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« Ah ! Seigneur, Mon Dieu! »

La Construction d'un système ?

L’exclamation ( Ah ! Seigneur, Mon Dieu! ) prononcée lors de l'exaltation a la Maîtrise, exprimerait-elle l'accomplissement de notre construction ou n'en serait-elle qu'une étape ? Ce questionnement a initié et conduit ma réflexion pour répondre au sujet qui m'a été confié par notre TVM.

C'est la première fois que Dieu apparaît dans notre pratique. Le REAA véhiculerait-il une part de dogme ? Les mots pourraient nous conduire à cette lecture, mais le contexte symbolique de notre pratique nous conduit a dépasser  tous les sens que véhiculent ces mots. Quel cheminement nous suggère donc le REAA en nous conduisant à nous exclamer en interpellant un Seigneur qu'on appelle Mon Dieu ? Cette expression marque-t-elle une finalité ou une initiation ?
Pour répondre à ces différentes interrogations, mon travail m'a
Conduit à ré-explorer les mots pour tenter d'en extraire leur contenu. J'ai ensuite abordé l'usage des mots dans le cadre du Mythe d'Hiram pour aborder l'éclairage que nous propose le REAA.

Dans une approche sémantique, nous pouvons dire que l'interjection « Ah ! » est le support de l'exclamation. Cette forme d'expression peut évoquer la surprise, la douleur, l’accablement ou la joie. D'un point de vue physiologique, cette expression se fait en inspiration. On cherche son souffle à la manière d'un nouveau né. Ce souffle trouvé, les trois mots suivants sont exprimés dans l'expiration. Le mot « Seigneur » exprime la reconnaissance d'une autorité. Cette autorité est qualifiée « Mon Dieu ». L'exclamation conduit à une reconnaissance individuelle « Mon » de l'intemporel « Dieu » dans !a dimension seigneuriale temporelle symbolisée par l'Homme. Cette expression évoquerait une tradition orale ou un état de conscience singulier.

Pour mieux comprendre cette tradition ou l'état de conscience qui déclenche cette exclamation recherchons des expressions similaires. Nous retrouvons dans la Bible de nombreuses exclamations de ce type. Nous pouvons citer (Josué 7.7) Josué dit : «Ah! Seigneur DIEU, pourquoi as-tu poussé ce peuple à passer le Jour d ! 'JONAS 2,7) Jonas s'adresse â Dieu et lui dit (JONAS 2,7): «…De 'a fosse tu m'as fait remonter vivant. Oh I Seigneur mon Dieu!». L'association des mots « Seigneur et Dieu » matérialise l'abstrait. Elle associe une vision seigneuriale à une vision Universelle du Divin. Le mot Seigneur dans (Adonaï) est une traduction orale du tétragramme sacré «YHWH » qui ne se prononce pas. Cette expression prédomine dans les récits bibliques qui précèdent l'exil à Babylone. Dans ces récits l'Homme parle à un Seigneur à visage humain. Nous sommes dans une relation spécifique de l'homme ar Divin. Cette approche symbolise la sensibilité YAHVIQUE. Le mot Dieu, traduction de «ELOHIM» prédomine quant à lui dans les récits qui ont suivi le retour de Babylone. L'approche ELOHIQUE est plus abstraite. Cette association structure une tradition orale qui contracte par la parole l'histoire du sacré et exprime en même temps un état de conscience.

Les formes YAHVIQUE et ELOHIQUE expriment des conceptions du Divin différentes. L'expression que nous étudions nous place au cœur de l'approche YAHVIQUE.
Le REAA nous propose cette exclamation dans le cadre de la mise en scène du mythe d’Hiram pour nous ouvrir à une lecture. La méthode ne nous invite à l‘accablement de la mort du maître ou à la cherche du refuge de YAHVE. La méthode nous invite par sa mise en scène à comprendre le passage de la mort à la vie qu'articule YAHVE. Ce contexte fait ainsi toute la différence entre l'usage initiatique et exotérique des mots. « Nous ne sommes plus dans le monde profane, nous avons laissé nos dogmes (métaux) à la porte du temple, nous élevons nos cœurs en fraternité pour que nos regards se tournent vers la lumière ». L'appel à YAHVE mis en scène par le REAA, aurait donc maintenant le poids, la résonance et le sens d'un secret en vue d'une sublimation.

Le rituel nous propose une exclamation qui se rapporte au Dieu de l ‘ancien testament alors que nous travaillons à l'Evangile de St Jean. N y a-t-il pas ici un anachronisme? YAHVE serait-il le Christ ? Qui est-il ? Cet anachronisme n'est pas un hasard mes FF. Nous ne sommes plus dans le temps, ni dans le monde profane.
La méthode mise en oeuvre nous transporte progressivement au cœur d’une articulation sacrée entre la mort et la Vie. En accédant au cœur de cette articulation nous accéderions peut-être aux secrets de YAHVE (Divin).

Regardons de plus prêt ce que nous propose la méthode et tentons d'en extraire quelques indices : Cette expression est prononcée dans le cadre de la mort.du Maître, que nous enjambons. En enjambant la dépouille nous accéderions à une conscience celle du dépassement de nos préjugés et de nos passions. Ce dépassement devrait donc nous ouvrir à la joie et à l'interrogation. Cette invitation à la joie contraste avec le contexte de la mort L'exclamation n'est donc pas l'expression d'un refuge. Elle balise et structure un cheminement intérieur vers une connaissance future qui échappe à notre conscience présente. Le rite éclairerait peut-être une tradition alchimique.

Les récits Bibliques abordent cette tradition mais ne la révèlent pas. Quel est donc le contexte spécifique à cette exclamation et à l'éveil qu'elle exprimerait ou initierait. L'exclamation « Ah ! Seigneur, Mon Dieu !», prononcée dans le cadre
De la mise en scène du mythe d’HIRAM, met en oeuvre l'Homme par le verbe.

Cette mise en oeuvre utilise des mots dont la signification nous échappe initialement pour nous conduire à trouver en nous même leur sens caché. Cette mise en oeuvre opère une mue progressive. Le REAA nous donne quelques indices pour aborder ce cheminement. Le rite initie cette mue par la marche inverse du récipiendaire lors de son introduction en chambre du milieu. Le rite nous initie à l'inversion. Il nous invite à regarder en toutes choses le visible et l'invisible. Il nous invite à inverser ce que l'on sait pour accéder à la connaissance
de la face cachée des choses.

La mise en scène que nous propose le REAA procède par association, par substitution, par inversion ET par opposition. Cet exercice met l'esprit en action et l'ouvre à une nouvelle construction. Cet exercice constitue l'initiation L'exclamation « Ah ! Seigneur, Mon Dieu ! » n'est donc pas le témoignage d'un accablement, d'un appel ou d'une soumission à une force supérieure. L'exclamation telle qu'elle nous est proposée relèverait d'une tradition gnostique. Elle met en oeuvre par le verbe une mutation intérieure qui nous ouvrirait à la connaissance. Ainsi, l'esprit en mutation s'ouvre à une nouvelle dimension. Il s'éveille et s'émerveille de ce qui existait en lui et qu'il ignorait. Cette disposition structurante conduit ainsi le M à la grande architecture

Les différents jeux de rôles que nous propose la méthode M balisent cette approche. Cette exclamation est prononcée par le TVM au moment de la reconnaissance du maître, par l'expert lors des instructions du grade, par le récipiendaire à l'exaltation et par le VM lors de l'entrée rituelle en chambre du milieu. Ces différentes situations guident notre regard à l'intérieur des choses. Ces différentes mises en scènes opèrent par leurs approches verbales et comportementales collectives un éveil individuel qui nous permet de dévoiler étape par étape ce qui nous était précédemment inaccessible. Ainsi, nous décoderions progressivement les secrets cachés de cette exclamation. Nous désenclavons les mots de leurs significations de surface. En les associant par la parole à une dimension comportementale, nous leur donnons une nouvelle signification sensible et rationnelle. Ainsi en s'exclamant et en rabattant ses mains sur son tablier, le M nous montre que ses mains sont propres. Il clame son innocence et sa fidélité. Il réclame un droit.

Cette exclamation acte un sacrifice. Elle acte aussi un cheminement d'éveil. Cet acte est une démarche de raison et de droit. Partant de cet acte, le M fait le constat d'un nouveau départ dans la poursuite d'une construction qui a en fait commencé depuis bien longtemps au travers des épreuves de purification qu'a traversé le M. En acceptant le sacrifice le M accède à son temple intérieur et se révèle à lui-même. Libre et de bonnes mœurs, Il souhaite passer du sacré au Divin. L'expression réalise l'initiation et opère la transmutation. Le M mesure la force et l'action du verbe. Cette évolution ne s'accomplit pas comme le développement d'une structure comparable à l'enfant grandissant pour devenir adulte. Elle ne s'accomplit pas comme le grain de blé mûrissant dans la lumière. Cette évolution exige de la volonté, du courage et de la persévérance.

Ce que je viens de décrire mes FF est le fruit de mon experience vécue dans le cadre de notre pratique collective. Chacun de vous pourra décrire une autre approche issue d'une sensibilité théiste, déiste ou autre. Comme nous y avons été habitués, l'exclamation « Ah ! Seigneur Mon Dieu ! » Est un nouveau contre-pied du REAA adressé à notre sensibilité. Cette exclamation véhicule donc évidemment comme je viens de l'exprimer, autre chose qu'une interprétation
sacerdotale. Elle conduit l'Homme à se transformer par lui-même. Elle conduirait l’Homme à une Foi intuitive insoumise aux dogmes. Cette foi tient dans une formidable capacité de l'Homme à se sublimer progressivement. Cette foi se rencontre au centre du cercle. Elle s'exprime par le silence, la confiance sérénité. Cette foi dépasse toutes les significations sacerdotales que pourraient exprimer les mots. A cet effet, rappelons nous que sur le plan spirituel, Hiram ABI travaille au service d'un Dieu qui n'est pas le sien. Phénicien, il est polythéiste dans le cadre d'une religion largement inspirée par les religions de l’ancienne Egypte ( Tyr était un comptoir Egyptien ). Il ne se converti pas à la religion de Salomon au service duquel il travaille. Sa vraie religion est dans une construction sacrée il associe le monde végétal ( Bois de la construction du Temple ) monde Minéral ( Minerais pour forger les colonnes BOAZ & JAKIN ) et le monde animal ( symbolisé par le sang de son sacrifice ). Le mythe d'Hiram était probablement ALCHIMISTE. HIRAM ABI était détenteur de la connaissance des rois mondes ( Minéral, animal et végétal ) La FM spéculative et le REAA en particulier, conduiraient donc par la tradition à la construction de l'Homme par lui même. Ainsi, le REAA conduirait l'Homme à réunir en lui même le règne minéral, végétal et animal. Il conduirait donc l'Homme à réunir en lui la Beaute (BOAZ) et la Force (JAKIN) nécessaires pour devenir Divin.
Ainsi, la méthode alchimique par moments, Hermétique ailleurs, nous plongerait dans un athanor pour extraire par la tradition le subtil de l'épais, transformer le plomb en or et ouvrir l'Homme à une lumière méconnue qui vit en lui.

Concrètement, ce travail nous conduirait à la conscience d'une vie intérieure. Il conduirait aussi à faire progresser cette conscience par l’action au service de l'humanité.

TVM, VM, J'ai dit,

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