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Le fils du père ou la vie nouvelle

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils.

Ainsi s’exprimait Rudyard KIPLING dans une lettre à son fils.

Pour les Maçons que nous sommes la mort, passage obligé, est une constante de la résurrection. Cette mort du profane dès son entrée dans le Cabinet de Réflexion, n’est bien entendu, pas sa mort physique, mais la mort de sa vie antérieure. Assis et inquiet, parfois perplexe, devant la feuille de son testament philosophique le futur initié comprend qu’il doit abandonner ses certitudes, ses préjugés et ses illusions.

Pour Platon « mourir c’est être initié »

De par le monde et dans toutes les civilisations, même les plus anciennes, le jeune garçon avant de devenir guerrier et adulte passe obligatoirement par la symbolique de la mort et de la naissance.

C’est pour lui le départ d’une vie nouvelle transitant par la mort de tout ce qu’il a connu et vécu dans sa vie d’enfant.

Pour nous Maçons, le vieil homme, c'est-à-dire l’homme profane que nous étions, meurt pour donner naissance à l’homme nouveau en devenir.

Pourquoi en devenir ?

Parce qu’on ne nait pas Maçon, on le devient.

L’homme nouveau, le nouvel initié, le fils du père a devant lui un long chemin semé d’embuches. Il devra apprendre à se taire, à fuir les vices, pratiquer la vertu, à aimer ses frères et à les aider même au péril de sa vie.

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir
Alors tu seras un homme mon fils.

Ainsi disait KIPPLING.

Alors le nouvel initié, les yeux aveuglés par un bandeau, ne peut que suivre son guide. Il est manipulé, redevient un tout petit enfant serrant fortement la main en qui il a placé sa confiance et qui l’emmène dans ses différents voyages, ses premiers voyages de sa vie nouvelle maçonnique.

Nous Maîtres Maçons nous nous identifions à la symbolique de notre Maître Hiram. Nous sommes Maîtres parce que nous avons été Apprentis, puis Compagnon. En Apprenti nous avons appris à nous taire, à regarder la voie que nous montrait les Compagnons et Maîtres. En Compagnon nous avons voyagé afin d’acquérir de par le monde le meilleur de ce que nous pouvions approcher. Nous avons appris à devoir oser, nous avons appris à mieux nous connaitre et à rectifier nos erreurs. Nous avons appris à fuir les vices et pratiquer la vertu.

Notre Frère Johann Wolfgang Von Goethe dans La Nostalgie Bienheureuse disait :
Si tu ne fais pas tien ce précepte « Meurs et deviens ».
Tu te condamne à n’être qu’un triste Compagnon sur une terre sans lumière.
Qu’un triste Compagnon sur une terre sans Lumière !
Nous sommes donc tous les fils de nos pères qui nous ont précédés dans notre voie Maçonnique.
Notre Vie Nouvelle ne peut être que la continuation de cette voie que nous ont tracé nos pères.

Le présent n’a pas d’existence, il n’est que la continuité de LA VIE Maçonnique, NOTRE vie Maçonnique qui en réalité ne nous appartient pas. Nous ne sommes que de passage mais nous portons en nous la lourde tâche de transmettre l’héritage spirituel que nos pères nous ont légué.

Initier n’est pas montrer un « chemin »mais c’est placer le profane au début de son « chemin » afin qu’il prenne conscience qu’il doit perpétuer le travail accompli depuis des siècles et qu’une fois ce travail accompli il en tire joie et contentement dans le respect de notre règle en 12 points.

La Bible nous dit qu’Hiram est le « fils d’une Veuve de la Tribut des Nephtali » et qu’il était rempli de Sagesse, d’intelligence et de Science.

Hiram notre Maître représente en Maçonnerie le mythe de l’homme parfait. Il est l’archétype de l’Apprenti arrivé au stade de plénitude. Il a construit le Temple pour le Roi Salomon et la tragédie de sa mort par l’action des 3 mauvais Compagnons voulant lui arracher le Mot Sacré n’est que l’aboutissement d’un cycle permettant sa résurrection.

Pourtant le récit de son meurtre ne s’appuie sur aucun texte authentique. Il nous a été transmis et peut reposer à la fois sur une tradition, une légende ou un mythe.

La légende de la mort d’Hiram notre Maître est certainement purement symbolique mais elle aurait pu exister à travers les siècles, à tous les âges. Elle représente la vie de tous les jours avec son cortège de joie, de peine, d’ambition, de jalousie, de déceptions mais aussi de plénitude.

Elle nous apprend que notre Maître Hiram était ce que l’on pourrait nommer un homme parfait arrivé au faîte de sa gloire et certainement rempli de la sagesse qui prévaut au crépuscule de la vie.

Elle nous apprend que 3 mauvais Compagnons souhaitaient connaître le Mot Sacré dans le but de toucher un salaire qui n’était pas en relation avec leurs connaissances du travail. Ambition, appât du gain, violence.

Elle nous apprend que Le Roi Salomon qui avait fait construire le temple par notre Maître Hiram, inquiet de ne plus le voir le fait rechercher par 3 fois 3 Compagnons qui finissent par le découvrir sous un tas de décombre sur lequel est planté une branche d’Acacia.

Ainsi EST la dualité morale de l’homme entre l’esprit du mal et l’esprit du bien.
Le Maître est retrouvé et avec lui, éblouissante reparait la lumière.
C’est donc ce mythe de mort et de résurrection de notre Maître Hiram qui constitue la clef de l’élévation au troisième degré.

Et c’est ainsi que lors de mon élévation au sublime grade de Maître je reçus comme notre Maître Hiram 3 grands coups et que je fus placé dans le tombeau.

Compagnon j’étais, mais étais-je aussi parfait, aussi accompli, aussi rempli de Sagesse, d’Intelligence et de Science que notre Maître Hiram ? Je n’en suis pas certain mes Frères.

Bien entendu, tout au long de ma vie Maçonnique, d’Apprenti à Compagnon, je me suis efforcé de pratiquer la vertu et de fuir les vices.

Mais ais-je vraiment réussi ?

Certes, je n’ai pas, comme les 3 mauvais Compagnons, l’envie de m’accaparer par la violence de ce qui ne m’est pas dû. Ces 3 mauvais Compagnons dont l’ambition les rendait dépendant de l’Esprit du mal au point de leur faire accomplir leur triste besogne.

Mais comme tous les humains de cette terre je reste soumis à l’ambivalence des forces contraires du bien et du mal. Le noir et le blanc de notre pavé mosaïque. Je m’efforce d’être sage, d’être bon, mais être bon n’est-il pas également faire preuve de faiblesse ?

Hiram n’est pas mort, Hiram ne peut pas mourir, car Hiram est éternel.

Par la pratique du rituel maçonnique notre Très Vénérable Maître me sortit de la tombe d’Hiram par les Cinq Points Parfaits de la Maîtrise et par le mot Sacré qu’il me souffla à l’oreille.

« Moabon » était le premier mot substitué prononcé par les 9 Compagnons envoyés par le Roi Salomon lorsqu’ils découvrirent la tombe de notre Maître Hiram.

« Moabon » veut dire également le Fils du Père ou la vie nouvelle.

Comme on ne nait pas Maçon, on ne nait pas non plus avec la connaissance, la sagesse, l’intelligence et la science.

Tout enfant devra donc tout au long de sa vie apprendre.

Apprendre à se connaître soi-même, apprendre à se défendre, apprendre à trouver sa voie et pour cela instinctivement il se choisira un modèle, une idole pour lui, qu’il s’efforcera de suivre.

Bien souvent il s’agira de son père qu’il honorera, respectera et à qui il s’efforcera de ressembler. Alors, moi Maître Maçon devenu je m’efforcerai de me parfaire, de suivre et de pratiquer les préceptes de notre Maître Hiram.

Conscient de l’importance de cet héritage spirituel et de mon élévation au Grade sublime de Maître, le Fils du Père que je suis devenu commencera une Vie Nouvelle.

Je m’en irai de par le monde rassembler ce qui est épars. Partout où j’irai je m’efforcerai de pratiquer la vertu et je combattrai les vices. Je fréquenterai des Frères, hommes libres et de bonnes mœurs. Et surtout j’aiderai mes Frères fût-ce au péril de ma vie. Enfin je chercherai toujours à me parfaire car la voie de la connaissance est infinie.

Et puis quand arrivé devant la porte de l’Eternel Orient, celle que le Profane appelle la mort, j’emporterai avec moi, tout comme notre Maître Hiram, mon mot Sacré. Mon Mot Sacré, notre mot Sacré à tous mes Frères, qui n’est autre que l’ambivalence de nos désirs, de nos passions inassouvies et quelques fois inavouables enfouies au plus profond de notre subconscient.

Alors pourquoi tous ces efforts pour devenir juste et parfait puisque inéluctablement les portes de l’Orient Eternel s’ouvriront un jour devant moi, devant nous ?

Parce que le Maître Maçon que je suis devenu aura communiqué les plans parfaits aux Apprentis et Compagnons placés sous ma surveillance afin qu’ils suivent et perpétuent à jamais La Franc Maçonnerie Universelle dans le respect de notre règle en 12 points.

Ainsi Le Fils du Père ou la Vie Nouvelle.

J’ai dit Vénérable Maître.

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