseau Ba associé au cœur IB, est née à l’humanité en ce mythe, c’est-à-dire à un niveau d’amour plus élevé. Auparavant elle ne connaissait que le Double (Ka) et l’ombre (Khaibit).

C’est pourquoi ce fantasme de l’inconscient collectif qu’est le mythe est dans celui-ci l’un des plus importants que l’être humain ait engendré.

On peut voir enfin la figure de Seth comme double monstrueux d’Osiris et en tirer comme enseignement qu’il n’est pas utile de nous livrer à des sacrifices pour nous laver de nos péchés. Mais qu’il est utile de nous confronter à notre double monstrueux pour tenter de le connaître, pour le reconnaître là où il se niche, non pas seulement dans les décharges de notre humanité individuelle ou collective, mais aussi et surtout, là où il se dissimule sous les traits de l’autre, le bouc émissaire. Le barbare se tient aux frontières de mon territoire, mais c’est moi, par ma projection, qui dit que c’est un barbare.

Seth est l’obstacle qu’Osiris doit surmonter pour revivre, il correspond aux épreuves du rituel initiatique, sa trahison est d’ordre rituel car elle enclenche le processus initiatique universel et intemporel (comme le couple jesus-judas l’a rejoué).

Exorciser nos démons, sacrifier symboliquement l’homo demens, et de ce sacrifice naîtra le nouvel homme qui nous permettra de recommencer l’expérience de transmutation alchimique éternellement.

En un mot, il faut assumer sa folie pour que la sagesse advienne, et pour cela, il faut la sacrifier symboliquement.

Les dieux qui meurent sacrificiellement nous donne l’exemple archétypique de ce que nous devons symboliquement réaliser.

Mozart en conclusion

Dans « La flûte enchantée » la quête de Tamino est la sagesse, et les épreuves qu’il subit correspondent à un rituel d’initiation : « celui qui marche sur cette route pleine de dangers traversera intact le feu, l’eau, l’air et la terre ; s’il peut surmonter l’angoisse de mort, il s’élancera de la terre jusqu’au ciel... »

Le chœur chante : « Isis, Osiris, faîtes descendre l’esprit de votre sagesse sur ce jeune couple qui soupire après la lumière du temple. Vous qui guidez les pas du pèlerin armez-les de courage dans l’épreuve et faîtes briller à leurs yeux le prix de la vertu ».

Quand enfin, ayant surmonté les épreuves, la porte du temple s’ouvre, les prêtres chantent alors : « salut à vous initiés, vous avez pénétré les sombres mystères de la nuit, Osiris et Isis acceptez le tribut de notre reconnaissance ».

J’ai dit.

N\ A\-B\


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