Obédience : NC Site : http://bernard.doulet.free.fr Date : NC


Le passage

“Tu quitteras ton père et ta mère” (Les Evangiles)

En maçonnerie, il y a un symbole qui revient souvent, celui de mourir pour renaître. Je pense que cela rejoint de nombreux de mythes universels, figurés de différentes façons selon les cultures et en des temps différents, par exemple Isis et Osiris chez les Egyptiens,  la mort et la résurrection du Christ dans le christianisme, etc
 
Dans tous ces mythes, il y a quelque chose de commun : l’idée d’un passage d’un état à un autre, d’une trans-figuration, sous condition de traverser des épreuves difficiles voire transgressives: les enfers, la mort, passage d’un état d’ignorance à un état de connaissance, à rapprocher des récits bibliques de la Genèse.
 
Cette logique est aussi celle de la maçonnerie symbolique, du moins dans les Obédiances spiritualistes : mourir pour renaître
 
Le concept de Connaissance soulève beaucoup de questions. Il convient de le différencier tout d’abord de celui de savoir. Le savoir est le fruit de l’acquis, que ce soit par l’enseignement ou l’expérience, alors que la Connaissance serait le fait d’une intuition ou d’une révélation parfois initiatique.
 
Mais revenons à des choses plus prosaïques. L’enfant, nouveau-né d’un homme et d’une femme, habitants-habités d’une communauté humaine historiquement datée avec ses rites, croyances, se présente dans le monde avec toute son innocence, ouvert à toutes les sensations, à toutes les perversions (pervers polymorphe selon FREUD) et stimulations physiques et psychiques, à toutes les Connaissances ? Mais voilà que sa famille et sa communauté d’origine lui intime l’ordre conscient ou inconscient de percevoir le monde tel qu’il est, c’est-à-dire tel qu’il est à leurs yeux. Or selon les cultures et les époques la perception des objets matériels et des objets psychiques n’est pas la même.
 
Certes, le petit d’homme va s’y adapter et s’il n’est pas particulièrement rebelle, paumé, rejeté, curieux, il se conformera aux attentes des siens et il vivra dignement sa vie humaine dans sa communauté d’appartenance, dont il partagera avec ses compatriotes, sans en douter, les convictions. Il mourra un jour, peut-être dans la sérénité et l’amour des siens.
 
Autre est celui qui jette un regard relatif et critique sur les valeurs, idées, morale reçues. S’il accepte le défi, le voilà marginalisé dans sa propre communauté, de son fait et de celui de ses compatriotes. Le voilà confronté aux questions fondamentales : qui suis-je, où vais-je, que veux-je ? Le voilà engagé dans un processus au cours duquel toutes les valeurs, croyances reçues vont se vider de leur contenu symbolique. Le voilà seul, dépouillé de son héritage, seul et nu devant l’Univers, devant Le Grand Architecte de l’Univers sans nom. C’est la traversée du désert, de l’enfer, l’apprentissage de la vie, de sa vie à travers l’expérience du “ retour aux choses mêmes” (Husserl), la confrontation du Soi aux éléments, aux savoirs reçus, à l’issue de quoi peut-être, un humain libre et responsable va prendre place parmi ses congénères, « un parmi d’autres » (Denis Vasse) dans sa singularité.
 
Au départ, il avait une place désignée. Après cette sorte d’initiation, il prend place, parle et agit en son nom propre, ce en quoi, il est un humain libre et responsable, ayant pour boussole en tout et pour tout sa conscience, dont la limite est la révélation de n’être pas lui-même l’origine de sa propre conscience. Le voilà donc condamné à vivre sa liberté, à honorer sa responsabilité, en s’en remettant à une Conscience transcendantale, dont il ne sait rien d’autre que de se savoir en être le sujet.
 
Ne serais-ce pas là le sens des mythes de transfiguration que j’ai évoqués au début de ma planche ? Qu’en pensez-vous ?
 
Bernard DOULET

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