Obédience : NC Loge : NC 10/01/2011


Allégeance et soumission


Titre de la planche que m'a proposé notre VM en cette fin d'année où je passais la porte du solstice d'hiver en votre compagnie morale.

Après avoir défini ces notions de manière profane avec quelques illustrations, je vais essayer  d'étudier comment elles ouvrent sur des vertus du maître secret et notamment celles d'obéissance et de devoir.

La soumission

La préposition sous souligne la sujétion. Soumettre, c’est mettre en état de dépendance par la force. Se soumettre, c’est céder à la force. C’est souvent une capitulation. La soumission est fille de la violence.

Celle-ci s'exerce en général contre la volonté du soumis, sauf dans certains cas particuliers de manipulation mentale.

Au Moyen-âge, dans les pays islamiques, les infidèles juifs ou chrétiens avaient la vie sauve car ils étaient enfants du Livre. Soumis, ils devaient payer une taxe. A noter que le terme d'Islam signifie en lui-même soumission.

A quelles lois sommes nous soumis ?

Tout d’abord aux lois universelles incontournables : les lois physiques, telles la gravitation, les lois chimiques et biochimiques qui règlent la vie de notre corps et dont la violation se traduit par la maladie. La soumission à ces lois ne supporte aucune discussion et de ce fait ne sera pas développée.

Dans l'exemple de la néoplasie, nos cellules, par défaut héréditaire ou surtout par acquisition d'anomalies génétiques, retrouvent leurs potentiels de multiplication, tout en perdant leur soumission aux signaux régulateurs de l'organisme.

La grande loi divine, mais elle ne concerne que ceux qui croient sauf à y prélever ce qui nous convient et en faire un matériau de notre propre morale comme par exemple: "tu aimeras ton prochain comme toi-même", "tu ne tueras point".

La loi comme " prescription établie par l'autorité souveraine de l'état, applicable à tous et définissant les droits et les devoirs de chacun ".Cette loi, élaborée par des hommes pour des hommes, peut être soit imparfaite soit mal appliquée.

Doit on être soumis à des lois que quiconque et surtout des professionnels habiles s'échinent et souvent réussissent à contourner voire à détourner ? Ne doit-on pas obéir au fond de la loi plutôt qu'à la forme ?

Les lois sont l'émanation du pouvoir en place quel qu'il soit et ont pour but la conservation de ce pouvoir à tel point qu'à chaque alternance, le nouvel arrivant ne remet pas en cause la législation antérieure.

Que doit-on faire lorsque la loi n'est pas bonne? Faut-il toujours y être soumis? L'insoumission devient alors conforme à la loi morale, comme pour la loi qui interdisait l'avortement, désobéir a été un moyen de la faire changer en mettant le législateur devant le fait accompli. Pour une fois la proposition est venu des concernées et non des professionnels de la politique soutenus par un lobby religieux.

Quelque soit notre opinion, la loi Veil a été l'occasion de révéler un grand moment de démocratie.

Je pense aussi à ceux qui ont bravé les interdictions de dissection des cadavres, sans leurs volontés où en serait la médecine aujourd'hui ?

Bien d'autres exemples démontrent que la désobéissance civique est source de progrès et que l'obéissance civique est source d'immobilisme

Je vais maintenant poursuivre par quelques autres exemples de soumission, sans aucune prétention d'exhaustivité mais d'illustrations.

Dans les différents types de contrat social, le curseur se déplace du  pactum societatis ou pacte d'association au pactum subjectionis ou pacte de soumission. Dans le premier, les individus décident d'abandonner l'état de nature et de se constituer en corps social. Ils renoncent donc, au profit de la collectivité du peuple qui devient souveraine, à tout ou partie de leurs droits naturels et obtiennent en échange des droits civils. Dans le second, un contrat de gouvernement est conclu entre le peuple et un chef qui acquiert la souveraineté et s'engage en contrepartie à l'exercer en vue de certaines fins tout en sauvegardant les droits du peuple et des individus.

Bien sur, dans ce dernier exemple, le chef prétend très souvent détenir le pouvoir en vertu d'attributs personnels et en raison d'un mandat reçu du ciel, des dieux ou des ancêtres royaux, ce qui lui permet d'agir au nom de la tradition considérée comme inviolable et d'exiger une soumission dont la rupture équivaut à un sacrilège. La relation au sacré restant toujours apparente, car c'est en s'y référant que ce type d'état affirme sa légitimité, élabore ses symboles les plus révérés, exprime une part de l'idéologie qui le caractérise.

En vacances à Perpignan cet été, je visitais le palais des rois de Majorque. Pour accéder à la salle du trône, les militaires devaient obligatoirement passer sous une porte basse et étroite, ce qui dans ce cas, symbolisait un acte de soumission. Je reparlerai de ce point.

Avignon , ville de mon adolescence, mais surtout lieu de résidence temporaire des papes au Moyen âge, ajouta une troisième clef à ses armoiries en symbole de la soumission de la ville à la puissance de l’église. Rappelons que les deux Clefs qui figurent sur les armoiries papales font allusion au pouvoir de « lier ou de délier » que jésus donna aux apôtres, mais renvoient aussi à la possibilité alchimique de coaguler et dissoudre l’or et l’argent. La clé d’or servant à lier. La clé d’argent à délier.

A propos d'adolescence, c'est l'âge où l'insoumission doit être la règle car elle sert à la construction. Un adolescent soumis en paiera le prix à un moment donné ou à un autre. Cela pourrait se traduire par une crise de milieu de vie (45/55) ou alors par d'autres pathologies, notamment l'anorexie mentale. Cette adolescente d'une soumission sociale et familiale exemplaire antérieurement se soumet maintenant à un régime alimentaire aberrant persuadée, de manière déréelle, qu'elle est trop grosse, affirmant qu'elle n'a pas faim. Elle affiche un mépris indulgent vis-à-vis des parents, qui ne comprennent pas qu'elle se soit donné un projet qui la détourne des satisfactions corporelles, au profit d'un idéal intellectuel et moral allant de pair avec le désir d'obtenir une minceur qu'elle ne trouve jamais suffisante.

Actuellement à la famille hiérarchique, fondée sur l'autorité du mari et du père et sur la soumission de la femme, est substituée une famille égalitaire où les époux, indépendants mais solidaires l'un de l'autre, décident ensemble du gouvernement de la famille. L'indifférenciation croissante des rôles masculin et féminin, la revendication de liberté individuelle et les contraintes de la vie sociale et professionnelle s'unissent pour fragiliser la vie commune en famille même si elle apparaît plus authentique lorsqu'elle réussit.

En droit français on utilise la substitution des clauses de la règle hiérarchiquement supérieure à celles de la règle inférieure, qui par hypothèse la méconnaîtrait.

Par exemple : la soumission du contrat individuel de travail à la convention collective qui permet de supprimer les clauses contraires de l'accord individuel pour être remplacées par celles de la convention collective, souvent plus avantageuses.

D'une manière plus globale, la soumission de la législation française à la législation européenne n'est pas sans poser quelques problèmes.

Existe t'il une soumission librement consentie ?

En fait non, dans ce cas il s'agit de la conséquence d'un procédé de persuasion qui conduit à donner l'impression aux individus concernés qu'ils sont les auteurs de certaines décisions. De cette manière, une personne pourrait ainsi modifier son comportement, ses objectifs et ses choix avec le sentiment d'être responsable de ces modifications.

Cette « responsabilisation » a pour objectif de conduire une personne à prendre plus rapidement et plus facilement une décision qui peut ou non lui être bénéfique mais qui est surtout favorable à celui qui use de cette méthode.

Ce procédé s'apparente à une manipulation, d'autant plus qu'elle fait usage de pression pour arriver à ses fins. Il est utilisé en vente directe, et peut contraindre un individu à faire un achat dont il n'avait ni l'envie, ni le besoin.

L'allégeance

On fait acte d’allégeance. Ce peut être une démarche personnelle, ou imposé politiquement, notamment au temps de la féodalité d'où ce terme provient : c’était par définition le serment de fidélité de l’homme libre à un plus puissant que lui, qu’il désignait comme suzerain. Encore fallait-il que celui-ci l’acceptât, car en contrepartie il devait protection à son vassal.

L'hommage lige implique un renforcement de l'hommage ordinaire; l'homme lige est tenu à tous les devoirs, positifs et négatifs, qu'entraîne l'hommage ordinaire; mais la ligéité implique un lien encore plus étroit. Le vassal lige est tenu de servir à ses dépens le suzerain, tant que dure la guerre que celui-ci soutient contre ses ennemis. La ligence est une véritable ligue offensive et défensive.

Revoyons les origines de la féodalité d'ou découle ce concept :

Les rois du haut Moyen Âge étendaient leur autorité, leur ban, sur tous les hommes libres ; ils les conduisaient au combat ; ils présidaient les assemblées où se rendaient la justice. Loin de leur palais, des représentants recevaient délégation de ces pouvoirs, ainsi qu'une dotation de terres qui constituait leur rétribution. Les Carolingiens, pour affermir leur emprise sur la population d'un empire devenu très vaste, jugèrent bon d'utiliser les pratiques privées de la vassalité déjà en usage dans les maisons des grandes familles aristocratiques. Ils exigèrent de tous ceux qui exerçaient le pouvoir en leur nom qu'ils devinssent leurs vassaux, en se recommandant, en se confiant à eux, par un engagement personnel très strict, qui devait durer jusqu'à la mort et qui obligeait à n'entreprendre aucune action préjudiciable au seigneur. Ils s'attachèrent de la même manière les plus puissants de leurs sujets et engagèrent les membres des aristocraties locales à se lier semblablement aux comtes (qui étaient liges du suzerain franc). Un réseau de dévouements individuels se tissa de la sorte, qui doubla celui des obligations publiques. Ce dernier s'en trouva quelque temps renforcé, mais peu à peu la mentalité du compagnonnage s'insinua dans les cadres de l'État : on pensa servir le roi, non point en vertu du ban dont il était investi, mais en fonction d'un contrat privé d'allégeance que certaines circonstances autorisaient à rompre. La délégation d'un office public prit insensiblement l'allure d'un «  bénéfice », d'un cadeau que le suzerain se devait de consentir à son vassal, en récompense de sa fidélité, et qu'il ne pouvait lui reprendre sans grave manquement de sa part.

Je ne résiste pas au plaisir de vous évoquer le baiser sur la bouche qui venait sceller le serment d'allégeance prêté par le vassal à son seigneur. Il apparaissait comme une manifestation parmi d'autres de l'amitié entre chevaliers.

La révolution française a amené une transformation radicale des rapports de production, elle détermine un avant et un après, repérables matériellement, d'abord dans les institutions, ensuite dans les relations réelles entre les individus. Aux rapports personnels d'allégeance s'est substituée la relation entre des citoyens libres, libres de disposer de leur capital : pour une minorité, les moyens de production et pour la majorité, la force de travail.

C'est sur la constitution fille de cette révolution que se prêtent beaucoup de serments d'allégeance modernes. En particulier, les présidents des États-Unis d'Amérique, les juges, et le personnel militaire font serment d’allégeance à la constitution.

La nationalité est un lien juridique et politique unissant une personne à un État déterminé. Ce lien, encore appelé allégeance, se manifeste par des devoirs de l'individu envers l'État dont il est en quelque sorte le sujet (obligations militaires, loyalisme, dont le défaut peut dans certains cas entraîner la perte de la nationalité) et, en sens inverse, par la protection diplomatique que l'État exerce sur lui. L'appartenance du national à la population constitutive de l'État le fait accéder à un certain statut privilégié - notamment à la jouissance des droits politiques -, dont sont exclus les étrangers.

Le droit international reconnaît à chaque État une compétence exclusive pour définir ses nationaux. Le problème est donc, pour chaque législateur, de déterminer les rattachements qu'une personne doit présenter avec le pays d'accueil pour obtenir sa nationalité. Certains États, comme l'Allemagne, ont une conception ethnique de la nationalité et retiennent quasi exclusivement la filiation envers un national, ce qu'on appelle le jus sanguinis, le droit du sang. D'autres États, surtout en Amérique, dont le peuplement s'est fait par voie d'immigration, retiennent à titre principal la naissance sur leur territoire - le jus soli, le droit du sol. La volonté de la personne est également prise en considération, et elle est même requise par les droits qui ont une conception élective de la nationalité selon laquelle la nation n'existerait que par le consentement de ceux qui la composent.

Je vais conclure la partie profane de ce travail par le poème Allégeance de René Char.(1947).

Pour le comprendre, la principale clé est que mon amour représente la poésie dont le poète est l’amant et à qui il fait allégeance.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l’aima?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L’espace qu’il parcourt est sa fidélité. Il dessine l’espoir et léger l’éconduit. Il est prépondérant sans qu’il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s’inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l’aima et l’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas ?

La soumission n'existe pas en franc maçonnerie, même si elle est évoquée à plusieurs reprises.

La soumission apparente n'est qu'une interprétation profane.

le premier voyage de Maître Secret apprend à distinguer l'autorité personnelle et la puissance des institutions. Humilité devant les secrets de la vie. Soumission aux lois de la nature dont nous sommes partie intégrante. Ce point a déjà été développé.

Dans l'aspect fondamental du quatrième grade, le récipiendaire est un serviteur du temple qui accède au rang de Lévite. Les lévites, descendant de la tribu de Lévy, héritier de la tradition mosaïque avait un ministère sacré différent de celui des prêtres. Il leur était défendu d'entrer dans le sanctuaire proprement dit et de s'approcher de l'arche d'alliance, mais ils assistaient les prêtres dans la préparation des sacrifices.

Existe t'il une porte entre les ministères ?

Revenons au rituel d'initiation au premier degré : Jules Boucher précise que : « Le profane, en pénétrant dans le  Temple, doit se courber, non en signe d’humilité, mais pour marquer la difficulté du passage du monde profane au plan initiatique. »

L'interprétation de la porte basse n'est donc pas soumission, mais c'est au contraire un symbole de construction.  Elle s’apparente à une clé en ouvrant le voyage réparateur et fondateur dont les mystères doivent révéler l’homme à lui-même. C’est la conscience en éveil axée sur une dynamique d’engagement, de lâcher prise, sur un ressenti.

La posture du passage symbolise l’humilité dont nous devons faire preuve au quotidien durant nos travaux. Il s’agira d’écarter ce « moi » promoteur, mis en exergue dans le monde profane, pour oser entrer en introspection, sur le « soi ». Il faudra constamment remettre en cause toutes nos certitudes, écouter et tenir compte des opinions que nous négligions jusqu’alors, pour nous guider vers la vérité.

Il faudra oser se lancer, sur des sentiers méconnus pour en sortir grandit.

Actuellement je trouve que cela s'effectue aux dépends de l'affect, cependant la confiance et l'accompagnement discret que j'ai me font penser que cette amputation est transitoire.

En renonçant à une forme de liberté anarchique, nous nous donnons les moyens de gagner une forme de liberté supérieure qui consiste à épanouir son humanité en vivant en harmonie avec les autres. Nous ne sommes plus donc dans le contexte d’une forme de liberté correspondant à ce qui, selon certains auteurs, fait que « nous sommes agis » ( la biologie, l’éducation, les passions les émotions..) mais dans un contexte d’exercice de notre Raison.

Spinoza nous le dit dans l’Ethique :« l’homme libre est celui qui vit sous le seul commandement de la Raison »

Notre Liberté est sous le contrôle de notre Raison et elle a  comme conséquence notre Responsabilité ; Sartre nous le précise quand il définit l’existentialisme  «  comme un humanisme totalement libre et totalement responsable. »

Libre, je suis donc responsable et cela me donne encore plus de devoirs ; ce que confirme V.Hugo lorsqu’il déclare « Tout ce qui augmente la Liberté augmente la Responsabilité »

Les “Grades de Vengeance“, sont considérés comme étant un grade de purification et d’épuration. Les outils utilisés sont le poignard et l’épée, instruments de vengeance et de justice employés pour trancher la tête des mauvais compagnons, assassins du Maître.

Cet acte en apparence barbare, enseigne qu’il faut supprimer en soi tout ce qui fait obstacle aux élans verticaux vers la lumière, en éradiquant, entre autres choses, l’intolérance, l’ignorance, le fanatisme, l’intégrisme, la jalousie et l’ambition.

Pour nous y aider, nous faisons confiance et portons déférence à nos ainés.

La déférence n'étant pas soumission mais « la considération respectueuse à l’égard d’une personne et qui porte à se conformer à ses désirs et à sa volonté », ce sentiment se révèle ici comme un complément indispensable à la confiance. A l’analyse, c’est la considération que nous pouvons avoir pour la sagesse de nos Ainés qui peut nous pousser au respect et à la confiance, synonyme d’adhésion et de foi en leur personne. Mais le recours à leur expérience  ne doit pas nous conduire au reniement de notre personnalité, au renoncement de nos propres idées, car chacun de nous a le devoir d’apporter une contribution à la recherche de la Vérité. La quête de la Lumière et de la Connaissance apparaît ici comme une Tradition qui se constitue progressivement par l’apport des uns et des autres, y compris les nouveaux MM\ que nous sommes.

Si, comme cela s’est révélé au cours de notre progression, cette Lumière se trouve au fond de nous, c’est finalement par la pratique de toutes les vertus que nous pouvons progressivement nous débarrasser des mauvaises habitudes et des mauvais caractères qui nous empêchent d’accéder à la parcelle de divinité enfouie en nous.

Le Maître Secret ne se retire plus sous la loi du silence comme en loge bleue mais il se tait car on lui a appris "à garder le secret, à être obéissant et fidèle ».

Au décours de notre parcours maçonnique, nous portons allégeance tout d'abord à notre loge en signant et en jurant de respecter le règlement intérieur, puis à notre obédience le Grand Orient. De même, nous portons allégeance à notre atelier et au grand collège du rite écossais ancien accepté.

Mais il s'agit de libre adhésion et pour renforcer cette adhésion, on crée des liens par le serment. Dans cette optique, ma liberté n'est pas restreinte par l'allégeance car j'ai toujours le choix de me retirer, mais si j'adhère, j'obéis.

Le grade de maître secret est placé sous le signe du silence ou du secret matérialisé lors de la cérémonie de réception par la position du sceau du secret sur les lèvres des candidats.

Quel autre alternative alors que celle d'obéir étant donné que nos lèvres sont scellées.

Ce grade, comme d'autres antérieurs, mais peut-être de manière plus perceptible, a aussi pour objectif de rappeler aux maîtres que la lumière est loin d'être acquise, que le chemin de perfection a pour seul fin le passage à l'orient éternel et que le chemin du perfectionnement individuel est semé d'embûches.

Un autre aspect du comportement du maître maçon en Loge est sa faculté de vivre le moment présent, c’est-à-dire de donner la plus grande importance au moment présent, ici et maintenant. Quand vit-on? Hier, aujourd’hui ou demain. Evidemment maintenant, à l’instant présent où je vous lis (et vis) mon texte. Tout le reste est souvenirs et passé, ou imagination et futur. En vivant le moment présent, le maître maçon sera en pleine possession de lui-même, ce qui lui permettra de mieux gérer sa vie. Le passé ne lui est utile que pour les leçons et expériences acquises, le futur n’étant créé que par son action consciente du moment présent.

Mais revenons à la méthode suggérée au M\ : La quête du M\ repose sur le désir d’aller plus loin. L’approfondissement symbolique devrait commencer à prendre du sens.

Cependant le Maître Secret ne risque t-il pas en allant plus loin, en désirant élever un Temple qui rejoint les cieux, de sombrer dans l’entropie et la catastrophe signifiées par le récit biblique du mythe de la tour de Babel : les ouvriers dispersés et  les outils brisés ? Le risque existe et le rituel le rappelle

«  Vos travaux peuvent n’être pas récompensés, car celui qui sème ne récolte pas toujours »

Il faut donc recommencer, au quatrième degré, un nouveau cycle, peut-être plus élevé, mais toujours vertueux de l’apprentissage et de son écoute,  pour porter au dehors ce que nous avons acquis dans nos temples. Ce cycle pouvant être angoissant, si nous définissons l'angoisse comme le contraste entre imagination et réalité.

Notre devoir d’obéissance et de fidélité n’est pas contracté avec des personnes, mais avec le Grand Principe et avec l’ensemble de l’Humanité, en partant de la reconnaissance implicite de l’autre comme semblable à nous-mêmes. Si cette action commence par l’observance du secret, matérialisée par le signe de reconnaissance des Maîtres Secret, elle passe aussi par le respect de l’engagement pris sur l’Autel des Serments de respecter l’allégeance au Suprême conseil, aux règlements, statuts et décrets, principes et traditions maçonniques et la fidélité de mes devoirs envers l’humanité, mon pays, ma loge, ma famille, mon frère, mon ami, mon prochain.

Le M\ a compris que l’étoile est en lui, que la quête est intérieure. Il a compris que ses sens extérieurs sont incapables de voir la lumière, de la toucher et de percevoir son appel. Par la connaissance de lui-même il perçoit son obscurité, sa noirceur, ses ténèbres. Il ne s’agit pas de les nier mais d’assumer leur transmutation. C’est seulement à force de plonger dans sa dimension de profondeur, dans son fond sans fond, qu’il pourra découvrir en lui-même cette parcelle de vérité.

En s’engageant à remplir les devoirs de son degré, il s’engage à refuser de se laisser entraîner dans les pièges des pulsions, des désirs, ou tout au moins à mieux les assumer.

Pour cela, il s’engage aussi à travailler. La loge bleue au grade de compagnon glorifie le travail. La loge de perfection est aussi l’école du travail : « Malheur à qui assume une charge qu’il ne peut  porter », « Malheur à qui accepte légèrement des devoirs et qui, ensuite, les néglige ». Il n’est pas de parcours spirituel qui ne demande un investissement de soi important. Le M\ est passé de l’équerre au compas, et « commence à pénétrer dans les hautes régions de la connaissance spirituelle ».

Ce chemin  reste accessible à chacun d'entre nous, ce qui entraîne de fait  la remise en question du temple de Salomon qui doit être détruit, car ce n'est pas dans le temple que se situe l'essence spirituelle, mais dans la nature et l'universalité de notre être.

A nous seul appartient la responsabilité d'aller jusqu'au bout de nous même. Le parcours maçonnique nous apprend à devenir libre et à oser faire face à notre chaos intérieur pour avancer vers la vérité et la lumière

Si le savoir s'acquiert, la connaissance se découvre: elle est une élévation du niveau de conscience, probablement un dévoilement.


V
\M\, j'ai dit.

X\ M\

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