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La Parole Perdue

INTRODUCTION

L'expression la « Parole perdue » apparaît peu dans nos actuels rituels du 3e degré, où l'on parle plutôt de la « perte des secrets véritable du maître maçon ». Il semble toutefois que les deux expressions soient relativement interchangeables, ainsi le document Prichard de 1743 et l'instruction au 3e degré au rite écossais de la Mère Loge Ecossaise de l'Orient d'Avignon de 1774 disent-ils :

Q : pourquoi vous a-t-on fait voyager ? - R : pour chercher ce qui a été perdu.
Q : qu'est ce qui a été perdu ? - R : la parole de Maître.
Q : comment la parole fut-elle perdue ? - R : par la mort de notre respectable maître Hiram.

Fort de ces références, j'associerai donc au cours de cette planche « les Secrets Véritables du Maître Maçon » et la « Parole Perdue ». Ce très bref rappel des rituels n'est toutefois pas innocent puisque le plan de ma planche sera aligné sur celui de l'instruction au 3é degré : Une première partie axée sur la notion de parole et sur ce que les pauvres mauvais compagnons pensaient naïvement en obtenir, une seconde partie sur la perte de la parole, génératrice de liberté et de devoir, une troisième partie sur le « centre du cercle où ainsi placé le maître maçon ne risque pas de s'égarer, de manière à chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre partout la Lumière ».

I - L'OBSCURE AMBIGUITE DE LA PAROLE

Permettez-moi mes Vénérables Frères de commencer par une légère digression destinée à développer quelques idées au sujet de la notion de parole. J'entends très souvent dire que la parole est au cœur de notre méthode maçonnique sinon de notre rituel, parce qu'elle permettrait le dialogue (soi-disant panacée socratique), la communication (fraternellement correcte) avec l'autre, parfois même parce qu'elle serait source de révélation. Attention, la « parole », qu'on lui accorde un p minuscule ou un P majuscule, qu'on la confonde avec le Verbe ou le Logos peut avoir de multiples interprétations, souvent confuses ou contradictoires et la plupart du temps totalement étrangères à la maçonnerie.

I.1 - La parole au service du fanatisme, de l'ignorance et de l'ambition déréglée.

Dès la Grèce antique, la parole a été l'outil privilégié des sophistes, qui en exaltaient la puissance, de parole on est ainsi rapidement passé au langage, engoncé dans les lois et règles de la logique, volontairement coupé de son rapport à la réalité, capable de faire paraître vrai même le faux. Ambition déréglée d'accéder par la parole à une connaissance universelle logique et désincarnée, recherche prométhéenne de substituer par la raison un ordre humain à l'ordre divin. La parole, ainsi nécessairement intellectualisée, ne nécessite ni connaissance de soi, ni connaissance de l'autre, ni connaissance de Dieu ; objet autonome, elle s'oppose à la Connaissance telle que nous l'imaginons en maçonnerie, elle devient ainsi, pour nous, Maçons, source d'ignorance. Quant au fanatisme, la parole ne manque pas d'exemples. De la parole révélée aux seuls prêtres, gourous ou autres chamans qui l'imposent à leurs dévoués fidèles, à la parole soi-disant unique de la tour de Babel, totalitaire et aliénante, la parole est de tous les dogmatismes, de tous les fanatismes. Ambition déréglée, ignorance et fanatisme, telle est la parole que recherchaient les mauvais compagnons auprès de notre maître Hiram, naturellement ils n'ont pu la trouver de sa bouche et ils l'ont tué.

I.2 - la parole : de l'outil au Logos.

Même si nous venons de voir les dangers de la parole, n'oublions pas que l'essentiel du travail en loge s'effectue par le biais de la parole : régulations de la prise de parole, fonction de l'orateur, débats, questions et réponses...la parole est sans conteste au cœur de la loge, car la parole est aussi l'un des outils privilégiés de la maçonnerie, qui, je le rappelle, n'est rien d'autre qu'ordre initiatique fondé sur la fraternité ; la parole est ce qui permet la relation à l'autre. Il ne s'agit plus alors de faux dialogues ou de monologues parallèles mais du vrai dialogue initiatique, celui du face à face d'un Je et d'un Tu.

Quand j'écoute autrui, ce que j'entends vient s'insérer dans les intervalles de ce que je pourrais prononcer. Je ne comprends sa voix que si je pose sur chaque mot de la phrase une série de mes mots propres en manière de réplique intérieure. Le dialogue en Loge, c'est croiser deux voix dans une parole pour en produire un sens. Quand une parole est adressée, le sens n'est pas seulement pour l'autre mais par l'autre : telle est la condition pour que la parole joue un rôle initiatique, telle est la condition pour que la parole permette l'exercice de la Fraternité, confrontation de deux consciences qui aspirent toutes deux vers la Lumière.

Mais la Parole Perdue n'est pas du même ordre. Ce n'est pas le langage qui a été perdu, ce n'est pas n'importe quelle parole que nous recherchons, c'est celle de notre maître Hiram, architecte, constructeur du temple de Salomon. Ne tombons pas dans l'erreur naïve des mauvais compagnons qui croyaient que les secrets véritables du maître maçon relevaient de la communication d'un savoir ; notre recherche est bien différente puisqu'elle se place sur le plan de la Connaissance, celui de l'être et du spirituel, de l'immanence et de la transcendance.

C'est dans ce contexte que la Parole perdue peut prendre tout son sens de Logos. Logos, aux multiples interprétations et dont celle qui m'est la plus familière est celle d'Héraclite ; à savoir ce lien qui unit phénomènes multiples et Unité, qui structure et donne un sens, Cosmos, harmonie immanente, condition préalable à la possibilité d'unifier le monde et la pensée qu'on en a. Car pour celui qui est familier du Logos, dit Heraclite, le monde a un sens comme ce fleuve qui coule de la source vers la mer et non inversement de la mer vers la source. Ce Logos, comme tout élément initiatique, ne peut être réduit en parole et ne peut être que vécu, d'où l'utilisation du mythe, mise en scène de symboles et d'analogies, propositions sans réponse, mythe d'Hiram, perte nécessaire de la parole et mort du maître.

II - LA LIBERTE OUVERTE PAR LA MORT D'HIRAM

II.1 - Condamnés à la liberté. Il est bien entendu nécessaire qu'Hiram meurt. Certes, sans les mauvais compagnons le temple aurait peut être été achevé, mais son plan en serait mort et figé, dans un musée au mieux, dans un catéchisme au pire. Tout mythe sur la condition humaine rend nécessaire la désobéissance et le passage de témoin de Dieu à l'homme ; les exemples d'ailleurs ne manquent pas, de la boite de Pandore, à l'arbre de la Connaissance, de la trahison de Judas au bris des Tables de la Loi par Moïse. Il est nécessaire que les trois mauvais Compagnons tuent Hiram comme il est nécessaire que l'homme désire goûter au fruit défendu. « Pourquoi vous êtes vous fait recevoir Franc-maçon ? - Parce que j'étais dans les ténèbres et que j'ai désiré la lumière ». Il n'y a pas de liberté sans initiation, il n'y a pas d'initiation sans désir de liberté. Désir de liberté certes, mais pour quoi faire ? On voit bien que les compagnons de chantier d'Hiram ne se réjouissent pas de la liberté soudainement obtenue par la mort de leur maître et bien au contraire qu'ils se lamentent et n'ont de cesse que de retrouver son corps.

L'expérience de la liberté est assurément douloureuse pour celui qui ne la désire pas et qui fuit sa responsabilité de choix d'homme libre ; à l'opposé, Nietzsche célèbre la conquête de la liberté totale du surhomme, « vaste oiseau de proie » qui proclame le terrible secret de la mort de Dieu et qui, maître de soi, de la vérité et de toutes les valeurs, incarne dans sa volonté de puissance la vie elle-même, prend en charge le destin de l'espèce et se révèle  « l'homme de la plus vaste responsabilité - der Mensch der umfänglichsten Verantwortlichkeit » [par delà le bien et le mal et Deuxième Dissertation de La Généalogie de la morale ]. Mais être responsable, c'est forcément répondre de quelque chose devant quelqu'un, l'auto- responsabilité Nietzschéenne mène à une impasse, comment en effet puis-je être responsable et libre si tout pour moi revient "au même" ? Ce qui me constitue comme sujet, c'est ma réponse. Sans réponse, pas de sujet, sans sujet pas de verbe, sans verbe pas d'action, sans action pas de liberté.

La liberté impose la responsabilité, la responsabilité impose le devoir, le devoir impose l'ordre. C'est en cela que les Anciennes Obligations des Maçons Francs et Acceptés posent en tête du chapitre premier « qu'un Maçon est obligé par sa Tenure d'obéir à la Loi morale et s'il comprend bien l'Art, il ne sera jamais un Athée stupide, ni un Libertin irréligieux ». L'exemple de Don Juan est à ce sujet saisissant : face à cette statue de pierre qui ne dit mot, le libertin se retrouve face à sa responsabilité et la vanité d'une liberté privée de sens.

De ce fait, la liberté apparaît moins comme un choix entre des possibles, que comme l'installation d'un sens et dont nous sommes responsables. C'est d'ailleurs ce que Sartre entend quand il parle de notre « condamnation » à la liberté : nous sommes responsables, à tout moment, de ce qu'un sens, tel sens, apparaisse. Assumer sa liberté devient alors inséparable de la recherche de la vérité pour lequel le Maçon ne se fixe aucune limite, au sens de l'article 2 de la déclaration de principe du convent de Lausanne.

II.2 - A la conquête du sens. Donner un sens à sa liberté, c'est à dire orienter sa vie, devient alors la tâche essentiel de l'homme libre et de bonnes mœurs qu'est le Franc-maçon et, en ce qui me concerne, l'obéissance à la Loi morale dont parlent les Anciennes Obligations des Maçons Francs et Acceptés ne signifie pas autre chose. Bien entendu, l'ordre initiatique qui est le notre se garde bien de dire quelle est cette Loi morale, et, de toute façon, la parole étant perdue, il serait bien en mal de le faire...tout se que nous dit la maçonnerie c'est que la lumière doit être désirée, que si l'on cherche, on trouvera et qu'un ordre domine le chaos. Voilà tout, c'est certes bien peu en comparaison d'une religion exotérique qui proposerait prêt à l'emploi une parole révélée, totalitaire, aliénante ou dogmatique, mais c'est déjà beaucoup car cela signifie d'une part que l'expérience vaut la peine d'être tentée et d'autre part qu'il en est de notre responsabilité d'homme libre que de partir à la conquête du sens, même s'il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre.

Permettez-moi à ce stade de la planche de faire appel aux premiers chapitres de la Genèse. Dieu crée le Ciel et la Terre, les petits et les grands luminaires, puis, le sixième jour, il dit « faisons l'homme » (Genèse, I.26). Pourquoi ce pluriel ? Simple pluriel de majesté interprètent quelques commentateurs mais n'est ce pas infiniment plus réjouissant d'interpréter ce « nous » comme « Lui et moi » ? Cette interprétation nous ouvre un espace total de liberté et une responsabilité plus grande encore puisqu'elle nous fait partager ce devoir de faire l'Homme, ou, comme le dit l'instruction au premier degré, d'être responsable du perfectionnement intellectuel et moral de l'humanité. Angélus Silesius (Johann Scheffler), dans cette citation des poèmes mystiques que j'aime tant, va encore plus loin « Je sais que sans moi, Dieu ne peut vivre un instant, suis-je rendu à rien, il doit rendre l'esprit » ; la charge de la preuve se renverse et m'incombe, le monde n'a de sens qui si j'y découvre l'ordre qui lui donne son sens. Ma responsabilité n'est pas de me soumettre à un ordre immanent mais de révéler Dieu à travers le monde, devoir de révélation, responsabilité de la transcendance.

Toujours dans l'ancien testament, faisons rapidement un autre crochet par le récit de la faute du Veau d'Or et du bris des Tables de la Loi par Moïse : « Et Dieu dit à Moïse : grave-toi deux Tables de pierre comme les premières et je t'écrirai sur les tables les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées (Ex. 34, 1) ». Selon le commentaire qu'en a fait Daniel Epstein dans un texte que m'a en son temps passé notre frère Jean-Marie, cet épisode peut être interprété de manière très proche du mythe de la parole perdue : les secondes tables, identiques aux premières par la Loi immanente qui y est inscrite, en sont toutefois radicalement différentes et porteuses de sens initiatique, puisque taillées de la main de l'homme et non de celle de Dieu. Le bris des Tables, comme la mort d'Hiram, libère l'homme tout en le rendant responsable de la taille de nouvelle tables ; devoir de dégrossir la pierre brute, qui lorsqu'il sera accompli, permettra la révélation de la Loi. Mes Vénérables Frères, la mort de notre Maître Hiram nous condamne à tailler.

III - A LA RECHERCHE DE LA PAROLE PERDUE

C'est ainsi que tout notre rituel n'est que méthode de taille de la pierre. Je ne reviendrai pas en détail sur les conseils donnés aux deux premiers degrés, mais chercherai plutôt à en développer deux qui sont donnés au 3è : Ÿ à quoi travaille la maître maçon ? : À chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre partout la Lumière où le maître maçon espère-t-il retrouver les secrets véritables - au centre du cercle car ainsi placé il ne risque pas de s'égarer.

III.1 - Rassembler sans s'égarer ce qui est épars. « Chercher ce qui a été perdu et répandre partout la Lumière », c'est ce que j'ai essayé de traiter au cours de la partie précédente. L'élément nouveau c'est que le rituel y associe de « rassembler ce qui est épars » et y insiste lourdement puisque ce cercle au centre duquel le maître maçon espère retrouver la parole perdue est également, semble-t-il, un symbole d'unité. Ce qui est certain, c'est que cet ordre n'est pas immédiat, le monde apparaît composé d'éléments semble-t-il indépendants les uns des autres, difficiles à relier en une Loi qui les gouvernerait tous. La symbolique du multiple et du cercle pose d'emblée la question de la manière dont l'homme est capable de saisir et révéler l'ordre qui domine le chaos. A cet égard le symbole du cercle, sur lequel on pourrait discourir pendant des heures et que je ne ferai qu'effleurer est particulièrement instructif.

De tout temps, le cercle a été le symbole de l'espace clos et de l'unité et la pensée classique y a inscrit la divinité ; je pense à cette fameuse définition de Dieu : « Dieu est une sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part », issue du livre des vingt quatre philosophes au XII siècle et ensuite reprise régulièrement par les philosophes et théologiens comme le montre si bien Georges Poulet dans son livre remarquable Les métamorphoses du Cercle. Cette définition de Dieu illustre à elle seule toute la problématique du cercle et le vertige qu'il provoque : à la fois unité et multiplicité, éternité et instantanéité, infini et fixité. Toute la pensée philosophique et théologique jusqu'au XVIIIe siècle a été d'appréhender les rapports du centre à la périphérie et d'y trouver la place respective de Dieu et de l'Homme. Pour les uns, tout vient du centre, tel un foyer d'énergie qui irrigue la création ; pour d'autres, la création tout entière et l'homme en particulier, centre et cercle à son tour, convergent vers le centre à la rencontre de Dieu. On retrouve donc ainsi dans le cercle ces mêmes questions d'immanence et de transcendance évoquées précédemment. L'évocation du centre du cercle, lieu où le maçon ne risque de s'égarer n'est toutefois pas gratuite car elle fonde la voie initiatique et symbolique de la recherche de la Connaissance et réfute la voie intellectuelle, celle-ci propre à l'égarement.

En effet, l'une des réponses au vertige de l'ordre et du chaos, du centre et de l'infini, peut être d'ordre intellectuel, c'est notamment la réponse platonicienne qui propose de dépasser l'apparence des choses et de s'élever au monde des Idées, c'est à dire d'entrer dans le domaine de l'intelligible. Cette réponse suppose que l'unité du monde peut être appréhendée par la pensée et dans les termes d'un langage formel adéquat, science ou raison.

Blaise Pascal a consacré sa vie à cette appréhension de Dieu par la pensée et son constat est sans détour : « les créatures sont incapables de cette unité infinie de Dieu, qui est tout ensemble le point et la quantité, le centre et la circonférence....le gouffre infini ne peut être rempli que par objet infini et immuable...Théologie Naturelle » et comme le dit Albert Beguin dans Pascal par lui-même « tout l'effort de Pascal, désormais, tendra à prouver que l'homme peut, même dans un monde sans commune mesure avec lui-même, trouver ensemble sa mesure et un havre de paix ».

III.2 - Les mots forcément substitués. La voie maçonnique est avant tout initiatique c'est à dire axée sur la transformation de soi et la connaissance de soi jusqu'à ce que s'y révèle la Loi morale. On retrouve là encore l'épisode de Moïse et du bris des Tables de la Loi. Ce n'est pas l'Homme qui y trace la Loi mais Dieu, l'homme ne pouvant se limiter qu'à tailler les tables jusqu'à ce que la Loi puisse s'y révéler.

Parmi les outils de taille à notre disposition, le symbole en est le premier, qui consiste à assembler les éléments épars deux à deux jusqu'à ce que leur fusion fasse jaillir le sens du Trois. Comme le disait Jacob Bohème « In Ja und Nein bestehen alle Dinge » (Toutes choses consistent en oui et non). C'est le non qui permet la révélation du oui, de la confrontation des contraires que jaillit le sens [méthode que l'on pourrait rapprocher de la théologie négative des mystiques rhénans du XIVe qui, partant du principe que de l'Un on ne peut parler, cherchaient à le définir par l'inventaire de ce qu'il n'est pas]. Il est important à ce stade de ne pas confondre multiplicité et contraires. Le symbole ne résout pas la question du multiple et du retour à l'unité ; certes symboles, ce qui unit, s'oppose à diabolos, ce qui sépare, mais le symbole ne permet pas le retour au Un. La voie symbolique est lente et progressive, assemblant tour à tour deux pièces parmi les pièces infinies, en faisant surgir ainsi une troisième à confronter à son tour à une autre, sans espoir que le puzzle se termine mais avec la satisfaction de voir quand même des contours se dessiner et un début de sens se faire jour.

De cette quête, de cette conquête du sens, il est toutefois difficile de parler car elle est nécessairement du domaine de l'expérience intime ; c'est en soi que s'opposent les contraires et se révèle à petits pas le sens de l'Ordre. Souvenons-nous, à ce propos, de l'épisode d'Adam au Paradis, la Genèse (3 - 3) nous dit que l'arbre se trouvait « au milieu du jardin », mais comment trouver le centre dans un espace infini, comment reconnaître l'arbre de la Connaissance parmi le nombre infini d'arbres qui peuplaient le paradis terrestre ? Le centre est en soi, l'arbre de la Connaissance est en soi, Adam est en soi, la désobéissance et la mort d'Hiram en soi et une fois ce centre en soi trouvé, en soi l'expulsion du Paradis terrestre, initiation faite sans cesse d'allers-retours du centre de cercle à sa circonférence, mais toujours en soi, car ainsi placé le Maître-Maçon ne peut s'égarer.

Là est aussi le message de la Parole perdue. La connaissance ne peut être qu'expérimentale et individuelle, forcément incommunicable. Le langage, l'intellect, la parole ne peuvent rendre compte de la Connaissance ; la parole perdue, perdre la parole, c'est quitter le domaine de l'intellect pour entrer dans celui de l'Etre. Je suis, tu es, nous sommes, mes frères, les secrets véritables du Maître-Maçon, mots substitués de la parole perdue d'Hiram. Mohabon, c'est toi l'architecte, mon Frère.


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