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La Parole Perdue


Toute société, fut elle initiatique, a besoin  de mythe  ou de légende pour fonder son origine et perpétuer sa tradition.

Notre mythe est la mort d’Hiram.
Pourquoi avoir choisi un tel personnage, assez obscur et totalement inconnu ?
N’aurait il pas été préférable de prendre comme figure , un personnage historique ou spirituel tel Abraham, Moïse et pourquoi pas Jésus ?
Comme ce dernier, Hiram a vécu sa passion, trahi par les siens, à la suite d’un meurtre rituel.
Mais la mort d’Hiram, en elle même, n’a peu de signification si ce n’est la renaissance à une autre vie, après la mort du vieil homme qui est en nous.
Et il s’agit là du meurtre rituel du père, qui exerce l'autorité ; il n’est jamais question du meurtre de la mère qui est amour ;
Il faut donc tuer le  père pour vivre notre vie.
Mais quelle vie ?
Le meurtre par les 3 mauvais compagnons qui sont l’autre face de nous même a interrompu la transmission.

En effet, en tuant Hiram duquel ils sollicitaient en vain la révélation des secrets que lui seul connaissait, ils ont perdu la parole que lui seul aurait pu leur transmettre.

Mais en fait, avait il une parole à transmettre ?
Souvenez vous de la fable de la Fontaine "le laboureur et ses enfants" :

Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
et craignant que ses fils ne vendent leur héritage, confia à ses enfants qu'un trésor était caché dans le champs et que pour le trouver il leur fallait creusez, fouillez, bécher la terre,

Le père mort, les fils retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an
Il en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.

Revenons à la parole, elle est perdue certes…
Mais fallait il que celle ci soit perdue pour pouvoir la rechercher et la retrouver ?
           
Rechercher la parole perdue ne consiste pas à retrouver le mot ou le nom supposé perdu avec la mort de maître Hiram ; ce qui en soi n’a pas de sens car ce mot était connu de tous les maîtres puisqu’il leur servait de signe de reconnaissance et n’a donc jamais disparu, mais à retrouver ce que l’allégorie hiramite désigne : c’est  dire le corpus des connaissances initiatiques secrètes, ce qui recouvre l’enseignement ésotérique universel commun à toutes les traditions religieuses depuis la nuit des temps.

Ainsi dans le prologue de l’évangile de Jean, il est dit

Au commencement était le Verbe
Et le Verbe était avec Dieu
Et le Verbe était Dieu
Tout fut  par lui
Et sans lui rien ne fut
Ce qui fut en lui était la vie
Et la vie était la lumière des hommes.
Et la lumière luit dans les ténèbres
Et les ténèbres ne l’ont pas saisi

Tout est dit mais non point dévoilé puisqu’il appartient à chacun de nous de tracer son chemin, de forger son expérience et de tenter de retrouver ce sens caché.

Imaginez un instant Hiram échappant à la mort, devenu un vieil homme chenu, à barbe blanche,

A coup sur, du haut de son magistère, il  nous aurait asséné sa parole qui au fil du  temps se serait asséchée, ossifiée, dogmatisée en somme,
Or la mort d’Hiram nous a libéré de cette vérité imposée
Nous nous retrouvons nus devant l’immensité de l ‘avenir,  ballottés dans un océan d’incertitudes, tiraillés par nos pulsions obscures.
Mais c’est le prix de notre liberté,
Plus rien ne nous sera imposé
Il nous appartient de retrouver, seule notre chemin et cette parole perdue

C’est, je crois le principal et seul enseignement maçonnique, notre secret incommunicable qu’Hiram n’a pu communiquer  aux mauvais compagnons puisque ce secret, c’est notre apprentissage méthodique et difficile à surmonter, notre misérable tas de petits secret pour s’élever enfin au dessus de nos pulsions et nous libérer de notre caverne.

A la différence du christ, Hiram par sa mort nous libère de toute entrave, de tout dogme.

Il nous appartient de rechercher la vérité, notre vérité, de retrouver seul, cette parole perdue en traçant notre chemin.

Il faut nous débarrasser de nos oripeaux profanes, de notre gangue de terre et tenter d’appliquer la maxime de Kant gravée sur sa tombe à Koënisgberg :

« Deux choses ne cessent de remplir mon cœur d’admiration et de respect, plus ma pensée s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au dessus de ma tête et la loi morale en moi »

Au travail mes sœurs.

J'ai dit

M\C\ M\


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