Obédience : NC Site : http://www.vrijmetselaarsgilde.eu Date : NC

Congrès antimaçonnique de Trente

Des milliers de documents antimaçonniques témoignent de l'action engagée par le pape Léon XIII pour combattre la franc-maçonnerie, à laquelle le pape imputait tous les maux du siècle. En avril 1884 est publiée l'encyclique Humanum genus, dans laquelle le pontife affirme la nécessité de s'opposer par tous les moyens à la diffusion de « l'abominable » action de la franc-maçonnerie et suggère également les moyens de la vaincre. Il demande ainsi aux catholiques de se réunir en une vaste société d'action et de prière. Ces demandes réitérées entraînent, en 1893, la constitution de l'Union antimaçonnique et la création de la Rivista antimassonnica (Revue antimaçonnique). Le pape attribue à la maçonnerie la responsabilité de la perte de la principauté civile des papes, de la suppression des ordres religieux, de la loi sur l'obligation du service militaire pour les prêtres et de la confiscation des biens ecclésiastiques. Accusations privées de fondement lorsqu'on connaît l'importance réelle de l'obédience italienne: mais cela n'empêche pas les catholiques intransigeants de déchaîner attaques et accusations contre les maçons.

Cette campagne diffamatoire s'appuie sur la publication de certains livres à scandale, œuvres d'anciens maçons qui dénonçaient la pratique dans les loges, de rites sataniques et de rites palladiens ainsi qu'une dangereuse alliance entre maçons et juifs; ils affirmaient aussi qu'Adriano Lemmi Grand Maître du Grand Orient d'ltalie était à la tête de la maçonnerie universelle.

Le succès obtenu par ces dénonciations augmente l'audace des écrivains: Léo Taxil Domenico Margiotta le docteur Bataille et la mystérieuse Miss Diana Vaughan deviennent très populaires. La Rivista antimassonnica publie régulièrement les révélations de Taxil et de Vaughan pour appuyer les accusations de pratique du culte de Satan. Une large part est également réservée au présumé complot judéo maçonnique. C'est dans ce climat de croisade que mûrit le projet d'un Congrès international antimaçonnique, qui devait réunir toutes les forces du catholicisme et étudier les moyens les mieux adaptés pou r combattre l'action de la maçonnerie. Tout au long de l'année 1895, la section romaine de l'Union Antimaçonnique est en rapport avec les forces catholiques d'Espagne, d'Autriche-Hongrie, des États-Unis et du Canada, mais surtout avec les catholiques français qui vivent une expérience semblable à celle de l'Italie. C'est de la presse catholique française qu'arrive le premier soutien formel à la convocation du Congrès. On proclame que l'ltalie est aux mains de la maçonnerie puisque le Grand Maître est très lié au chef du gouvernement. Le Congrès doit donc constituer une réponse à l'œuvre que, selon les catholiques, les maçons réalisent dans la société civile et aux attaques portées contre l'Église dans trois nations catholiques: la Hongrie, la France et l'ltalie. D'importantes manifestations religieuses, des pèlerinages et des neuvaines préparent le monde catholique au grand événement qui se déroule à Trente, ville placée sous le gouvernement de l'Empire austro-hongrois et, surtout, ville d'où était parti, avec le Concile de 1545 le mouvement de réforme catholique destiné à lutter contre la diffusion du mouvement protestant. Dans la mesure où la franc-maçonnerie était considérée comme une continuité du protestantisme, les catholiques sont appelés à répéter la même action pour l'endiguer que trois siècles auparavant.

Le premier Congrès Antimaçonnique débute avec grande solennité le 26 septembre 1896. Quatre sessions de travail sont prévues. Doctrine maçonnique, Action, maçonnique, Prière Action antimaçonnique. Il est établi que la presse catholique, doit multiplier la publication de livres et d'opuscules contre la maçonnerie en les rédigeant dans un style facile pour qu'ils soient accessibles et pénètrent le peuple. La proposition de constituer une commission d'étude permanente pour réunir des documents et des informations ainsi que pour réaliser un dossier sur tous les maçons, est approuvée. Il est aussi établi que toute critique vis-à-vis du clergé équivaut à faire de la propagande pour la secte abhorrée. On étudie la possibilité de fonder des associations catholiques universitaires.

Les travaux du Congrès ont pour base les révélations de Taxil et aussi de Diana Vaughan, dont l'existence ne fut jamais prouvée malgré toutes les tentatives pour la retrouver. Ce sont les jésuites allemands qui manifestent les premiers de sérieux doutes sur l'existence de ce mystérieux personnage, en dénonçant la spéculation sur ses « révélations ». On ne les écoutera pas et ils seront sévèrement critiqués jusqu'à ce que Léo Taxil, dans une conférence donnée à Paris le 19 avril 1897, proclame publiquement qu'il a trompé le monde catholique avec ses fausses révélations. Les écrits de Taxil n'en continuent pas moins à être largement suivis par ceux qui n'étaient pas disposés à accepter une nouvelle version des faits. Commence cependant le rapide déclin de l'Union Antimaçonnique et de sa revue qui cesse ses publications au début du XXe siècle. 

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