Obédience : NC Loge : NC 2008

Le Couvreur


Gardien vigilant de La porte du Temple, puisqu’il n’en a qu’une, traditionnellement, l’autre porte dans ce Temple n’ayant d’existence que par les règlements de sécurité et un peu de sens pratique, le Couvreur assure la sécurité pendant les tenues, de cette fragile paroi mobile, contre l’agitation, le maelström matérialiste de l’existence quotidienne.
 
Contrairement à ce qui est communément déclaré, cet Office et non ce Poste, n’est pas  un lieu de villégiature  pour un passé Vénérable à la retraite, ni une fonction si aisée à remplir.
Dans le contexte symbolique et mythologique de la Maçonnerie Traditionnelle, le Couvreur est comparable à Janus, personnage de la mythologie romaine qui est un dieu ambivalent à deux faces adossées qui devient le dieu des transitions et des passages du passé à l’avenir, d’un état à un autre, d’un univers à un autre.

Son double visage signifie qu’il surveille aussi bien les entrées que les sorties, qu’il regarde aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Il en va de même pour le Temps , puisqu’une fois la porte close et les Maçons à l’intérieur du Temple , cet Officier ferme la notion de l’heure usuelle temporelle et convie les présents à l’heure symbolique et intemporelle.
S’il est physiquement présent dans le Temple, il garde seul la possibilité de « jeter un œil » par l’oculus de la porte, pour regarder sur les parvis.
Bien sûr, il serait ridicule que le Couvreur se prenne pour un dieu  mais il serait aussi ridicule qu’il méprise cette analogie en ne se prenant que pour un portier.
Il est d’ailleurs, dans ses fonctions d’utiliser seul, de sa liberté de passage entre intérieur et extérieur du Temple d’aller faire taire les bruits sur les parvis et de calmer les importuns.

Au REAA, le passé Vénérable occupe cette fonction, à laquelle il est très simplement installé, après qu’on lui ai rappelé ses devoirs.

Dans le rituel , il est dit que c’est un poste ingrat pour qui passe des lumières de l’Orient à la pénombre de l’Occident , mais que c’est aussi l’exemple de la modestie et du dévouement livré à la réflexion des Frères.
D’ailleurs , le Couvreur porte une Epée , comme en porte chaque Frère , symboliquement , et non pas un Glaive réservé  à l’office de l’Expert.
Vous aurez remarqué certainement la façon dont je tiens cette épée en tenue, droite entre mes genoux et les deux mains sur la garde.
Ce n’est pas coquetterie de ma part, cette épée étant « un rayon solaire issu de l’Epée Flamboyante du Vénérable Maître » doit rester verticale du début à la fin de la Tenue ; quand je dois l’abandonner un instant pour les batteries ou la chaîne d’union, je la place contre mon siège et non pas à plat sur le sol  ce qui en atténuerait l’éclat et assombrirait l’Occident.
Sur ce point, et c’est pour moi une découverte, le terme « descendre de charge » ne recouvrait que le fait d’abandonner un office géographiquement élevé dans le Temple pour retrouver le niveau du sol.
Comme quoi, il faut toujours rechercher l’idée sous le symbole, j’ignorais participer, à cet office, à la « réalisation descendante ».
Pour faire simple, notre chemin initiatique nous incite sans cesse à notre « réalisation ascendante » dans notre progression.
L’épée que je porte participe à ce que l’hermétisme appelle « réalisation descendante » qui est une tâche humanitaire  immatérielle qui se met au service de nos egos enténébrés à l’image d’une flamme qui s’enfoncerait dans un puits pour l’éclairer, à l’image aussi du Fil à Plomb suspendu dans ce Temple.

Ancien Vénérable Maître descendu dans la pénombre de l’Occident du Temple , le Couvreur est ainsi à la disposition de l’assemblé des Maçons pour la faire bénéficier de sa lumière initiatique désormais enrichie par son expérience passée.

Pour apparemment modeste, cet office jouit du grand privilège de demander la parole directement au Vénérable, sans passer par les Surveillants.
Cet avantage ne lui est concédé qu’en raison de la confiance qui lui est accordée et de la sagesse qu’on lui suppose pour aider le Vénérable en chaire à diriger les travaux.
J’insiste sur ce point, car les interventions des Officiers, en cours de tenue, ne s’adressent pas à la personne du Vénérable, mais à sa fonction, avec le souci premier de maintenir l’harmonie des tenues et non de stigmatiser de minimes erreurs bien humaines.
Le Couvreur qui connaît bien les pièges et les difficultés de la possession du Premier Maillet 
Peut se permettre, avec tact et mesure, ce genre d’intervention toute fraternelle.
Pour ceux qui sont observateurs, vous aurez remarqué qu’en début de tenue, je déplace mon fauteuil  pour le mettre au milieu de la porte, en face de l’Orient.
Habituellement, ce fauteuil était placé près de la colonne J.
Ce n’est pas une lubie soudaine de ma part.

En observant les rites d’autres Obédiences, force est de constater que les emplacements varient de la colonne J à la colonne B ; que parfois le Premier Surveillant est chargé d’ouvrir la porte, ou que c’est sur ordre du Premier Surveillant que la Porte est manipulée et que même, le Couvreur reste en dehors du Temple adossé à l’extérieur de la Porte, exclus des Tenues.

A la GLDF, la position reste floue, malgré la compétence des membres de la Commission des rituels.
Je me suis fondé sur deux analyses qui justifient cette place médiane entre les colonnes :
-l’interprétation séfirotique qui place le Couvreur entre les deux colonnes comme symbole de la séfira MALKHUTH signifiant Royauté , Royaume , juste en face du Vénérable à la séfira KETHER signifiant Couronne , celle du roi Salomon.
 
Pareillement, l’interprétation zodiacale place face à face
-le Vénérable qui est au signe de la Balance (justice, équilibre mental, organisation) qui est gouverné par la planète Vénus (virginité mentale entre autres qualités)
-le Couvreur qui est au signe du Bélier (emblème d’énergie, d’autodéfense) qui est gouverné par la planète Mars (défense armée, protection vigoureuse).
Cette tendance se fait jour à la GLDF comme une translation de l’office du Vénérable à celui du Couvreur , qui établit une sorte « d’effet miroir » , la Première Lumière voyant son reflet dans un Maçon qui vient d’exercer la même charge que lui , qu’il respecte par conséquent , auquel il doit pouvoir demander et duquel il doit pouvoir recevoir des conseils , si besoin est , du moins lorsque les deux officier ont des rapports empreints d’une grande fraternité , ce qui semble bien être le cas dans cet Atelier.
Logiquement, nous pouvons remarquer que le Couvreur  se situe au sommet de trois triangles isocèles dont la pointe est orientée à l’Occident
-le triangle de la sagesse dont l’Orateur et le Secrétaire sont les angles de la base, laquelle englobe le Vénérable Maître, le Delta Rayonnant et l’Orient source de Lumière
-le triangle de la Force dont le Trésorier et l’Hospitalier sont les angles de la base, représentant la prospérité de la Loge et la générosité de l’assemblée
-le triangle de la Beauté dont l’Expert et le Maître des Cérémonies sont les angles de la base , exécutant avec élégance , grâce et harmonie la plus grande partie de la gestuelle indispensable aux rituels.
Pour toutes ces raisons, il me semble très logique d’avoir pris la liberté de déplacer mon siège pour mieux remplir symboliquement mon office.
 
Savoir obéir au Vénérable et aux Surveillants est aussi une des fonctions du Couvreur , ainsi qu’il doit savoir prendre l’initiative de ses mouvements si , par accident , l’un des Officiers oubliait de le solliciter lors des rituels.
Il n’est d’ailleurs pas muet et participe directement aux rituels.
 
Je  vous fais grâce des innombrables qualités que doit posséder un Bon Couvreur, je ne les possède pas toutes et doit apprendre à chaque tenue à rectifier mes attitudes et mes pensées.
 
Cette courte planche ne peut bien sûr aborder tous les aspects de l’office de Couvreur et mes successeurs pourront en explorer d’autres éclairages.
Pour résumer cet office, je dirais  qu’il se situe mythologiquement, à l’instar de Janus,
à la frontière entre  « la porte des hommes » et  « la porte des dieux » , cette analyse contient parfaitement la totalité des responsabilités du Couvreur et exprime aussi parfaitement l’honneur qui m’est fait d’occuper une telle fonction.
 
J’ai dit

G\ D\

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