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La recherche de la Parole perdue



A) - LE DEVOIR ET LA RECHERCHE DES DEVOIRS

La notion du DEVOIR, je dirais même la Déontologie, c'est à dire la science des devoirs; répondent à la quête du Maître, à sa recherche de la Vérité et de l'amélioration de lui‑même.

Les Stoïciens nous apprennent déjà qu'il y a trois disciplines auxquelles doit s'être exercé l'homme qui veut tendre à la perfection: "celle qui concerne les désirs et les aversions, celle qui concerne les tendances positives et négatives et d'une faon générale tout ce qui a trait au Devoir, enfin celle qui concerne la fuite de l'erreur, la prudence du jugement «. En ce qui concerne le DEVOIR, (je cite Epictète) : « Je ne dois pas, en effet, être insensible comme une statue, mais observer avec soin ce que réclament les relations naturelles et acquises, comme un homme religieux (c'est à dire " relié "), comme un fils, comme un frère, comme un père, comme un citoyen ».

Dans chacun des trois domaines, c'est une représentation (fantasia) qui est le point de départ de nos réactions et de nos actions. Il s'agit donc de s'exercer à juger de chaque représentation d'une manière qui est JUSTE et appropriée afin de n'admettre que des valeurs vraiment OBJECTIVES (kataleptikai phantasiai).

Pour Kant, ce n'est pas au point de vue " existence " comme phénomène que l'Homme affirme qu'il DOIT accomplir tel ou tel acte, mais au point de vue de son existence comme "ETRE "en soi; la RAISON, forme de la Liberté, ne contredit en rien les nécessités propres aux mécanismes de la Nature. Ainsi la Volonté Bonne se reconnaît dans l'action qui est faite uniquement par DEVOIR et que n'inspire aucune inclination ni aucune vue intéressée.

Il apparaît une certaine relation entre "Devoir " au sens d'avoir " l'obligation de  "Devoir " comme marque du " Futur " et " Devoir " au sens d'être en " Dette ", et d'autre part une connexion entre la " Dette " et la " Culpabilité ". Le Devoir est dette quand il est obligation, non seulement de faire ou encore de donner, mais surtout de Rendre, de Restituer (Sacrifice).

LA PAROLE

La Parole au sens sémantique :

Si le langage est une manifestation de la communication qui peut prendre des formes diverses (sourds‑muets, animaux, plantes), la parole est, dans son acception première, la signification du langage articulé; c'est la manifestation VERBALE de la PENSEE. Mais le langage parlé est constitué de mots ; aussi arrive t’il dans la pratique courante que le terme " MOT " devienne synonyme de PAROLE lorsqu'il exprime une PENSEE de façon concise.

L'étymologie Latine nous ramène au mot "paraboles "; sens premier; mais l'origine du mot est à rapprocher également et surtout du terme Grec " LOGOS " qui signifie discours, mot, idée, phrase, intelligence, sens profond d'un être (le mythe, en Grec, c'est le mot lui‑même).

Cette manifestation de la pensée peut également prendre différents aspects comportementaux, sociaux ou culturels, définissant en fin de compte un clan, une tribu, une société, une civilisation. Ainsi le langage ne peut être réduit à une seule fonction; le mot joue et mime le Monde autant qu'il le signifie; à la fonction expressive s'ajoute une nécessité esthétique comme magique: le MYTHE .

La Parole au sens Théologique :

Alain définissait la théologie comme une "science sans recul". Berdiaef insistait de même : "La théologie est une pensée collective".

Elle peut être envisagée comme un évènement culturel contingent, provoqué par la rencontre de la Révélation JUDEO ‑ CHRETIENNE et de la Pensée GRECQUE. Sa naissance coïncide avec l'acte même de la "PAROLE de DIEU "se communiquant librement aux hommes dans une Histoire. En d'autres termes, la théologie est inscrite à titre d'exigence dans la nature même de la Révélation et dans la nature de la Foi comme accomplissement de cette révélation dans la SUBJECTIVITE humaine.

Dès que l'on évite d'identifier avec la Parole de Dieu soit l'écriture soit le DOGME, on comprend mieux le rôle de ces derniers dans l'appropriation progressive par l'ÉGLISE de la plénitude de la VERITE REVELEE. Les critiques et les querelles ne peuvent se comprendre que dans le cadre d'une certaine HISTOIRE: celle de l'Occident Chrétien, celle d'une CULTURE qui s'est donné deux pôles : la RAISON et la FOI. Le dogmatiste fait explicitement appel aux ressources de la pensée philosophique et des sciences humaines pour renouveler le langage de la Foi; la tâche première de l'herméneutique (interprétation des textes anciens et sacrés) étant de "faire parler " la parole de Dieu. Le langage théologique se présente donc comme des signes organisables en un ensemble de propositions qui ne peuvent être comprises qu'en fonction d'un terme clef : DIEU, à l'exclusion de tout autre.

A contrario, la possibilité d'un langage " Religieux " (de " religere ", qui réunit) n'est pas l'apanage d'une " Révélation " dogmatique quelconque. Sa fonction référentielle ou sémantique serait analogue à celle du texte "Poétique ": l'existence du " référent " serait anticipée, elle n'oblige pas le lecteur ou le spectateur à retracer l'Unité de SENS présente chez son auteur, mais tolère et surtout appelle des interprétations diverses; c'est aussi le domaine de la Tradition Orale et du Langage Sacré.

Du Profane au Sacré 

Ainsi le mot "PAROLE " recouvre t’il plusieurs acceptions dont nous devons tenir compte et dont la principale, en ce qui nous concerne, est avant tout la TRANSMISSION d'une certaine CONNAISSANCE au travers de certains MYTHES et de certains RITES, le REAA en particulier. La Parole est donc à la fois le véhicule et le moteur de cette transmission, le RITUEL en est le Gardien.
Mais au fil du temps le langage évolue et les mots déforment le sens des idées; la pensée peut s'égarer, le sens disparaître ... c'est le revers de toute Tradition, ORALE ou ÉCRITE : le SENS de la Parole se dilue, s'étire, se transforme, .... et se perd.

Il peut également disparaître parce qu'il n'est plus accessible à une compréhension qui aurait elle aussi évolué ou dégénéré en " Zizanie " ... Or, la Tradition nous donne la Langue, le Mythe nous fait réfléchir au Sens et le Rite nous fait passer du monde Profane au Sacré. Pour nous Francs-maçons, il demeure un langage d'initié qui nous permet une QUETE, celle de la PAROLE PERDUE.

Tout d'abord l'adjectif "Perdue "ne saurait s'appliquer à quelque chose qui a été égaré. La Parole est perdue parce que jusqu'à ce jour nous n'avons pas pu ou su la RECUEILLIR. Elle est sans doute toute proche, mais pour le moment INACCESSIBLE: "Aures habent et non audirent " (ils auront des oreilles mais n'entendrons point) dit Ecclésiaste; ce à quoi il convient d'ajouter: "Oculus habens et non vidèrent" (ils auront des yeux mais ne verront point) compte tenu de l'espace pris par l'image au détriment de la parole dans la communication.

L'expression "Parole Perdue "apparaît pour la première fois dans le Rituel d'Initiation au 4° degré. On notera qu'elle n'est jamais employée seule et qu'elle accompagne les mots: VERITE et LUMIERE.

La notion du Sacré

Selon la Légende, Dieu voulant punir les hommes de leur prétention à monter jusqu'à Lui (la Tour de Babel!) leur fit parler au lieu d'une langue accessible à tous, une multitude de langages, créant la Zizanie ... A s'en tenir au monde profane, c'est peut être aussi cela, la Parole Perdue ! Une parole accessible à tous, quelque soit la langue dès lors qu'elle s'adresse à l' AME et cherche à toucher les COEURS. Mais il arrive que cette parole "commune "soit investie d'une mission particulière: permettre à l'Homme de communiquer avec le SACRE. Il faut entendre ici par " Sacré " tout ce qui présente un caractère TRANSCENDANTAL, religieux ou laïque. Pour cela, selon le vers de Stéphane Mallarmé, il convient de " Donner un sens plus pur aux mots de la Tribu "; la Parole va être magnifiée, le Mot glorifié.

Mais la Parole n'est pas uniquement une prière qui monte de l'Homme vers le Sacré; elle est aussi un moyen pour le " Sacré " de s'adresser à l'Homme. L'aspect est alors essentiellement Religieux, c'est le VERBE: " Car le mot c'est le Verbe et le Verbe c'est Dieu ", écrit Victor Hugo. Cela suppose que l'on soit disposé à CROIRE à une existence divine susceptible de s'adresser directement aux hommes et dans ce cas, ce message peut prendre l'aspect de la Parole.

De tous temps, l'Homme a cherché à communiquer avec le Sacré (Mircea Eliade), parfois dans l'attente d'une RÉPONSE à ses angoisses ou à ses incertitudes, souvent à la RECHERCHE de l'apaisement ou de la réparation (faute ou dette). Cette recherche a pris et prend encore les formes les plus diverses et pas seulement vocales (gestuel, chant, prière, extase, isolement, dépouillement, arts ... etc.) ; nous autres Francs-maçons utilisons gestes et paroles mais aussi les SYMBOLES et la Parole que nous CHERCHONS ne saurait être assimilée au Verbe Créateur, même si d'aucuns pensent qu'elle doit nous venir " d'en haut «.

Le Paradis Perdu 

Parmi les évènements avancés pour expliquer que la Parole ait pu être perdue, figure en bonne place la " TRANSGRESSION " d'Adam et la Chute. On peut regretter que l'Église ait cherché longtemps à nous faire prendre le récit de la Genèse au pied de la lettre. D'aucuns le pensent encre ainsi de nos jours, alors qu'à l'évidence il s'agit d'un Mythe c'est à dire d'un récit Fabuleux, peuplé de personnages Symboliques, destiné à mettre en relief certains aspects de la Condition Humaine ... Le mythe d'Adam se doit d'être abordé en premier lieu sous l'angle ESO TERIQUE;l'esprit humain est la recherche d'une explication sur les Origines de l'Homme et de cette Dualité qui est en lui comme issue de l'Unité et sur l'Harmonie qu'il ressent face à la merveilleuse Organisation de l'Univers, c'est à dire sans réponse devant l'éternelle Triple Question: " QUI SOMMES NOUS , D'OU VENONS NOUS, OU ALLONS NOUS ?

« Le Mal n'était pas un élément de la Création car celle‑ci était Bonne ». Seule la Libre Action de l'Homme a introduit le Mal. L`Homme, formé de Poussière et de Souffle, est Enfant de l'ESPRIT tout en étant né de la MATIERE. L'Arbre de la Connaissance porte les fruits du Multiple, de la Dysharmonie.

Pourquoi y a t’il touché ? Par faiblesse, mais plus encore par prétention, par vanité pour s'être voulu l'égal de Dieu. Mais si la " FAUTE " est en nous, tout reste réparable " PAR NOUS ". Le sens de notre combat est de Transformer la DUALITÉ Fondamentale Esprit Matière en Harmonie dans l’UNITE.

Comment ne pas évoquer ici le " Paradis Perdu " de John Milton ! Pour lui, la condition humaine est Bonne, mais quelle que soit la béatitude dont il jouissait au Paradis, l'Homme n'y bénéficiait que d'une liberté "creuse ", sans passé, sans avenir et sans épopée à inventer et à Créer. En renonçant aux chaînes pour la liberté, il a accepté la disparition de cet Eden pastoral où il était Condamné à Vivre. Ainsi, la " Transgression " a fait de l'Homme l'adversaire du Malheur, la Chute à donner un sens humain à l’effort. C'est dans ce combat que l'Homme trouve sa vraie dimension, un combat qui se joue en nous tous, un combat pour gagner notre propre Paradis, pour trouver notre propre " TEMPLE INTÉRIEUR ".


B) - Qu'est‑ce que la Parole Perdue, pourquoi la rechercher, comment la retrouver ?

La science et la Foi 

La RELIGION répond aux besoins du Coeur, de là sa MAGIE, la SCIENCE à ceux de l'Esprit, d'où sa FORCE. Mais la Religion sans preuves et la Science sans Espoirs sont debout l'une en face de l'autre et se défient sans pouvoir se vaincre. Qui que nous soyons, de quelque ÉCOLE Philosophique, Esthétique ou Sociale dont nous nous réclamions, nous portons EN NOUS ces deux Mondes ennemis en apparence inconciliables.

A force de MATÉRIALISME, de positivisme et de scepticisme, la fin du siècle est arrivée à une FAUSSE IDES de la Vérité et du Progrès. Car la VERITE n'est pas une accumulation d'un grand nombre de connaissances mais procède de la compréhension des CAUSES et des FINALITÉS ; L'ESPRIT est la seule REALITE, la MATIERE n'est que son expression changeante et EPHEMERE, son dynamisme dans l'Espace et dans le Temps; la CRÉATION est ÉTERNELLE comme la VIE.

L'Homme en tant que MICROCOSME est l'image et le miroir du MACROCOSME UNIVERS. La VÉRITABLE Science de la Sagesse consiste donc à trouver en SOI‑MEME, c'est à dire au fond de sa Conscience, l'image de l’esprit. Sans doute est‑ce pour cela qu'André Malraux a écrit que le XXI° siècle sera Spiritualiste ou ne sera pas.

La Science, enivrée de ses DÉCOUVERTES dans le monde physique, en faisant abstraction du Psychisme et de l'Intellect, est devenue AGNOSTIQUE dans sa méthode et MATÉRIALISTE dans ses Principes et dans ses Fins.

   … Et pourtant.

Vers un Futur, vers un Ailleurs 

La science moderne, croyant nous offrir des réponses, nous apporte autant de nouvelles QUESTIONS. La Parole Perdue relèverait telle davantage du patrimoine cosmique de l’UNIVERS que d'une pensée mystique qui marquerait la naissance de l'espèce humaine ?

La VIE n'est pas le privilège de la Terre, elle nous vient d'ailleurs. Déjà tous les corps simples que nous connaissons ont leur origine dans ces gigantesques creusets que constituent certaines étoiles mourantes qui, en explosant, apportent et ont apporté jadis leurs moissons d'atomes et notre système Solaire est sans doute né des conséquences de l'explosion d'une Supernova quelques millions d'années auparavant. Nous ne pouvons donc plus raisonner en plaçant la Terre et l'Homme au CENTRE de la Création :
Pour certains, l'Univers est né SANS l'Homme et mourra également sans lui. Pour d'autres, l'Univers est né pour qu'un jour l'Homme puisse se poser la Question, la Finalité observable ou non ... Dès lors, les questions auxquelles il conviendrait de donner des réponses sont: Le Big-bang est‑il un commencement ou sinon qu'y avait‑il avant ? L'Univers aura t’il une fin ou un éternel recommencement ? Quelle est la nature du temps et surtout y a t’il une flèche du TEMPS ? ... Tout cela présuppose t’il l'existence d'un PRINCIPE CRÉATEUR ? (Stephan Hawkins, Hubert Reeves, Jacques Monod, Louis Pauwels, Ila Prigogine, ... etc.) . A partir du moment où l'on inscrit l'irréversibilité dans les Lois de l'Univers, nous sommes devant des Futurs POSSIBLES et non des Certitudes. Ces théories modernes, au lieu de nous transmettre un message d'impuissance, nous ouvrent au contraire, si faible soit‑il, un espace de LIBERTÉ. Si la Nature est un faisceau de QUESTIONS, l'Homme est un faisceau de RÉPONSES.

Les " Mauvais Compagnons "sont ceux qui au nom des Dogmes, condamnent les hommes qui se sont voués à la RECHERCHE de la Connaissance. Nombreux sont ceux qui ont été frappés ainsi pour n'avoir pas voulu admettre une vérité à laquelle ils ne croyaient pas; depuis Galilée à ... Teilhard de Chardin, par exemple, dont les idées novatrices n'ont pu franchir les portes du Concile Vatican II. Teilhard n'a eu de cesse de concilier les enseignements de l'Église avec une réalité scientifique incontournable. Tâche ardue s'il en fut, mais combien novatrice et enrichissante. Il part du phénomène de COMPLEXIFICATION du phylum humain (ensemble de l'espèce) pour aboutir à un réseau de COMMUNICATION des pensées humaines centrées sur un point " OMÉGA " qui pourrait bien, après tout, être la Parole Perdue ou encore une manifestation de l'Infini ("ein soph") ... à moins que ce ne soit le Grand Architecte ?

COMMENT ?

(Ou..., se poser la question, c'est trouver la réponse.)

La Tradition Initiatique 

Comment pouvons nous espérer retrouver la Parole Perdue ? Par l’initiation. Pour nous Francs-maçons, l'Initiation est d'abord un RITE. Le Rite nous place hors du TEMPS, un temps qui n'est ni linéaire ni cyclique mais lié à l'éternité. C'est la raison pour laquelle le Rite est lent et propre à faire naître la réflexion, la MÉDITATION, la pensée, la prière. Mais le Rite a pour objet essentiel de mettre le postulant en état de recevoir un MESSAGE ; il ne saurait être une fin en soi. Ce message, c'est le MYTHE qui le véhicule; le Mythe c'est lors de notre entrée en Maçonnerie, celui de la MORT à la vie profane et de la NAISSANCE à une vie SPIRITUELLE, repris d'une manière plus élaborée dans le Mythe d' HIRAM, au 3` degré, puis dans les degrés concernant les 2° et 3° classes.

C'est au travers les Rites et Mythes que la TRADITION MACONNIQUE nous fait parvenir les images symboliques de la VERITE qu'elle s'efforce de nous TRANSMETTRE. C'est à travers eux que la tradition balise notre ROUTE.

La Tradition est le propre d'un ORDRE qui donne la primauté à la CONNAISSANCE MÉTAPHYSIQUE et qui propose de parvenir à la réalisation des êtres en leur faisant gravir les degrés successifs de l’Initiation. René Guénon est explicite à ce sujet: "C'est la prise de conscience effective des états supra individuels qui est l'objet réel de la métaphysique ou, mieux encore, qui est la métaphysique elle‑même ".

Cette connaissance est INTRANSMISSIBLE en fait parle langage VERBAL, instrument de la pensée discursive et rationnelle. Cette connaissance INEFFABLE, inexprimable en elle‑même, ne peut trouver d'expression que par l'intermédiaire du langage SYMBOLIQUE, pouvant conduire à une réalité supra humaine.

L'Initiation nous offre l'instrumentation privilégiée pour accéder à la Tradition, c'est à dire sa PAROLE ; langage vivant, plein de mystères et de poésie. Toute Vérité complexe et AUTHENTIQUE comme le Vivant s'exprime donc à travers des symboles qui sont le SUPPORT de l'élément constitutif de la Tradition. Ces Symboles sont en fait des réalités vivantes ainsi que des sources d'Energie quand ils s'expriment sous la forme d' ARCHETYPE au travers de notre CONSCIENCE.

Mais l'Initiation nous apporte également ses Mythes, c'est à dire l'ensemble des symboles que l'initié va revivre au cours des récits traditionnels qui lui seront proposés à chaque étape de la VOIE Initiatique. Le REAA va développer tout au long de ses étapes, qui vont de la Maîtrise aux Loges de Perfection, le mythe d'Hiram. Il importe de rappeler que la Légende est à la fois un CONTE : celui de la Recherche de la Parole Perdue, et un MYTHE : celui de la Mort et de la Renaissance. Le nouveau Maître se situe ainsi entre l'Equerre et le Compas, entre le Ciel et la Terre; il sera alors susceptible de RECHERCHER la Vérité et la PAROLE PERDUE, indissociables l'une de l'autre; mais bien qu'en possession des Symboles et des Mythes de la Tradition, il n'est pas pour autant capable d'accéder seul à cette recherche.

Le Mythe 

Le Mythe sera envisagé ici comme une forme de DISCOURS qui élève une prétention au SENS et à la VERITE ; comme la philosophie est cet autre lieu du discours où la question du Sens et de la Vérité se trouve posé radicalement (La Vie a‑telle un Sens ou bien la Vie est‑elle LE SENS ?) qu'en est‑il de la prétention d'un mythe par rapport au discours philosophique ?

Le fait initial d'où procèdent toutes les discussions est que le Mythe se prête à deux évaluations opposées, comme si deux intérêts contraires de la Raison s'y trouvaient affrontés. D'un côté la Raison condamne le Mythe, elle l'exclut et le chasse; entre " MUTHOS et LOGOS ", il faut choisir (Platon, La République). L'hostilité de la philosophie est de principe: chercher le fondement, la raison d'être, exclut que l'on raconte des histoires. Il faudra donc tenir les mythes pour des ALLEGORIES, c'est à dire pour un langage INDIRECT où d'authentiques vérités physiques et morales sont DISSIMULEES. Saisir des vérités sous le vêtement du Mythe, c'est du même coup rendre inutile l'enveloppe, une fois celle‑ci percée à jour (Stoïciens).

Le PARADOXE de cette lutte est qu'elle n'en a jamais fini avec l'adversaire. Platon lui‑même écrit ses mythes; sa philosophie procède du Mythe Orphique et, d'une certaine façon, y retourne. Quelque chose nous dit cependant que la Mythe ne s'épuise pas dans sa fonction EXPLICATIVE, qu'il n'est pas seulement une manière "préscientifique " de chercher les CAUSES et que la fonction Fabulatrice elle‑même à valeur PRÉMONITOIRE et EXPLORATOIRE à l'égard de quelque dimension de la VERITE, qu'il ne s'identifie pas avec la Vérité Scientifique.

Kant, Schelling, Bergson, Hegel ou Heidegger ont une réflexion commune à ce sujet, qui pointe vers une Fantastique TRANSCENDANTALE dont le Mythe serait seulement une émergence. Telle est l'antinomie : d'un certain point de vue "Mut Hos et Logos " s'opposent; d'un autre, ils se rejoignent, selon la vieille étymologie qui identifie " Mut Hos " et PAROLE.

Le Symbolisme du Maître Secret 

C'est avant tout l'acquisition de la Connaissance et de la prise de conscience de la LIBERTÉ SPIRITUELLE, de l'environnement Cosmique, des REGLES qui conditionnent toute Action: Justice et Devoir.

Au terme de ses 4 voyages, le Maître est alors confronté à la nécessité impérieuse d'accomplir le DEVOIR jusqu'au SACRIFICE. Or cette route du Devoir, bien qu'elle soit ouverte sur les Labyrinthes de l’Erreur, l'Initié pourra la suivre sans crainte de se tromper s'il se conforme à ce qu'on lui a appris : " Garder le Secret, être Obéissant, rester Fidèle ". Ces affirmations catégoriques ne sont pas sans réveiller en chacun d'entre nous des résonances particulières et même et surtout des questions

Garder QUEL SECRET ? Être OBÉISSANT à QUI ? Demeurer FIDELE à QUOI ?

…La réponse est dans le Rite et dans le Mythe: Garder le Secret du Langage et de notre Tradition, être Obéissant à nos Règles Initiatiques et demeurer Fidèle à notre démarche vers la Lumière, la Connaissance et l'amour. La Connaissance impli­quant de surcroît le Devoir de partager et de TRANSMETTRE.
 
A ce degré, à la question " Qu'est‑ce que le Devoir ? ", le Rituel nous répond que c'est la RECHERCHE de la Parole Perdue; cela veut dire que toute une PARTIE de la connaissance Primordiale nous a été ravie et que notre Devoir, au cours de notre quête Initiatique, va consister à RETROUVER cet état édénique ou l'être avait une connaissance immédiate des choses.

Le Rituel du 4 ° insiste tout particulièrement sur la nécessité de l'Initié à se rendre LIBRE, or CHERCHER c'est se rendre libre, à l'image de la Réalité qui est elle‑même une Question. La Connaissance est un rapport entre un OBJET et un SUJET, entre quelque chose d' EXTERIEUR à l'Homme et l'Esprit humain; mais de ce rapport nous ne connaissons que la sensation qu'il nous cause; cela sous‑entend que les éléments de la connaissance vont être erronés par nos sens et ne nous donnerons qu'une vision APPARENTE des choses.

La Connaissance Véritable ne pourra être atteinte qu'après un extraordinaire effort d’unification, aboutissant à la suppression de la DUALITE qui est en nous. Le chemin est difficile car notre acquit intellectuel s'est fait sur le mode discursif et logique excluant l'intuition et l’analogie. Mais l'Homme n'est pas déterminé, il est Libre, dans ce monde des interactions, de manifester sa présence; dans le champ apparemment clos de la Vie, de la naissance à la Mort, l'Homme épouse ou non cette Liberté; il devient ou non une FORCE agissante qui le conduira à la réalité pour lui rappeler qu'il est réellement un fils du CIEL et de la TERRE.

Le Rituel 

"De ce qui n'aurait pu être qu'un fatras de mots et d'idées est né un Rituel Initiatique qui a su sélectionner et ordonnancer les seules notions qui, éprouvées par l'usage du temps, semblaient contenir des vérités immuables, incontestables, peut‑être parce qu'il s'agissait de vérités éternelles, parcelles éclatantes de l'Ineffable Vérité, de l'Eternelle Lumière " (Bernard Martinez).

" Vous ne prendrez pas les mots pour des idées et vous vous efforcerez toujours de découvrir l'Idée sous le Symbole ", nous dit clairement le Rituel du 4° degré. Allons donc, au travers des Mots, à la Recherche des IDEES.

‑ Quant aux CAUSES :
" Vous ne Comprenez pas bien parce que vous ne Voyez pas bien " ... "La Franc-maçonnerie vous a tiré de la Servitude et de l'Erreur "... "La Vérité Absolue est Inaccessible à l'Esprit humain " ... " Nous déplorons la Perte de la Vraie Parole " ... "Qui Voyage ainsi ? ... Des V.M. qui Recherchent la Parole Perdue "...

‑ Quant aux PRINCIPES :
" Malheur à ceux qui aspirent à ce dont ils sont indignes " ... "Etes‑vous prêt à faire votre Devoir "... " La Parole Perdue c'est la Connaissance de Devoir Complet " ... "Nous devons donc inlassablement Rechercher la Vraie Parole "... " Nous ne devons pas Attendre le jour où nous la connaîtrons " ...

‑ Quant aux MOYENS :
" Le Devoir est la grande Loi de la Franc-maçonnerie " ... "La route du Devoir mène Sûrement à la Vérité "... " Si vous Voulez Trouver la Vraie Lumière et la Parole Perdue " ... "La Connaissance est un Bien Héréditaire qui se Transmet "... "Appliquons nous à nous perfectionner sans cesse "... et : " La meilleure pierre de touche du Devoir est l'exigence d'un Sacrifice" ...

Non seulement le Rituel nous indique CLAIREMENT la VOIE à suivre :

LE DEVOIR ! mais encore nous donne t’il les MOYENS de nous accomplir au travers de nos actes et de nos pensées en alimentant notre CONSCIENCE de la Justice, la Liberté, l'Objectivité, la Recherche, la Compréhension, l'Humilité et l'Amour.

"L'Homme est un Pont et non un But ", disait Nietzsche, en serait‑il de même de la Parole ? La retrouver est‑il le seul but, le seul Devoir ? Ou devons‑nous accomplir d'autre devoirs ? A l'évidence, s'il s'agit de notre principal Devoir, nous ne devons pas pour autant négliger de TRANSMETTRE à la fois ce que nous avons reçu mais également le fruit de nos recherches, même si nous n'avons pas " trouvé " !

C - CONCLUSIONS

Le caractère inaccessible à l'Homme de la VRAIE LUMIERE n'interdit pas pour autant la recherche de LA PAROLE PERDUE ni son "approche "par une tentative permanente de rassembler en nous ce qui est épars.
Ecouter sa nature Terrestre, l'appel à la multiplication des désirs dont l'intellect est l'agent et écouter sa nature "Divine ", l'appel de l'esprit. Le sens de la recherche de l'Homme est d'assumer la nouvelle étape évolutive, d'assumer consciemment la réconciliation de la MATIERE et de l'esprit. Puisque c'est au pied du mur que l'on reconnaît le Maçon, nous croyons fermement que ce n'est pas, en ce qui concerne la Franc-maçonnerie "spéculative", la façon dont on construit le mur qui importe (car nombreux sont les murs qui, à notre sens, doivent être abattus surtout ceux de l'ignorance, de l'indifférence et de la haine) mais avant tout celle dont on le " franchit " pour que d'autres connaissent un " ailleurs «.

Tel est le lot de l'espèce humaine qui, à l'instar du sens que nous offre parfois l'exemple de certains animaux, dépasse son propre instinct de conservation ; l'homme ne l'accomplit pas cependant pour la survie de l'espèce mais pour celle de ses " IDEES " nourriture Spirituelle indispensable à notre propre essence ; Idées, mots, discours, sens, paroles ...ou "Parole " , "Logos ", " Mut Hos ", " Vav ", " Souffle " ; tout cela est en nous mais incommunicable, inexprimable.

Les Mythologies ne sont pas des productions individuelles, elles sont "explosion "sur individuelles, rêve sur conscient de la Vérité nous rendant capable de saisir sans explication la signification sous‑jacente. La SYMBOLIQUE, connaissance intuitive du fonctionnement psychique répond à la question que se pose l'Homme :

" Que dois‑je faire de ma Vie " ? La réponse est dans le retour à l’UNITE, réunion harmonieuse entre monde intérieur et monde extérieur. La recherche de l'HARMONIE unité dans la multiplicité, est le sens évolutif à donner à la Vie (Paul Diel).

Le propre de notre imagination créatrice, au travers du Mythe et du Rite, est de retrouver une Secrète signification nous concernant; sans vouloir convaincre logiquement, le Mythe agit sur notre émotivité profonde et même sur nos culpabilités refoulées. Ici également la figuration métaphorique, laissant deviner un sens caché, intensifie le saisissement émotif, à condition toutefois que le procédé symbolisant ne soit pas artifice trompeur.

Encore faut‑il que le Rite ne couvre pas le Mythe et que l'Initié y adhère PLEINEMENT, du fond de son âme, sinon tout cela ne serait qu'un jeu sans portée, voire une mascarade. L'Initiation se vit profondément, intensément, ou alors elle n'est pas. Elle est le COMMENCEMENT d'une Recherche personnelle, d'une Quête, qui vont durer TOUTE LA VIE Maçonnique.

Si nous devons connaître un jour la Parole Perdue, ce sera le fruit d'un TRAVAIL incessant d'Unification, car si notre marge de manœuvre paraît faible, nous ne devons jamais pour autant rester inactifs, face à un déterminisme redoutable. Forts des Règles que nous impose notre Rite, de l'élévation de pensée que nous apporte la Tradition, forts de cette sublimation que nous confire l'Initiation, continuons sans désemparer l'effort de réflexion que nous avons entrepris dans nos Loges. Même si nous n'en percevons pas encore les prémices, même s'il nous faudra encre patienter peut être longtemps avant de recueillir la Vraie Parole, travaillons et persévérons car : " Il n'est point besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer «. (Le Taciturne).

J’ai dit

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