Obédience : NC Loge : NC 05/02/2006


Etre et paraître

L'homme est habité par des manques, des attentes et des désirs qui modèlent sa personnalité, son être. Nous pouvons voir dans le paraître, le reflet de notre personnalité : être et paraître sont liés.

Paraître est le reflet de besoins et de désirs. C’est un marqueur généré par nos manques, nos attentes qui façonnent notre être. Nous exposons au regard de l'autre une partie de notre être intérieur, à travers une certaine manière d'être, d'apparaître, de se donner à voir. Le paraître manifeste extérieurement la manière dont nous occupons l'espace social, et indique dans le domaine de l'être que nous sommes fait de manques, d’attentes ou de désirs.

La difficulté que nous avons à lier l'être et le paraître tient à la manière dont, traditionnellement, ils ont été opposés. Notre conception de l'être, qui remonte aux premiers tâtonnements de la philosophie, est ancrée, avec Parménide, dans ce qui est immobile, impérissable et éternel. Plus tard, avec Aristote, l'être est relié à la substance, c'est-à-dire à l'irréductibilité. Dès lors, tandis que l'être est lié à la permanence, le paraître se voit qualifier le passage ou le fluent.

Paraître est passager, limité dans le temps et un espace donnés. Cela valorise la superficialité. Une tension apparaît alors entre le paraître et l'être, entre l'accessoire et le permanent. Il ne faut pas s'étonner du caractère discriminant du paraître par rapport à l'être : le paraître est noué à l'apparence, la mouvance, l'instabilité, la futilité, tandis que l'être est relié à la permanence, la stabilité et la vérité.

Le paraître n'est-il que la futilité de nos manières d'être ? Le paraître n'est-il que l'expression trompeuse de la réalité de notre humanité ?

Si l'homme est constitué de manques, d'attentes et de désirs qu'il cherche à combler, le paraître, ou l'expression d'une présence, n'est-il pas le reflet visible d'un état, celui de l'être ? Le paraître est la face visible d’un iceberg : celui de l'être. Sa partie visible ne doit pas nous faire oublier sa partie immergée, souvent plus importante. L'aspect et le volume apparents de l'iceberg informent sur sa partie immergée.

Dans l'opposition entre le paraître et l'être, naît la nécessité de porter son attention sur ce que le paraître révèle de l'être que nous sommes. Si la partie visible de l'être, le paraître que nous cultivons et peaufinons à travers les choix que nous faisons, manifeste explicitement un aspect non négligeable de notre être, alors ce n'est qu'en comprenant ce qui nous motive au coeur de notre être que nous comprendrons notre paraître sans nous laisser tromper par ce dernier.

Ainsi être et paraître semblent indissociables et complémentaires. Le paraître est la face externe de l'être. L'être est la face cachée du paraître.

Pour E\,

M\ B\ H\


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