Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Le Tableau du Maître

Je dois vous parler, durant cinq minutes environs, du tableau du troisième degré. Pour savoir de quoi l'on parle, décrivons-le. Le tableau représente un cercueil noir, traversé par une croix blanche. Une branche d'acacia est posée dessus. Le Maître est mort, assassiné lâchement par trois mauvais compagnons indignes du grade. Il est mort pour avoir refusé de donner le mot de passe des Maîtres à qui n'en avait pas le mérite. Les mauvais compagnons ont planté sur le talus où reposait le corps meurtri de l'Architecte une branche d'acacia afin de repérer l'endroit. L'Homme était parvenu à une maîtrise parfaite de son art; il parachevait son œuvre qui devait rayonner sur le monde d'alors : le Temple de Salomon.

Le pavé mosaïque qui figure normalement sur le tableau du degré est composé de losanges. Le losange unit un triangle orienté vers le haut à un triangle orienté vers le bas ; c'est un sceau de Salomon décomposé qui n'est pas sans nous rappeler que « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », dixit la Table d'émeraude, et qu'ainsi l'Homme qui se connaît lui même connaît l'Univers et les Dieux... C'est la possession du Monde de Tubalcaïn. La croix blanche qui recouvre le cercueil n'est elle pas composée ou assemblée par le niveau et le fil à plomb ? Lorsque j'allais à l'école, mes professeurs de mathématiques me disaient toujours : « Lorsque vous voulez tracer un cercle, tracez d'abord une croix où vous souhaitez qu'en soit le centre ». Ainsi, où trouve t'on le Maître Maçon ? Au centre du cercle, sous la croix... La croix blanche, pure, divine...

Le talus est devant vous, mes FF\ ; regardez-le ; voyez la branche d'acacia. Regardez ces crânes avec les tibias entrecroisés formant des croix de Saint André. Nous sommes en deuil. La mort est là, sur le pavé mosaïque, à un pas des uns et des autres. Qu'avez vous vu en entrant dans la chambre du milieu? Le deuil et l'accablement. Les larmes d'argent figurant sur certains tableaux du troisième degré représentent la tristesse.

L'Homme à perdu l’Être qu'il aimait le plus: lui même. Oui, mes FF\, nous sommes tous morts; sinon nous ne serions pas là. Regardez bien ce cercueil ; regardez cette désolation, rien ne pourra remplacer la perte inconsolable de vous même. Vous êtes morts, c'est votre choix. Vous vous êtes assassinés. Maintenant, vous avez atteint la plénitude, vous êtes en paix avec vous même. Regardez le tableau ; il représente votre miroir, votre état d'être, point de passage obligé pour renaître.

Je suis pourtant vivant, et je me regarde, mort, au milieu de la loge. Je m'aperçois faiblement ; éclairé par une lueur sur une colonne. Pourquoi à t'on posé sur moi ce rameau? Il semble sorti de moi, cet arbre de vie... Je dois donc renaître, Homme nouveau, à partir de ce cercueil creusé à la hâte. Et lorsque, à nouveau vivant, je regarde le tombeau, je me regarde, mort aux vicissitudes de la vie profane. Ainsi, ne présentant presque plus d'outils nécessaires à mon édification, je contemple mon état d'être, ma naissance, ma renaissance devrais-je dire. Ainsi, bien qu'au premier abord le tableau soit triste, macabre, noir, il symbolise la joie de savoir que d'autres Hommes seront portés à la maîtrise par leurs FF\. Il symbolise l'espérance; tant que ce tableau existera, il sera la preuve matérielle que des Hommes deviennent des Maîtres de l'Ordre. Il symbolise enfin la paix et la pureté qui règne au fond de l'être nouveau.


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