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L'Homme doit-il chercher son bonheur
hors du quotidien
?


On ne peut nier que tous les hommes cherchent le bonheur. Leurs actions et pensées s'organisent souvent autour de cette quête sans fin .Les voies du bonheur sont très diverses, et l’eudémonisme antique avait déjà explore plusieurs routes nous permettant d'arriver au Souverain Bien. Aristote pensait qu'il résidait dans la pratique de la vertu, Épicure valorisait le plaisir bien compris et l'absence de trouble, Épictète et le courant stoïcien insistaient sur l'acceptation pleine et entière du destin. A l'oppose, le monde judéo-chrétien va faire la distinction, voire l'opposition, entre la vertu et le bonheur, du moins le bonheur terrestre. En effet, pour le christianisme, le bonheur n'est pas de ce monde, le bonheur terrestre ne constitue pas le Souverain Bien, il n'est pas la fin de l'homme. La fin de l'homme, c'est le salut de son âme, qui seul lui permettra d' accéder à la vraie félicite : la contemplation de Dieu, ce qui nous est accessible dans le monde divin si nous avons su être vertueux. Aujourd'hui, nos sociétés de consommation semblent privilégier davantage une vision des plaisirs matériels comme archétype du bonheur. Cependant, la crise, le chômage et la pauvreté nous font prendre conscience que le véritable bonheur pourrait résider dans la simplicité, l'émerveillement devant la vie et l'amour des autres.

Dans la Bible, il est dit qu'Adam, après avoir désobéi a Dieu en mangeant la pomme de l'arbre de la Connaissance, a été condamne au travail. L'homme depuis, doit gagner son pain à la sueur de son front.
Le travail apparait donc comme une fatalité. Jusque dans la première partie du XX éme siècle on condamnait les criminels aux travaux forces.
Voilà qui montre bien que le travail est davantage une source de malheur que de bonheur.
L'expression "gagner sa vie" renvoie à un certain type d'organisation sociale basée sur les notions d'argent, de classes, de salaire. La locution "gagner sa vie" n'est pas un non-sens, mais bel et bien une réalité. On a beau en appeler aux "droits de l'homme", celui qui n'a plus les moyens de gagner l'argent lui permettant d’être socialement intègre, n'a plus aucun droit effectif. Aussi, "gagner sa vie" ne veut rien dire d'autre que gagner, par son labeur, le droit d'exister, aux yeux de la société, en tant qu'individu; il est vrai que si les chômeurs, par exemple, souffrent d'une perte de revenus, ce qui semble les affecter le plus, c'est le sentiment de devenir inutiles, d’être exclus de la société. Car, même impose, le travail joue une fonction
essentielle de socialisation; "gagner sa vie" est une façon de gagner sa place dans la société.

La réalité au quotidien, pour l'homme, c'est vivre, et cela à toujours signifie "travailler" avec pour caractéristique le travail aliène qui prend sa valeur de la commande anonyme des autres, mais aussi du fait qu'il est au service de besoins toujours plus extensibles, et que son travail se mesure toujours à partir de souffrances qu'il endure ou des traces qu'il laisse dans la matière brute (Matière brute, prise au sens maçonnique).
Ajoutons a l'existence humaine toutes ses luttes, non contre la nature, mais contre l'homme, avec son lot écrasant de souffrances, souffrances affectives, morales et physiques, son lot d'injustices et de violences. Peut être que la souffrance a une vertu moralisatrice en obligeant l'homme à réfléchir sur sa condition, mais il ne faut pas en conclure hâtivement qu'elle lui est nécessaire pour progresser. D'ailleurs, qui peut faire l'apologie de la souffrance.
Ne soyons pas étonné que ceux qui ne peuvent pas s'adapter et supporter toutes ces contraintes... alors qu'il sont dénues de toute conscience morale, deviennent toujours plus hypocrite, égoïste et pervers. Hélas, agissant en fonction de leurs propres intérêts, ils
corrompent la société.

Après tout cela, vécu quotidiennement, peut-on dire que la vie est belle  et qu'elle apporte le bonheur ?

Le traducianisme se situe au cœur d'un débat touchant à la liberté de l'homme : la croyance en la prédestination de l'homme et en la grâce divine, comme unique forme de salut, mais qui entrave sérieusement la liberté de ce dernier;cette doctrine de l’Église parait une mauvaise foi soucieuse de justifier le pèche. Face à ce postulat, nous sommes impuissants face au pèche et ne pouvons qu'implorer la grasse de Dieu.
Si l'on ne veut pas accuser Dieu de cruauté et d'injustice, il faut admettre que la souffrance est la punition d'un pèche originel.
L'homme, depuis le pèche originel serait-il un être déchu ?
Il existe une Loi de Cause a effet qui considère que toute action engendre un effet ou porte un fruit, appelée : KARMA. Cette Loi régit toutes nos actions, bonnes et mauvaises. L'homme a accumule des dettes spirituelles et matérielles et il doit les payer. Il est dit que le Karma est comme un boomerang : plus l'action est brutale, plus il nous revient durement. Sa particularité, c'est qu'il revient toujours au lanceur. L'homme devra toujours répondre aussi bien de ses erreurs intellectuelles que morales, de ses fautes, et la notion de faute est
inséparable de la connaissance des deux polarités morales du bien et du mal. Faute devant les hommes, faute devant son miroir, il s'agit d'action jugée par sa conscience en restant responsable de ses actes devant le tribunal de la raison.
Nous allons, avec le plus grand soin, distinguer le fatalisme qui asservit et le déterminisme qui libère.

Nul homme, et particulièrement lorsque son quotidien est particulièrement sombre, ne peut nier le fait qu'il pense à la mort.
En tant que terme ultime de la vie individuelle et pensante, elle est la pierre angulaire de toute réflexion sur le sens de l'existence.
Que vous jugiez que la vie vaut d’être vécue ou non, vous aurez a la vivre. Le temps vous détruit mais vous ne pouvez pas le détruire. Il appartient donc à chacun de décider a quel niveau vivre cette vie, a moins de décider de l’évasion définitive, car il est vrai que le suicide est avant tout une action par laquelle on tente d’échapper a une situation jugée intolérable, un défi à la société qui n'a pas su garder un être dans sa communauté tout autant qu'un défi à la vie, un acte individuel d'auto délivrance qui ne s'oppose pas à la collectivité. Pour autant que l'on affirme que l'homme, engage au service des valeurs, n'a pas le droit de déserter la vie, seul le suicidant est à même d’évaluer son seuil de tolérance à l’égard de la souffrance ou de son histoire personnelle. L'obliger a vivre alors qu'il a décide de mourir, cela peut s'appeler une atteinte à la liberté individuelle.

Et pourtant, comme en Franc-maçonnerie lors d'une cérémonie de deuil, il faut toujours, en dernier, tirer une batterie d’allégresse.

Et de se dire, comme Einstein : "Dieu ne joue pas au dés".

Et c'est parce que la mort donne à l'homme le vrai prix de la vie, qu'elle conduit a se poser des questions, et les réponses qu'elle donne sont culturelles. Rien de ce qui existe n'est le fruit du hasard, mais celui d'une intelligence qui connait la cause de ce qui est. D'ailleurs, je préfère personnellement le mot aléa a celui de hasard; il n'est qu'un incident provisoire qui ne nie en rien l'ordre dans la nature des choses, des lors que l'on ne considère pas la notion d'ordre comme un trajet linéaire trace une fois pour toutes.
Ce quotidien vécu en ce bas monde n'a certainement rien d'absurde, pas plus que le monde ne l'est lui-même. Il est donc juste qu'il faut se conformer à l'ordre du monde, sans pour autant croire que l'homme doive se contenter d'accepter passivement son sort. Nous ne pourrions
pas vivre si le monde était absurde; il faudrait en prendre conscience et modifier sa vie qui n'a d'autre valeur que celle que nous lui donnons. Il faut admettre qu'il a un sens, donne par la religion ou une philosophie humaniste.
Notre monde est digne de la sagesse infinie du Grand Architecte de l'Univers, mais il faut laisser ouverte la possibilité d'un monde meilleur.

Le bonheur doit être, par définition, total et parfait; c'est "la jouissance infinie de l’être", dont parle Spinoza. Presque tous nos philosophes considèrent que le bonheur est une asymptote et qu'il n'existe de paradis terrestre que dans les évangiles.
Mais si le vrai bonheur appartient donc a l’Éternel et au Divin, le plaisir est lie a l'instant présent et reste sur le plan de la vie animale. La joie seule est proprement humaine, car elle appartient au temps.

Alors, la nature première de l'homme étant l'instinct avec la satisfaction de ses désirs, il a en lui des tendances qui, le portant a la conservation de soi, l’amènent à désirer ce qui lui est favorable. Il va, en première instance, chercher a prendre le contre-pied de son quotidien maussade dans les plaisirs de la table, de l’alcôve, du jeu, de la drogue et autres satisfactions artificielles et éphémères.

Sur le plan de la constitution naturelle, l'homme est un être gouverne par ses appétits, et le plaisir sensuel est souvent synonyme de plénitude, aussi l’Hédonisme le place au-dessus de tout.

Les plaisirs de la bonne chère, condamnes par les philosophes grecs, eurent au contraire l'assentiment des premiers chrétiens qui leur accordèrent une dimension religieuse. Au cours de l'agape, repas des fidèles mais aussi des Francs-maçons, on fêtait la parole du Christ, dont le sens premier était : aimez-vous les uns les autres, ici et maintenant.

Cette complémentarité pourra, sinon combler, tout au moins satisfaire bien des individus qui se persuaderont avoir conduit leur existence du mieux qu'ils le pouvaient.

Assurer son propre bonheur est un devoir, car ne pas être content de son état, se trouver accable d'une foule de soucis, et cela au milieu de besoins insatisfaits, pourrait facilement devenir une grande tentation de transgresser ses devoirs.

Mais la vie en société suppose que nous renoncions souvent à la satisfaction de nos instincts. Par cet acte de la raison, nous contribuons déjà a rendre possible le bonheur d'autrui. Mais notre contribution à ce bonheur, hors de certaines relations particulières telles que l'amour ou l’amitié, reste, hélas, toujours limite car nous ne savons pas ce qu'est le bonheur d'autrui. Maintenant, reste a savoir si le bonheur est un bien a rechercher pour lui-même ou s'il ne
serait pas, plutôt, le résultat des efforts consentis par l'homme pour acquérir des biens tels que la liberté ou la justice.

Oui, mais, comment acquérir ces notions essentielles qui permettent de s’épanouir au quotidien.

Vous tous, mes Frères, connaissez déjà la réponse, puisque les Francs-maçons œuvrent pour le bien de l’humanité. Au sein de notre Ordre, nous glorifions le travail, sachant que ce dernier, en tant qu'acte libre, en tant que création, en tant que réalisation des désirs et des volontés de celui qui s'y adonne, est à l'origine d'inépuisables satisfactions. C'est aussi grâce a lui que les hommes sont parvenus a améliorer leur condition, a défaut de conquérir un bonheur absolu et éternel.

A cette école de la Connaissance qu'est la Franc-maçonnerie, il en va de même que dans une école de musique; certains se contenteront de pianoter, d'autres seront des génies. La connaissance doit conduire a la sagesse, mais, l'on peut être un grand érudit, consacrer sa vie a
apprendre ce que contiennent les livres et cependant être incapable, sans respect de la méthode, d’accéder à la Vérité. Toutefois, plus l'homme avance dans la Connaissance, plus il découvre de nouveaux problèmes qu'il est naturellement tente de résoudre, mais nul ne saurait, par l'apprentissage, se rendre maitre des choses. L'apprentissage n'est pas un parcours linéaire avec l'obtention d'un label, il est une ouverture de l'esprit a tous les possibles, en acceptant de n’être rien, pour devenir tout, car chaque homme est considère comme un acte du Grand Architecte de l'Univers; son esprit est une pensée du Grand Architecte de l'Univers, et sa vie est un souffle du grand Architecte de l'Univers qui est Tout en Tous. Ainsi, l'homme qui s'en remet aux décrets de sa raison morale, n'a pas besoin d’idéal pour agir. Il existe un lien secret qui relie l'homme a l'Univers, lui permettant d’accéder a une certaine Connaissance. En tant que créatures de Dieu, nous possédons en nous une sagesse que nous
devons découvrir. Hélas, la sagesse philosophique est la chose au monde la moins bien partagée.

Embellissons et enrichissons notre quotidien de ce bonheur et de cette joie qui relèvent de l'usage correct du savoir qui fournit la connaissance, car la sagesse est un bien immensément supérieur a tous les autres biens; elle est l'autonomie de la conscience et l'exercice de la vertu. C'est pourquoi, pour être heureux, il faut en premier lieu apprendre la sagesse, l'aimer comme étant le bien suprême. En effet, contrairement a ce qu'aime a croire le sens commun, le bonheur ne peut pas raisonnablement être atteint si l'on fait fi du savoir et de la vertu. Que la vertu ne puisse pas s'enseigner ne veut pas dire qu'elle ne puisse pas être connue, elle est enfouie au plus profond de nous même. Sa connaissance implique une transformation intérieure, une reforme de la pensée.

Il semblerait que la finalité de la vie humaine soit le bonheur, variable d'un être à l'autre, et pour faire face aux contingences de la vie, pour donner un sens à l'existence en se référant a des notions qui transcendent le simple fait de vivre, d'avoir a se nourrir, nous devons élaborer notre propre savoir a mesure que nous agissons, la sagesse consistant à faire que l'action nourrisse le savoir et que le savoir dirige l'action. C'est cette action morale qui donne du sens à l'existence et nous rend dignes d’être heureux au quotidien et d' obtenir des satisfactions spirituelles.
Mais attention, il ne s'agit pas de cette morale à la mode "action humanitaire" qui n'est que le crépuscule de la morale du bon sentiment, ou bien même une maigre contribution pour acheter des actions sur le marche de la bonne conscience.

Non, cette action morale engage le Franc-maçon dans sa totalité, ce qui le relie encore à une forme de Maçonnerie opérative, car, conceptuellement parlant, une philosophie du quotidien est difficilement envisageable. Le quotidien est changeant et les hommes ne sont pas seulement des êtres pensants, mais aussi des êtres désirant possédant une sensibilité qui appartient en propre à chaque individu. S'il est vrai, comme le pense Kant, que tout impératif moral doit posséder une dimension universelle, il est aussi vrai que chaque jour, l'homme, le philosophe, le Franc-maçon, est confronte à des problèmes éthiques qu'il doit résoudre, non de manière théorique comme l'apprend la méthode, mais pratique.

Pour Aristote, il y a trois genres de vies : la vie de jouissance, la vie active et la vie contemplative, cette dernière retenant toute son attention. Toutefois, il rappelle au philosophe qu'il est un homme, et que, a ce titre, il ne peut pas vivre que de contemplation.
La vraie vie que recommande l’éthique, c'est la vie synthétique, celle qui accorde a la jouissance, à l'action et à la contemplation la juste part qu'il leur revient. Ce qui importe, c'est la pratique et ce sont les œuvres afin que la vie soit heureuse.

En formant des objets, l'esclave se forme lui-même, il devient un homme de raison et se libère par son travail. Par une lente évolution, la situation du maître et de l'esclave est donc inversée : l’oisiveté et la jouissance réduisent le maître a un état d'animal esclave de ses besoins, tandis que, par le travail, l'esclave conquiert peu a peu la maîtrise de lui-même.

Le Grand Architecte de l'Univers nous a donné la conscience pour aimer le Bien, la raison pour Le connaître, la liberté pour Le choisir. Choisissons donc le bonheur de l’humanité dans le quotidien,... en poursuivant au dehors l’œuvre commencée dans le Temple.

Vénérable Maitre, J'ai dit
M\ R\


Renvois
HEDONISME - n. m.  1. PHILO Doctrine qui fait de la recherche du plaisir le fondement de la   morale. L’hédonisme d'Aristippe de Cyree.
2. PSYCHAN Recherche du plaisir oriente vers une partie du corps, au cours du développement de la sexualité Hédonisme oral, anal, génital.
3. ECON Doctrine qui fait de la recherche du maximum de satisfactions le moteur de l’activité économique © Hachette Livre, 1998
EUDEMONISME - n. m. PHILO Nom donne aux doctrines morales fondées sur le bonheur en tant qu'il determine toute conduite humaine ou en constitue la fin.
TRADUCIANISME - Doctrine religieuse selon laquelle l’âme comme le corps de l'enfant, est engendré par les parents et, donc, hérité du péché originel.

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