GLDF Loge : NP Date : NC

Le Delta lumineux et l’œil…

Alors que certains oeuvrent au « perfectionnement de l’humanité », que d’autres ont « pour fondement la foi de Dieu », moi Franc maçon de R\E\A\A\ de la G\L\D\F\, je travaille à la Gloire du G\A\D\L\U. De la connaissance distinctive à la connaissance Intuitive, de l'analyse à la synthèse, du bandeau au delta, du profane au sacré. C’est vers l’œil du cœur que ce sujet va me conduire, avec l’aide du G\A\D\L\U\représentant le regard de la conscience de soi.                                           

Dès ma première entrée dans le Temple, le Delta lumineux m’est apparu, situé par delà et au-dessus du V\M\, sous la forme d'un triangle équilatéral portant en son centre un œil : Cet œil frontal qui voit tout. Par cette position, le Delta domine physiquement les travaux.

-          Qu'avez‑vous remarqué dans la Ch\ du Mil\ ?

-          Le RIDEAU qui sépare le DEBIR de l'HEKHAL.

-          Que représente ce Rideau ?

-      Il figure le « Voile Cosmique » qui dissimule le « Trône » (« Mercaba ») et le Delta rayonnant, symbolisant le G\A\D\L\U\. Il représente aussi ce qui nous sépare des Maîtres Inconnus, passés à l'Or\ Et\ qui continuent à diriger nos Travaux grâce à la Tradition fidèlement suivie.

Au centre du Delta lumineux, se trouve un œil.
Est-ce l’œil d'un Dieu, celui de la sagesse celui de la conscience, ou celui de la raison ?
A ce stade, je ne saurai le dire !
Guenon nous dit, cet œil qui « voit tout  dans la parfaite simultanéité de l’éternel présent.

A l'origine, Delta, cette lettre, 4e de l'alphabet grec, symbolisait dans le système des Pythagoriciens la naissance cosmique à cause de sa forme triangulaire.
Au Vème siècle un moine Copte révèle que la lettre delta est appelée «  lettre universelle, synthèse de l’univers figure de la création ».

Dans notre espace il apparaît à l’Orient, le Saint des Saints de la Tradition Salomonienne et Siège de la divinité, siège du cœur et de l’Esprit qui se manifeste résolument par le Ternaire, réalité de notre cheminement initiatique.

Le Ternaire apparaît comme ce qui relie, ce qui unit et engendre l’action, comme le mouvement créateur. Porteur d’un dynamisme, il est une sorte d’accomplissement primordial de toutes choses. Le Tao ajoute: «  Le sens engendre l’Un, l’Un engendre le Deux, le Deux engendre le Trois, le Trois engendre toutes choses. » Notre rite quant à lui  m’a éclairé sur la dualité du monde manifesté et me prépare au dépassement nécessaire.

Seule l’introduction d’un troisième terme entre les forces antinomiques mais complémentaires, permet de ramener le Binaire à l’Unité. En mettant de coté le monde profane où règne « la loi du talion », n’est il pas sage d’envisager avec Lucidité et Vigilance évitant ainsi toutes errances, toutes déviances récurrentes des éternels démons que sont l’Ignorance, le Fanatisme, et l’Ambition, la possibilité de s’accorder le temps de la réflexion, avant celui de l’action ? Le temps de faire le tour du triangle, thèse, antithèse, synthèse, avant d’agir ou de réagir, avec la conscience du nécessaire recentrage préalable au cœur du Triangle, lieu de la résidence du Principe, point sans dimension au centre de  « la roue des choses ».

Le Delta à l'Orient qui demeure éclairé derrière le rideau suffisamment opaque pour maintenir l’E'HAL dans l'obscurité est un triangle équilatéral dans lequel le nombre 5 prend une valeur fondamentale puisqu'il influe comme créateur de forme.
Si j’élève une médiane
partant de la base vers le sommet, on obtient deux triangles rectangles, adossés l'un à l'autre, de valeur 3, Osiris, le père (valeur de la demi base ou largeur) ; 4, Isis, la Mère (hauteur). Et 5 Horus, le fils (l’hypoténuse).
Le sommet du
triangle se trouve suspendu en tant que cinquième au-dessus du quaternaire (la base terrestre) qui est sous lui.
C'est pourquoi
cette configuration spatiale est déjà par elle-même apte à exprimer symboliquement la relation entre un élément divin de nature supérieure et un quaternaire apparenté à la Terre, et cela, à plus forte raison si le mystère du nombre 5, comme modèle symbolique, est intégré au sommet.
Cette forme entraîne avec elle le fait d'un lien
particulièrement intense de sa surface avec la lumière. Par elle, la projection de la lumière s'opère de la divinité vers la terre, de Dieu vers les hommes.

Osiris, Isis, Horus, le Père, la mère, le fils, trois qualités pour bâtir en Harmonie : La Volonté, l’Amour et la Rigueur, nécessaire tout au long de notre cheminement initiatique.

Le Père m’enseigne la Volonté qui donne l'é­lan créateur ; cette volonté est dans le commence­ment, elle est ce feu qu'il faut saisir lorsqu'on le per­çoit afin de l'entretenir. Rien ne saurait être conduit sans cette volonté et c'est certainement un des pre­miers critères d'aptitude à l'initiation à reconnaître chez un postulant qui frappe à la porte du Temple.

La Mère m’enseigne l'Amour, cette capacité à faire de tout élément, quel qu'il soit, un matériau de construction. L'Amour est cette qualité qui permet de lier et de se lier. L'Amour doit être présent tout au long de la construction, de la fondation à la réalisa­tion.

Le Fils m’enseigne la Rigueur, la nécessité de bâtir suivant une règle d'harmonie et de rectifier en conséquence.

Ainsi la tradition égyptienne ne révèle-t-elle pas, à travers le Delta, le Principe dans l'acte de bâtir. Je me dois en tant que Maçon Ecossais à un travail incessant sur moi-même. Le delta lumineux m’ayant permis de parcourir mes entrailles grâce à la Verticalité initiale. Et par cette prise de conscience, à participer à la réalisation du Grand Œuvre, selon le plan du  G\A\D\L\U\ et l’idéal  qui nous est assigné par le REAA, l’œil me permettant de vérifier si je n’ai pas encore un peu de progrès à faire. Il m’incite à persévérer dans mon désir d'élever des temples à la vertu et des tombeaux pour les vices. En avançant vers la Sagesse, on se for­tifie sur la voie, ce qui exalte l'accomplissement des devoirs moraux, humains et sociaux qui font la grandeur, l'excellence de notre méthode initiatique.

Lors de mon accession au 3ème Degré, découvrant en marchant à reculons l’étoile brillant à l’occident, n’étais-je pas à nouveau devant la porte comme lors de mon entrée au 1er degré, à la fin d’un cycle, celui de la construction du Temple des Matières.
Mais cette fois-ci je suis devant la porte étroite située au Zénith du cosmos  ou de la Voûte étoilée qui s’ouvre sur l’inconnaissable. Je me devais de faire un dernier examen de conscience, l’œil une nouvelle introspection face à moi-même et face à cet oeil organe de perception extérieure et intérieure. Cet œil n'est il pas là pour  me dire que ce que j’aperçois à l'intérieur, je dois le transmettre à l'extérieur ?

Pour témoin le serment  maçonnique que je prêtai le jour de ma récep­tion dans l'Ordre, pour en mesurer toutes les conséquences à venir dans le cheminement sur la Voie. L'œil du delta me surplombe. La présence permanente du principe créateur, dans ce temps et hors du temps qui se circonscrit maintenant de midi à minuit.

Il m’est offert un projet de perfectionnement à travers le mythe d’Hiram, non pas celui d’un quelconque accomplissement personnel, en résistant aux passions que sont, l'ignorance, le fanatisme et l'ambition, représentées par les trois mauvais compagnons.

En m’infligeant une mort successivement physique (un coup au côté droit), puis affective (un coup sur le côté gauche) et enfin psychique (un coup sur la tête), ils m’ont permis, Compagnon que j’étais, de me dépouiller complètement du vieil homme qui est en moi, pour pouvoir renaître sous la forme d'un nouvel Maître Hiram.

Dès mon accession au grade de maître avec l'apparition du Mythe d'Hiram, j’ai compris que c'était l'amorce d'un travail en profondeur, basés principalement sur le travail du bâtisseur, de l'homme de métier qui étend son champ d'investigation de l'extérieur vers l'intérieur et de l'intérieur vers l'extérieur, qui a nécessai­rement d'autres prolongements.
Le maître mis à mort, puis relevé par les cinq points de la maîtrise est placé sur un seuil qu'il lui faudra inévitablement franchir pour passer de l'équerre au compas.

Si tout est en germe au troisième degré, l'acquisition de ma maîtrise reste à faire, car l'œuvre est interrompue et inachevée et la parole désormais perdue est à retrouver.

Je me devais et je me dois, à mon rythme, d’avancer sur cette voie du juste milieu.
Cependant, m
a conscience est-elle suffisamment éveillée pour que j’aie la volonté de rechercher la Vérité et la Parole perdue en rassemblant ce qui est épars ?

En effet dans mon combat contre mes passions destructrices, récipiendaire j’ai dû d'abord mourir afin de renaître dans un nouvel état de pureté, exempt des défauts qui m'empêcheraient de continuer mon chemin initiatique. Et ce n'est pas encore une fois un hasard si les acteurs qui ont mimé les assassins sont les mêmes qui font revivre le nouveau Maître, pas un hasard non plus si ce sont les trois qui dirigent la Loge. Et c'est peut être pour insister sur cette qualité que l'on a substitué aux instruments d'origine (qui sont soit dit en passant les instruments spécifiques des apprentis, règle, et des compagnons, équerre) les outils emblèmes de leur fonction. Cela veut peut être aussi nous dire que l'apprentissage et le compagnonnage sont des épreuves préparatoires à cette mort d'Hiram à la fois redoutée et nécessaire, et que ces mêmes épreuves donnent une base pour servir à la construction psychologique du nouveau Maître, d’où la nécessité de la lumière et de l’œil qui veillent sur les trois mauvais compagnons qui se cachent en moi.

Relevé de mon cercueil, j’ai reparu plus radieux que jamais, après avoir traversé l’épreuve de la mort par anticipation, je l’ai vaincue. Cependant, je n’ai pas encore réalisé toutes mes potentialités et je dois m’efforcer de tendre vers un niveau de conscience supérieur, qui me permet d’entrevoir l’étendue du champ des ombres en opposition avec celle de la Lumière.

Ce n’est que lorsque les yeux corporels se ferment, que s’ouvre l’œil de la connaissance, qui est celui de la clairvoyance, qui est intimement liée à l’illumination intérieure de l’œil du cœur.

Maître Maçon, je ne peux poursuivre mon chemin vers la Lumière que par la Connaissance qui me permet de prendre la juste mesure de toute chose grâce à l’Equerre et au Compas.

Car la droiture du cœur est nécessaire pour accé­der au Saint des Saints, il faut purifier mon cœur pour accéder à la perfec­tion et car le fondement de l'édifice doit être profondément gravé dans le cœur de chacun.

On peut noter avec René Guénon que la langue est représentée comme la « clef du cœur » dans les anciens catéchismes ; le rapport du cœur et de la langue symbolise celui de la « Pensée » et de la « Parole », c'est-à-dire, suivant la signification kabbalistique de ces termes envisagés principiellement, celui des deux aspects, intérieur et extérieur du Verbe.

Le cœur est un symbole du centre puisque : « partout, le coeur est envisagé comme le centre de l'être, centre à la fois divin et humain dans les applications multiples auxquelles il donne lieu ». Je peux considérer que le coeur ici, correspond au Principe de toutes choses. Dans la tradition biblique, le cœur correspond à l'homme intérieur, au siège de l'intelligence et de la sagesse.

Par analogie, le soleil est un centre tout comme le cœur. Ainsi, comme le précise Frithjof Schuon : « Les rapports entre l’œil, le cœur et le soleil sont multiples et profonds, ce qui permet souvent de les considérer comme synonymes. L’œil est le soleil du corps, comme le cœur est le soleil de l’âme, et le soleil est à la fois l'œil et le coeur du ciel ».

Si l’œil est l'organe de la vue, symboliquement il est celui de la clairvoyance, de la vision spirituelle qui correspond à l'œil du cœur, centre subtil de l'être. Le cœur sacré du maître est le centre de l'intelligence, de l'intuition, de la Connaissance, de la foi sur la voie de la sagesse et de la lumière.

Voici venu l'instant, mes frères, du discernement cet emblème qui me faisait face a-t’elle complètement disparue ? Il me rappellera que le Grand Archi­tecte me regarde et qu'il pèsera dans la balance de justice chacune de mes actions, chaque mot, chaque pensée. Pour que rien ne se perde, au moment où je serai jugé avec les mêmes poids, nombres et mesures dont j’aurai usé durant ma vie ici-bas. En tant que maçons, je dois évo­luer dans l'existence en me rappelant cette échéance capitale.

Je me pose la question de savoir si je peux me présenter devant lui ? Mon comportement dans la vie répond-il aux vertus cardinales et humaines spéciales que sont la Jus­tice, la Tempérance, la Prudence et la Force ? Suis-je digne de passer des vertus humaines aux vertus divines que sont la Foi L’Espérance et la Charité ?

Si je me comporte en véritable maçon, dans la plus parfaite acceptation du terme, mon cœur deviendra peut-être un des sièges naturels d’une partie des vertus spirituelles, morales et sociales. En espérant qu’il ne fai­blisse sous l'impitoyable examen de l'œil de la conscience qui voit tout. Notre cœur doit devenir l'arche, le Temple vivant du Principe car la volonté de servir, la pureté du cœur et la renonciation à soi l’emporte.

En rentrant dans notre Ordre ne visais-je pas une alliance individuelle avec Lui Grand Ordonnateur de l’Univers ? Je dois être toujours digne de ma condition de «  porteur de la Lumière de l'Orient vers l'Occi­dent, de l’Occident vers l’Orient et par toute la terre pour chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre partout la Lumière », sous l’œil médiateur de l’union du cœur avec celui qui vibre encore et toujours des Maçons  inconnus, passés à l’orient éternel, qui continuent à diriger nos travaux grâce à notre tradition fidèlement assimilée, pratiquée et transmise où règne la Liberté, l’Egalité et la Fraternité.

T\V\M\ j'ai dit.

N\ L\


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