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Le courage

« Il faut commencer par le commencement. Et le commencement de tout est le courage ». Vladimir JANKELEVITCH *

Tout conduit à nous faire dire que le courage est la vertu du commencement. Mais quel commencement ?

Il ne faut pas de courage pour naître, ni pour être. Par contre il nous faut souvent avoir du courage pour continuer d'être ou de cesser d'être.

Commencer, c'est commencé de lutter, de résister, et ceci ne va pas de soi. Il faut surmonter ses peurs, aller contre soi-même, malgré soi, justement. Vaincre ses peurs, son laisser-aller. Laisser-faire les douces lâchetés, nos serviles abandons se seraient plus faciles et sans doute moins douloureux.

Le courage s'impose à nous contre notre propre volonté, souvent sans que nous puissions maîtriser ses conséquences et c'est très bien ainsi.
Le courage donc, intervient et s'oppose : à une difficulté, un danger, un péril...
La progression qui en découlent ne donne pas qu'une simple intensité au courage. Elle naît de la qualité propre du courage.
Suffit-il de se demander s’il ne faut que lutter contre son contraire pour qu'il soit ! Pour affirmer qu'il y a une sorte de courage.
La lutte est une chose son sens en est une autre !
Est-ce que le courage fait partie d'un don que nous aurions en héritage ? Fait il partit de notre humanité ?

Depuis PLATON, le courage est pensé comme une vertu cardinale.

La vie morale gravite autour de ce point comme autour des trois autres fondements de l'existence qui sont : la sagesse, la tempérance et la justice.

Enlever l'une de ses vertus, c'est dénaturer le sens même du bien vivre et du bien agir. Qu'est-ce qui peut expliquer de façon plus précise le courage que :

La force, le savoir, les illusions, la peur, l'espoir, la connaissance, la raison, la beauté, la volonté, la liberté, la connaissance de soi-même ?

Nous autres francs-maçons nous avons reçu de nos pairs les outils afin de nous permettre de maîtriser nos pulsions et notre animalité.

Toutes les vertus constituent un ouvrage où s'enchevêtrent le bon et le mauvais à fin que la réflexion que nous avons sur nous-mêmes ne se terminent pas.

Combien il est difficile, de trouver au fond de notre pensée une bonne définition de ce que peut être le courage. Bien sûr il m'aurait été facile de vous parler d'un certain vécu. Mais faut-il parler de courage lorsque l'on subit les aléas de la vie ?

Ne s'agit-il pas la de fatalité…
Que de difficultés rencontrées pour trouver la bonne définition du mot courage, ne s'accompagne-il pas d'un complément ?
Courage de faire, de se battre, de dire...
Au cours des siècles, la vertu nommée courage n'a pas eu qu'un seul sens, déjà Platon, à son époque était en quête de sa définition.
Les modèles du courage connaissent des évolutions et des variations.

L'héroïsme d'Achille enthousiaste, sûr de sa force et méprisant le danger n'est pas le même que celui d'Ulysse, conscient de ses faiblesses, Hérault d'endurance et de ruse. Ulysse n'est-il pas appelé l'endurant.

Et la vaillance du citoyen soldat, ferme à son poste, se distingue du courage calculateur de Périclès qui annonce la réflexion dont naîtra l'amour de la sagesse.

Le courage fut une valeur très importante dans la cité État et de la Grèce en général. Un citoyen fut appelé bon (Agathos) ou mauvais (Kakos) en fonction de son courage. Le plus grand titre d'honneur pour les athéniens fut le titre posthume « d’Andrés Agathos » ce titre était décerné à l'occasion de leur oraison funèbre.

Dans l'Iliade, le courage est le privilège d'une caste guerrière. Il n'appartient qu'aux meilleurs. Cette vision héroïque du courage restera comme un modèle constant.

À côté du courage physique et militaire apparaîtra un courage plus intérieur, un courage moral qui consiste à résister à un ennemi plus intérieur : les passions, les souffrances, la malchance.

Après avoir été fataliste et ayant abandonné sa destiné aux Dieux, l'humain eu une vision plus intellectualiste du courage. Le courage et le savoir se sont mélangés, on peut dire que son nés : le métier, l'expérience, la compétence et la stratégie. Ces derniers ont toutefois été mis au service des conflits armés. Les qualités intellectuelles se développant, la morale et la vaillance ont complété les qualités intellectuelles.

Nous voyons bien que le courage détient de nombreuses facettes : quel statut y donner ?

Au savoir « Platon »
A l'espérance « Aristote ».
Le courage ne fait-t-il qu'un avec la sagesse « Épictète » ?
Est-il l'impassibilité imitée du divin « Plotin » ?
Est-il la simple conséquence d’un effet de conditions physiologiques ?
Si nous comprenons bien que le courage est une vertu toute entière, il demeure difficile d'en définir les contours. Il prend de nombreuses figures, se masque volontiers. Il me fait penser aux personnages du carnaval de Venise. Qu'y va-t-il derrière le masque ?

Faut-il parler de folie lorsque l'on évoque le courage ?
Le courage cette force d'âme se rencontre aussi chez les fous, c'est ce qu'a constaté Socrate. Je vous laisse juge devant cette affirmation.
Alors que faisons-nous de nos années à comparer nos avis sur tel ou tel symbole ?
Avons-nous sincèrement progressé ?
Qu'avons-nous fait de notre temps à écouter les autres ?

Le fait d'être nous est donné. Mais notre existence est dirigée par nos acquis culturels, familiaux, nos croyances et chacun de nous se trouve pris dans de multiple embarras, aventure ou accident. Il faut savoir se tenir ou se perdre.

Les images collantes que nous avons de nous-mêmes sont autant de fardeaux qui entravent notre avancement dans la vie.

Les idéaux autorisés et les valeurs apprises construisent aussi ce que nous sommes, et peut être construisent - ils ceux qui nous entourent. En souscrivant sans condition à cette forme de vie on se sent absorber, abandonné, digéré.

Et voilà ! Il nous faut une sorte de courage pour ne pas cesser de comprendre, pour entreprendre des changements, dissiper les mythes, nous renouveler. Aller plus avant dans notre quête de connaissance. Transformer le hasard qui tend à s'imposer, qui bouscule ce que nous sommes.

Pour que nous nous inventions « nous même » Etre soi-même !

Comment savoir vraiment si l'on est soi-même ?

Être et paraître sont si proches, qu'il est difficile de distinguer l'un et l'autre. Comment être sûr de ne pas confondre ce que l'on est avec ce que l'on représente. Faut-il toujours se comparer par rapport aux autres, à la société, à la vie, ce qui naît, ceux qui meurent ?

Toute approbation n'est pas une victoire, toute condamnation n'est pas un échec.

Nous n'avons que très rarement le sens de l'immensité, des années passées comme de celles à venir, de l'infiniment petit comme de l'infiniment grand. Devant cet infini, comment ne pas appréhender le dérisoire que nous sommes ?

Le superficiel, peut-être l'admiration, le contentement, revêtent alors un tout autre costume que le paraître, la possession, et le pouvoir. Il n'y a pas alors, que le courage, que d'être soi-même, il n'y a de courage que dans la conscience d'être. Bien sûr, rien n'est acquis, ni le bonheur, ni le malheur pour chacun de nous tout peut changer à tout instant. Laisser sa destinée au hasard sans conscience ce n'est pas faire preuve de courage.

Alors faut-il du courage pour naître, pour être, il en faut sûrement pour continuer d'être ou pour cesser d'être. Apprendre à résister ce n'est pas ce qui va de soi. Résister, c'est agir c'est prendre un risque, risque de ou malgré. Malgré la peur, l'inertie les désirs et parfois l'obéissance.

Face aux menaces du danger ou des faits eux-mêmes, il faut rester soi-même humain, proche de l'autre. Il faut plus de courage pour regarder la vie en face pour ne pas rester ébloui par le superflu, ne pas oublier que le beau n'est pas le bien.

Oser faire ou défaire, s'éloigner des grégaires complicités que sont les rumeurs, des idées reçues, refuser le mimétisme, car le courage s'oppose au dogme. Mais alors que de questions mes F\ F\. Mais aussi que de pistes à suivre.

N’est-ce pas notre rôle que de chercher la lumière ?

V\ M\ J’ai dit !

R\ L\

Vladimir JANKELEVITCH (1903 – 1985)
Penseur original qui a pris en considération la plénitude de l’existence humaine. Enseignant à PRAGUE puis en France à CAEN ainsi qu’à LYON.
Auteur d’ouvrages et de thèses traitants des phénomènes moraux tel que les vertus.
Il fut un homme de conviction. « A lire son traité des vertus ».

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