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Cagliostro ou les fondements de la maçonnerie dite Egyptienne

Je vous rassure tout de suite, mes Frères et mes Sœurs il n’entre pas dans mes intentions de vous faire un cours d’histoire sur le rite de Memphis-Misraïm - ou plutôt de Misraïm-Memphis s’il fallait respecter l’ordre historique. Ceci n’est ni le lieu n’est guère le but d’une planche en loge bleue, et de plus nous avons la chance à la GL3M à la Réunion d’avoir un Cercle de Recherche dont c’est le rôle et auquel je n’entends bien évidemment pas me substituer…

Mais je vous parlerai de Cagliostro, lui qui fut la première pierre de notre rite dans ce qu’il est coutume d’appeler la maçonnerie Egyptienne quoique nous verrons qu’elle n’est égyptienne que fort peu tant elle emprunte ses sources ailleurs… Et pourtant Cagliostro, qualifia le rite qu'il constitua dans les années 1780 de « Rite de la Haute Maçonnerie Egyptienne ». Mais pour Cagliostro, son rite est égyptien car il se réfère idéalement à l'Egypte copte, l'Egypte des premiers chrétiens. On gardera donc à l’esprit qu’un rite maçonnique dit « égyptien » est un rite qui recourt à la mythologie en général mais surtout grecque et biblique. De ce point de vue, Cagliostro en est véritablement le fondateur même si d’autres (1) ont contribué – et pour certains pas un peu – à son développement.

J’essayerai en vous parlant de Cagliostro d’amener un éclairage sur ce que nous connaissons tout un chacun du rite et de ce que nous connaissons moins… Car si nous voulons en comprendre le contenu dans ceux de ses aspects peu courants, il faut connaitre un minimum l’homme qui l’a engendré et dont Robert Ambelain - dont je vous rappellerai qu’il fut Martiniste - n’a pas trahi la mémoire en le finalisant sous la version que nous connaissons aujourd’hui même s’il en réforma les rituels en profondeur (2).

Je serai récompensé si je parviens à déclencher chez certains le désir d’aller plus loin par eux-mêmes dans la découverte non seulement d’un personnage qui reste une énigme à ce jour et d’un rite qui pousse la Franc-Maçonnerie dans des extrêmes fort peu ou même pas du tout connus de la plupart des Francs-Maçons et dont nous parlerons rapidement plus tard.

Né en 1743, Cagliostro est un personnage dont le moins que l’on puisse dire est qu’il est hors du commun : Napoléon le tint pour le responsable de la révolution de 1789, Catherine de Russie s’en méfiait comme de la peste, le voyant comme un danger à son pouvoir autocratique, Mozart (3), Dumas (4) et Goethe (5) s’en sont inspiré même si pour le dernier ce fut pour le trahir et sauver sa réputation. Louis XVI l’a enfermé à la Bastille à la suite de l’affaire du collier (6) puis acquitté quelques années plus tard pour être arrêté de nouveau par l’inquisition romaine qui elle l’avait condamné comme ce qu’elle appela « le grand illusionniste de la maçonnerie » sur ce sur ordre du Pape Pie VI lui-même le 27 décembre 1789. Il fut enfermé dans une geôle infâme de la citadelle de San Leo (7) où il mourut en 1795.

Cagliostro fut tout à la fois un homme de cœur - un guérisseur qui a soigné gratuitement des milliers de malades dans de nombreuses villes d’Europe - un franc-maçon bien sûr, mais aussi un chaman, un prophète auto-déclaré, un manipulateur hors pair, un voleur, un menteur, un escroc, un parasite vivant au crochet de ceux qui l’approchaient et on lui prête au moins un assassinat à son actif (8). De plus il n’hésitait pas à se servir des charmes de son épouse Seraphina pour arriver à ses fins.

Un brin de son histoire pour illustrer mon propos. Cagliostro, de son vrai nom Guiseppe Balsamo, naquit donc en 1743 à Palerme en Sicile (9) dans un milieu extrêmement pauvre. Il passa les premières années de sa jeunesse dans un monastère (10) ou il fit fait preuve d’une intelligence remarquable et développa des dons d’apothicaire peu communs, s’initia à l’hermétisme, à la Kabbale et la Gématrie (11). Une fois s’être fait expulser du monastère encore adolescent, il s’en servit pour vivre en se faisant passer pour un devin, diseur de bonne aventure, vendeur de talismans, philtres et autres amulettes et accessoirement faussaire extrêmement doué.

A l’âge de 20 ans, il adopta le nom de Cagliostro et quitta la Sicile pour visiter les rivages de la méditerranée, et débarqua deux ans plus tard à Malte où il trouva un travail auprès des Chevaliers de St Jean - l’Ordre de Malte. Il y passa deux ans comme apothicaire où son authentique passion et ses compétences pour concocter des médicaments lui permirent d’emporter de chaleureuses lettres de recommandation des plus hautes autorités de l’Ordre lorsqu’il le quitta ce qu’il aida plus tard à se forger des origines autrement plus nobles que celles qu’il avait.

Après quelques années en Italie, un premier séjour en Angleterre puis à Paris, Cagliostro et son épouse réapparurent à Londres où il se présentait alors comme savant occultiste et s’affublait d’origines prestigieuses. Ce qui ne l’empêchait pas de vivre d’expédients et de prétendus miracles (il était un peu le David Copperfield de son époque), et d’escroquer beaucoup de ceux qui l’approchaient avec l’aide de sa femme.

C’est donc à Londres, le 12 avril 1776 à l’âge de 33 ans, que Guiseppe Cagliostro, qui s’était présenté comme Comte de Pellegrini, colonel au 3ème régiment de l’armée de Brandebourg et Prince de Trébizonde (12) excusez-le du peu - fut initié à la Loge de l’Espérance au rite de la Stricte Observance (13).

Le rite de la Stricte Observance était un modeste rameau d’une puissante obédience fondée en 1754 par un Saxon (14) et qui avait essaimé dans l’empire germanique, en Europe centrale et dans le sud de la France. Elle puisait son inspiration dans l’histoire des Templiers et s’était inspirée fortement de la légende des Rose-Croix et de Christian Rosenkreutz (15), son mythique fondateur.

C’est à cette période que Pellegrini - qui avait l’identité fluctuante et se faisait aussi appeler Cagliostro selon son humeur - mit la main sur un obscur texte maçonnique qui affirmait les origines égyptiennes de la Franc-Maçonnerie (16). Selon ce document, la franc-maçonnerie était née à l’âge des pyramides, fondée par un énigmatique prêtre égyptien appelé le Grand Copte et ses buts n’étaient rien de moins que la régénération physique et morale complète de l’humanité par une réunification avec les esprits divins. Ce document fut une véritable révélation pour Cagliostro.

Ayant du quitter une fois encore l’Angleterre poursuivi par ceux qu’il avait escroqué, les Cagliostro finirent par arriver dans le duché de Courlande situé dans la Lettonie d’aujourd’hui.

Cagliostro présenta sans peur des insignes de Grand Maître (17) et Prince Rose-Croix du Rite de la Stricte Observance au Francs-Maçons locaux les plus éminents au nombre desquels se trouvaient la famille régnante. Il annonça qu’il avait été chargé de réformer le rite en Europe centrale et qu’il tirait ses ordres de « supérieurs inconnus » dont le Grand Copte lui-même.

C’est à partir de cette époque qu’il se lança dans un enseignement de la théurgie ou l’art de communiquer avec les esprits bienveillants pour œuvrer par leur intermédiaire. Il expliquait que certains immortels prenaient forme humaine pour apprendre aux hommes à communiquer avec les esprits. Il parlait de 7 archanges célestes (18) - des bons esprits - qui avaient reçu de Dieu – qu’il appelait le Grand Architecte – la mission de guider les initiés mais aussi d’empêcher les humains de pratiquer la magie noire. Il se présentait comme disciple d’Elie (19) dont les maçons égyptiens pouvaient aspirer à être, tout comme, lui emportés aux cieux sous leur forme humaine.

Durant leur parcours initiatique, les maçons égyptiens auraient à se laver de la souillure du péché originel et tendre vers la perfection spirituelle à travers de redoutables épreuves et des passages de grades successifs dont seuls 12 d’entre eux sortiraient du grade ultime pour devenir immortels et les gardiens spirituels du monde pour l’éternité.

La maçonnerie égyptienne qu’il pratiquait combinait l’enseignement cabalistique des Hébreux, la doctrine Chrétienne et la magie astronomique et l’alchimie des Musulmans.

Peu après, Cagliostro débarqua à Saint Petersbourg où il continua ses enseignements dans les loges maçonniques. C’est là qu’il entreprit pour la première fois de soigner gratuitement les pauvres malades sur une grande échelle ce qu’il fit également lors d’un séjour à Varsovie. Il le fit plus tard à Strasbourg où il se présenta dès ce moment comme fondateur et chef de la maçonnerie égyptienne. Il n’était plus un disciple du Grand Copte mais le Grand Copte lui-même.

C’est à Lyon qu’il ouvrit le 24 décembre 1784 la Loge mère de la maçonnerie Egyptienne en France sous le nom de « La Sagesse Triomphante » (20), rapidement suivies d’autres. Il attira vers la maçonnerie égyptienne le gratin de la noblesse française et des hauts dignitaires de l’époque.

Confondu dans la célèbre affaire du collier de la Reine, il fut embastillé puis libéré et retourna en Italie. C’est là qu’en 1788, il délivra une patente de constitution à une loge nommée Saint Jean de la Fidélité, située à Venise. Fondée par des Sociniens (21), elle adopta un rituel Egyptien différent de celui libellé par Cagliostro mais cautionné par lui et dont la rituélie était plus proche des sources templières que celle magico-cabalistique que Cagliostro avait instauré dans ses rituels.

Mais aux yeux de l’inquisition catholique, la franc-maçonnerie était maudite. Le pape Pie VI décréta l’arrestation de Cagliostro et le fit enfermer dans une geôle dont il ne ressortit jamais plus (22) et dans laquelle il mourut le 26 août 1795.

A ce point de ma planche, rappelons-nous mes Sœurs et mes Frères les paroles du Vénérable Maitre : « Ici sont les Arcanes de la Gnose. Que ceux qui ont des oreilles entendent, que leurs yeux voient et que leur âme comprenne ». Alors rappelons-nous donc que dès le deuxième degré, nos apprentis devenus Compagnons découvriront les Rose-Croix et Hermès Trismégiste dans nos rituels.

Cagliostro l’avait prédit…sa mort l’a rendu immortel…nous sommes dans notre rite de Memphis-Misraïm ses enfants autant que ceux d’Hiram que certains d’entre nous ont déjà découvert. En effet, une fois la révolution achevée et sous l’ardente impulsion du « siècle des lumières » une bonne partie de la franc-maçonnerie avait emprunté un chemin matérialiste et politique, déviant ainsi de son but initial : la réalisation spirituelle. Sans refaire l’histoire, on peut néanmoins affirmer sans trop de risques que les secrets de l'opérativité hermétique furent déposés notamment dans les hauts grades de Memphis et de Misraïm (c'est-à-dire les prémisses de la Maçonnerie Egyptienne d’aujourd’hui) (23).

L’enseignement de Cagliostro évoquait le « Secreto Secretorum » c.-à-d. le Secret des Secrets. C’est ainsi qu’il nommait les Arcana Arcanorum (24), nom que l’on rencontre dans la littérature rosicrucienne (25) qui désigne des enseignements et rituels dans lesquels il puisa au cours de ses nombreux voyages dans les Ordres initiatiques d'Europe.

Le programme de travail contenu dans le « Secreto Secretorum » se divisait en deux étapes, précédées d'une longue phase de préparation. La première étape s'attachait à la régénération « morale », c'est-à-dire psychologique et spirituelle, et la seconde avait pour but la régénération du corps ; chaque étape était décrite comme une quarantaine (26).

L’objectif de la première quarantaine sera l’invocation des 7 archanges célestes que nous avons évoqués plus haut. Ces sept archanges guideront l’initié et l’aideront à devenir psychiquement et spirituellement parfait. Cette première phase est celle dite de la Théurgie (27).

La seconde étape consistera en une régénération du corps. Toutefois, l’initié ne cherche pas à devenir immortel dans son corps, mais à disposer du temps nécessaire pour repasser du biologique au spirituel.

Pour que les deux étapes réussissent, l'initié devra vivre selon une éthique irréprochable (les alchimistes diront que l'homme doit attendrir la pierre avant de la travailler, les mystiques enseigneront que le cœur doit être ouvert ; nous francs-maçons diront qu'il doit demeurer « dans la Chambre du Milieu » ou « au centre du cercle ».

Aux pratiques ci-dessus, Cagliostro y ajouta celles aujourd’hui référencées sous les vocables « d’alchimique » et « de la voie interne ». Ces voies consistent en une pratique de l’alchimie métallique de laboratoire et une pratique des alchimies dites internes, utilisant les processus et qualités substantielles du corps physique considéré comme athanor, ce « four à température constante » des alchimistes. L’alchimie spirituelle conduit l’être à cheminer vers la perfection de sa propre nature et dans cette dernière, chaque étape de l'alchimie métallique trouvera sa correspondance dans le corps de l'adepte qui effectue un aller-retour permanent entre l'Œuvre extérieure et l'Œuvre intérieure.

En fait Cagliostro n'a pas vraiment inventé ces procédures car à son époque elles étaient jusque-là réservées à de petits cénacles aristocratiques fermés mais il les a rendues plus accessibles en les intégrant dans son rite maçonnique.

L'originalité de notre rite, héritée en droite ligne de Cagliostro réside principalement dans ses grades maçonniques spécifiques. Sans trahir des secrets qu’un esprit curieux avec un accès à Google peut découvrir sans trop de peine, ses degrés d'instruction et d'enseignement se situent sur une échelle de grades divisés en trois séries distinctes :

La Maçonnerie symbolique, du premier au troisième degré, qui travaille sur le symbolisme et énonce les prémices de la recherche philosophique.
La Maçonnerie philosophique, du 4ème au 33ème degré, qui s'attache à l'étude de la philosophie et des mythes. Enfin, la Maçonnerie hermétique et ésotérique, du 34ème degré et au delà, étudie les mythes religieux des différents âges de l'Humanité et accède au travail philosophique et ésotérique le plus avancé.

Peu d’entre nous arriverons à étudier et pratiquer les enseignements du Maitre Cagliostro car comme on le voit, ceux-ci sont réservés aux grades ultimes du rite Egyptien et l’âge n’arrange pas les choses compte tenu du temps qu’il faut pour y arriver – si toutefois on y aspire. J’en resterai là aujourd’hui en espérant que l'apprenti-maçon que nous restons tous sépare le bon grain de l'ivraie dans ses recherches, et en espérant que nous comprenions et acceptions que l'Ordre auquel nous appartenons est réellement une Voie initiatique hors du commun.

Mes Sœurs et mes Frères, Vénérable Maitre, j’ai dit.

J\-M\ Ch\

Notes :
(1) La première loge française de Misraïm (Misraïm signifiant « Égypte » en hébreu) bien attestée fut fondée en 1814-1815 à Paris par les trois frères Marc, Michel et Joseph Bédarride, cadres moyens de l'armée impériale en Italie. Il semble que ce rite soit apparu dans la République de Venise, peut-être à partir d'une patente délivrée par Cagliostro lui-même. Le Rite de Memphis naquit lui peu avant 1838, sous l'influence de Jean Étienne Marconis de Nègre (1795-1868). Exclu du rite de Misraïm, il fonda en 1838 l'Ordre de Memphis dont il devint le Grand Maître et Grand Hiérophante. En 1841, sur la dénonciation des frères Bédarride, son rite fut interdit en France sous l'accusation d'afficher des sympathies républicaines. En 1862, répondant à l'appel du Maréchal Magnan, Grand Maître du Grand Orient de France, pour l'unité de l'Ordre Maçonnique en France, Marconis proposa la réunion de son rite à l'Obédience, ce qui fut fait la même année : les Loges qui composaient l'Obédience se réunirent au Grand Orient de France. En France, le docteur Gérard Encausse (dit Papus), fondateur de l'Ordre Martiniste et adversaire du Grand Orient de France, ouvrit la loge Humanidad qui devient l’Antique et Primitif Rite Oriental de Memphis-Misraïm dont il en devint le Grand Maître. Lui succéda entre autres, Constant Chevillon de 1934 à son assassinat en 1944 par la Milice française. Robert Ambelain, ayant pris la direction du rite en 1960, en réformera les rituels en profondeur et renommera l’obédience du nom de « Grande Loge Française du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm ».
(2) Ambelain était Martiniste, un courant de pensée ésotérique, rattaché à la mystique judéo-chrétienne. Ce courant de pensée remonte à Joachim Martinès de Pasqually, fondateur en 1761, de l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l'Univers, ordre qui pratiquait la magie et la théurgie.
(3) Auquel on le retrouve sous les traits de Sarastro, grand prêtre d’Isis et d’Osiris et régnant dans son palais de la sagesse dans « La flûte enchantée ».
(4) Père et fils lui ont consacré 4 romans assez fantaisistes (Joseph Balsamo, Mémoires d’un Médecin, Le Collier de la Reine et La Prise de la Bastille).
(5) Il fit jouer à Weimar en 1782 un pièce burlesque, « Le Grand Cophte », comédie en cinq actes qui accable de sarcasmes le thaumaturge, sous le nom de comte Rostro, répudiant là son « frère initié » Cagliostro, de peur d’être assimilé à celui que l’inquisition avait condamné comme le « grand illusionniste » de la maçonnerie.
(6) L’affaire du collier de la reine est une escroquerie qui eut pour victime, en 1785, le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, et qui éclaboussa la réputation de Marie-Antoinette, reine de France. En 1772, Louis XV souhaita faire un cadeau sous la forme d’un collier de très grande valeur à Madame du Barry mais mourut entretemps. Son successeur Louis XVI souhaita en faire cadeaux à Marie Antoinette qui le refusa et le collier resta à vendre. A l’origine de l’affaire on trouve Jeanne de Valois-Saint-Rémy, devenue maîtresse du Cardinal Louis de Rohan, homme qui menait un train de vie fastueux et dissolu et autour duquel gravitait Joseph Balsamo, qui se faisait appeler comte de Cagliostro à qui il soutirait de l’argent en échange de prétendus miracles. La vie dissolue du cardinal alors en poste à Vienne avaient scandalisé Marie-Thérèse mère de Marie Antoinette et l'impératrice avait demandé à Versailles le rappel de cet ambassadeur et l’avait obtenu. Depuis ces épisodes, la reine, fidèle à la mémoire de sa mère, était plus qu’en froid avec le cardinal et ce dernier se désespérait de cette hostilité. Jeanne de Valois devenue entretemps comtesse de la Motte, avait persuadé qu’elle pouvait œuvrer à sa réhabilitation dans le cœur de la reine et avait fait parvenir une fausse lettre au cardinal. Dans celle-ci, la reine lui expliquait qu’elle désirait acquérir ce bijou mais ne pouvant se permettre de l’acquérir ouvertement, elle lui faisait demander de lui servir d’entremetteur, s’engageant par contrat à le rembourser en versements étalés dans le temps - quatre versements de 400 000 livres - et lui octroyant pleins pouvoirs dans cette affaire. La comtesse de la Motte s’était ménagé la complicité de Cagliostro, dont le cardinal était fanatique (il ira jusqu’à déclarer « Cagliostro est Dieu lui-même ! »). En effet, devant le cardinal, le mage avait fait annoncer par un enfant « médium » un oracle dévoilant les suites les plus fabuleuses pour le prélat s’il se prêtait à cette affaire : la reconnaissance de la reine ne connaîtra plus de bornes, les faveurs pleuvront sur la tête du cardinal, la reine le fera nommer par le roi premier ministre. Elle organisa un rendez-vous secret entre Marie Antoinette et le prélat mais avec l’aide de Cagliostro elle y fit paraitre un sosie de celle-ci qui acheva de convaincre le prélat d’acquérir le collier pour le compte de la reine pour un total de 1.6 million de livres et de le remettre à la comtesse pour qu’elle remette à son tour à la reine. Bien entendu le collier n’arriva jamais à destination et fut démonté et ses pierres revendues mais l’affaire finit par éclater au grand jour.
(7) Aussi connu sous le nom de Château Saint-Ange, dans la région des Marches alors l’un des Etats Pontificaux en Italie. Les États pontificaux (ou « États de l'Église ») sont les États qui furent entre 752 et 1870 sous l'autorité temporelle du pape.
(8) Celui d’un prêtre alors qu’adolescent, il était à la tête d’un gang de voyous qui terrorisaient son quartier, n’hésitant pas à se battre avec la police. Il fut relâché faute de preuves suffisantes.
(9) Dans une rue minable appelée à l’origine vicolo della Perciata du quartier arabe de Palerme.
(10) Le monastère de Fatebenefratelli.
(11) La Gématrie (« guématrie » ou « gematria ») est une forme d'exégèse propre à la Bible hébraïque dans laquelle on additionne la valeur numérique des lettres et des phrases afin de les interpréter.
(12) L’Empire de Trébizonde est un État successeur de l’Empire byzantin, centré autour de l'actuelle Trabzon (Trébizonde), dans la région du Pont, sur le littoral de la mer Noire. Établi en 1204, à la suite de la chute de Constantinople au cours de la quatrième croisade et de la formation de l’Empire latin de Constantinople, il disparaît lorsque le sultan ottoman Mehmed II s'empare de Trébizonde en 1461.
(13) Celle-ci avait ses tenues dans la taverne King’s Head dans Gerrad Street à Soho, recrutait dans des milieux modestes et l’on y pratiquait une maçonnerie spéculative et mystique. Par ailleurs, elle avait un statut particulier de « loge d’adoption » qui autorisait l’existence d’organisations parallèles réservées aux femmes et le couple devint « Seigneur et Dame de l’Espérance ».
(14) Le Baron Charles von Hundt.
(15) Christian Rosenkreutz ou Christian Rose-Croix (« le Chrétien à la Rose et à la Croix ») est un personnage mythique, censé être le fondateur de la Rose-Croix. Les avis divergent quant à son origine et à son existence même.
(16) Ecrit sous la plume d’un certain Georges Crofton et dont on n’a jamais retrouvé l’original mais un document décrivant les rites qu’il contenait - curieusement écrit en Français - est conservé dans les archives de la Grande Loge d’Ecosse.
(17) Il semblerait que la mort du fondateur le l’ordre ayant laissé le rite ouvert aux dissensions internes, il n’eut guère de problème à se faire reconnaitre pour tel.
(18), Michael, Raphael, Gabriel, Uriel, Zobachiel et Anachiel.
(19) Élie est prophète d'Israël au IXème siècle avant J.-C., après la mort de Salomon. Il est le héraut de YHWH, le Dieu d'Israël, et réalise de nombreux prodiges avant de s'envoler aux cieux dans un tourbillon. Il est aussi, selon les prophètes bibliques, l'annonciateur du Messie à la fin des temps.
(20) Dont les statuts et règlements montrent un fonctionnement fort différent que celui que nous connaissons aujourd’hui dans nos loges.
(21) Hérésie chrétienne des partisans de Socin, spiritualistes protestants partisans d’une rigueur morale et intellectuelle et qui rejettent les mystères de la religion, le péché originel, la grâce et particulièrement la divinité de Jésus-Christ. Son fondateur Lelio Sozzini dit Socin né à Sienne en 1525, militait pour un christianisme raisonné et tolérant, caractérisé par la simplicité évangélique du culte et de la foi. Réformateur, Socin avait des difficultés théologiques concernant la résurrection du corps, la prédestination, la terre de salut, la base doctrinale de l'évangile, la nature du repentir et les sacrements.
(22) Au château Saint Ange aussi appelé San Leo.
(23) La première loge française de Misraïm (Misraïm signifiant « Égypte » en hébreu) bien attestée fut fondée en 1814-1815 à Paris par les trois frères Marc, Michel et Joseph Bédarride, cadres moyens de l'armée impériale en Italie, qui ramenaient ce rite de Naples. Ce rite apparu dans la République de Venise, à partir d'une patente délivrée par Cagliostro, avant de commencer son développement dans les loges franco-italiennes du Royaume de Naples. Il est possible qu'il ait eu des sources dans les milieux maçonniques férus d'ésotérisme du Comtat Venaissin où le père des frères Bédarride aurait été initié vers 1771-17736.
(24) Remis le 8 Octobre 1816 au Grand Orient de France, un abrégé des quatre derniers grades du rite de Misraïm fut présenté le 20 Novembre 1816 aux cinq membres d'une commission d'examen. Rédigé en italien, il a pour titre Arcana Arcanorum. Ces Arcana Arcanorum furent rapportés d'Italie, par les frères Joly, Gabboria et Garcia qui les avaient reçus en 1813. Ils furent introduits dans le Rite de Misraïm, en parallèle aux quatre derniers degrés, du 87eme au 90eme, qui ne présentaient jusque là aucun aspect opératif.
(25) Par exemple dans les Symboles Secrets d'Altona, publiés en 1785 et 1788.
(26) Bien entendu, ces quarantaines, empruntées à l'imagerie biblique, ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Il ne s'agit pas de quarante jours successifs au cours desquels tout se jouerait. Ces deux quarantaines sont à entendre comme deux étapes dont la durée varie avec chaque être humain.
(27) La théurgie postule que, par certains rites et cérémonies magiques, l'homme peut entrer en contact avec les mondes supérieurs, et se concilier esprits, anges et autres « puissances intermédiaires ».

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