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Etre au diapason

Qu’est-ce un diapason ? Le diapason sert à créer la note dont la fréquence sert de référence pour l'accord des voix et des instruments. Le diapason est constitué de deux branches épaisses parallèles, soudées en forme de U et prolongées par une tige. Les branches en vibrant émettent un son à la fréquence étalonnée. La principale raison de la forme du diapason est qu’il produit une note pratiquement pure. Etre au diapason veut aussi dire s'accorder, être en accord, dans le ton, compatible avec son environnement, être dans le même état d'esprit, être en harmonie.

Tout d’abord, le diapason renvoie à la perpendiculaire, autrement nommé le fil à plomb. C’est ce qui permet de relier le haut et le bas, la terre et le ciel et dans le temple maçonnique, le zénith au nadir au centre du naos. Ce symbole est l’outil qui permet de nous guider de nous montrer le chemin. Pour trouver le bon chemin ne devons nous pas suivre le fil ? Ariane n’a t’elle pas tendu un fil pour aider Thésée à trouver son chemin dans le labyrinthe ? Nous suivrons ce chemin un peu plus tard…

Revenons au diapason, Il produit une note pure, mais il produit aussi une vibration, or dans les 7 principes hermétistes, il existe 2 principes qui sont en lien avec le diapason et surtout reliés entre eux :

- Le principe de vibration
- Le principe de rythme.

Pourquoi sont-ils reliés ? En musique, jouer d’un instrument avoir la note juste est chose aisée (si l’instrument est correctement accordé...) mais comment peut-on rendre la musique belle si l’on y associe pas le rythme. Là intervient un autre instrument : le métronome. C’est lui qui crée le rythme. Ce qu’il faut savoir c’est que ce rythme peut-être variable : lent, rapide, modéré (on retrouve ici le principe ternaire)…etc. La musique est belle par la juste note, par le rythme. Il faut lui ajouter un ingrédient essentiel qui la faire vivre et rayonner : le cœur et l’esprit. La musique n’est belle que si le musicien y apporte sa propre alchimie. Il doit se mettre en harmonie avec lui-même et avec l’univers pour que la musique vive…

L’implication du musicien la rendre belle. Il y apporte des nuances et sa volonté de la rendre agréable à l’oreille de son public. C’est l’intériorité, c’est le creuset de l’alchimiste. Lors de notre rituel, nous nous unissons par le rythme et la vibration lors de l’ouverture et la fermeture des travaux, par la triple batterie et l’acclamation. Pour moi ce moment permet d’unir les maçons et de les mettre tous sur le même niveau vibratoire pour qu’ils puissent travailler ensemble à la construction du temple. Chaque maçon, une fois l’ouverture des travaux faite se retrouve dans un lieu sacré à haut niveau vibratoire. Ils sont au diapason, ils sont en harmonie. Le vénérable maître permet par ces 3 coups et l’acclamation de relier les maçons entre eux mais également de les relier à l’univers, au cosmos, au tout. Notons également que à la suite de cette acclamation, le vénérable maître dit ceci « mes frères, les travaux reprennent force et vigueur. Veuillez prendre place… ». Cette incantation de notre vénérable maître qui suit la triple batterie et qui a permis de nous unir par le rythme, nous rappelle que nous devons prendre place dans le temple maçonnique soit, mais surtout dans notre temple intérieur (notre moi intérieur, notre cabinet de réflexion) pour que nous soyons nous même en vibration pour travailler.

Le décor du vénérable maître qu’est l’équerre symbolise ce lien, cette mise en harmonie. Le vénérable maître relie tous les plans par la verticale (nous retrouvons notre fil à plomb) et par l’horizontale (les maçons présents dans le temple). La verticale et l’horizontale forment l’équerre. Cela lui permet de créer l’harmonie pour le bon déroulé du rituel. Pour que les maçons puissent travailler à la construction du temple à l’unisson une fois leur propre vibration contrôlée et les métaux laissés à la porte du temple.

Revenons au principe de vibration ? « Rien ne repose tout remue tout vibre ». Ce principe hermétiste explique que tout remue dans l’univers, tout bouge et tourne en rond. Ce qui crée les différences, ce sont les degrés d’intensité de mouvement de ces vibrations.

Quel lien faire entre le principe de vibration et la quête alchimique, la quête maçonnique ? Burensteinas dans « De la matière à la lumière » explique que l’alchimiste est en quête de la pierre philosophale, cette pierre qui transforme le plomb (nous retrouvons ici le fil à plomb, notre verticale) en or. L’alchimiste qui cherche l’or cherche surtout l’Aor, c’est dire la lumière. Il va travailler de façon opérative en transformant la matière et en cherchant à la transmuter en lumière. Pour cela, rappelons que dans toute chose, il y a 3 parties qui sont, le corps, l’âme et l’esprit.

Qu’est-ce qui différencie fondamentalement la matière de la lumière ? C’est juste le mouvement, la vibration, surtout l’agitation. La lumière est immobile alors que la matière est agitée. Comme je le disais précédemment, être au diapason, c’est être en harmonie avec les autres, avec l’univers, et la lumière étant un principe immobile, la recherche de la lumière est la recherche de cette harmonie, est une quête intérieure pour ne plus être dans l’agitation.

Lorsqu’un profane est reçu maçon, il voyage pour recevoir la lumière… Est-ce vraiment lorsqu’il est reçu maçon que le profane reçoit la lumière ? N’est-ce pas plutôt, une légère lueur, le commencement d’un long chemin pour tenter d’y accéder ? Et le chemin pour atteindre la lumière, est-ce une ligne droite tracée et sans heurt ? Le chemin ne peut se fait pas sans agitation. La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Pour parcourir ce chemin et accéder à la lumière, chacun va trouver son propre rythme. Rappelons que ce rythme peut-être lent, rapide, modéré. Le chemin sera rapide pour certains et plus long pour d’autres.

Je me rappelle d’une parole de notre frère A\ R\ qui un jour a dit, qu’il existait sur le parcours maçonnique, des aigles et des tortues. L’aigle comme la tortue réussira son parcours, fera le chemin mais l’un plus vite que l’autre car l’un survole et a une vue d’en haut, vue du ciel. L’autre avance pas à pas et doucement. L’un vivra aussi plus longtemps que l’autre. Mes frères, nous sommes tous ici pour construire des temples à la vertu, certains d’entre nous sont des aigles d’autres des tortues, mais chacun apporte sa pierre à l’édifice… Chacun cherche à se mettre en harmonie avec soi en cherchant au plus profond de soi, être au diapason pour le bien de l’ordre en général.

Chercher au plus profond de soi c’est utiliser la verticale, aller en terre (cabinet de réflexion de l’initiation) pour renaître, grandir, pousser et donc monter vers la lumière. Le chemin se fera donc par moment dans le calme et parfois dans l’agitation. Au bout du chemin est la lumière et la réception en tant qu’apprenti maçon n’apporte pas cette lumière, mais juste une légère lueur. D’ailleurs si nous, apprentis- maçons restons sur la colonne du nord c’est pour éviter de se rapprocher trop vite de la lumière qui nous brûlerait les ailes comme furent brulées les ailes d’Icare lorsqu’il s’est approché trop près du soleil. La lumière nous en recevons sûrement un peu plus à chaque passage de grade, étape par étape jusqu’à la maîtrise.
Permettez moi de prendre un autre exemple. Si vous laisser une graine exposée en pleine lumière, elle ne peut pas germer et pousser. Elle se dessèchera et ne pourra trouver la nourriture dont elle a besoin pour grandir. Elle doit d’abord être enfouie au plus profond de la terre, se nourrir de cette terre pour pouvoir grandir et pousser, comme le maçon doit chercher au plus profond de lui pour grandir.

Lors du rituel de réception au grade d’apprenti, le premier surveillant dit : « Vénérable-maître les membres de l’ordre sont prêts à le reconnaître pour frère (sœur) ; il demandent que la lumière lui soit donnée ». Le vénérable maître dit alors : « Que la lumière lui soit donnée à mon troisième coup de maillet ».

On associe ici la lumière à une vibration, un rythme / trois coups de maillets réguliers avant l’accès à la lumière. Cette vibration est régulière, calme, modérée. Lorsque le bandeau est levé, il y a un grand moment de silence et de calme pour que chaque frère puisse donner un peu d’Aor (de lumière, d’amour) à ce nouvel apprenti. Ce nouvel apprenti reçoit tout et peut ainsi commencer son travail.

Le travail de l’apprenti est de tailler sa pierre brute, pour cela il utilise trois outils : le maillet et le ciseau. Pour que ma pierre soit bien taillée, je dois d’abord réfléchir, observer la forme de la pierre et voir comment elle peut être taillée. J’observe, j’utilise mon discernement, je réfléchi à la meilleure façon de la tailler pour ne pas la briser.

Le ciseau représente donc le discernement des esprits. Robert Ambelain dans la « Symbolique maçonnique des outils » associe le ciseau à un art libéral : la musique. Il est intéressant de voir que nous revenons à la musique. Le terme musique vient du nom muses et est issu du grec mousa qui veut dire : penser, désirer et surtout comprendre. Or en alchimie, l’art ésotérique par excellence est l’art de musique. Ici, je fais allusion aux aspects théurgiques de cet art qui permet de se relier au divin…d’ailleurs dans le temple, lors de notre rituel, nous passons de la musique, je pense qu’elle nous permet de nous relier au divin.

Utiliser son ciseau c’est utiliser le discernement pour accéder à la connaissance, c’est penser, comprendre pour ainsi être en harmonie avec soi donc avec l’univers : Etre au diapason. Le principe du rythme, Hermes Trimesgiste dit ceci « Tout s’écoule au dedans et au-dehors, toute chose a sa durée, tout évolue puis dégénère, le balancement du pendule se manifeste dans tout, la mesure de son oscillation à droite est semblable à la mesure de son oscillation à gauche, le rythme est constant ». Avant la création, le tout pouvait être décrit comme un cercle, donc un élément immobile avec un seul point central… Le mouvement, l’agitation a créé la différenciation et a séparé ce tout en créant des flux d’énergie différents. Ce qu’il est important de comprendre c’est que dans l’univers l’énergie circule d’une manière sinusoïdale s’il n’y a pas de résistance…Et l’onde de forme du diapason est une onde de forme sinusoïdale, donc sans résistance et pure. C’est ce qui permet d’obtenir une note juste et pure. Tout autour de nous émet des ondes de formes. Ces ondes sont comme toute chose, au nombre de trois (nous retrouvons le ternaire). Elles peuvent être positives, négatives ou neutres. Tout être, toute chose possède un champ électro-magnétique. Pour les êtres vivants, on l’appelle l’aura.

Lakhowsky a démontré que tous les êtres vivants non seulement émettent des radiations, mais sont également capables de recevoir et transmettre des ondes. Par exemple, la faculté d’orientation des animaux serait le résultat de l’émission et la réception des ondes électromagnétiques et des ondes cosmiques. Dans le temple maçonnique, nous cherchons à ouvrir la porte qui relie la terre et le ciel, a ouvrir des portes qui nous relie à l’univers et aux ondes cosmiques. Nous nous relions au cosmos par l’allumage des lumières et l’activation énergétique du naos. Nous ouvrons une porte d’énergie que nous relie au ciel grâce à la perpendiculaire (au fil à plomb).

Nous même sommes générateurs d’ondes. Notre cerveau génère des ondes qui ont une influence certaines chez les autres. Certains physiciens se sont intéressés aux pouvoirs de l’esprit humain. Il serait capable de recevoir et d’émettre des radiations, des ondes de formes. L’être humain par ces radiations est relié aux autres mais aussi au cosmos. Ce qui implique qu’il y ait un lien intime entre les êtres, donc que nous faisons partis d’un tout et que nous sommes reliés par une conscience universelle… Dans le temple, lorsque nous travaillons, nous activons ce lien universel, nous travaillons pour relier toutes nos énergies dans l’égrégore.

Nous pouvons aller plus loin dans cette idée et dire que les ondes que nous émettons peuvent agir sur la matière. C’est l’action de l’esprit sur la matière. Les vibrations que nous émettons peuvent non seulement véhiculer un message, mais aussi une intention, une volonté, un désir. Dans cette hypothèse, notre esprit a une action sur notre entourage et sur la matière.

Le diapason plus qu’une vibration émet aussi un son, une note pure. Ne dit-on pas au commencement était le verbe, les égyptiens l’affirmaient et bien d’autres civilisations aussi. Le son est associé à la genèse de la création. Pour les hindous, le son primordial (nada) et le verbe (vâk) produit l’univers. Pour les égyptiens, Thot et le cri primordial, Ptah et le verbe divin sont à l’origine de la création du cosmos.

Le son c’est donc le souffle divin. L’harmonie règne dans le son… N’est-ce pas la musique des sphères de la théorie pythagoricienne ? Pythagore aurait eu le privilège d’entendre cette musique des sphères, ce son primordial source de toute chose et régit par la loi du nombre. Chaque planète émettrait un son, et ces planètes seraient à l’origine de la gamme sidérale.

L’organisation des sons musicaux se fonde sur un principe cosmique : celui de l’ordre divin et de l’intervalle parfait entre les astres. Cet archétype est à l’origine de la gamme sidérale faisant correspondre 7 planètes aux 7 notes de musiques.

On peut faire la correspondance avec l’organisation de la loge… La gamme sidérale est parfaite. Elle est organisée en 7 planètes qui correspondent à 7 notes de musiques. Une loge est juste et parfaite lorsqu’elle est constituée de 7 maîtres. Chaque officier d’ailleurs a sa correspondance planétaire selon Oswald Wirth.

Le Vénérable maître - Jupiter, la plus grosse planète du système solaire, symbole de la prospérité - do 1er Surveillant - Mars, symbole de la force mais aussi de l'action et de l'engagement - ré Orateur - Soleil, symbole de l'esprit, du rayonnement, de la force vitale, de l'énergie - mi 2nd Surveillant - Vénus, symbole de l'harmonie, des relations et de l'équilibre - fa Maître des Cérémonies - Mercure, symbole du mouvement, de la communication et du savoir - sol Secrétaire - Lune, reflet du soleil (donc reflet de l’orateur), symbolise le côté féminin, la mémoire, l'écoute - la Grand Expert - Saturne, symbole de la connaissance, du travail et des Anciens - si Sept est le nombre des maîtres et surtout le nombre de la perfection qui est en étroite relation avec le trois. Car un arc en ciel n’est-il pas composé de sept couleurs qui sont elle-même engendrées par les 3 couleurs fondamentales… Le 7, ici n’est pas dissocié du 3. Tous les maçons quelque soit leur âge reste apprenti tout le long de leur parcours maçonnique. Et je vous rappelle qu’en loge, 3 la dirigent, 5 l’éclairent et 7 la rendent juste et parfaite.

En résumé, être au diapason c’est être en accord avec l’univers, le cosmos, se mettre sur la juste note et au bon rythme. Etre au diapason, c’est envoyer la bonne vibration. C’est aussi recevoir les vibrations et s’ajuster sur elles. C’est se relier a ce qui nous entoure, mais c’est chose complexe dans notre monde agité. L’agitation fait que les vibrations sont partout, tout le temps (parfois bonnes, parfois neutres, parfois mauvaises). L’agitation existe aussi lorsque leur chemin n’est pas toujours parfait (sinusoïdal). Il est parfois complexe de trouver le calme, la sérénité, l’harmonie à l’extérieur du temple. Au sein du temple maçonnique, et lorsque l’espace est sacralisé, seul l’universel existe, la vibration universelle.

Je suis dans un espace à haut niveau vibratoire, que je ressens comme calme où plus rien n’existe que la vibration universelle, le lien au divin car chaque maçon a pris place et a laissé ses métaux à la porte du temple pour chercher la lumière (l’amour universel), et travaille pour l’intérêt général. Nous sommes tous liés par un lien universel et surtout par un lien que nous ne pouvons rompre. « Que la chaîne d’union fraternelle soit désormais si forte entre nous que rien ne la puisse jamais altérer ».

J’ai dit vénérable maître.

S\ P\


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