Obédience : NC Loge : NC 27/03/2009

A la recherche de la Parole perdue

Quels que soient les croyances et les dogmes, la parole symbolise d’une façon générale la manifestation de l’intelligence dans le langage, dans la nature des êtres et dans la création continue de l’univers ; elle est la Vérité et la lumière de l’être. Cette interprétation générale et symbolique n’exclut en rien une foi précise en la réalité du Verbe divin et du Verbe incarné. La parole est le symbole le plus pur de la manifestation de l’être qui se pense et qui s’exprime lui-même ou de l’être qui est connu et communiqué par un autre.

« Au commencement était le Verbe et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu » Saint Jean nous précise : le Verbe Divin est le créateur de toutes choses.

Que j’aime entendre ce prologue qui a toute sa place dans l’ouverture des travaux au premier degré…

Il est intéressant de noter que Saint Jean Baptiste clôt l’Ancienne Alliance et que Saint Jean Évangéliste ouvre la Nouvelle Alliance.

Nous sommes des Maçons de Loges de Saint Jean, nous nous inscrivons donc dans cette perspective.

Dieu, qui cherchait à émanciper Adam, lui avait donné la possibilité de créer en nommant, tout comme Lui, mais apparemment sans trop de succès. Il envoya son agent double (déjà), Eve, afin de stimuler et le sortir de sa torpeur. On connaît la suite et pour avoir suivi les conseils de Eve, et avoir enfreint les ordres de Dieu, ils furent chassés du Paradis Terrestre. Condamné au travail, il a perdu la parole créatrice que Dieu lui avait confiée pour l’aider dans sa tache.

Adam resta avec une parole, certes dégradée, mais moyen de communication idéal entre les hommes et si nous en croyons les archéologues, fondement de l’humanité. Donc, rien de plus important que la Parole, qu’elle soit divine et créatrice, ou seulement humaine. Plus tard, tout est perdu de nouveau, mais grâce à Noé le monde est sauvé, montrant que tout est possible pour celui qui écoute la Parole de Dieu.

Lorsque Moïse est redescendu du Mont Horeb pour la première fois, les Tables de la Loi, « Parole de Dieu » étaient écrites au recto et au verso. Seule la partie recto était compréhensible par l’homme, impossible pour lui de lire le verso. Parole perdue ou plutôt Parole occultée, cachée à ceux qui ne sont pas qualifiés. La tâche est lourde, car Moïse n’était quand même pas n’importe qui…

A notre modeste échelle, le Franc-maçon apprend durant la cérémonie d’Élévation au 3ème degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, que Maître Hiram a été assassiné, que la Parole du Maître est perdue et que celle que le candidat reçoit n’est qu’une substitution.

Voici le plan situé, il me reste à développer…

Dieu est la Parole, le Verbe, Le Logos, et il est venu parmi nous sous diverses formes au cours des âges, dont celle de Jésus-Christ.

Lui aussi a été apparemment perdu mais il nous a laissé un indice fondamental. Il s’est sacrifié et est mort au centre de la Croix, à la jonction de l’horizontalité terrestre et de la verticalité céleste, nous montrant le chemin. N’a-t-il pas dit : « Je suis le chemin » ?

Dans notre recherche, il nous faudra donc passer par lui entre ciel et terre, comme le Maître Maçon passera ente l’Équerre et le compas, entre Terre et Ciel, dans cette forme si caractéristique du losange de la vulve, retour d’où l’on vient.

Voilà un indice important d’avoir à accomplir un voyage en arrière, un retour vers notre origine.

Le nouveau naît crie son premier souffle, celui du divin qui l’habite et sans le savoir, durant toute sa vie il ira de l’inspir à l’expire pour, dans un dernier souffle, expirer une dernière fois et rendre ainsi compte à son Créateur de l’utilisation qu’il a fait de sa vie.

Les sons, convenablement vibrés, nous relient à la musique céleste, avec des mots comme AMOUR et AUM qui invoquent le divin, le Verbe.

Ce son, nous l’avions en nous, mais l’avons-nous perdu ?

Certainement pas, car lors de notre serment, nous donnons notre parole, c’est donc qu’elle est en nous. Pouvons-nous pour autant dire que cette parole est la Parole, celle de Dieu ?

Notre serment étant pris sur le Volume de la loi Sacrée, ma réponse est « oui », sinon notre serment n’aurait non seulement aucun sens, mais de plus il ne serait qu’une vaste parodie mensongère, une tromperie.

Cette Parole qui est en nous, à nous de la faire vivre, car le son c’est le mouvement, c’est la vie, c’est la Lumière des hommes, celle qui fait de l’homme un être spécial, auxiliaire du G\ A\ D\ L’\ U\. Alors, la Parole devient bien plus qu’une résonance harmonieuse, plus qu’une communion, c’est une Création de tous les instants, à condition de savoir l’utiliser, proprement, honnêtement, en vérité.

Puisque la Parole n’est pas perdue, ne serait-ce pas plutôt la façon de s’en servir qui est perdue ? La langue écrite de nos amis juifs ne donne pas la vocalisation mais seulement les consonnes. Ils ont donc plusieurs possibilités de dire, de prononcer un même mot, car la vérité n’est pas de ce monde et l’homme ne peut que s’en approcher.

La vaste majorité des religions interdit de prononcer le nom de Dieu, car cela serait une limitation inacceptable de Celui qui est tout et peut tout. Le mot Dieu est déjà une limitation en soi.

Pour qu’elle soit perdue, cette façon de vocaliser, de parler, c’est que nous l’avions auparavant, dans un passé dont nous sommes morts et qui hante encore nos rêves de résurrection dans une vie éternelle.

En fait, il est évident qu’elle n’est pas perdue, cette façon de parler, car le roi Salomon et Hiram roi de Tyr l’ont encore. Donc, elle ne peut être utilisée, conformément à l’accord pris avec Hiram Abif avant son meurtre. Ce serment pris devant Dieu, fait que trois possèdent le mot.

Le problème devient donc d’obtenir ce mot, la Parole, par Dieu ou par l’un des deux rois. Ce qui est Perdu peut-être retrouvé et nous sommes sur la voie puisque déjà nous avons dit : « Je ne sais ni lire, ni écrire, je ne sais qu’épeler ».

Le chemin est dangereux et ne souffre pas le mensonge. Celui qui tente de passer se voit interrogé et s’il ne prononce pas le mot « Shibboleth » de la bonne façon, le passage de l’autre côté de la rivière lui sera interdit, là ou commence une nouvelle vie pour ceux qui sont qualifiés.

Force est de constater que l’homme est distrait, en effet : Lumière perdue, Paradis perdu, Parole perdue, Graal perdu, Unité perdue…sans parler du 3ème degré, lorsque dans l’atelier il n’y a plus d’orientation, comme si nous avions perdu le nord, notre référence… C’est une invitation à la recherche…

Voici ce que nous apprenons lors de l’instruction au 3ème degré :

Qu’êtes-vous venus faire ici ?
Chercher la parole de Maître qui était perdue
Comment la parole de Maître fut-elle perdue ?
Par trois grands coups
Quels sont ces trois grands coups ?
Ce sont ceux que reçut notre Respectable Maître lorsqu’il fut assassiné aux portes du Temple par trois Compagnons qui voulurent lui arracher la parole de Maître.

La parole ayant été perdue, comment a-t-on pu la retrouver ?

Les Maîtres soupçonnant l’assassinat d’Hiram, et craignant que la force des tourments ne lui eût arraché la parole de Maître, convinrent que le premier Mot qui serait prononcé en le retrouvant leur servirait à l’avenir pour se reconnaître. Il en fut de même du Signe et de l’attouchement.

Lorsque le nouveau Maître est relevé par les cinq points parfaits de la Maîtrise, il passe de la mort à la vie grâce au Fiat Lux, figuré par les rideaux qui s’ouvrent au moment même de sa verticalisation et de sa rencontre avec le G\ A\ D\ L\ U\.

« Ah seigneur mon Dieu ».

La Lumière, la vraie vie est retrouvée et lui indique le chemin à suivre vers l’Unité du Paradis.

La Parole n’a peut-être pas été perdue mais simplement occultée, elle est en chacun de nous mais il faut la découvrir. Chercher la Parole dans la démarche Ecossaise, c’est l’apprentissage de la recherche du divin. Ce qui importe, ce n’est pas de retrouver la Parole, mais d’appréhender conceptuellement le chemin vers la recherche de la Vérité, c’est la quête de la connaissance, de l’harmonie, de la loi divine.

La Parole a été perdue, heureusement, car sans cette perte, il n’y aurait pas eu de quête spirituelle, et donc pas de planche…

La Parole n’a-t-elle pas été perdue pour que vive l’Homme ?

J’ai dit Vénérable Maître.

D\ S\


7260-G L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \