GLDF Loge : NC 29/03/2005


La Marche du Maître


La marche du Maître est l’un des éléments fondateurs de nos rites au 3em degré.
Avant d’essayer de donner une interprétation de la marche du Maître,  je me suis interrogé sur nos attentes quand aux rites en général, que cherchons nous si ce n’est avant tout une connaissance, la connaissance absolue.

Nous ouvrons nos travaux à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers pour comprendre son œuvre et au moment de fermer les travaux nous ne disons pas que nous avons progresser dans la connaissance ou la compréhension  de son œuvre, nous formons la chaîne d’union et nous énonçons trois invocations :
« que la paix règne sur le monde »
« que l’amour règne parmi les hommes »
« que la joie soit dans les cœurs ».

Ces remarques pour vous dire que les rites ont pour finalité l’acquisition d’une connaissance visant cependant à une certaine efficacité en suscitant la fraternité parmi les assistants et en l’étendant par ailleurs sur le monde.
Je me hasarderais même à dire que l’appellation de Maçonnerie spéculative est erronée car nous visons avec la connaissance à quelque chose d’autre, la réalisation du Grand œuvre, même si en apparence elle est cachée .
Parmi les rites qui doivent être exécutés, il y a d’abord une distinction à faire,  un certain nombres de rites sont essentiellement cérémoniels et ne touchent pas à l’essence même de la Franc-Maçonnerie.

D’autres rites,  au contraire sont essentiels et le travail Maçonnique ne s’accomplit qu’à travers eux.
Je pense qu’il faut réserver une place éminente aux rites du voyage qui comportent les marches et la circumambulation  autour du temple.
La marche du Maître symbolise le dépassement de soi,  en passant bien sur de l’équerre au compas .
La finalité du troisième degré est de faire réapparaître le compagnon en un nouveau Maître plus radieux que jamais, triomphe de la vie sur la mort.
Pour que ce travail de Tubalcaîn devienne réalité, il faut que le compagnon pénètre les symboles qui lui sont proposés.
Tout symbole relie l’initié à un principe ou à des des principes en rapport avec l’éveil de sa conscience :le rituel fixe un minimum de principes que le récipiendaire va s’efforçé d’appréhender pour élargir son éveil et rendre visible à ses yeux les étoiles allumées lors de l’ouverture au 1er degré.
L’élévation à la Maîtrise ne peut que renforcer la certitude de notre binaire horizontalité/verticalité .Binaire et non dualité car l’horizontalité et la verticalité ne s’opposent pas,  elles sont complémentaires.

A l’image du pavé mosaîque,  noir et blanc, l’horizontalité et la verticalité représentent les aspects terre et ciel de l’homme.
L’alternance des carreaux noirs et blancs laisse supposer que le compagnon étendu entre sa verticalité et son horizontalité à le potentiel de dégager de la terre son ciel intérieur car le thème fondamental du 3em degré est  l’émergence de cette lumière intérieure.
Le troisième degré est aussi une mise en garde : si la verticalité est absente au cœur de l’homme, les ténèbres l’envahiront.
Cette absence n’est jamais définitive, l’espoir demeure toujours et c’est notre credo : « la lumière brille dans les ténèbres » symbolisé par la seule lumière qui éclaire le temple.

Ce n’est pas le pilier de la sagesse qui est éclairé mais le pilier de l’espérance :
« Gémissons, Gémissons, Gémissons, mais espérons »
L’initiation s’adresse à l’unité de l’individu : rassembler ce qui est épars, c’est aussi comprendre que tout est en nous et qu’ au cours d’une cérémonie nous sommes à la fois le récipiendaire et tous les participants.
C’est ainsi que remplit d’espoir,  le compagnon placé à la tête du cadavre  qui représente son aspect terre va enjamber le cercueil.
Il va le faire par 3  fois, la marche totalise 9, 3 pour l’ apprenti, 3 pour le compagnon, 3 pour le maître, car le maître  doit se souvenir qu’avant d’être maître il a été apprenti puis compagnon.

Comme le dit Oswalth Wirth : « le maître n’a a exiger le respect de personne, mais il a à conquérir l’affection et l’estime de tous ».
Les 3 pas de la maîtrise représentent l’attitude du sage face à la mort :
_le 1er pas est né du passé (il le place à côté  et au milieu du cadavre)
_le 2em est le présent (il lui fait franchir le cadavre, aller de l’autre côté)
_le 3em doit être l’avenir (laisser la mort  derrière soi le place devant le cadavre )

La marche représente le dépassement de la crainte de la mort, l’idée d’une nouvelle naissance ou plutôt la naissance du « nouvel homme », du  « Re-né », celui qui n’est pas né de la femme selon les paroles  de Jésus, c’est à dire : le véritable initié.
Elle invite le Maître à dépasser les limites du monde matériel pour aller vers celui de la spéculation métaphysique.
C’est ce que veut dire le « 7 ans et plus,  le « et plus » étant  une porte ouverte sur l’abstrait.
Le candidat à la Maîtrise doit passer  de l’intuition  à l’analyse et de l’analyse à la synthèse. De la synthèse  au dépassement vers le «  et plus…. ».

Pour arriver à cette renaissance, le compagnon à du en pénétrant dans la chambre du milieu donner le mot de passe des Maîtres : « Tubalcaîn »
Ce dernier est le descendant à la 7eme génération de Caîn. Dans son nom cohabite, peut  être enfin réconciliés les 2 frères ennemis, Caîn et Abel .
Tubalcaîn nous invite donc à travailler sur l’essentiel en nous, à nous débarrasser de nos scories,  de nos préjugés, à forger en manipulant comme il convient l’air,  l’eau et le fer sur le dur métal que sont nos passions.
Réaliser aussi la synthèse de nos contradictions et laisser à la porte du temple les métaux qui flattent notre égo, faire la paix avec  ce que nous sommes et nous forger par l’épée, c’està dire par l’esprit.

Tubalcaîn travaille dans une forge, lieu sombre  mais éclairé par la flamme  qui donne l’énergie, lumiére indispensable à l’œuvre  évoquant nos temples mais aussi l’athanor des alchimistes.
Il frappe sur une enclume,  c’est à dire qu’il va émettre des sons énormes,  qui résonnent, or nous savons qu’un niveau de conscience profond peut être réveillé par des sons forts.
Le bruit devient sens et compréhension, l’oreille entend, écoute le verbe qui permet la spiritualisation humaine, sa verticalité et lui donne la possibillité de la parole.

Tubalcaîn,  notre mot de passe nous incite comme le forgeron, à chercher le minerai  dans les entrailles de la terre mère, à retourner dans le monde de la profondeur.
Comme l’initié qui connaît les secrets de l’art,  nous devons réussir sur nous même la transmutation de la matière à laquelle rêvaient les alchimistes des temps anciens, ce n’est qu’alors si nous réussissons  l’alliage parfait de la nature et de la culture,  en communion avec le sacré du cosmos et avec le respect des humains nos frères, que nous deviendrons dignes  du titre de Maître auquel nous aspirons.

Passe Tubalcaîn..

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