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L'art du trait

La Tradition du Compagnon peut être suivie à travers le temps et l’espace en interrogeant les écrits et les œuvres construites, peintes, gravées ou sculptées. Il apparaît néanmoins primordial de ne pas perdre de vue que l’esprit qui les a animées n’est pas d’un temps, mais de tous les temps.

Ainsi la Tradition se perpétue, engendré par le Verbe et les Hommes, en quête de Sacré, tentent de participer à ce mystère. La Tradition du Compagnon est inséparable de l’acte de bâtir. Cet acte ne constitue pas une fin en soi, mais résulte d’une conception déjà présente en Égypte ancienne qui veut que toute pensée, aussi élevée soit elle, ne prenne véritablement réalité que lorsqu’elle est exprimée par une construction et un travail sur la matière pour en dégager l’aspect lumineux.

Bâtir, c’est donc formuler la Connaissance et par conséquence permettre à l’acte religieux de trouver le lieu adapté à son accomplissement. Depuis Pythagore, initié aux mystères de l’Égypte puisqu’il a passé plus de dix ans sur la terre des pharaons avant de fonder la « maison de la philosophie » qui permettait à la communauté d’accéder à une « métaphysique mathématique ». Cette Tradition vécue sans doute dans les temples de l’Égypte à Edfou, Dandera ou Karnak par exemple a été reprise par le christianisme de  Pacôme à Benoît puis les abbayes bénédictines jusqu’au moyen âge, ou toutes l’iconographie obéit aux lois d’une géométrie sacrée.

Quand est-il de la géométrie sacrée ?

L’organisation générale de l’univers dans lequel nous sommes immergés présente, de l’échelle cosmique à l’échelle corpusculaire, une indéniable cohérence en Égypte ancienne. Cet ordre émanant à l’univers et à la vie, était symbolisée par Maât, la règle universelle de justesse et d’harmonie.

La géométrie sacrée est une sorte de support de l’intuition spirituelle et qui donne la capacité de lire le plan du Grand Architecte de l’Univers. C’est à dire de percevoir les rapports immuables présidant à l’architecture du monde et réglant son organisation. Ceci exclut d’emblée toute attitude dogmatique et figée.

Qu’est ce que TRACER ? C’est donner forme, c’est faire apparaître ce qui n’existait encore qu’à l’état de puissance. C’est la création, c’est la transfiguration du verbe. Les grandes réalisations inspirées par cette géométrie sacrée font descendre le ciel sur terre et sacralisent l’activité humaine qui trouve ainsi son sens profond.

La présence du mystère est rendue perceptible par l’architecture fondée sur la mise en œuvre de nombres et de rapports universels qui créent un espace musical où la grande voie des choses se fait entendre avec force : c’est la « Musique du verbe divin ».

Pour réussir à formuler l’esprit de l’œuvre, il faut aller au delà du trait. Pour aller jusqu’au cœur des êtres et des choses afin de capter l’invisible derrière l’apparent, il faut aller dans l’ABS –TRAIT. La pratique du trait repose sur une sensibilité qui conduit à bâtir sur terre des œuvres qui reflètent l’harmonie céleste et manifestent la règle cosmique en formulant en quelque sorte ce qui n’est pas formulable : la foi, l’amour, la passion, le sacré, l’harmonie…

La dimension sacrée de cette géométrie apparaît lorsque cette science est pratiquée rituellement par une loge initiatique. Elle donne forme aux concepts pour tracer les symboles sans s’égarer dans les méandres de l’imagination et transmettre la richesse de la pureté de la pensée symbolique. Elle devient alors le support d’une formulation du divin, du mystère… Quelques secrets techniques  sur lesquels se fondent la pratique de l’art du trait.

Nombre d’or et divines proportions : Notre mentalité moderne fondée sur l’analyse et modelée par le quantifiable, le mesurable a perdu cette notion essentielle du nombre comme entité abstraite non analysable mais cependant perceptible inscrivant les nombres dans une forme. C’est rendre visible le mystère créateur.

Les nombres ne sont pas tant des quantités que des qualités, des fonctions révélatrices, de la puissance créatrice. Deux, par exemple n’est pas l’addition de deux unités, c’est une unité en elle même. Le cinq est le milieu des neuf premiers nombres, et en tant que tel, était considérer par les pythagoriciens comme un signe d’union. Sous la forme du pentagone étoilé, il symbolise l’homme, jambes écartées, bras tendus à l’horizontale. Si le trois est le nombre de l’apprenti, cinq est celui du Compagnon : 5 voyages, 5 sens, 5 ordres d’architecture, 5 pointes de l’étoile flamboyante, 5 ans.

La divine proportion

La proportion met en relation au moins trois éléments ou trois grandeurs : a, b, c.
De telle sorte que : 7370-3-1. Si le plus terme est égal à la somme des deux premières, on obtient : 7370-3-2.

Il s’agit là de la Divine Proportion ou rapport d’extrême et de moyenne raison de Pythagore. Sans entré dans le détail, sachons que : La section d’Or notée g = 0,618. La valeur du Nombre d’Or qui est son inverse est noté  F = 1,618. Les propriétés du Nombre d’Or sont tout à fait particulières :
- Ajouter 1 au Nombre d’Or équivaut à le multiplier par lui-même.
- Lui retrancher 1, c’est le diviser par lui-même.

La progression de raison nommée « progression d’or » est aussi une progression arithmétique. La progression s’engendre toujours égale à elle même par addition ou multiplication comme la vie qui naît éternellement d’elle-même. Le nombre d’Or est le nombre de l’incarnation.

Le Nombre d’Or et la création de l’Univers

Platon prolongeant l’enseignement de Pythagore a conçu une théorie de  la création de l’Univers d’une manière géométrique en fonction de polyèdres réguliers que l’on nomme depuis lors « Corps platonicien ».

La Sphère  rarement citée est partout perceptible. Elle est l’Âme du monde car tous les corps célestes se déplacent en cercle. Au sortir du Chaos, le Créateur sépare quatre éléments, des polyèdres réguliers dont faces et arêtes sont égales et tous les angles à égale distance du centre.

Le TETRAEDRE (quatre faces triangulaires) représentant le feu pour sa petitesse et sa mobilité.

L’HEXAEDRE (six faces carrées = cube) représentant la terre pour sa stabilité avec ses faces carrées.

L’ISOCAEDRE (vingt faces) représentant l’eau pour son volume important et parce qu’il peut contenir tous les autres.

L’OCTAEDRE (huit faces ; 2 pyramides opposées et de bases carrées) représentant l’air pour son volume intermédiaire.

Platon avait envisagé qu’il manquait une cinquième construction qui n’était pas connue et dont Dieu s’était servi. Il s’agissait du DODECAEDRE dont les douze faces sont pentagonales et qui révèlent le nombre d’Or.

La Spirale

Elle est l’expression géométrique la plus simple caractéristique de la croissance exponentielle du vivant minéral, végétal, animal ou humain. Exemple : le nautile cloisonné des mers, le cœur de la marguerite et bien d’autres permettent d’augmenter en croissance sans changement de forme. Elle symbolise donc la relation entre forme et croissance.

La construction de la spirale logarithmique est fondée sur l’utilisation de la série de Fibonacci (Suite de nombres dont chaque terme est la somme des deux précédents : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, et ainsi de suite. Fibonacci s'appelle en fait Léonard de Pise 1175 – 1240) dans laquelle le rapport de deux termes consécutifs tend vers le nombre d’or.

Les constructions fondées sur cette géométrie spiralée traduisent la croissance vitale et sont une voie de perception de l’éternité dans le temps donc, de la sacralisation du temps par la manifestation de l’architecture sacrée.

Le carré long

Le carré long argenté appelé rectangle de la genèse par les Alchimistes est un rectangle de module 2 par 1. Il exprime géométriquement le développement de la création qui à partir de 1 fait naître toute forme. En tant que première forme née du développement de l’unité, il est la formulation du ciel. L’articulation entre le 1 et le 2 procède de l’angle droit. Si on trace le troisième terme manifesté par l’hypoténuse, on voit qu’il est égal à racine de 5 ; c’est le point de départ du Nombre d’or.

En Conclusion:

Toute construction sacrée était réalisée selon un système de visée sur les étoiles, symboles vivant des Initiés passés à l’Orient Éternel et qui transmettent par ce rayonnement la Connaissance de l’Art du Trait à leurs successeurs.

L’Art du Trait ou la Géométrie Sacrée peut être un peu tombé en désuétude depuis que la F\ M\ à perdu de son « opérativité », il n’en reste pas moins une structure mentale à développer afin d’accéder à l’harmonisation de l’Homme avec le Cosmos et par là faire resurgir le Sacré.
C’est précisément de la Géométrie Sacrée que les Maîtres enseignaient aux Compagnons au travers d’une science qu’on appelait le « trait » et que les Compagnons d’aujourd’hui connaissent toujours. Les Cisterciens étudièrent de près le Trait, cherchant à harmoniser non seulement l’espace architectural des églises mais aussi l’espace intérieur de l’homme.

Le Trait, la Divine Proportion, le Nombre d’or sont autant d’éléments tangibles d’une pratique qui devient Sagesse. Chaque édifice devient un corps vivant, le corps de l’homme initié devient support d’une sagesse vécue. Le Nombre – et non le chiffre – permet de découvrir l’identité profonde des éléments qui composent l’univers.

Si les cathédrales furent construites sur la base des nombres sacrés, c’est parce que seuls ces derniers donnent la clef des proportions qui en assurent l’extraordinaire stabilité que nous constatons encore aujourd’hui. C’est aussi parce que ces Nombres traduisent géométriquement les principes de Création, c’est enfin parce qu’ils enregistrent, telle une antenne, les harmonies secrètes qui font chanter la pierre.

Ainsi un vieux dicton de Compagnons : « Un point qui se déplace dans le cercle », « qui se trouve dans le carré et dans le triangle », « si vous trouvez le point, vous êtes sauvés », « tirés de peine, angoisse et danger ».

Et enfin pour nous conforter quant au bien fondé de l’étude du trait : « Où étais-tu quand je fondais la Terre ? » « Qui a fixé ses mesures, le sais-tu ? » « Qui a tendu sur elle un cordeau ? » « Qui posa la pierre angulaire pour la soutenir ? »

J'ai dit,

V\ M\


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