GODF Loge : NC 04/07/2010


La Rumeur !


Prolégomène
Pour tenter de comprendre la rumeur, on aurait pu commencer en mai 1969, dans la paisible et proche ville d'Orléans. D'étranges évènements y surviennent: on chuchote, on murmure, on bavarde... les boutiques du centre-ville sont prises pour cible, on parle d' enlèvements invisibles, de
jeunes-filles disparues, de cabines d'essayages dangereuses... un jour, le mari d'une employée entre brusquement dans l'une des boutiques et se saisit de sa femme en hurlant: "Tu ne restera pas une minute de plus ici!" Le surlendemain, saisie par un commerçant ulcéré, la préfécture de police
ouvre une enquuête judiciaire.

Les travaux sur les rumeurs datent de la seconde guerre mondiale. Au sens large, c'est un bruit qui court. une affirmation générale qui est présentée comme vraie sans qu'aucunes données concrètes permettent de vérifier son exactitude.

Mots que l'on transmet un message à une personne, on peut constater que lorsque le message est relayé, ce dernier se modifie dans le sens d'une perte de détails, voir d'une reconstruction différente.

L'interprétation du receveur peut amener des éléments qui se rajoutent à l'histoire. il arrive qu'à la fin l'histoire ne soit plus du tout la même.
Préambule : Pourquoi s’intéresser aux rumeurs ?
· Parce qu’elles peuvent porter de graves préjudices à des individus ou à des organisations. La forme diffamatoire étant la plus répandue, la rumeur tue : Roger Salengro (Désertion), Robert Boulin et Pierre Bérégovoy se suicidèrent à la suite de rumeurs insupportables.
· Elle peut altérer gravement des informations objectives et les supplanter. Elle a le pouvoir de modifier et de dégrader nos opinions.
· Elle peut provoquer des comportements irrationnels et être à l’origine de véritables crises.

Introduction

Origines et Définitions simples !
La rumeur est en fait le plus souvent une production sociale spontanée, sans dessein ni stratégie (on imagine un fin stratège tapi dans l’ombre, la rumeur est alors un crime par personnes interposées, crime parfait car sans traces, sans armes, sans preuves). Le mythe de la source persiste
car il est à la fois agréable et utile.

Agréable, car il nous plonge dès la moindre rumeur dans l’univers imaginaire du complot, de la manipulation, de la désinformation, de la guerre économique ou politique. Que plaisir que d’apprendre de notre Frère Thierry Meyssan qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone le 11
septembre 2001 !
Le mythe de la source est aussi entretenu parce qu’il est utile. La source permet au public ayant cru à une « fausse » rumeur de se disculper. Accuser et poursuivre la source, c’est éviter de reconnaître que l’on s’est soi-même trompé, en déclarant en toute innocence avoir été trompé (la
source ne peut être qu’un traître, puisqu’il nous trompe).

Ce déplacement de la responsabilité de la rumeur en dehors du groupe qui la véhicule n’est pas gratuit, il esquive la vraie responsabilité : la nôtre.
A chaque instant, d’innombrables sources envoient d’innombrables signaux ou messages, sans aucun effet. A un moment donné, le public s’empare d’un message parce qu’il revêt pour lui une profonde signification. La plupart des faits, signaux ou messages sont muets ou neutres : ils
acquièrent la signification que l’on veut bien leur donner.
Par exemple, parce qu‘ils ne croyaient pas du tout à une attaque japonaise sur Pearl Harbour, les Américains ne remarquèrent pas les multiples « signaux » des préparatifs et concen-trations maritimes « suspects ».
Quelles sont les sources ?

Le discours des experts – L’expert est une source classique de rumeurs car il est détenteur de clés de lecture, de signes indéchiffrables par le commun des mortels. Il est habilité à porter des jugements, des pronostics, à émettre des prédictions et il dispose d’une chambre de résonance :
- les personnes qui le considèrent comme expert ;
- les journalistes dont la tâche est de rendre compte.

Aux Etats-Unis, certaines des entreprises très connues ont du faire face à des rumeurs très actives les accusant soit d’avoir une large partie de leur capital dans les mains de la secte Moon, soit d’être purement et simplement possédées par le démon. On trouve ainsi dans le collimateur de la
rumeur : Procter et Gamble, le numéro un mondial des produits d’entretien (Pamper’s, Ariel, Bonux, etc.), McDonalds, qu’on ne présente plus.
L’origine de ces rumeurs a pu être trouvée. C’était les pasteurs des communautés religieuses fondamentalistes du Sud des Etats-Unis (religieux intégristes). Lors des homélies, les pasteurs mettaient en garde les fidèles contre ces sociétés.

Notons qu’à l’instar de ce qui se passait au Moyen Âge, l’Eglise devient là, le média de la rumeur.
Ces rumeurs reposaient sur le déchiffrage des signes qui ne trompent pas les « experts ». Ainsi, le logo de la société Procter et Gamble, représente le visage d’un vieillard sous forme de croissant de lune regardant treize étoiles (en l’honneur des treize colonies américaines à l’époque où fut créé le logo à la fin du siècle).La rumeur se polarisa d’abord sur le croissant de lune : ce serait une allusion évidente à la secte Moon. Puis, la rumeur s’en prit à d’autres aspects de ce logo, bien plus révélateurs dans le logo : les étoiles dessinaient le chiffre 666, c’est-à-dire le chiffre de Satan selon une interprétation d’un vers du chapitre 13 du Livre de la Révélation. Ce chiffre se retrouvait aussi dans les plis de la barbe du vieil homme qui, selon la rumeur, est en réalité un bélier, figuration animale de Satan.

La société Procter et Gamble a fini par décider de supprimer son emblème de tous ses produits pour essayer de mettre un terme à cette rumeur.
Les confidences – Sur le plan de la vie locale, beaucoup de rumeurs naissent de secrets ébruités, de fuites plus ou moins volontaires d’ailleurs (Jospin, confidence dans les avions). Nous sommes très sensibles à ces fins de banquets où, la bonne humeur aidant, un personnage important
pour nous, se laisse aller à une confidence, un aparté sur un sujet ayant des implications sur la vie locale.

L’information circule alors parce qu’elle a de la valeur, parce qu’elle vaut de l’or.
Lorsqu’elle est rare, l’information engendre la rumeur.

On doit aussi considérer comme confidence le cas où une personne surprendrait la conversation entre deux autres, sans qu’elles le sachent, dans les trains, au restaurant ou au téléphone par exemple. Des expériences ont été menées et montrent que les messages saisis à l’insu ne sont persuasifs que si l’auditeur est impliqué dans le thème abordé et si le message va dans le sens de ses opinions.
Un fait troublant – Beaucoup de rumeurs ont pour source un événement, un fait troublant.

En France, une rumeur courut sur la Côte d’Azur, il y a quelques années : les Canadairs avaient malencontreusement aspiré des nageurs en faisant le plein d’eau. Les malheureux avaient été directement jetés dans les flammes. Dans une revue d’aviation, un article mentionnait que l’on
avait trouvé un homme mort, en maillot de bain, dans les zones brûlées et inondées par les Canadairs. Sa présence, ainsi vêtu, si loin de la mer, était intrigante : on avait émis l’hypothèse – parmi d’autres plus réalistes - qu’il ait été sorti de l’eau par les Canadairs, et propulsé ainsi vers une mort atroce. (On en fait une histoire belge pour tendre vers une bonne forme, moins dramatique).

Lorsqu’une rumeur circule, lors des échanges successifs, la population, le groupe, tente de reconstruire le puzzle constitué par les pièces éparses qui lui sont relatées. Plus il manque de pièces, plus l’inconscient du groupe va peser sur l’interprétation.
Au contraire, plus le nombre de pièces est grand, plus l’interprétation collera au réel. C’est l’interprétation retenue comme la plus satisfaisante qui circule alors et figure en général à la postérité.

Les témoignages – C’est la narration d’un fait, un témoignage d’avoir vu ou entendu.
L’étude des rumeurs débouche alors sur les problèmes de la psychologie du témoignage.

Des expériences de laboratoire ont montré combien nous surestimions nos capacités perceptives. L’une des plus classique consiste à créer un incident artificiel devant un groupe de personnes non prévenues : on demande ensuite à celles-ci de rédiger un témoignage.
Conclusion : les témoins répondent davantage en fonction du degré de probabilité des choses qu’en fonction de ce qu’ils ont observé. (Un agitateur, un anarchiste, aura un bonnet rouge).
Un spécialiste de l’étude du mensonge résume ainsi les résultats de ces diverses expériences :
· un témoignage entièrement exact est exceptionnel ;
· les témoins donnent des renseignements faux avec la même assurance que des renseignements
exacts, et ceci tout en étant de bonne foi ;
· ce que nous déclarons reflète parfois plus nos stéréo-types mentaux que ce que nous avons vu réellement.

Par conséquent, si plusieurs témoignages convergent, cela n’est pas nécessairement un indice de vérité de ces déclarations. Cela peut signifier que plusieurs personnes, partageant les mêmes stéréotypes et les mêmes clichés mentaux, ont perçu les faits d’une manière identique mais
néanmoins erronée.

Les facteurs qui favorisent les erreurs sont le mouvement (par exemple celui d’un accident de la route), la brièveté de la perception, la condition physique du témoin l’importance de ses préjugés et son niveau de stress au moment de la scène.
Pourquoi cette rumeur ? « Contrairement aux dires des physiciens, le bruit court plus vite que la lumière ! ».

La rumeur court plus vite que la vérité.-

J’ai DIT

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