GLFF Loge : NC 04/2007

La  Gestuelle du 3ème Degré

Le Geste est un mouvement du corps produit de façon délibérée ou non, pour exprimer extérieurement une pensée, une intention ou un sentiment intérieur. De même, un non geste, une immobilisation, une posture peut constituer une façon d’exprimer un senti, un ressenti, en tout cas une intention de traduire une pensée intérieure. Le geste est la transposition au plan physique de ce qui cherche à s’exprimer au plan spirituel. Le mouvement est la vie, l’immobilité étant la mort.

L’ensemble de plusieurs  gestes liés entre eux par un principe organisateur, une histoire sans parole par exemple, constitue une Gestuelle. A noter que nos anciens  appelaient « LA GESTE » une histoire épique, relatant la création d’un royaume, par exemple. Lorsque nous parlons de notre démarche initiatique, de notre naissance,  nous comprenons qu’il y a un mouvement dans le processus  en question qui est fonction de notre démarche spirituelle.

La gestuelle du corps physique est donc en rapport  avec notre démarche spirituelle, notre corps spirituel, c’est à dire notre volonté, notre personnalité, notre esprit. Notre démarche spirituelle nous a enseigné à chercher à nous connaître nous même. Habituellement, nous ne voyons que le coté spirituel de la question, sans nous intéresser  au côté physique. Je pense que vous avez compris qu’il ne peut y avoir l’un sans l’autre.

Je soumets également à votre réflexion, n’ayant pas le temps de traiter le sujet convenablement ce soir, la similitude qui ne peut être due au hasard entre les gestes pratiqués dans les 3 premiers grades et le siège des chakras de notre corps. Certains semblent directement concernés alors que d’autres semblent ne pas l’être du tout. Mais il est souvent utile de s’interroger sans se fier aux apparences et c’est un des principes incontournable de notre démarche écossaise.

LE GESTE RITUEL EST CREATEUR

Il rétabli le lien entre le corps physique et le corps psychique et enfin le corps pneumatique (de pneuma = souffle de  l’esprit). Il met en mouvement le corps qui agit, la psyché qui le conduit et l’Esprit qui l’Oriente et lui donne la plénitude du sens. L’accomplissement religieux des gestes rituels constitue une dimension centrale dans la démarche initiatique à travers 3 grandes étapes :

  • la connaissance et la conscience de son corps,
  • la discipline ou subordination du corps
  • l’ascension ou l’insertion du corps dans le monde divin.

La nouvelle Naissance qu’est l’initiation, va permettre de faire émerger la conscience dans la matière et la transcender afin qu’elle se spiritualise, entre  autres par la gestuelle rituelle. C’est ce que nous appelons notre participation à l’achèvement de la Création. Notre histoire est celle de la création, elle est éternelle. L’attention que nous portons à notre corps n’a pas à être exagérée, mais il faut le connaître et le reconnaître afin d’en posséder toutes  les capacités. Ce n’est pas pour rien qu’il nous est « enseigné » les 5 sens au 2ème degré.

Notre corps physique est un instrument de communication avec son environnement, et  le geste en est une des composantes. Il convient donc de l’entretenir  afin qu’il nous permette d’aller au bout  de notre chemin, mais sans l’idolâtrer. Il se trouve que le bout du chemin est justement la MORT, ce changement d’état, cette nouvelle naissance que l’on connaît au 3ème degré.

Un geste entraine des conséquences sur l’environnement immédiat et peut avoir des conséquences insoupçonnables. N’est il pas dit qu’un battement d’ailes de papillon en Chine peut modifier toute une vie par les vibrations qu’il génère à l’autre bout du monde ? Faisons en sorte que nos gestes participent à l’action du VERbe  et organisent le chaos de façon harmonise en retirant les scories  de notre Pierre Brute afin qu’elle trouve sa place dans la construction du Temple, à terme.

L’importance de notre gestuelle  est renforcée par le fait de notre filiation opérative. Nos gestes doivent être précis  et toujours avoir le sens  sacré des gestes dédiés à œuvrer sur des objets sacrés. Chaque geste est un sacrifice. Ils doivent également être empreints de noblesse  du fait de notre filiation chevaleresque. Laissons au dehors  les attitudes relaxes, et gardons notre rang dans cette Franc maçonnerie. Nous recevons un adoubement  afin de recevoir les influences spirituelles  et le charisme nécessaire au service du G\ A\ D\ L\ U\ et de l’humanité. Tout le corps est requis afin  que l’œuvre accomplie dans ce Temple, le soit avec FORCE ET BEAUTE  et que dehors nous fassions régner justice et faisions preuve de miséricorde.

Un des gestes essentiel est, avant la tenue, celui de s’habiller en enfilant notre robe et ceignant notre tablier  et prenant nos gants. Par ce biais, nous indiquons déjà notre volonté de nous séparer du monde profane. Nous sommes prêts pour les jeux de rôles dans lesquels chacun devra prendre sa place, toute sa place. Jeu de rôle librement consenti  et sérieux, car sinon cela devient un drame de théâtre. Moment très grave durant lequel nous nous plongeons dans notre intérieur. Le troisième sera de nous asseoir, mais pas n’importe comment.

Conscient de notre corps, nous devons être assises à l'équerre. Le regard droit pour observer ce qui se fait, ou les yeux clos afin d’écouter  et de réfléchir, totalement concentré sur ce qui se dit. Le dos droit ; le long  du siège, les genoux au carré. A  noter que le chakra du plexus solaire est dégagé afin de percevoir tout ce qui se fait, mais que le chakra sexuel est protégé  par notre Tablier. Les mains sur les genoux  afin de fonctionner en circuit fermé  avec la partie basse de notre corps.

Les coups de maillets  sont des gestes  qui ont une importance fondamentale. Les rythmes des V\ M\ ET DES SURVEILLANTES doivent être les mêmes afin que l’espace sacré soit créé harmonieusement par des sons cadencés. Lequel d’entre nous  n’a pas remarqué  le changement survenu dans nos attitudes, nos comportements, au fur et à mesure de notre « quête » spirituelle. J’ai l’habitude de dire que notre extérieur est le reflet de notre intérieur  comme l’écu d’un chevalier est le reflet de son intériorité. Les choses se font  sans qu’on le veuille, mais progressivement.

Rappelez-vous votre première prise de parole ! Noyé par l’émotionnel, le spirituel avait du mal à passer au plan physique. L’émotionnel  est la traduction physique  de ce que ressent notre corps  de son environnement. Nos sens sont  tous en alerte et renvoient  des centaines de messages en très peu de temps, à un cerveau  qui ne sait pas trop dans quel ordre  traiter les informations. Nous rougissons comme des gamins,  sous la pression, jusqu’à,  ce que l’esprit  décide d’ignorer  ces messages  pour  se concentrer  sur la mission de l’instant : prendre la parole sur le sujet à traiter.

LA MARCHE AU 1° DEGRE est intéressante. Le pied gauche glisse en avant, hardi  à découvrir le terrain devant lui, alors que le droit se traine  piteusement, freinant, comme en opposition à son collègue de gauche. N’est-ce pas le reflet de notre mental profane, qui cherche à aller de l’avant, entre autre par curiosité, alors que les ordres sont de reflechir, d'’analyser la situation avant de bouger. Trois pas glissés, mais tous dirigés vers un seul but.

LA MARCHE AU 2° DEGRE ; est significative de l évolution, puisque la Compagnonne et  invitée à comparer  ce qu’elle a vue  dans sa Loge, en visitant d’autres Ateliers aux rituels différents. Mouvement de droite et de gauche  qui sont le reflet de ces excursions et incursions. C’est aussi le pas de travers du compagnon qui voyage, l’erreur dans notre chemin, mais qui nous permet de revenir immédiatement dans le droit fil de notre quête.

Au 3° DEGRE,  la marche s’élève invitant  à sortir de ce plan terrestre (équerre à la tête du cadavre) pour aller vers le ciel, le spirituel  (compas au pied du cadavre). Mais attention, nous passons au dessus de l’obstacle, au travers de quelque chose, en rappel de la marche de la Compagnonne qui entre à reculons  en voyant l’Etoile Flamboyante  derrière elle, et devant elle. Nous allons d’un monde à l’autre, ou mieux nous quittons un monde…où nous sommes déjà de nouveau. C’est la Renaissance. De la Terre au Ciel, vrai jeu de marelle en 7 pas et plus, en passant d’une rive à l’autre.

Il faut se rappeler qu’il s’agit de la mise à l’ordre, la mise  à la norme, à la conformité à la normale, une mise en mouvement en trois étapes : AVANT, ACTION, APRES.

AVANT : nous sommes tous séparés et différents.

ACTION : l’action du VERBE, représenté dans la Loge par la V\ M\ qui, comme le G\ A\ D\ L\ U\, va créer en prononçant les  mots du Rituel… Alors nous devenons tous égaux, car nous appartenons désormais au même groupe  puisque nous nous ne reconnaissons pas notre signe commun (vérifié par les Surveillantes à l’ouverture de nos travaux). SEPARATION, REUNIFICATION, SIGNIFICATION DU MOT SYMBOLE. A ce moment  nous sommes réunis entre nous, mais également avec le divin  qui a été invoqué par  la V\ M\. La réunification est totale et c’est pour cela que nous sommes  dans le SACRE. C’est un rendu au sacré. La loge devient projection du Cosmos sur notre plan. Séparation du monte extérieur  et appel par la V\ M\ à la coordination  = la mise l’ordre. Nous sommes en Harmonie.

APRES : nous nous séparons et retournons au monde profane, mais avec la pratique, le « sacré » reste de plus en plus longtemps en nous, même en ce bas monde.

AU 1° DEGRE, les pieds en angle droit, le gauche orienté et le droit en équerre, sur Terre, le corps droit , à l’intersection  des deux branches de cette équerre, face à l’Orient, face à  la Lumière, les yeux dans ceux de la V\ M\ LA MAIN  est sous la gorge , prête à couper pour ceux qui violeraient leur serment sur le secret. Séparation entre le spirituel et  le matériel. Deux espaces  séparés par un plan de réflexion, et dont le passage de l’un à l’autre  est sous contrôle permanent. Contrôle de l’ASPIR et de l’EXPIR. La proportion corporelle, la partie inférieure d’où viennent les influences néfastes et animales.

Le pouce droit sur la carotide, sur  le chakra « vishudda », dont on dit que c’est la porte  qui permet à l’éveillé de voir les trois temps. Il apparaît comme la partie pincée du sablier, laissant le futur glisser  par  le présent vers le passé. Ce chakra contrôle les pulsions émotives, car plus on s’énerve moins il est possible de respirer, mais c’est également la porte de la libération pour ceux dont les sens sont purs et contrôlés.

La partie supérieure est le siège de la pensée, de l’esprit lucide  et conscient et quelque part représente le Principe. Le message est clair dans les deux cas, il faut nous contrôler tant physiquement que spirituellement. Nous  sommes face au soleil spirituel entre le Ciel et la Terre, sorte d’axe verticale, axe du monde tendu vers le ciel, seule ouverture  vers lui. Nous sommes au centre de la roue cosmique, et donc hors du temps.

Au 2ème degré, la main gauche quête la lumière divine afin de faire passer la FORCE par le CŒUR. La pénalité est comme au  premier degré rappelée par le geste de la main droite pour nous remettre en mémoire notre serment sur le SECRET.

Au  3ème degré, par le signe pénal, nous séparons la partie basse matérielle et animale de la partie haute contenant le cœur et le spirituel déjà évoqué lors du premier degré. Nous sommes bien entre le compas et l’équerre.

L’ensemble des gestes qui composent notre rituel doivent être accomplies avec mesure et calme, ne souffrant pas de l’a peu prés pour être assimilés entièrement par notre corps et notre esprit. Ainsi le tracé du tableau de loge est le projet de l’expert sur le sol, l’accomplissement du rituel qui crée par les formes ; l’expert est hermès-Thot, l’intermédiaire entre le monde profane et le monde sacré, celui qui monte et descend sur l échelle de Jacob allant chercher les ordres pour les ramener sur terre. Ce tracé va protéger l’espace sacré en le séparant du nadir et en rassemblant la loge autour d’un même projet, d’un même axe que la VM va terminer de sacraliser avec son invocation.

C’est dans cet espace sacré intemporel que nous allons rassembler nos esprits, nos énergies, pour tenter d’élever ensemble notre esprit vers la compréhension de la justification de notre existence. C’est en cela que nous allons rassembler dans une gestuelle commune destinée à nous lier spirituellement pour le temps de notre tenue.

L’évolution de notre société  veut aujourd’hui systématiquement séparer les différentes fonctions humaines sans tenir compte des relations qu’elles avaient entre elles. C’est le connaît toi toi-même ou la connaissance de soi que nous enseigne le second grade.

Nous avons étudié les 5 sens et avons laissé à notre libre arbitre la façon d’approcher ou d’ignorer les autres. Notre société nous apprend à ne plus tenir compte de nos sensations pour nous fier uniquement qu’à des données calculées, scientifique et établies, et nous savons tous qu’il n’est pas meilleur juge que l’écoute de nos sens. Les anciens savaient observer ; la nature pour commencer afin de comprendre le fonctionnement et l’évolution du monde qui nous entoure ? Nul besoin de machine électronique pour savoir si l’été allait être chaude ou humide ; l’observation suffisait. Il est encore des mondes de connaissances à découvrir ou plutôt a redécouvrir. Ces mondes dont nous faisons partie mais dont nous ignorons jusqu’à l’existence pour nous consacrer qu’à ces sciences nouvelles et démontrées ou à des faits précis et scientifiques.

La gestuelle du troisième degré nous enseigne que le maitre est mort mais qu’il renait à une nouvelle vie. Peut être celle d’un autre regard, d’une autre histoire, d’une autre façon de voir et de concevoir notre condition humaine. Le maitre a appris la maitrise…vaste programme. Il a aussi appris que nous pouvions mourir dans un monde, sans pour cela disparaître puisque la résurrection existe dans un autre monde, dans une autre dimension et dans un autre état. N’est ce pas le grand message d’espoir et d’amour de notre démarche maçonnique. A nous ensuite de comprendre l’ensemble du mythe et de tout ce qu’il contient de caché pour avancer sereinement sur notre chemin. Le travail sera long et difficile car les doutes et ces certitudes nous enseigneront que rien n’est jamais définitif et comme le disent les bouddhistes « rien n’est plus fort que toi ». Restons donc ouvert et prêtes à vivre avec nous mêmes et avec l’ensemble de nos réactions humaines, toutes riches d’enseignement !

Ne rejetons rien sous prétexte que nous ne le comprenons pas…mais sans accepter tout pour argent comptant, laissons ouvert notre esprit et acceptons avec humilité que la vie nous apprenne encore et encore, même si c’est avec douleur. Tout cela nous le découvrons en voyageant dans et hors de notre corps, dans et hors de notre monde comme nous voyageons dans et hors de notre loge.

J’ai dit, V\ M\

R\ L\ K\


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