Le Suicide

Cette planche au sujet particulier et grave quand t’on l’aborde d’une manière profane, est je crois intéressent d’étudier du point de vue de la symbolique maçonnique et ne pourra qu’intéresser dans le meilleurs des cas les cherchant que nous sommes et qui sont réceptifs aux symboles, qu’ils soient matériels ou verbal.

Si je traite ce thème aujourd’hui ce n’est pas par hasard. C’est le fruit de plus de quinze ans de pratique de la maçonnerie à divers degrés et divers rites. C’est aussi le résultat d’un parcours de vie dans le monde profane et à la confrontation du sujet par personne interposé parfois quand ce n’était pas d’une façon plus personnelle. C’est une sorte de prise de conscience d’un état d’être et une façon exorcisée une situation. C’est aussi la suite d’une planche que j’avais écris qui avait pour titre « On n’est pas initié, on s’initie soi-même », le thème en était les choix que nous faisons librement pendant notre parcours maçonnique et le suicide en est un aussi de choix.

Revenons en premier dans le monde profane pour bien comprendre la portée de se mot, SUICIDE.
 
Le suicide (du latin suicidium, du verbe sui caedere « se massacrer soi-même ») est l’acte délibéré de mettre fin à sa propre vie. Dans le domaine médical, on parle aussi d’autolyse (du grec auto- « soi-même » et lúsis « destruction ») ou de TS (tentative de suicide).

Le suicide dans le monde profane peut-il être inspiré par d'autres motifs qu'une maladie incurable, un déséquilibre psychologique, une impulsion irraisonnée ou une peine inconsolable ? Est-il une manifestation de la liberté qu'un individu a de disposer de lui-même, ou au contraire une réponse à une pression sociale ?

Il est très difficile je pense de vouloir trancher de manière catégorique. Le suicide reste l'ultime violence qu'un individu puisse s'infliger. A ce titre il est un mélange complexe d'éléments rationnels, irrationnels et passionnels.

Le suicide est un acte complexe, que l'on ne peut prétendre approcher à l'aide d'une seule et unique approche. C'est pourquoi, lorsque l'on parle de suicide, il est nécessaire de faire appel à plusieurs domaines, d’abord bien sur par la médecine telle que la psychopathologie, la sociologie, l'anthropologie mais aussi la philosophie, la théologie, la sociologie, l'histoire...

Le monde dans lequel nous vivons, nous incite à penser que la société civile, inspirée de l'éthique judéo-chrétienne, ne peut accorder légalement à l'individu le droit de mourir, quelle qu'en soit la raison. Or l'histoire nous enseigne que d'autres sociétés, distantes autant dans l'espace que dans le temps, ont conféré au suicide les plus hautes vertus morales. Si se donner la mort, de manière volontaire ou symbolique a pu avoir une haute valeur morale, c'est que dans d'autres espaces idéologiques, il existe face au suicide une justification philosophique inspirée d'une certaine conception de la raison ou de la religion. Ce comportement d'autodestructions, aussi justement aberrant qu'il nous paraisse, n'est donc pas complètement « anormal ».

Émile Durkheim, un des fondateurs de la sociologie, a fait une étude publie en 1897, dans son fameux livre Le Suicide où il analyse ce phénomène sous un angle social. Il distingue quatre sortes de suicide : le suicide égoïste, le suicide altruiste, le suicide anomique et le suicide fataliste. Dans chaque cas, la désintégration sociale est la cause première véritable.

Du point de vue philosophique le suicide est vu bien différemment selon le courant philosophique l'évoquant. Il peut être considéré comme un acte suprême de liberté ou une option de faiblesse et de renoncement, voire de sacrifice.

Du point de vue contraire, le suicide est mis en opposition avec l'humanité. En effet, la mort fait partie de la nature. Se donner la mort, c'est donc renier la nature et s'opposer à elle. C'est s'éloigner de son humanité.

Pour Platon, qui était alors croyant, la mort était la propriété des Dieux, se suicider, c'est donc aller contre la volonté des Dieux…

Paul Valéry mentionne dans « Tel Quel » que le suicide est souvent dû à l'impossibilité pour la personne de supprimer chez elle une idée lui causant souffrance, et à laquelle elle pense donc ne pouvoir mettre fin qu'avec sa propre vie.

Maintenant voyons le suicide avec un regard d’initié et qu’elle symbolique peut on lui donner.
 
En Franc Maçonnerie la vie et la mort se côtoient tout le temps. Depuis le premier jour de notre entré lors de notre initiation et ensuite à chaque augmentation ou élévation.

Pendant tout notre parcourt nous vivons et mimons la mort pour mieux exalter la vie. La mort à une place central dans notre société initiatique. Cela commence dans le cabinet de réflexion ou nous rédigeons notre testament philosophique, une sorte de bilan de sa vie. C'est pour nous faire comprendre immédiatement que la mort nous frôle sans cesse que le candidat à la réception dans l'Ordre se trouve enfermé dans le cabinet de réflexion.

Le sablier, le crâne, la pénombre évoque le tombeau. Le coq qui se trouve sur le tableau évoque aussi que dans les pratiques anciennes un coq était toujours sacrifié lors d'un décès pour annoncer l'arrivée de l'âme du défunt dans l'autre monde, ce coq qui annonce la mort du candidat qui arrive. C'est important car tout initié est un « deux fois né », c'est-à-dire quelqu'un qui est mort à une forme de vie pour pouvoir accéder à un autre état d'être. Cette frontière des mondes se trouve matérialisée par la porte de la Loge. Nous sommes donc plongé dans cette pièce sombre, juste éclairée par une bougie. Nous y passerons un très long moment dans le silence et la solitude et ayant comme seul compagnon un crane qui nous fixe de ses orbites vides et qui semble nous dire « viens à moi, viens me rejoindre dans la mort. La mort n’est qu’une étape elle est porteuse de promesse d’un ailleurs et d’une renaissance ».

Il est dis que nous devons nous dépouiller et faire mourir le vieil homme qui est en nous pour renaitre à une nouvelle vie. Belle promesse il est vrai dans ce monde profane ou la mort est souvent occultée. Et pour cela la Franc Maçonnerie est un endroit unique et privilégié pour apprendre à mourir d’une façon sereine. Nous n’apparaissons que pour disparaitre. Même si cela est fait d’une manière symbolique, il n’en reste pas moins une façon volontaire de se donner la mort.

Le Maçon apprend avec les outils qui lui sont confier, à se connaitre soi-même, à se maîtriser. Il apprend la valeur du travail et donc indirectement celle de la vie. Alors pourquoi parler de suicide. Certainement parce que il faut détruire pour bien rebâtir. Il faut faire mourir d’une façon volontaire ce qui était notre et qui n’était en réalité que des illusions et des chimères.

Le suicide n’est pas un acte désespéré mais plutôt un acte d’espoir et de renouveau. Une foi en un avenir meilleur et plus radieux. Le rituel maçonnique d’Élévation au troisième Degré a cette signification, car la mort, pour le Franc Maçon, n’est pas la fin de toute vie, mais à la fois la fin d’une vie antérieure et le début d’une autre vie. Cette euthanasie ou suicide assisté est accompli au sein de la Loge avec l’aide de nos frères.

 Le rituel d’élévation à la Maîtrise est aussi par le fait un rituel de résurrection. Car nous reprenons vie grâce à nos Frères et aux cinq points parfaits de la maitrise. Ils nous placent sur un seuil qu’il nous faut franchir pour passer de l’équerre au compas. Cet espoir est présent aussi dans le rituel de tenue funèbre ou du souvenir. La batterie de deuil « Gémissons, Gémissons ! » est toujours suivie par « mais  Espérons ! »

Au degré du Maître Secret, nous avons traversé l’épreuve de la mort vécu prématurément. C’est le suicide volontaire de notre ego qui nous permettra l’accomplissement du Devoir avec un D majuscule et du sacrifice qui en d’écoule. Il nous faudra soulever ou écarter le voile noir qui recouvre la tête du Maître Secret pour arriver à la vraie connaissance. Le noir de ce voile est une absence de couleur. Toute vie doit passer par l’obscurité de la mort pour renaitre vers l’illumination progressive des couleurs.

Au 12ème degré de Grand Maitre Architecte, nous sommes à l’âge de la plénitude, 45 ans, le milieu du chemin de la vie, entre la naissance et la mort, le moment de transmettre ce que la première partie de notre vie nous à appris. Nous sommes conscients que les clefs de l’initiation que nous avons reçue sont incommunicables à qui n’est pas arrivé au même niveau de compréhension, c’est l’expression de la pleine vérité de l’être.

Nous somme aussi dans la Boulomie, « l’endroit où l’on veut »l’endroit ou la réflexion sur le vouloir nous amène sur le Devoir librement consenti. Nous poursuivons l’œuvre de construction en fonction de la place qui nous est impartie dans l’Univers. En quelque sorte nous nous substituons à Hiram afin de finir son œuvre. Nous savons lire et écrire et nous pouvons déchiffrer le plan du Maître. Nous voulons et nous construisons après la destruction de tout ce qui était inutile et nuisible, on passe alors par une phase de reconstruction. Ce qui implique d’avoir au préalable compris et accepté la nécessité de mourir volontairement par la destruction physique (encore la notion de suicide)  et de savoir identifier les ennemis de la construction, de maitriser la vengeance et de pratiquer la justice pour retrouver la sérénité et l’harmonie.

Au 13ème degré  nous descendons au centre des la terre, nous progressons et régressons en même temps. Nous franchissons dix portes, le nombre qui nous ramène à l’unité et à la fin d’un cycle. La volonté inconsciente et irréfléchie de vouloir ouvrir les 11 portes ne peut aboutir qu’au chao. Le 11 commence un nouveau cycle, dans une autre dimension, un autre plan, une autre conscience.
 
En voulant franchir la onzième porte, nous outrepassons la limite du dix, c’est tenter l’impossible, c’est dépasser les limites humaines. Malgré les mises en garde de leur Maitre du risque mortel qu’ils courent, c’est du suicide d’aller plus loin. Nous qui n’étions éclairé que par des torches, notre propre lumière de connaissance, découvrons à l’intérieur une Lumière surnaturel celle du Centre de l’Idée. Avec elle nous franchissons et découvrons violemment le seuil de l’illimité. Nous sommes plongés dans l’obscurité, à la limite de la mort.

La découverte de l’Ein-sof passe par l’anéantissement complet de l’être, car l’Ein-sof est la lumière infinie. C’est la limite de la connaissance humaine confrontée à la connaissance du principe premier celle de la Vérité. Alors nous rebroussons chemin dans l’angoisse et les ténèbres, comme l’est l’âme des suicidés. En gravissant le 9, 7, 5, et le 3 nous atteignons le fond du puits et nous redécouvrons la voute étoilé, c’est la résurrection. Le Maitre nous montre alors, le cercle découpé dans le ciel par l’ouverture du puits et nous dit :

« Les dix cercles que nous avons vus en descendant symbolisent les neuf Voutes et l’escalier. La dernière correspond au nombre onze, celle d’où à soufflé le vent du désastre : c’est le ciel infini et ses lumières hors de notre portée ».

Nous sommes finalement sortie victorieux de cette descende au centre de l’idée et nous avons pris connaissance du mot Ineffable.

Au grade de Grand Elu de la Voute Sacrée ou Sublime Maçon, nous arrivons aussi à la fin d’un cycle, celui de la Perfection. Nous avons travaillé sur nous même et sur les autres, nous avons lu et tracé le plan, nous descendu au centre de la terre et de nous même, nous avons décidé de nous dépouiller de tout ce qui étaient vains et illusoires, nous avons choisi de mourir et de mourir encore que pour mieux renaitre de nos cendres comme épuré de nos défauts. Nous nous sommes affranchis de toutes les tyrannies y compris de la notre. En fait, c'est la mort qui fait entrer dans le Temple absolu, entre l'équerre et le compas, entre terre et ciel. Mais pour parvenir entre terre et ciel il faut être mort ou être devenu un véritable initié réalisé. Ce Temple n’est pas celui de pierres  du Roi Salomon, mais celui de l'Eternel qui n'a que faire des temples de pierres. La Bible le précise bien « Tu ne passeras point ton outil sur la pierre car tu la profanerais ».

Ce qui élimine de fait la plupart des outils maçonniques comme le ciseau ou le levier et même l'équerre et le compas puisqu'ils sont faits en métal impur. C'est la raison pour laquelle tous les temples seront détruits. Les seuls outils acceptés sont celui de l’esprit et du cœur. L'Eternel veut des temples de chair. Puisqu’ils viennent de lui et qu'il appartient à l'homme de les maintenir divins par leur travail ici-bas. Dieu ne veut rien qui ait été modifié par la main de l'homme.
                      
Mais ce Temple qui symbolise l’Homme a été détruit par l’ennemie du dehors, et celui-ci n’a pu arriver à ces fins que grâce à l’ennemie du dedans. Nous portons en nous les trois mauvais compagnons  qui on assassiné Hiram et nous devons les tuer. En faisant cela nous nous libérons de toutes les entraves que sont les dogmes, les passions, l’ignorance, l’orgueil et l’ambition.

Nous sommes partie de l’Orient et nous avons atteint l’Occident, nous avons suivie la course de la Lumière. Nous avons été de MALKUTH à EN SOPH, du concret à l’abstrait, l’union entre le corps et l’âme.
 
Avec le Yod, Hé, Vau, Hé, nous sommes passés du principe créateur qui agit au rayonnement d’une connaissance par le travail, la réalisation de la cause à l’effet et pour finir la création en voie d’accomplissement.

Nous avons été initié à la Kabale et cette dernière est réservée aux purs, à ceux qui lui consacrent leur vie et qui seront autorisés à passer de l'autre côté du miroir. Cependant, si l'on a reçu un minimum de connaissances et d'initiation, en ayant compris le sens du changement de nom dans chacun des degrés, ce qui demeure hautement capital, on ne s'étonnera plus de devoir passer par des épreuves et donc subir des bouleversements mentaux lesquels vont produire des modifications comportementales et surtout des changements d'état d'être qui n'existeront jamais sans ces épreuves ni sans cette douleur. Ainsi toute souffrance nouvelle imposée,  se caractérise-t-elle comme le signe, la marque bienveillante que l'Ordo céleste.                                                                                                                                       

En conclusion je dirais. La Franc Maçonnerie nous apprend à tuer le profane qui est en nous, et si nous le faisons c’est que nous avons choisi librement de le faire.

Dans le monde profane le suicide ou plutôt la tentative de suicide est la conséquence d’une désespérance de l’Ame, elle est autant d’appel au secours muet qui ne trouve pas d’écho dans l’entourage de la victime. C’est l’aboutissement d’un cheminement fait seul ou la raison et l’irrationnel se côtoie et qui fini par se choix définitif et sans espoir.

La personne est à la fois dans tous les cas, accusé et juge, victime et bourreau. Mais celui qui avance dans la voie de l'initiation a la conscience claire de ce caractère précieux et privilégié de la vie corporelle qui lui est accordée. Dans ce cadre-là, on ne peut pas jouer ou faire semblant de prendre les choses au sérieux.

En Franc Maçonnerie même si le choix de mourir est aussi volontaire,  le processus qui nous amène à l’acte est différent. La mort n’est que virtuel, elle n’est la que pour mieux saluer la Vie. Elle est porteuse d’espoir et de découvertes. Nous ne sommes pas seuls, nous avons tous nos Sœurs et Frères qui nous entourent de leurs Fraternités et de leurs Amours. La vertu unit ce que la mort ne peut séparer.

Nous avons aussi des rituels qui nous prépare et nous aides. Nous n’apparaissons que pour disparaitre. Cette mort librement choisie et consentie est toujours suivit d’une résurrection. Elle est l’aboutissement et le début d’une nouvelle ère, un nouveau plan de conscience et de réalisation de soi. Car seul celui qui sait ce qu'est la mort et l'au-delà de la mort accorde la priorité à tout ce qui n'est pas l'exclusivité des passions matérielles et charnelles qu'il relègue au profit des vertus et connaissances spirituelles.

Le 14eme marque la limite ultime du monde de la matière, nous devons nous préparer à entrer dans la Voie du renoncement et du sacrifice, non pour nous conformer aux textes mais pour nous mettre en accord avec ce que nous devons accomplir dans notre vie.

T\ F\ P\ G\ M\ j’ai dit.

W\ L\