GLDF Loge : L'acacia Provençal - Orient d'Istres 11/04/2008


Sous le signe du scorpion

La grenouille et le scorpion
Désireux de traverser une rivière, un scorpion demanda à une grenouille :
“ Prends-moi sur ton dos et fais-moi traverser.
- Que je te prenne sur mon dos, tu n'y penses pas. Pour que tu me piques !
- Ne sois pas stupide ! Si je te pique, tu vas couler et je vais me noyer avec toi.”
Après de longs échanges d'arguments, le scorpion se montra si persuasif que la grenouille se rendit à l'évidence. Le scorpion ne pouvait se montrer aussi insensé. La grenouille le chargea sur son dos et commença la traversée. Parvenue au milieu de la rivière, elle ressentit une vive douleur et, avant de perdre connaissance, lui cria :
“ Qu'as-tu fait ? Tu vas mourir avec moi !
- Je le sais, répondit le scorpion, mais je n'y peux rien. C'est dans ma nature.”
Et les deux animaux disparurent dans les eaux.
« Je n'y peux rien. C'est dans ma nature... »

Que penser de ce petit conte et de sa conclusion « Je n'y peux rien. C'est dans ma nature... ». Nous F :.M :. de la G :.L :.D :.F :. de Rite Écossais Ancien et Accepté pouvons-nous accepter cette conclusion ? Avons-nous fait notre démarche initiatique pour vivre sous le signe du scorpion et expliquer nos actes, nos comportements en les excusant par cette phrase « Je n'y peux rien. C'est dans ma nature... » ?
   - Qui sommes–nous ?
   - Des Initiés Francs-Maçons.
   - Quel est le lien qui nous unit ?
   - La Franc-Maçonnerie.
   - Qu'est-ce que la Franc- maçonnerie ?
   - C'est une alliance universelle d'Hommes éclairés, groupés pour travailler en commun au perfectionnement intellectuel et moral de l'humanité.
De tels hommes peuvent-ils être en accord avec la réponse du scorpion « Je n'y peux rien.

« C'est dans ma nature... » ?
C’est parce que nous avons décidé un jour de ne plus être ce que nous étions que nous avons fait notre démarche et que nous sommes devenus des Initiés, des hommes éclairés décidés à ne plus vivre dans les ténèbres, décidés à dessiller nos yeux, à détruire le scorpion que nous étions.

Comment cette Franc-maçonnerie, au demeurant tant décriée, agit-elle pour que les scorpions profanes deviennent des initiés qui ne tueront pas les grenouilles qui les portent sur leur dos ?

En tant que groupe de personnes animées par une même idéologie et bien que ces personnes ne soient pas détachées d'une communauté religieuse, la Franc-maçonnerie peut faire penser à une secte.

Pourtant la Franc-maçonnerie n'impose aucune doctrine. Mieux, elle réfute tout dogme, tout ensemble de croyances ou d'opinions qui constitue le fondement d'une religion, d'une philosophie ou d'un système politique.

Le dogme, c'est-à-dire les points fondamentaux d'une doctrine qu'il n'est pas permis de mettre en doute, est systématiquement exclu de la Franc-maçonnerie. Il en est de même pour la Révélation dans le sens d'action de Dieu faisant connaître aux Hommes ses mystères, sa volonté, que leur raison ne saurait découvrir. La Franc-maçonne­rie n'est pas une religion révélée dont la doctrine ne peut être mise en doute : un Maçon est invité à penser par lui-même, il est inviter à conserver son libre arbitre. Le rituel maçonnique est le meilleur garant de cette devise.

La méthode de travail, de réflexion de la Franc- maçonnerie sollicite les efforts intellectuels de chacun, tout en évitant d'inculquer des dogmes.
Les loges sont composées de Francs-maçons de toutes les opinions religieuses, politiques, philosophiques, liés par de mêmes idéaux : tolérance, liberté, égalité, fraternité, perfectionnement de soi pour approcher ces idéaux. Aucun Franc-maçon n'oserait préten­dre être parfait, détenir LA VÉRITÉ, être LE MAÎTRE  pouvant imposer ses opinions aux autres Francs-maçons ou à des profanes.

Pour un Franc-maçon, un idéal est une perfection que l'esprit imagine sans pouvoir y atteindre complètement. C'est ce à quoi le Maître aspire. Chaque Frère respecte la liberté d'autrui, de ses manières de penser et de vivre et, en particulier, de ses opinions religieuses et politiques. C'est grâce à cette largeur d'esprit que s'installe dans la loge une convivialité  faisant de la Franc- maçonnerie une méthode de culture et d'élévation spirituelle.

La capacité de notre ordre à favoriser la tolérance et les échanges réciproques des personnes et des obédiences qui le composent ne peut pas s'accommoder de doctrines, de dogmes, de Révélations. Le travail de chacun de nous pour "tailler et polir" sa pierre se fait grâce à l'étude de nos symboles. Nos outils représentent des réalités abstraites. Le symbolisme maçonnique, c'est-à-dire notre système de symboles, est destiné à exprimer la croyance en nos idéaux. L'étude de ces symboles, le respect du rituel maçonnique, sont la méthode utilisée dans nos loges pour permettre aux Frères de se cultiver et de s'élever spirituellement.

Il ne suffit pas d'être mis en présence de la Vérité pour qu'elle nous soit intelligible. La lumière n'éclaire l'esprit humain que lorsque rien ne s'oppose à son rayonnement. Tant que l'illusion et les préjugés nous aveuglent, l'obscurité règne en nous et nous rend insensible à la splendeur du Vrai.

Les métaux sont laissés à la porte du Temple. Chacun de nous a vécu les mêmes initiations et chacun de nous a eu son propre vécu de ces situations dont le dessein est de nous ouvrir les yeux et le cœur pour nous éveiller à une autre forme de conscience. Nous pourrons alors
combattre les préjugés, l'ignorance, le fanatisme, les superstitions afin que règnent entre les Hommes : Liberté, Égalité, Fraternité.

Le symbolisme maçonnique est issu de celui des Maçons opératifs. Son étude permet à chacun de nous de prendre conscience de notre PERFECTIBILITE et nous indique comment nous y prendre pour nous améliorer. Cette méthode fait que le Franc-maçon est à la foi le "maître et l'élève ; la pierre et l'outil qui taille la pierre".

Dans le silence et le respect du rituel, l'apprenti apprend à connaître les outils. Puis, petit à petit, il pourra, sous la responsabilité d'un Maître, utiliser ces outils pour enfin les "maîtriser". Chaque Maître travaille avec les mêmes outils que ses Frères Maîtres. Pourtant les ouvrages ne sont pas identiques : l'Oeuvre de Michel Ange n'est pas celle de Rodin ; l'Oeuvre de Viollet Le Duc n'est pas celle de Le Corbusier. La mosaïque que composent les Frères reflète la diversité des cultures, des opinions, de l'histoire de chacun d'eux apportant son vécu, sa différence à l'autre. Chacun vit à son rythme le rituel commun et explique
selon sa propre réflexion le symbolisme maçonnique. Personne n'impose sa Vérité ; tous les Frères doutent et cherchent : des idéaux à approcher, pas d'utopie ! Le Franc-maçon a la tête dans les étoiles et garde ses pieds sur terre.

A la définition mesquine et "petite" : L'ENFER C'EST LES AUTRES donnée par J. P. Sartre dans sa pièce HUIS- CLOS le Franc-maçon répondra que l'autre est son frère, son enrichissement, son complément et que l'enfer c'est la non connaissance de l'autre. La négation des valeurs d'une culture et d'une spiritualité différente des miennes ne peut que m'enfermer dans une introspection pernicieuse, une vue étriquée du monde et des Hommes, un fanatisme aveugle. Grâce à la méthodo­logie maçonnique, la culture et l'élévation spirituelle des Frères ne peuvent que tendre vers une ouverture d'esprit quasi universelle ; le Franc- maçon cultive son jardin sans oublier les dimensions de celui-ci :
Sa longueur va de l'Orient à l'Occident,
Sa largeur va du Midi au Septentrion,
Sa hauteur va du Zénith au Nadir.

Vénérable Maître et vous tous mes Frères nous sommes loin du « scorpion » considérant chaque être vivant comme une proie à laquelle il inocule à tout va son venin mortel persuadé «qu’il n’y peut rien car c'est dans sa nature » !

Le vil scorpion tueur est descendu dans le cabinet de réflexion où il a rédigé son testament philosophique. Il s’est préparé à une nouvelle naissance. Il est passé du profane au Sacré une
première fois. Par la régularité de sa présence, il effectue désormais ce passage à chaque tenue, grâce au rituel qui permet cette transition, dans un sens, puis dans l'autre. Chaque fois, il repart dans le monde profane avec sa pierre brute de plus en plus dégrossie et au plus profond de lui, enfermés dans son cœur, cette Lumière, ce Sacré, qu’il a demandé lors de sa première entrée dans le Temple. Tel le vil plomb transmuté en Or dans l’Athanor de l’alchimiste, le vil scorpion s’est transmuté en Initié rayonnant d’Amour.
Vénérable Maître et vous tous mes frères en vos grades et qualités,

J’ai dit.

R\-P\ A\

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