Obédience : NC Loge : NC 14/03/2011


L’Opus Dei
« L’œuvre de Dieu »

La grande majorité  des observateurs de l’Eglise Catholique considère que la
Société de Jésus, les Jésuites, serait l’ordre  religieux le plus  puissant de cette   
Eglise, en étant très influent au Vatican.
En fait, il n’en est rien. L’Opus dei est trois fois plus puissante. 
Si on veut donner une définition simple de l’Opus Dei, institution religieuse secrète et mystérieuse, nous dirons qu’il s’agit d’une institution catholique qui a pour finalité de collaborer à la mission d’évangélisation de l’Eglise en invitant les baptisés de toute condition à mener une vie cohérente avec la foi, dans les circonstances ordinaires de la vie, notamment à partir de la sanctification du travail professionnel et des occupations courantes.
 
Nous allons essayer de présenter l’Opus Dei, qu’aucun historien n’a abordé, ni analysé.  Nous dirons que l’histoire de l’Opus Dei est intimement liée à celle de son fondateur José Maria Escriva de Balaguer y Alba, Marqués de Peralta, jusqu’à sa mort.

Pour bien situer l’Opus Dei dans le temps, nous retiendrons quelques faits importants :
-                     L’Opus  fut fondée le 2 octobre 1928.  Son fondateur avait 26 ans.
-                     Le 28 novembre 1982, l’0pus est élevée en « Prélature personnelle » par le Pape Jean Paul II, en publiant la constitution apostolique UT SIT.
Cette prélature personnelle lui donne une autorité majeure dans l’église et la singularise.  Elle s’ajoute au fait que Pie XII, par le décret Primum Inter avait accordé à l’Opus le droit d’être un institut séculier, c’est-à-dire un institut où peuvent s’associer prêtres et laïcs, dans un cadre religieux non monastique.
L’Opus, prélature personnelle, pourvue de statuts, d’une convention, devient une organisation unique au sein de l’église. Elle   ne dépend uniquement que du pape.  Son diocèse n’a pas de frontière.
Il y a de multiples prélatures dans l’église, qui sont en fait des organisations de fidèles prévues par le droit canonique.  Mais celle, personnelle,  de l’Opus est un corps apostolique composé de prêtres et de laïcs, hommes et femmes, organique et indivisible en même temps, avec une unité d’esprit, de finalité, de gouvernement et de formation spirituelle.

-                     José Maria Escriva  meurt le 26 juin 1975.  Il est béatifié le 17 mai 1992 par le Pape Jean Paul II, lequel le canonise le 6 octobre 2002.
-                     En 2003, le nombre des fidèles à l’institution était estimé à 82000, dont 2% de prêtres.  L’institution fait preuve d’une bonne vitalité partout dans le monde.

Montée en puissance de l’Opus Dei  .

A ses débuts en Espagne, dans les années 30, il semble que l’organisation n’ait guère été plus qu’un petit groupe de laïcs, hommes et femmes, qui continuaient à exercer leurs métiers, mais qui vivaient fréquemment en petites communautés, liés par une promesse solennelle, sinon des vœux identiques à ceux prononcés par les membres des ordres religieux.
Le ciment de leur fraternité  chrétienne était essentiellement constitué par un ensemble de conseils spirituels, prodigués par leur fondateur José Maria Escriva. Ces conseils se trouvaient rassemblés dans un petit livre de 999 maximes, appelé El Camino (Le Chemin).  Tout cela semble parfaitement inoffensif.

Cependant, bien vite le rôle politique attribué à l’Opus dans l’Espagne franquiste, le secret qui entourait ses activités, son apparent succès, ses méthodes opérationnelles, allaient éveiller un intérêt considérable, mais aussi une franche hostilité au sein de l’Eglise catholique romaine et bien en dehors de celle-ci.
L’hostilité, la plus apparente, venait de la Société de Jésus, les Jésuites.  Nous pouvons comparer  leurs modes de recrutement.
-                     Les Jésuites étaient en relation avec les élites catholiques se distinguant par leur naissance.
-                     L’Opus était en relation avec les élites catholiques se distinguant en fonction de leur fortune acquise dans le commerce et l’industrie.
Bien apprécié par le Général Franco et des Evêques influents ,  José Maria Escriva s’installe à ROME en 1946.  L’esprit de l’Opus convient bien à Pie XII, pape antimodernisme, marqué par le fascisme et la loi française de 1905, séparation de l’Eglise et de l’Etat.  Il est nommé Prélat d’Honneur de sa Sainteté.  

Au Vatican, il devient omniprésent, encourageant et orientant toutes sortes d’activités apostoliques.  Il voyage beaucoup pour rencontrer les disciples de l’Opus Dei.  Il accepte les charges que lui confie le pape Jean XXIII, lequel va l’associer aux travaux du Concile Vatican II.  Devenu Monseigneur, José Maria Escriva  peut se réjouir de voir solennellement confirmés certains aspects fondamentaux de l’esprit de l’Opus.
Souffrant  beaucoup de la confusion doctrinale suivie par certains dans l’Eglise, en déformant l’enseignement du Concile Vatican II, il entreprend des pèlerinages pénitents à différents sanctuaires religieux, à travers le monde.  Il prend souvent la parole devant des auditoires pouvant atteindre des dizaines de milliers de personnes.  Il répond avec vivacité et à propos, à toutes questions : apostolat, vie familiale, vie privée, sens de la souffrance… Les réunions se succèdent sans interruption.  Plus d’un million de personnes ont pu l’écouter.
Après avoir célébré ses noces d’or sacerdotales le 28 mars 1975, il décède subitement à Rome, le 26 juin 1975.
  
Béatification et Canonisation.

Dans le cas de José Maria Escriva, ces deux actes canoniques ecclésiastiques sont remarquables par le petit laps de temps pour les réaliser , après son décès.  Ceci n’est pas coutumier dans l’Eglise.  Nous devons reconnaître que la relation entre Jozef Wojtyla futur pape Jean Paul II et José Maria Escriva était étroite.  De surcroît, de son vivant, ce dernier avait une renommée de sainteté qui s’amplifia avec une spontanéité significative après sa mort.  Lors du procès en canonisation, le pape Jean Paul II reçut des milliers de lettres pour encourager sa décision, de la part de chefs d’Etat, de politiques, et de plus du tiers de l’épiscopat mondial.

Cependant, il y eut des réprobations assez virulentes, lors des procès en béatification et canonisation. Mais elles n’étaient pas à l’encontre de José Maria Escriva, considéré comme le définissait le pape Paul VI : « un des hommes qui a reçu le plus de grâces ».  Et ceux qui l’ont fréquenté disaient qu’il avait les qualités exceptionnelles d’un chef.  Il savait être dur, mais aussi merveilleusement humain.
Les réprobations venaient de l’opacité des actions de l’Opus.  Les soupçons sur son implication dans des affaires à caractère maffieux et ses soi-disant relations avec l’extrême droite lui étaient très préjudiciables.  De plus, les membres de la commission des procès en béatification et en canonisation faisaient partie pour les 4/5 de l’Opus !

Personnalité du fondateur.

José Maria Escriva de Balaguer y Alba, Marquès de Peralta est né le 2 janvier 1902 à Barbastro, dans le nord de l’Espagne.  Il est le second d’une famille de 6 enfants. Enfant de santé fragile, il fait de très bonnes études dans un ordre religieux.  Rapidement, il marque son souhait de devenir prêtre.  Il est ordonné au séminaire de Saragosse le 28 mars 1925.
Son port de personne, son élégance dans ses habits de prêtre et sa grande culture le font remarquer.  Il obtient un doctorat en droit civil et un doctorat en théologie.
Se sentant soutien de famille à la mort de son père en 1924, il gagne un peu d’argent en donnant des cours de latin et de droit.  Chapelier de l’Ordre des Dames Apostoliques qui déployaient nombre d’activités charitables, il va participer à cette œuvre de charité.  C’est durant ce temps qu’il prend conscience de créer l’Opus Dei.

Pour les fervents admirateurs de l’Opus, cette institution est « une graine divine tombée des cieux », et son fondateur aurait eu une vision de Dieu l’encourageant à fonder l’Opus Dei.  José Maria Escriva ne s’est jamais exprimé à ce sujet.  Cependant, il est évident que dans cette Espagne acquise à la religion catholique, un jeune prêtre ambitieux pouvait aspirer à un rôle particulier dans la vie.

Ainsi toute sa vie, dans une grande discrétion , José Maria Escriva va porter, va façonner l’Opus Dei.  Il va lui  donner une forme juridique précise, des objectifs clairement définis, et des moyens de les atteindre sans équivoque.  Il va diffuser à travers l’Opus le message évangélique, en encourageant chaque individu, personnellement, à chercher à devenir saint dans le cadre de toutes ses activités quotidiennes, et à lutter contre tout ce qui ne correspond pas aux valeurs de l’Evangile.
Maintenant, on doit se poser la question de savoir, si la vision originale de José Maria Escriva s’est accomplie dans la forme que revêt aujourd’hui l’organisation qu’il a fondée et qui a suscité les réprobations, lors de sa canonisation.

Dans quel contexte historique s’est créée l’organisation.

En 1848 Marx et Engel ont publié le Manifeste du Parti Communiste et, en 1867 Marx définit sa doctrine dans le Capital.  A travers l’Europe, cette philosophie politique, socialiste, matérialiste, voire athée, captive de plus en plus le monde intellectuel et ouvrier.
L’Espagne est un bastion de l’Eglise Catholique romaine, d’autant que de 1923 à 1930, elle est gouvernée par un semblant de dictateur, Primo de Rivera, lequel protège l’Asociacion Catholica qui est sous l’autorité des Jésuites.
Mais depuis 1881, les professeurs des universités espagnoles se sont arrogés  le droit d’avoir et de professer des croyances distinctes, voire ennemies de la foi catholique.  Cette situation paraît une menace pour l’orthodoxie catholique.

La France devenant laïque (Loi de1905), le Vatican avait conscience de l’anticléricalisme naissant en Europe.  Pie X, pour s’informer, avait créé un réseau de renseignements « intégriste » : La Sapinière. 
José Maria Escriva réalise le danger et il écrit : « Les livres, ne les achetez pas sans prendre conseil d’un catholique avisé et prudent.  Il est facile d’acquérir un ouvrage inutile ou dangereux.  C’est si souvent qu’un homme croit avoir un livre sous le bras alors qu’il transporte en fait un tas d’ordures ».
Dans ce contexte, Jésuites et membres de l’Opus vont lutter contre le libéralisme universitaire et le négativisme religieux, mais d’une façon différente.
Ceux, qui rejoignent l’0pus, recherchent un moyen de dépasser la « routine » d’un catholicisme traditionnel, sombrant dans la léthargie  Ils souhaitent être de vrais disciples du Christ et du reste se considèrent comme les « soldats du Christ ».
Contrairement aux Jésuites , ils ne se singularisent pas par leur tenue. Leur comportement est la façon normale de toute personne de leur condition sociale.  Ils vivent une vie de discrétion, évitant même de se regrouper à l’extérieur.  L’Opus Dei ne publie pas de liste de ses membres. 
 
Cet esprit combatif pour sauver le catholicisme convient très vite à beaucoup de gens.  José Maria Escriva se fait des amis importants chez les clercs comme chez les laïcs.  Il publie des lettres de propagande de l’Opus.  Il soigne l’aristocratie, les industriels.  Son prosélytisme lui vaut rapidement de nombreux disciples.  Il possède le magnétisme du verbe.

L’arrivée de la République Espagnole.

Le 12 avril 1931, des élections nationales ont lieu en Espagne.  Elles aboutissent à l’abolition du roi Alphonse XIII et à la proclamation de la République.  Les Jésuites sont expulsés d’Espagne.  Les biens ecclésiastiques deviennent propriété d’Etat.  Le socialisme  triomphe de l’alliance entre l’Eglise et la couronne.
L’anticléricalisme imposé par la République va vraiment donner à l’Opus Dei son essor.
Semi-clandestin et un peu désemparé au début, face à cette nouvelle situation, José Maria Escriva se rétablit en créant des petits groupes de pensée qui prennent rapidement de l’importance, au point où il décide de créer une académie qu’il installe dans un immeuble à Madrid.  Cette académie est destinée aux étudiants en droit et en architecture.  C’est la première des nombreuses résidences ouvertes par l’organisation.  Cette résidence a un coté familial. Elle est conçue avec : dortoir, oratoire, réfectoire.  C’est dans ce lieu qu’il écrit El Camino, sorte de règle de vie.

Cette académie, en réaction contre la République, est à ses débuts, exclusivement masculine. Par la suite, l’organisation créera une section féminine.
En droit canonique, l’Eglise ne fait de distinction qu’entre les laïcs et les clercs.  L’Opus, étant composée des deux, est plus une congrégation qu’un ordre.  L’union des deux au sein de la congrégation est enrichissante et salutaire.  Mais rapidement les prêtres imposent à l’Opus un esprit très conservateur.

Durant la guerre d’Espagne, très en danger pour sa vie, comme tous les ecclésiastiques, il quitte Madrid pour rejoindre les nationalistes du Général Francisco Franco Belamonde.

Avec le Général Franco s’installe en Espagne le National Catholicisme, doctrine essentiellement antilibérale.  L’harmonie entre le Franquisme et l’Opus  devient totale.  La religion catholique reprend sa place partout : éducation, université, vie sociale... L’Opus est omniprésente, ne rencontrant qu’une seule opposition, par jalousie : les Jésuites.
Chez José Maria Escriva existe une dualité qu’il doit résoudre devant la montée en puissance de l’Opus Dei, qu’il considère comme une association pieuse et de charité.  Il veut que l’Opus soit laïque, mais aussi qu’à la tête, les responsables soient des prêtres.  Dans ces conditions, il va préparer des laïcs de l’Opus à la prêtrise dans le cadre d’un nouvel ordre qu’il crée à cet effet : la Société Sacerdotale de la Sainte Croix.  Les statuts  de l’Opus et de la Société Sacerdotale de la Sainte Croix sont pratiquement identiques, sauf que dans la Société Sacerdotale il n’y a pas de femme et qu’elle n’est pas soumise au secret.

Cette association est d’abord diocésaine. Mais pour la rendre universelle José Maria Escriva s’introduit au Vatican en 1946 et s’y installe jusqu’à sa mort.
En 1950, sous le pontificat de Pie XII , une constitution officielle de l’Opus est approuvée par l’Eglise .  José Maria Escriva reçoit le titre de « Prélat domestique », ce qui le porte au rang de Monseigneur.  L’Opus installe son siège dans une ancienne ambassade de Hongrie à Rome, un magnifique immeuble.
De Rome, l’Opus va essaimer dans le monde entier, aucun continent, aucun pays ne lui sera étranger.

Structure de l’Opus Dei.

Les membres sont à 98% des laïcs, chrétiens ordinaires, à l’exception de ceux qui, se dirigent vers la prêtrise.  Ils se répartissent en diverses catégories :
-                     les « numéraires », essentiellement des hommes, sont principalement chargés de la formation des autres membres et de la direction des apostolats.  Ils habitent habituellement dans des maisons (centres) de l’Opus  et vivent le célibat apostolique.
-                     les « numéraires auxiliaires » sont des femmes dont le métier consiste à s’occuper des tâches ménagères des centres de l’Opus.
-                     Les « agrégés », hommes ou femmes.  Ils participent, dans une moindre mesure, aux charges de formation et de direction.  Ils vivent soit avec leur famille, soit seuls.
-                     Les « surnuméraires » sont des laïcs, mariés ou se destinant au mariage. Ils vivent la même vocation, mais avec une disponibilité plus limitée,  suite à leurs obligations familiales.
-                     Les « coopérateurs » sont des sympathisants, pas nécessairement catholiques ni même chrétiens.  L’Opus est la première institution catholique ayant intégré en son sein des coopérateurs non catholiques.

Les femmes n’ont toujours qu’une voix consultative, quelque soit la situation.  Le fondateur, réservé vis-à-vis des femmes, a écrit : «Les femmes n’ont pas besoin d’être savantes, il leur suffit d’être prudentes… ».
Pour l’adhésion, il faut faire une demande écrite, qui donne lieu à une enquête de moralité.  L’âge minimum requis est de 18 ans et on peut être considéré aspirant à 14 ans.  Mais pour être définitivement admis, c’est-à-dire accéder à la « fidélité », il faut attendre 6 ans après divers contrôles, diverses épreuves.
   
Le recrutement se fait souvent par la technique du « Love bombing » (démonstration à visée manipulatrice d’une intense affection envers un individu).  Il est pratiquement toujours réservé à un numéraire qui doit se créer des amitiés et qui doit faire des comptes-rendus sur les personnes contactées.
L’Opus semble maintenir un très grand contrôle sur ses membres : lecture des courriers, interdiction de certaines lectures… Elle encourage les pratiques de mortifications chez ses membres : le jeûne, dormir à même le sol…, et chez les membres numéraires, le port quotidien du cilice (large ceinture de crin portée sur la peau) est préconisé.
L’Opus est une structure hiérarchique pyramidale tripartite.  A la tête de l’état major, le Président Général, nommé à vie et dont l’élection est confirmée par le pape.  Il est aidé dans sa tâche par un Conseil Général qui comprend le Vicaire Auxiliaire, le Vicaire Secrétaire Général, le Vicaire Secrétaire Central, trois Vice-Secrétaires, un Délégué de chaque région, le Préfet des études et l’Administrateur Général. Les Vicaires sont choisis parmi les prêtres.  Et depuis 1991, le Prélat ou Président Général est promu au rang d’Evêque.

Implantation de l’Opus Dei dans le monde.

Nous ne pouvons donner qu’un faible aperçu des domaines d’interventions de l’Opus, le plus souvent de manière déguisée, puisque son identité n’apparaît clairement au grand jour que fort rarement.  Nous pouvons dire que sous différentes formes, elle a des antennes dans pratiquement tous les pays.
-                     en Espagne : Il y a le Sanctuaire, centre spirituel de pèlerinage de l’Opus  à coté de Barbastro (lieu de naissance du fondateur). C’est un centre de formation des membres.  Elle régit trois universités prestigieuses, celle de Navarre à Pamplune, celle de San Sébastien qui possède une bibliothèque de 400000 ouvrages, celle de Barcelone qui collabore avec Harvard.
                            
-                     en France : L’Opus  existe de façon officielle depuis 1966, son siège est à Neuilly.  Elle possède des centres culturels dans les grandes villes.

L’Opus Dei, les Hommes Politiques, les Affaires.

Parmi les 999 maximes contenues dans El Camino, nous en retiendrons deux pour notre sujet :
 « Si tu te tais, tu ne t’en repentiras jamais, si tu parles, souvent tu t’en repentiras ».
 « Il y a beaucoup de gens - de saintes gens - qui ne comprennent pas ton chemin. Ne t’efforce pas de leur faire comprendre, tu perdras ton temps et tu donneras lieu aux indiscrétions ».
Ces deux maximes sont fortement appliquées dans l’Opus, ce qui constitue l’une des critiques les plus souvent faites à son encontre : son caractère secret, mystérieux.  L’Opus répond que l’appartenance à une organisation religieuse est une affaire privée, ce qui ne doit pas être confondu avec secret.  Elle ne parle pas de secret,  mais simplement de discrétion.
Mais cette façade religieuse, avec l’empreinte de la Prélature personnelle, ne doit pas la soustraire à la méfiance, à la suspicion sur son pouvoir d’intriguer.  Le mystère dont s’entoure l’Opus attire la curiosité et suscite de nombreuses enquêtes de journalistes et des ouvrages sur des machinations suspectes.
Nous pouvons en citer quelques unes, où elle pourrait être impliquée :
-                     en 1969 sous le franquisme et malgré la protection du Caudillo, on découvre le scandale Matesa, société industrielle spécialisée dans l’exportation de machines à tisser.  En fait, au lieu d’exporter, Matesa transfère surtout des capitaux espagnols lui permettant de prendre de participations dans des sociétés étrangères.  Matesa fait un détournement pur et simple de fonds publics.
-                     s’y ajoute l’escroquerie, avec les emprunts frauduleux de la Banco de Credito Industrial.
Dans ces deux affaires, on trouve la présence de l’Opus par l’intermédiaire d’une personnalité très importante en Espagne. Cette personnalité a aidé Richard Nixon, en subventionnant sa campagne présidentielle et Juan Carlos lorsqu’il fut proclamé successeur du général Franco, par les Cortès.
-     en 1983 le scandale   financier Rumasa lié en Angleterre à la Netherhall                           
            Educational Association (la NEA), qui sous couvert d’œuvres charitables, se révélera être une redoutable agence immobilière.
            
Dans ces affaires apparaît en filigrane, la disparition du diplomate français Jean de Broglie.
-     en Irlande l’Opus est très introduite dans les sociétés d’édition.
-           en France en 1966, le Canard Enchaîné révèle l’affaire Meleux.  Louis
Meleux, associé de l’Opus, est un chef d’entreprise travaillant pour l’Etat.
Dans sa comptabilité une grosse somme est retrouvée investie en Espagne.   Lui est découvert mort en forêt de Fontainebleau.
-            en Italie, des journalistes ont de sérieuses présomptions sur l’implication de l’Opus dans le scandale financier de la banque milanaise Ambrosiano, dont le directeur a été retrouvé pendu sous un pont de Londres.  Cette banque était très proche en affaires de l’IOR ( Instituto per le Opere di Religione), établissement bancaire installé à l’intérieur du territoire du Vatican, donc totalement indépendant des lois italiennes.  Toutes les recettes, donations destinées à l’Opus passent par l’IOR, dont le directeur fut le Cardinal Paul Marcinkus , garde du corps de Paul VI, qui ne pouvait plus sortir de l’Etat du Vatican, ayant trop de mandats d’arrêt, lancés contre sa personne ! De 1970 à 1985, l’histoire du Vatican est opaque, avec de nombreuses affaires politico-financières, toujours entre les mains de la justice italienne.  L’IOR , la loge pseudo-maçonnique P2 , la Maffia, la banque Ambrosiano dit « banque des prêtres » y sont impliqués avec des morts peu naturelles, en particulier des présomptions sur celle du pape
Jean-Paul Ier qui disait ouvertement vouloir nettoyer « les écuries d’Augias » mais dont le pontificat ne durera que 33 jours et 6 heures !  Francis Ford Coppola  fait allusion à ces faits dans le Parrain III.
-                     selon certains, l’Opus aurait soutenu les régimes du Général Franco (de nombreux ministres en étaient membres), d’Augusto Pinochet au Chili, d’Alberto Fujimori au Pérou… Après l’assassinat de son premier ministre l’Amiral Carrero Blanco, très proche de l’Opus, le Général Franco prit quelques distances vis-à-vis de l’organisation. 
-                     on estime à 30 millions de dollars mensuels les sommes reçues par l’Opus, en dons et revenus.  Les droits sur les produits dérivés, à l’occasion des voyages du pape, reviendraient à l’organisation. Celle-ci aurait négocié les droits de retransmission télé des JO de Barcelone.  Le milliardaire Juan Antonio Samaranch, président du Comité Olympique et ancien ministre de Franco, serait un proche de l’Opus Dei.
-                     on rapporte que des gouvernements français de la 5ième république furent approchés par l’Opus. Raymond Barre a témoigné au procès de béatification.
-                     l’ancien porte-parole de l’Opus était l’ancien directeur de la communication du CNPF (le MEDEF actuel).

Partout des doutes, du mystère et une grande protection de l’Eglise.  Même le  futur pape Jean Paul Ier, dont la mort fut suspecte, avait déclaré : « L’extension, le nombre et la qualité des membres de l’Opus Dei ont fait penser à je ne sais quelles ambitions de pouvoir ou je ne sais quelle obéissance aveugle et grégaire.  La vérité est autre : il n’y a que le désir de faire des saints, mais dans la joie, avec un esprit de service et une grande liberté ». 
                             
L’Opus Dei est-elle une secte ?

La définition se rapportant au mot secte est délicate.
En France, la Commission Parlementaire a bien pris soin de ne pas inclure dans sa liste, les mouvements religieux gravitant autour des grandes religions, des Eglises.  Et nous en sommes toujours là !
Nous sommes dans l’ambiguïté, si nous nous rapportons à la définition que donne comme point d’analyse Madame Catherine Picard, députée, en 1999 : «Une secte est tout mouvement ou organisation ayant pour but ou pour effet de créer ou d’exploiter une dépendance psychologique ou physique » .  Mais d’introduire dans le code pénal le délit de « manipulation mentale » a suscité une levée de boucliers chez les représentants de plusieurs Eglises et de sectes discutables comme la Scientologie et l’église Moon.
 
Cependant, le livre El Camino, référence de base de l’Opus Dei, contient dans ses 999 maximes de nombreux éléments qui peuvent donner lieu, dans leurs applications, à une manipulation mentale : les louanges du secret, l’encouragement à l’isolement, le love bombing qui permet de guider la pensée d’autrui, la sollicitation à se dépouiller de ses biens au profit de l’organisation, la grande difficulté pour la quitter face à des menaces morales …
Maffieux, sectaire, l’Opus Dei ?
Il est difficile d’apporter de vraies preuves.  Il faudrait amasser une quantité considérable d’informations, de faits et ne pas négliger que les appuis de l’Opus Dei sont très importants, l’Eglise certes, mais aussi le monde politique et celui des affaires.

En 2003, Dan Brown dans son best-seller Da Vinci Code mettait en scène un Opus Dei mythique, sorte de secte, d’organisation de tueurs, à travers un moine psychopathe en robe de bure et un archevêque intriguant.  L’Eglise s’éleva contre ce qu’elle considérait comme un discrédit.  L’Opus qui commençait à lever le voile sur son mystère, depuis la canonisation de son fondateur en 2002, s’employa à développer sa communication, à cette occasion.  Elle présenta ses membres, sa structure aux grands médias. Cette communication fut considérée comme étant un modèle du genre.

En conclusion, il faut reconnaître que les objectifs définis officiellement par l’Opus, en harmonie avec les valeurs de l’Evangile, ne semblent pas être celles qui sont fidèlement réalisées.  En réalité l’Opus Dei, nommée : «La garde blanche du pape », ressemble plus à une puissante institution secrète, un peu sinistre, hautement administrative, manipulatrice, d’influence catholique conservatrice, employée à combattre les ennemis de Dieu et de son Eglise.  L’essentiel pour l’Opus se trouve dans le rayonnement et l’affirmation de l’Eglise, elle est moins regardante sur les méthodes pour réussir.  De même, s’il n’est guère permis  de douter du magnétisme et du charisme de José Maria Escriva, il faut reconnaître qu’il était difficile à rencontrer en privé et que le « décorum » qui l’entourait selon sa volonté, contrastait avec les valeurs charitables de l’Evangile !
L’Opus Dei demeure, et demeurera longtemps encore, un grand mystère pour le commun des mortels !
Au décès de José Maria Escriva, Alvaro del Portillo lui succéda durant vingt ans.  Depuis 1994, c’est Monseigneur Xavier Echevarria qui dirige l’ordre.

J’ai dit Vénérable Maître

J\ M\


Et la parole circule, même après la tenue...

Je prends connaissance avec grand plaisir de ton mail, dont je te remercie.  Je lis l'heure de l'envoi : deux heures du matin !   Tu as souhaité t'exprimer à chaud et tes remarques rejoignent les miennes.
Nous avons manqué de temps pour parler de ce problème qui a toujours été d'actualité dans l'histoire de l'humanité. La religion, quelle qu'elle soit, l'opium du peuple, a toujours créé des chaos, des conflits tant à l'intérieur d'elle-même qu'à l'extérieur.  Et comme toi, je m'étonne qu'il y ait parmi nous autant d'angélisme à la Neville Chamberlain ! 

Toutes les religions veulent s'imposer et cloisonner la pensée humaine.  Hors de leurs dogmes point de salut !

Si on regarde celle que nous connaissons la mieux : l'Église Catholique Romaine. Durant des siècles avec une excellente assise sur les monarchies, elle s'est imposée avec son inquisition, ses bûchers et autres tortures !  Elle a commencé à se fragiliser avec le siècle des lumières (c'était ma planche précédente avec Voltaire). La Révolution l'a balayée.
Napoléon ne s'est pas gêné pour sortir Pie VII du Vatican pour Avignon !
La suite de ce mail est un peu  mon interprétation, car il y a beaucoup d'opacité.
L'Église romaine s'est trouvée démunie devant le socialisme de la fin du XIX ème siècle et le goût naissant pour la démocratie.  Tout lui échappait au point qu'en 1929 le Traité du Lattran l'enfermait dans le Vatican, de plus "sa fille aînée", terre de Marie, la France avait fait la séparation de l'Église et de l'État !

Dans ce contexte, José Maria Escriva devenait le "Chevalier blanc".  Le pool Opus Dei.

Franquisme convenait bien à l'Église, avec une bonne base autoritaire qui en plus ne subissait pas les problèmes du conflit mondial.  José Maria Escriva fut très bien accueilli par Pie XII en 1946 à Rome.  La technique de l'Opus : Love Bombing auprès des jeunes avec création d'universités, de centres culturels... le rapprochement du monde de l'industrie, du grand commerce (des valeurs de droite, voire d'extrême droite), infiltration dans l'Amérique du Sud, monde hispanique proche de Franco et de Salazar, des relations avec Péron, par la suite le soutien à Pinochet,etc... permettait à l'Église de retrouver une influence dans le monde avec les manoeuvres discrètes de l'Opus.
On ne s'étonne plus du grand crédit de José Maria auprès de Pie XII, Jean XXIII, Paul VI et Monseigneur Wojtila, futur Jean Paul II.   Avec l'Opus, chacun de ces papes a "torpillé" le monde de sensibilité communiste avec  peut-être "un" respect" de l'Évangile, mais surtout une confiance dans l'adage "la fin justifie les moyens".  Mais à vouloir trop en faire, il se peut qu'on s'égare !  D'autant que pour soutenir la lutte, il faut de l'argent et on peut de ce fait, mal choisir ses fréquentations.

L'Opus a eu un membre en Espagne qui a aidé  Nixon à être président et puis on a aimé le Mac Carthisme, donc un cardinal américain né en Géorgie (USA) au Vatican, c'est très bien. Paul Marcinkus, une silhouette de bûcheron, devient traducteur de Jean XXIII, puis protecteur de Paul VI et enfin directeur de la banque Vaticane l'IOR ainsi que responsable de la banque milanaise Ambrosiano (directeur Roberto Calvi qui va se suicider), abouchée avec une banque de Genève (directeur Michèle Sindano assassiné au cyanure). C'est certainement la Maffia qui les a exécutés.  Les deux faisaient partie de la loge P2. 


La loge P2.
Le GO avait une loge "couverte" Propaganda Massonnica qui avait beaucoup oeuvré lors de l'unification de l'Italie, elle avait connu Garibaldi et Mazzinni.  En 1966, elle initie Licio Gelli, un ancien "chemise noire" de la guerre d'Espagne, devenu fasciste en Italie. Pour lutter contre le communisme la CIA a crée, avec base en Italie, une organisation secrète le Gladio, dont fait parti Gelli.  Ce Gelli beaucoup trop extrême droite se fait éjecter par sa loge et le GO.  Il crée Propaganda Massonnica N°2, qui devient la Loge P2. Gelli avec le Gladio a noyauté tous les services secrets italiens.  En 1980 très sûr de lui, il donne une interview au Corriere della Sera en déballant toute sa philosophie extrémiste de droite, avec le "pour la peine de mort" etc...


L'Italie a connu et connaît toujours les fameuses "années de plomb", les "Brigades rouges", l'" Ordre nouveau".... et beaucoup d'assassinats (Aldo Moro), d'attentats (gare de Bologne) où se télescopent l'extrême droite et l'extrême gauche, et... la Maffia qui exécute les "contrats" ! 

Pour ses "oeuvres" au Chili, au Pérou, au Nicaragua, en Pologne (Solidarnosk) etc... il faut beaucoup d'argent... l'Opus le fournit à l'IOR qui le "lave" avec Banco Ambrosiano et la banque de Genève sous la baguette de Paul Marcinkus.  
Mais en 1982, la police italienne qui enquête sur Michèle Sindano, le banquier de Genève va perquisitionner chez Gelli et trouve une liste de 952 membres de P2 : que du très beau monde : politique (Longo, Andreotti), du clergé (cardinaux), industriels ( Berlusconi), généraux....et Roberto Calvi. C'est l'énorme scandale avec des enquêtes toujours en cours. 
Jean Paul 1er voulait nettoyer tout ce circuit... en est-il mort?

Jean Paul II semble avoir pris le parti de couvrir et de protéger : soutien dans tous ses procès de Marcinkus, béatification du premier directeur de Banco Ambrosiano Mr Tovini, canonisation de José Maria Escriva.....

On a soupçonné Pie XII  d'avoir utilisé les filières de l'Opus lors de l'"exode" des nazis et fascistes...vers l'Amérique du Sud. Qui sait ! On ne nous dit pasTOUT !   et je n'ai soulevé qu'un voile ...
Reconnaissons à Benoit XVI d'avoir un "peu" nettoyé l'IOR (dit-on !)
 
Excellente journée mon cher frère B\
Je t'embrasse
J\ M\

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