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Pythagore et la Franc-Maçonnerie


Mes frères : Un des symboles principaux de notre art royal est l'étoile flamboyante aux cinq branches et celle-ci me mène au sujet de mon propos.

Je ne veux pas vous parler de cette étoile - car je ne pourrais pas en dire assez à son sujet. Elle est composée par trois triangles et elle est un des ornements fondamentaux des temples de la vieille Egypte. C'est une erreur, si l'on a dit dans d'autres lieux connus qu'elle a « brillé dans les pyramides de Memphis » ; car rien ne luisait dans ces pyramides comme l'archéologie actuelle le sait maintenant : pas la moindre lumière.


Les pyramides ( e
n langue égyptienne Puro-ma, traduit littéralement: le tombeau du roi ) sont de colossales et massives masses de pierre, un couloir très étroit qui mène à une chambre qui se trouve au centre, dans laquelle on déposait déjà pendant la construction le sarcophage du roi, car le couloir était trop étroit pour laisser passer un si grand sarcophage de granite. Lorsque le roi mourait, sa momie était mise dans le tombeau où le sarcophage était déjà préparé ; le couloir était maçonné solidement et personne ne pouvait plus jamais entrer dans la pyramide.

Donc, l'étoile aux cinq branches ne brillait pas dans les pyramides ; mais Pythagore l'avait connue dans les temples en Egypte. II choisit l'étoile comme symbole de ses adeptes et
grâce à lui elle est venue jusqu'à nous. Je veux vous  parler maintenant de Pythagore. Ce n'est pas que je ne puisse vous dire des choses inconnues jusqu'ici complètement nouvelles. Ce n'est pas possible ; mais je pense que c'est bon et que c'est utile à plusieurs points de vue de se rappeler de temps en temps la vie des hommes qui sont animés par un zèle semblable au nôtre, qui ont été -d'un certain point de vue - nos prédécesseurs.

En 586 av. J.-C. Pythagore naquit. Son père, Mnesarch, un riche commerçant sur l'île de Samos lui fit donner - en rapport avec cette époque - une excellente éducation. Puisqu'il ne manquait pas d'argent, il lui paya les meilleurs instituteurs. Pythagore pouvait se vanter d'avoir été assis aux pieds des plus grands savants de son temps. Ses capacités mentales se développaient incroyablement vite sous la direction de ces hommes excellents et il acquit un rare trésor de connaissances savantes. Mais tout ce qu'il avait et apprenait ne lui suffisait pas ; il avait une aspiration irrésistible à progresser, à apprendre de nouvelles choses ; un puissant esprit de recherche qui ne lui laissait ni trêve ni repos. Lorsque son père l'emmena pendant un voyage de commerce en Italie et là, il trouva
beaucoup d’autres circonstances, où il s'enrichit d'une grande quantité d'opinion ; il connut des moeurs, des usages, des institutions et des lois qui lui étaient jusqu'ici totalement inconnus. A ce moment il prit sa décision de quitter aussitôt que possible son pays natal et de chercher dans un pays étranger tout ce que sa patrie étroite ne pouvait pas lui offrir.
Selon les rapports des anciens écrivains (Cicéron et d'autres), Pythagore alla au commencement en Phénicie et là, il apprit l'arithmétique.

De ce pays il voyagea en Egypte pour étudier la géométrie, l'astronomie et l'astrologie. Ensuite il traversa la mer, alla en Arabie et là, il apprit la langue des animaux. En Chaldée les prêtres l'informèrent des secrets profonds de la nature. Dans les Indes éloignées il écouta attentivement les paroles des brahmanes et il apprit d'eux l'art d'entretenir de bonnes relations avec les dieux. En Perse, les mages lui enseignèrent la religion et la loi de Zoroastre. Enfin en Palestine, il fut l'étudiant des prêtres juifs et il lut le Pentateuque du Grand Moïse.


Le mot Hygieia que les Grecs écrivaient sur l'étoile, les Romains le transformaient plus tard en Salus. Ils attribuaient à cette étoile aux cinq branches (le pentacle) des forces guérissantes qui empêchent chaque enchantement malin. Elle venait d'eux comme un pentagramme chez nos ancêtres et elle signifie, comme on sait, aussi aujourd'hui - dessinée avec du crayon à la porte de l'étable - être un symbole pour protéger le bétail contre les sorcières et la magie chez les paysans.


Ce sont - à vrai dire - les paroles des adeptes postérieurs de Pythagore, et il est vraisemblable qu'il n'a pas fait au moins la moitié des voyages cités. Une seule chose est prouvée historiquement, lorsque ses alentours ne pouvaient plus lui suffire, il se mit à voyager jusqu'au célèbre trésor de tout savoir, à la source de la sagesse cherchée par tous les philosophes de son temps : l'Egypte.


Les difficultés lui furent déjà plus aplanies que pour les autres ; car le roi Polycrate de Samos lui donna une lettre de recommandation pour son ami et allié, le roi Jahmes (Amasis) d'Egypte et ensuite, celui-ci le recommanda aux prêtres savants d'On (Héliopolis). Une telle intervention fut absolument nécessaire, car les prêtres égyptiens avaient outre mesure une attitude réservée vis-à-vis des étrangers et ils faisaient de grandes difficultés pour instruire ceux-ci dans leurs connaissances secrètes. Ainsi Pythagore fit cette expérience. Bien qu'il se donnât de la peine pour être reçu dans leur congrégation -tous ses efforts demeurèrent vains-, ils le repoussaient et son désir ne fut pas réalisé.


Se fondant sur la recommandation du roi, il alla maintenant à la célèbre Memfi (Memphis) en espérant être plus heureux là. Mais la situation ne s'améliora pas. Il repartit sans avoir concrétisé ses envies, continuant à remonter le Nil, c'est seulement à Tape (Thèbes) que son voeu fut réalisé, grâce à l'intervention répétée du roi Jahmes et il fut solennellement reçu dans la congrégation des prêtres égyptiens.


Il passa vingt-deux années dans le temple et il étudia avec un zèle infatigable durant toute cette époque tout ce qui se trouvait relatif à la philosophie de la religion, de la législation, de l'astronomie et de l'astrologie, de la médecine et d'autres branches des connaissances humaines de cet endroit. Ce n'est pas avec une moindre ardeur qu'il explora les différentes institutions du pays, les moeurs du peuple et surtout la constitution de l'ordre des prêtres eux-mêmes - qui était en Egypte presqu'une fédération.


Il vit ici quelle immense influence une confédération, bien organisée et étendue sur tout un pays sait exercer, si les membres sont en même temps les porteurs du savoir et les exemples de la vertu. Les prêtres égyptiens étaient estimés comme les titulaires de toutes connaissances enseignées et comme les plus pieux et les meilleurs hommes ; leurs enfants étaient les camarades des princes royaux ; ils étaient les constants compagnons, ministres et conseillers du roi, les législateurs et les juges du peuple, toutes les positions de fonctionnaires étaient occupées par eux ; ils pouvaient diriger le roi et le peuple selon leur volonté.


A ce point Pythagore prit la décision de fonder une union semblable qui ne devrait comporter que les meilleurs parmi les bons, qui devraient diriger et mener et qui devraient l'entraîner irrésistiblement.


Agé de quarante ans, il quitta l'Egypte et alla à l'île de Crète pour faire connaître les fameuses institutions et lois de CRETE (
D'ici il alla peut-être en Phénicie ; mais ça n'est pas prouvé ); puis il traversa toutes les villes grecques, passant surtout longtemps à Sparte et en tous ces lieux où il avait à observer et à apprendre. Finalement il retourna à sa patrie, l'île de Samos.

Mais ici il ne demeura point, car il lui était impossible de continuer à vivre sous le sceptre tyrannique du roi Polycrate ; il avait connu des hommes et la dignité humaine - il était trop bon pour être un esclave. Alors il regarda autour de lui pour
chercher un nouveau pays où il pouvait espérer trouver une terre féconde pour ses idées sublimes. La Grèce aurait été le but le plus naturel de son émigration, mais les circonstances n'étaient point attrayantes. Dans la plupart des villes grecques régnaient des controverses concernant la constitution et sauvent il y avait des combats sanglants entre partis. Même les villes les plus grandes et estimées étaient encore trop insignifiantes et trop loin en arrière quant â la culture que Pythagore aurait voulu leur donner comme point de départ pour son oeuvre magnifique et comme base originaire pour sa fédération.

Cela concerne aussi l'Athènes de cette époque. Sparte aurait pu le sol le plus convenable, quoique le rude caractère guerrier des Spartiates et leur mésestime pour les arts et pour les sciences ne fussent pas favorables aux projets de Pythagore. Mais il aurait eu ici un peuple simple, modeste, absolument sain de corps et d'âme, fidèle, brave, capable de se sacrifier, passionné pour la patrie et pour la liberté, - et ce qui aurait manqué, lui, il aurait réussi à leur faire acquérir quelque chose de plus grand et de plus difficile grâce à la force de son discours. Les Spartiates cependant refusaient à cette époque, l'accueil et le droit civil à tous les étrangers


En Asie Mineure voisinée, alléchaient les grandes villes des Ioniens, - puissantes, riches, estimées, avec des habitants savants, cultivés par le commerce étendu et par les contacts avec des peuples étrangers. Mais, peu avant, ils étaient conquis par le roi perse Kor (Cyrus), la guerre sévissait encore dans la proximité, - ce n'était pas une période appropriée à une oeuvre de paix.


Déjà depuis des siècles des Grecs fugitifs s'étaient dirigés vers la Basse Italie et avaient fondé là des colonies grecques. Ils avaient émigré d'une part parce qu'ils étaient chassés de leur pays par la tyrannie d'un parti contraire et d'autre part - fatigués des permanents combats constitutionnels - ils avaient émigré volontairement ou avaient cherché un pays plus accueillant et un sol plus fertile. Ainsi Tarente, Sybaris, Crotone, Syracuse et beaucoup d'autres villes naquirent qui développaient leur prospérité et leur réputation durant une période fabuleusement courte. A l'époque de Pythagore, elles étaient supérieures à toutes les autres villes de la Grèce elle-­même en grandeur et en population, en pompe et en richesse, en sagesse et en sentiment artistique. Mais en même temps le luxe brillant, la mollesse et la volupté avaient augmenté. Dans quelques-unes des villes nommées régnaient une passion pour le plaisir et une débauche qui poussaient aux limites du fantastique. La pureté des moeurs était la meilleure encore à Crotone qui jouissait en général d'une excellente réputation.


Crotone était une république comme presque toutes les colonies en Basse Italie, elle était bien située, ayant un climat sain, développant le commerce et une agriculture importante et était dans la région fameuse pour la bravoure de ses guerriers et l'habileté de ses combattants.


Cette ville unique avait produit durant une seule olympiade sept vainqueurs. Ce fait prouve qu'à Crotone, à cette époque-
là, le goût du plaisir ne pouvait pas encore avoir atteint un si haut degré. Les habitants de Crotone faisaient souvent la guerre avec leur voisinage et presque régulièrement ils vainquaient. Il y avait à cette époque une locution qui disait: « Le moindre des Crotoniates est le plus grand des autres Grecs ». - Une telle importance de la ville à cette époque explique le fait qu'elle installait 100 000 guerriers qui savaient les armes durant le combat contre la ville proche Sybaris.

Vers elle donc se dirigea Pythagore pour créer sa grande oeuvre, ce qu'il réussit à la faire ainsi d'une manière merveilleuse. Et il était l'homme doué pour cela. Il était grand et beau de stature et il impressionnait profondément par sa propre apparence les Grecs qui sont enthousiasmés par la beauté entière. Dans sa marche, dans tous ses mouvements il déployait une dignité qui provoquait le respect ; par sa force et sa souplesse dans les exercices physiques il enflammait les gens et forçait l'admiration ; grâce au charme de son discours il enrichissait les coeurs de tous. Ce n'était pas qu'il se serait adonné à toutes les directions de son époque; qu'il aurait apporté de l'encens aux passions favorites du peuple, qu'il aurait flatté la grande masse ; au contraire, il faisait front à chaque abus, à chaque fausseté sans quitter son chemin, sans détour et très décidé. Sa grande expérience et connaissance de la vie, son entendement clair, sa tendance sans la moindre hésitation pour la stricte vérité cependant forçaient tous à reconnaître qu'il avait raison. Grâce à l'irrésistible charme de son discours il parvenait à être suivi et que l'on fit ce qu'il recommandait.


Au commencement il parla seulement dans les gymnases à des enfants. Ceux-ci lui étaient attachés de toute leur âme, ils ne vénéraient et n'aimaient pas leur père et leur mère de la manière qu'ils aimaient Pythagore. Puis il s'adressa aux adolescents ; et tous étaient enthousiasmés en écoutant ses paroles, et ils allaient et faisaient ce qu'il avait dit. Plus tard il se présenta sur des places publiques et dans des temples, il parla au peuple assemblé. Avec un langage calme, mais courant et clair, il expliqua d'abord ses pensées et idées, puis il déroula ses raisons avec une rigueur si battante que chacun fut convaincu de la vérité du discours ; ensuite ardemment enthousiaste, il imposa en paroles irrésistibles l'application du reconnu pour la vie aux gens, il amena ses auditeurs à l'enthousiasme extrême, et, quand il finit, ils applaudirent, suivirent ses doctrines et ses exhortations.

Il était de règle dans ce pays que l'homme avait, en plus de son épouse, quelques belles esclaves dans la maison. Personne ne pensait le moins du monde au condamnable d'une telle polygamie et les femmes elles-mêmes ne se plaignaient pas parce qu'elles ne connaissaient pas autre chose. A ce moment­ là apparut Pythagore. Lui seul eut la force de son discours, eut la rigueur de son explication et eut le feu de son enthousiasme, il réussit que les hommes abolissent leurs concubines et qu'une seule femme suffit.

Le luxe et la coquetterie avaient avant tout gravi jusqu'à une hauteur éclatante chez une partie de la population féminine. Les femmes de Crotone n'avaient pas d'autre souci que de se parer et de se faire belles. Elles ne pensaient qu'à des crèmes, à des huiles et à d'autres moyens cosmétiques, - mais Pythagore leur démontra le condamnable d'une telle vanité et il contraignit grâce à l'irrésistible force de ses paroles qu'elles ôtent leurs ridicules parures, qu'elles délivrent tous leurs joyaux et leurs objets précieux au temple de Junon et à partir de ce moment qu'elles ne s'efforcent que de n'avoir leur simple et modeste amabilité comme ornement.


Les jeunes hommes de la ville et des environs furent remplis du plus actif zèle ardent, pour les connaissances utiles, pour le savoir et la sagesse. Ce qu'ils apprenaient ne leur suffisait plus. Poussés par Pythagore ils continuaient à progresser toujours en avant et ce qu'ils reconnaissaient de vrai et bon, ils se donnaient la peine de le réaliser dans leur vie. Tout à coup un enthousiasme exagéré jusqu'à une excitation presque maladive arriva aux habitants de Crotone. Avec une vraie exaltation le peuple entendit les paroles de leur maître éclairé ; on lui dédia presque un culte divin_ Les premiers hommes de l'Etat aspirent à son amitié. Tous cherchaient à l'avoir dans leur entourage et avec fierté, l'un racontait à l'autre si le grand savant l'avait estimé d'une considération particulière.


Il fallut à Pythagore se présenter devant le grand conseil, éclairer celui-ci par ses instructions et l'édifier par ses discours.

Bientôt il fut devenu non seulement l'homme le plus influent de la ville, mais aussi, en effet, le maître et le souverain du peuple qui ne l'appelait que le « divin ».

Ainsi plusieurs années passèrent. Pythagore avait choisi parmi la grande masse de ses adeptes les plus capables, les plus excellents d'esprit, d'âme et de corps et avec eux il contracta la fameuse alliance pythagoricienne. II était le premier philosophe grec qui employa son savoir directement pour la vie qui - ce qu'il avait recherché pour la raison- présenta aussi pratiquement qui figura évidemment en lui et en ses adeptes son système éthique élevé. Il fonda son école, d'abord pour donner les meilleurs de ceux qu'il avait connus à des hommes savants et bons eux-mêmes et ensuite pour opérer avec ceux-ci à pleine force, améliorer et rendre heureux ses compatriotes dans l'aspect moral, social et politique. A cette époque-là, la Basse Italie, éclatée en plusieurs petits Etats, vivait dans la volupté et l'exubérance, ruinée par des guerres continuelles, par l'anarchie et la tyrannie, - ici était un champ d'activité nécessaire.


Mais Pythagore comprenait attirer les hommes de manière irrésistible, les captiver et les diriger d'après sa volonté, peut­-être pas comme un autre avant et après lui. Bientôt son union s'étendait à la plupart des villes de la Basse Italie ; partout il y avait des alliances filiales qui étaient liées avec lui et entre elles et les rapports étaient les plus vifs. Partout les Pythagoriciens se distinguaient de leurs concitoyens de manière la plus avantageuse par sagesse et discernement, par vertu et
modération et par une valeur à tous égards et une capacité. Ils étaient tout cela, ce que nous désirons de nos frères francs­-maçons qu'ils doivent être pour leurs concitoyens : lumière, flambeau, pionnier.

Mais ils se distinguaient beaucoup de nous sur deux points. Premièrement par le fait qu'ils se faisaient perceptibles à l'extérieur, donc ils se présentaient francs et comme membres de l'union devant tout le monde, - un public que nous évitons exprès. Tous les Pythagoriciens portaient des vêtements blancs de fin coton égyptien, garnis de bandes de pourpre ; ils étaient donc habillés comme plus tard les sénateurs romains. Puisque cet habit pouvait être imité par tout le monde, ils portaient avec eux toujours une petite étoile à cinq branches, fabriquée de métal qu'ils se montraient, l'un à l'autre, lorsqu'ils voulaient se faire connaître sûrement comme confrère. ( Que cette étoile, de grandeur remarquable, fut attachée à l'extérieur des vêtements des Pythagoriciens, comme on l'avait cru autrefois, des recherches plus récentes ont prouvé que ce n'était pas vrai ).


Deuxièmement, cette union-là se distinguait de la nôtre par le fait que nous avons banni expressément le traitement des sujets politiques et dogmatiques de nos temples pour éviter les conflits avec la puissance de l'Etat. Les fondateurs de l'alliance franc-maçonnique voulaient aussi une union qui se composât des hommes loyaux sans considérer l'acte de foi politique ou religieux, et aussi pour cette raison nous ne pouvons pas nous mouvoir comme loge dans ces terrains sans blesser les frères par d'innombrables erreurs et offenses ou sans faire sauter
l'alliance. Nous laissons à chacun porter les principes de l'humanité et de la fraternité que nous enseignons dans nos temples, ici dans la vie et là, pour les mettre en valeur de son mieux en famille et dans l'Etat. C'était différent chez les Pythagoriciens. Ils intervenaient immédiatement dans la vie publique. Quelques-uns d'entre eux étaient membres du grand conseil (Prytanes), d'autres étaient juges ou généraux en chef, etc. Grâce à leur valeur ils s'avançaient dans les premières fonctions et occupaient partout les premières positions. Lorsqu'une question publique quelconque était à décider, ainsi celui qui savait, informait les autres membres de l'union qui habitaient dans le même lieu de résidence. Une telle question n'était pas seulement discutée et examinée par l'ensemble des Pythagoriciens de cette ville, mais elle était aussi expédiée en cas important même à Crotone, afin d'être éprouvée là et afin que le fondateur, éminent de l'union, lui-même pût la juger. Après un examen exact et après avoir pris une décision, chacun s'en allait et était efficace dans son cercle -conseil, assemblée nationale, conversations privées - pour réaliser cette résolution. Ainsi il arrivait pour quelque temps que le sort de plusieurs Etats en Basse Italie, même en Grèce elle-même, (car l'alliance s'était étendue jusque-là), fut guidé par les Pythagoriciens.

Quelle influence puissante une telle influence devait exercer dans toutes les conditions de la vie et dans quelle mesure l'alliance pouvait devenir fortunée ou pernicieuse et comment elle devait provoquer l'envie et la haine des mauvais hommes.

La vénération dont Pythagore jouissait de tous côtés de la part de ses citoyens atteignait l'incroyable. Tout ce qu'il disait et conseillait avait la valeur et l'importance d'un oracle. Ce n'est pas le cas que ses adeptes gagnaient moins de respect. On donnait l'autorisation à leurs conseils durant les assemblées nationales, car ils étaient les plus raisonnables et toujours les plus impassibles-, ils restaient les vainqueurs en accusation et en défense, puisqu'ils étaient les meilleurs orateurs. Mais exactement cette excellence qu'ils confirmaient dans toutes les situations et toutes les circonstances, juste cette valeur et cette capacité pour les premières positions de l'Etat furent l'écueil qui les condamna.

Les Pythagoriciens étaient partout à la barre. Lorsqu'on s'en aperçut une fois, et lorsqu'il était venu dans la conscience claire des masses que c'étaient pratiquement eux qui donnaient le ton et étaient déterminants en Basse Italie, on disait : « Ils sont dangereux pour l'Etat. Que peut effectuer une telle alliance, dont les membres » (car
on en avait de nombreux exemples) « sont liés l'un à l'autre avec une merveilleuse fidélité et attachement et qui s'est étendue sur toutes les villes du pays et qui a de l'influence partout ».

Lorsqu'une révolution éclata à Sybaris, devenue proverbiale par son luxe et sa débauche, cinq cents des plus influents adeptes du parti gouvernemental s'enfuirent à Crotone poursuivis par le peuple furieux, Telys qui s'était mis à la tête de la foule, assoiffé de vengeance, demanda l'extradition immédiate des fugitifs. D'une part les Crotoniates étaient
d'accord avec le parti gouvernemental, d'autre part ils ne voulaient pas entrer en conflit avec la puissante ville de Sybaris qui pouvait leur opposer en cas d'une guerre, une plus grande année que celle que Crotone était capable de produire. C'est pourquoi ils décidèrent d'extrader les malheureux. A ce moment Pythagore apparut et démontra le vil et le condamnable d'une telle action. Avec la force persuasive il décrivit qu'il était indigne de refuser la protection aux chercheurs et qu'il était méprisable de se laisser déterminer par la peur efféminée dans sa manière d'agir. Et les fugitifs ne furent pas extradés. Le gant, jeté par Sybaris, fut relevé avec fierté. 300 000 hommes de Sybaris marchèrent vers Crotone. On ne pouvait expédier contre eux qu'un tiers de soldats. Mais à leur tête se trouvait Milon, un Pythagoricien qui savait enthousiasmer ses hommes pour une bravoure héroïque.

Ce Milon était sans doute le plus célèbre et le plus fort de tous les athlètes grecs. Comme on raconte, il était capable d'emporter un taureau vivant sur ses épaules et de le tuer avec un seul coup de poing entre les cornes. - Jadis; le temple, où Pythagore était en train d'enseigner, commença à osciller, il menaça de s'effondrer et d'enterrer des centaines d'auditeurs sous ces ruines. A ce moment-là Milon fit un saut, prit une des colonnes principales de l'entrée, la tint debout. Ainsi il soutint le plafond et empêcha l'écroulement jusqu'à ce que la foule se fut éloignée. Puis il laissa tomber la colonne, se sauva -un tas de débris couvrit la place, là où s'était trouvé le temple.


Ou dit également qu'il avait fait exploser un gros câble d'ancre qu'il avait enroulé autour de sa tête ; seulement à l'aide de l'enflure de son artère frontale. Cette histoire est sans doute une intervention. Mais il est sûr que Milon était six fois le vainqueur aux jeux olympiques.

Jadis, durant une promenade dans une forêt. Milon trouva un gros tronc d'arbre que les bûcherons avaient voulu fendre sans succès à l'aide de coins de fer. Ils avaient donc laissé le tronc sur la terre., les coins restaient encore dans le bois. Milon ne réfléchit pas longtemps, saisit avec ses deux mains dans la fente et voulut mettre le tronc en pièces. Il sépara les moitiés, l'une de l'autre, les coins tombèrent sur terre, mais les deux parties se serrèrent avec une grande force, l'une contre l'autre, et pincèrent ses mains si fort qu'il ne put plus s'aider. Quelques jours plus tard on le trouva dans cet état misérable, déchiré par des bêtes sauvages. Ainsi racontent Strabo et d'autres écrivains.

La bataille fut gagnée. Les Crotoniates se dirigèrent vers Sybaris, conquirent la ville et la détruisirent jusqu'aux fondations. La louange de Milon et de son maître Pythagore était dans la bouche de chacun. On les posait sur la plus haute cime de vénération générale et de la vraie popularité.

Mais l'inconstance du peuple grec est connue et la manière dont il a mal récompensé les services de beaucoup de ses bienfaiteurs. Les héros ne se réjouissaient pas d'une appréciation continue.

Thermistokles mourut dans l'exil ; Miltiade succomba à ses blessures dans la prison. Le grand savant de Crotone connut aussi l'inconstance des Hellènes.

Lorsque les terrains de Sybaris détruite durent être divisés entre les habitants de Crotone, la classe sociale, la plus basse du peuple, fit élever les plus grandes revendications. « Car », dit le peuple, « grâce à nos bras, à notre bravoure, la victoire a été remportée. Nous avons conquis le pays, donc il nous appartient. » En disant cela, on laissait entrevoir nettement qu'on était également disposé à chasser les aristocrates au cas où ils seraient récalcitrants. Les riches et les nobles capitulèrent et ainsi on décida de diviser la terre de manière à plaire en effet complètement au peuple qui ne voulait pas travailler, mais d'autant plus jouir de la vie, même si c'était une perte pour le bien commun.


Pythagore ne s'était jamais abaissé à flatter les passions du peuple ; par conséquent il ne se tut pas alors, parce que sa pensée intérieure lui disait qu'on se trompait. Lui et ses se décidèrent avec détermination contre ce plan, personne n'étant capable de résister à leur assurance et leur éloquence. L'emploi des terrains acquis fut déterminé selon leurs propositions.


« Voyez » dit-on maintenant, « s'ils ne sont pas tout ­puissants ! Seulement ce qu'ils veulent peut désormais être fait ».

Maintenant les ennemis des Pythagoriciens crurent qu'ils avaient gagné le jeu. Le peuple, déjà excité par la perte des terrains entrevus, se mit en colère contre l'alliance, attisé par les paroles habiles et méchantes d'une pitié cynique et aussi par les dons d'argent.
A cette époque, Kylon et Ninon, deux démagogues autoritaires, vinrent chez Pythagore et demandèrent à être reçus dans sa communauté. II refusa. Ils répétèrent leur demande. Mais ils n'étaient pas les hommes que le savant voulait accueillir dans l'alliance. A ce moment, Kylon se porta publiquement partie contre l'union en prétendant être un initié et il raconta avec éloquence la manière d'être déçu. Il avait trouvé de l'ambition et un besoin de domination au lieu de modestie, d'impertinence et de la plus grande immoralité, au lieu de pureté des mœurs, d'innocence et de vertu. Et il savait dépeindre toutes ces accusations. Il justifiait même ses plaintes avec un document falsifié et anonyme de manière que le peuple se mit dans une colère aveugle. Ceux-ci eurent honte d'avoir vénéré un homme presque comme un dieu qui - comme on
voyait maintenant- n'était qu'un hypocrite et ils se fâchèrent avoir estimé les hommes comme; des idéaux qui vivaient dans les voluptés les plus basses - comme Kylon lui-même l'avait vécu et vu-. Comme le peuple ne se laissait que diriger et déterminer par l'impression du moment, ainsi il alla maintenant en avant avec une clameur haute et plein de vengeance à la maison de réunion des Pythagoriciens. Il la cerna de tous côtés, l'incendia et tua ceux qui voulaient se sauver hors du bâtiment avec une passion féroce. Ensuite la foule altérée du sang traîna à travers la ville à la recherche des autres Pythagoriciens et les assassina sans pitié.

Heureusement, le maître n'était pas présent à ce massacre. En entendant cette nouvelle, il fuit à Metapont, située dans le golfe de Tarente, où il vécut les dernières années de sa vie. Lui et les siens furent exilés de Crotone pour l'éternité par un plébiscite. - Qu'il fut tué à coups d'épée, parce qu'il hésita à aller à travers un champ de haricots et autre chose, ce sont des histoires inventées dont la nullité que la plus nouvelle critique a prouvée décisivement. Pythagore vit, enseigna et agit à Metapont comme à Crotone et mourut (environ en 504 avant J.-Chr.), âgé de plus de quatre-vingts ans de la mort douce du juste.


Après l'exemple de Crotone, le peuple s'éleva dans beaucoup d'autres villes, tua, chassa et exila les Pythagoriciens ainsi il ne leur restait quelque asile qui les protégeait. Après la mort de la tête de l'alliance, les adeptes perdirent courage et craignirent la dissolution de l'union. Ils vivaient une vie

paisible, modeste, en partie en cachette. Personne ne se faisait plus inscrire à l'avenir ; la dernière heure de l'alliance semblait s'approcher à grands pas.

Mais l'importance du Samien se montrait maintenant dans toute sa gravité. A cause du manque des Pythagoriciens, on n'avait pas seulement perdu les membres d'une école philosophique ; avec eux on avait tué et exilé les meilleurs citoyens, les plus justes juges, les plus savants législateurs, les plus capables défenseurs du droit et de l'innocence et les plus compréhensifs conseillers. Il s'ensuivit une période de troubles permanents, de combats de constitution, de révolutions et de dissensions des partis dans la plupart des villes en Basse Italie. En aucun lieu le calme et la paix ne s'installèrent pas. Et ainsi il se passa ce qu'arrivait si souvent à Athènes, quand l'Etat se trouvait en grande difficulté: on rappelait les hommes d'honneur exilés. Donc, les Pythagoriciens poursuivis retournèrent dans toutes les villes, maintenant glorifiés et célèbres, accueillis partout à bras ouverts. L'alliance s'accroissait de nouveau, la liaison relâchée de ses membres était fortifiée, on érigeait des statues et des monuments de toutes sortes. Sa louange et sa gloire augmentaient sans avoir de limites, et environ cent ans après sa mort, on croyait ferme en Basse Italie que le savant de Samos n'était en effet pas un véritable homme, mais un dieu devenu un homme. On le tenait
le plus sérieusement du monde pour l'Apollon (1), transformé dans la chair d'un homme. On lui rendait honneur divin et l'alliance, fondée par lui, durera encore des siècles et sera efficace - d'une part en public, d'autre part en privé - pour le bonheur de ses adeptes et de leurs citoyens.

(1) Déjà pendant la durée de sa vie, on distinguait entre des dieux, des hommes et des êtres, qui comme Pythagore, se trouvaient entre les deux. - Pythagore était l'exemple unique pour la dernière catégorie.

A l'époque de grandes guerres civiles d'Italie, les Pythagoriciens se retiraient tout doucement de la vie publique (2), l'alliance toutefois continuait à exister dans chacun de ses membres et ceux-ci savaient la conserver en accueillant de nouveaux frères et la reproduire dans la tranquillité.
Mais déjà une génération avant notre ère, l'alliance se représentait dans toute sa totalité. Ses membres étaient de nouveau des citoyens estimés et exerçaient des fonctions importantes. Leur nombre augmenta. Au 1er et au Il' siècle après J.-C. ils étaient répartis dans l'Empire romain entier et ils acquéraient une grande estime notamment Apollonius de Tyana.

Cet Apollonius Tyanàus, comme il est appelé habituellement, était un homme très remarquable, également admiré par sa connaissance, par sa compréhension et par sa vertu sans tache. Il avait voyagé dans les Indes et en Chaldée et il avait étudié la science, trouvée là-bas. II s'était dédié à étudier les différents mystères et il avait défini spécialement la philosophie de Pythagore. II était la pierre d'achoppement pour les Chrétiens, car Apollonius fut placé à la satisfaction des Hellènes à côté du fondateur de leur nouvelle religion. Tout le monde devait concéder et aussi accepter qu'il était un idéal quant à la vertu, à la pitié et à son action pour l'amour des hommes, qu'il avait opéré en public des miracles à Rome, à Athènes et dans autres lieux qu'il avait le don de prédire à un haut degré. Il établit une école à Ephèse et a peut-être été préjudiciable à l'apôtre Jean. Ici il mourut à l'âge d'environ de cent ans.
Déjà durant sa vie il fut adoré comme un dieu. Après sa mort, on érigea un temple en son honneur à Tyana.

Après cette vue d'ensemble historique sur les sorts de l'alliance pythagoricienne et de son fondateur magnifique, je veux vous parler de cette alliance elle-même et de ses institutions intérieures. Comme aucune des oeuvres de Pythagore n'est venue jusqu'à nous, et comme nous ne possédons que des fragments des oeuvres de ses adeptes, c'est un travail dur et souvent ingrat de trouver la vérité parmi la quantité de contes, parfois altérés jusqu'à la caricature, des anecdotes sans esprit ou des nouvelles les plus contradictoires des écrivains contemporains et à l'avenir. Il nous reste aussi maintes questions sans réponses qui ne sont plus à résoudre à cause des notes qui nous sont transmises.
« La fondation de l'Ecole pythagoricienne », dit Meiners « est, d'après mon jugement, le plus sublime et le plus savant système de législation qui soit jamais inventé pour améliorer et perfectionner notre sexe. C'est un système, fondé sur la vertu la plus pure et altruiste, visant à rendre heureux des pays entiers et qui, finalement, ne fait pas seulement honneur à l'esprit et au coeur de son fondateur, mais aussi à la nature humaine même, - mais à vrai dire, il ne pouvait être exécuté que par un petit nombre d'hommes élus. Selon les règles que Pythagore avait conçues pour lui et ses amis, aucune force et aucune capacité ne pouvaient rester incomplètes, aucune mauvaise manière et aucun défaut ne pouvaient rester inaperçus et sans force pour ceux qui les suivaient. Grâce à ces règles, toutes les parties du corps et toutes les capacités de l'âme étaient formées par les exercices les plus appropriés, constamment permanents jusqu'à la plus durable santé, jusqu'à l'efficacité la plus élevée et jusqu'à la force la plus virile. Les vertus n'étaient pas enseignées par des prescriptions, des preuves ou des exhortations, au contraire, par des exemples et par l'habitude. Ces règles unissaient tout ce que Pythagore avait examiné dans les statuts de son peuple et des nations étrangères et tout ce qu'il avait trouvé utilisable et salutaire.

Dans la Grèce elle-même ils se perdirent d'abord à la suite de la dégénérescence de l'alliance. Ils étaient plus sévères que Pythagore même. Ils ne mangeaient pas de viande, ne buvaient pas de vin, vivaient dans la pauvreté et s'habillaient de haillons. Ils gagnaient mal leur vie par l'enseignement et ils cherchaient à en imposer au peuple en montrant une mine sombre et grognonne comme en méprisant tous les biens et toutes les jouissances du monde. Ils acquéraient de plus le mépris des savants et ils semblaient s'être éteints aux environs de 300 avant J.-Chr.(en Capperdoce). Mais à cause de la chute générale de l'hellénisme et à cause de l'extension du christianisme, l'alliance du grand Pythagore s'était dissoute peu à peu. Nous trouvons ses dernières traces en 300 après J.-C., après qu'elle eut fleuri plus de 800 années.

Même les coutumes de l'office divin et le respectable des préjugés prédominants étaient parfaitement utilisés afin d'obtenir une plus grande estime de leurs observateurs et de leurs admirateurs. Le code de Pythagore était si complet, si je peux m'exprimer de telle manière, qu'après lui aucune heure de la vie qu'on passe sans dormir, restât non remplie, aucune action sans règles, aucun devoir indéfini et aucun bien ou aucun non équilibre.

Après les premières pièces principales du même, ses amis s'associaient plus étroitement ensemble qu'avec leurs citoyens, non pas pour s'éloigner d'eux ou opérer contre eux, mais pour pouvoir mettre en commun toutes leurs forces réunies pour plus de vivacité et d'activité pour la prospérité. En plus ces lois déterminaient exactement leurs plus fidèles et leurs plus dignes exécuteurs à devenir les têtes et les guides pour les autres hommes, non pour supprimer ou dévaliser les peuples afin qu'ils ne puissent en jouir qu'eux seuls, mais pour sacrifier leur propre bien et leur propre sang, afin de protéger la liberté, les droits et la sécurité de leurs concitoyens, et d'empêcher ou même détruire tous ceux qui les poursuivaient ou les attaquaient ».


En choisissant les vêtements, Pythagore avait prouvé un admirable tact qu'il avait acquis par des observations et des études durant des années. A cette époque-là les Grecs s'habillaient généralement en tissus de laine colorée. Les Pythagoriciens cependant ne portaient pas de vêtements de tissu animal, car on estimait en général qu'ils étaient plus impurs que ceux fabriqués à partir des plantes. Ils s'habillaient des vêtements de fin coton blanc égyptien qui, par sa blancheur aveuglante atteinte par un lavage quotidien et encore renforcée par des bandes de pourpre et néanmoins par sa finesse extraordinaire, démontrait une excellente liaison entre la simplicité et le faste. Le coton était en même temps un symbole de pureté. La simple apparence d'un Pythagoricien était sans doute imposante.


Pythagore tenait beaucoup à la plus soigneuse propreté du corps entier, c'est-à-dire notamment les plus fréquents lavages et bains, pas seulement parce qu'il savait qu'il se trouvait dans ces actions un remède principal pour conserver et renforcer la santé, mais aussi parce que des purifications extraordinaires du corps appartenaient à des coutumes divines selon l'opinion
publique de cette époque-là et dans les yeux de la foule elles faisaient, à celui qui les entreprenait, la réputation d'un saint (2). Beaucoup d'hommes indépendants et d'adolescents entraient dans l'alliance et vivaient dans la plus intime jonction avec leur maître. L'ordre de vie qui leur était prescrit était le suivant :
De grand matin ils quittaient leurs couchettes et faisaient une promenade solitaire dans le jardin, le champ et le bosquet ; car on devait remplir la première heure du jour à contempler tranquillement le passé, à prendre de bonnes résolutions pour la journée et à produire la bonne humeur. Pythagore exigeait de ses adeptes qu'ils eussent toujours devant leurs yeux et qu'ils eussent présent à l'esprit tout leur passé avec chaque événement, où toutes les expériences et les résolutions qui en résultaient, en découlaient et, par conséquent, fussent fécondes pour eux. On doit estimer cela assez important et on ne peut pas remplacer ça par rien d'autres.

Imaginons-nous un homme, apte, surtout excellent à tous égards, mais qui n'agit pas d'après les règles de Pythagore, - qu'est-ce qu'il lui arrivera ? il a une expérience vécue -, il ne la vit pas sans avoir des pensées ; non, il y réfléchit, en tire une leçon, et par suite il prend une résolution qui est justifiée par l'événement. Seules les impressions du passé sont effacées par le présent, - l'expérience, la leçon et la résolution sont oubliées et, finalement, après une longue série d'erreurs, de tromperies et d'espérances trahies, il acquiert une certaine habitude et un savoir-vivre qui le laisse agir juste dans les situations ordinaires -. Ce n'était pas le cas chez les Pythagoriciens. Ils avaient toujours présent à l'esprit des règles de conduite qui résultaient de leur propre expérience ou des événements de leurs confrères de l'alliance, Ils se rendaient continuellement compte de ce qu'il fallait faire ou laisser Ils savaient se comporter et, par conséquent, tous les mouvements de l'âme, violents et désavantageux, disparaissaient pas à pas : déception, espérance trahie, folie, précipitation, colère, repentir, honte, découragement, inquiétude et impatience. Tous ces traits caractéristiques disparaissaient en eux et ils acquéraient de plus en plus cette tranquillité régulière et cette sublimité qui sont des signes infaillibles du vrai savant.


(2) C'est une erreur de croire que les Pythagoriciens avaient la tête et la barbe rasées comme les prêtres égyptiens. Pythagore savait mieux comment on devait se montrer devant les Grecs afin de les impressionner.

Après avoir contemplé de cette manière leur vie passée dans la solitude calme, ils avaient notamment laissé passer les événements du dernier jour devant l'oeil intérieur et ils avaient réfléchi aux devoirs du nouveau jour, ils se rencontraient dans les maisons de réunion. Ici donc, on enseignait et on apprenait et -ce qui est bien à noter - en même temps on travaillait régulièrement à l'illumination de l'esprit, au réchauffement du coeur et au renforcement de la volonté. Tout le savoir enseigné ne sert qu'à cacher sous le boisseau la lumière tant qu'on ne le met pas au service de l'humanité.

Au travail spirituel succédaient les soins et les exercices des forces physiques qui avaient lieu sur les places d'exercice, les gymnases. Ces exercices, très favorisés par les Grecs, correspondaient à nos exercices physiques actuels et se composaient en principe de ]a lutte, de l'escrime, du lancement de balle, du lancement d'un disque de pierre, et de la course qui était surtout le sport le plus aimé.

Ensuite suivait un simple repas qui ne contenait que du pain et du miel, à peu près comme notre deuxième petit-déjeuner qui ne faisait pas les hommes fainéants et incapables à continuer leur travail.

Puis l'application des études suivait en pratique, on se vouait au public jusqu'au soir. Ensuite, les membres de l'alliance se rendaient visite, l'un l'autre, deux ou trois faisaient une promenade ensemble (3) dans la solitude, et racontaient à l'autre ce qu'ils avaient fait, avaient entendu et quelle expérience ils avaient faite. Maintenant on prenait un bain froid et après les frères se rassemblaient à dix, dans les salles à manger communes pour prendre le repas principal, qui était composé de légumes, de viande, de fruits et de vin. Les repas en communauté étaient, comme à Sparte, le seul moyen de rendre impossible la volupté.


On a beaucoup fabulé quant aux prohibitions des aliments de Pythagore et on croit même trouver de nombreux ridicules là­ dedans. Néanmoins elles nous montrent, si nous y réfléchissons bien, la haute sagesse du législateur. Il n'interdisait pas seulement ce qui était nuisible pour la santé, mais aussi ce qui était contemplé par le peuple comme saint ou comme impur. Il devait prendre en considération la superstition religieuse de ses compatriotes afin de ne pas heurter l'homme commun et afin de ne pas provoquer de préjudice contre lui et contre les siens. Il voulait gagner la faveur du peuple, l'améliorer par des exemples et le faire pas à pas plus savant par ses enseignements. Mais c'eût été impossible, s'il avait attiré le dédain de ses contemporains à cause d'un mépris manifeste de leurs opinions religieuses et s'il s'était mis en lutte avec eux.


Finalement les Pythagoriciens s'abstenaient des mets qu'on comptait jadis comme friandises, c'est-à-dire aux fines bouchées des
gourmands (4). Par conséquent ils ne mangeaient pas de poissons car ils étaient la vedette des festins opulents de cette époque. Le poisson était plat de luxe. On payait des prix fabuleux pour des exemplaires singuliers ou rares. Dans la Sybaris voluptueuse, les citoyens qui importaient certains poissons fins étaient libérés de tous les taux.
Que Pythagore eut interdit de manger la viande, comme quelques personnes l'ont cru, se révèle comme une histoire fausse après des recherches plus approfondies. Mais la loi disait de ne manger que de la viande tendre et digestible et toujours la sacrifier avant aux dieux.

(3) C'est une erreur de croire que les Pythagoriciens avaient la tête et la barbe rasées comme les prêtres égyptiens. Pythagore savait mieux comment on devait se montrer devant les Grecs afin de les impressionner.Il me faut expressément dire à cet endroit que les promenades à pied n'appartenaient pas aux récréations ordinaires des Grecs. Qui voulait faire des mouvements en plein air, allait dans les gymnases afin de courir, de lancer, de lutter, etc. Mais personne n'avait l'idée de se promener parmi les prés et les champs pour se récréer. Chaque pas qu'on faisait dans la nature avait son but précis. Ce fut Pythagore qui introduisit la pratique de faire des promenades comme remède pour soigner la santé.

(4) C'est ( pas tout à fait comme ça, mais ) comme si aujourd'hui un groupe d'amis pour la modération décidait de ne plus boire du champagne dans leur cercle.
Il observait strictement la modération et ne luttait ainsi pas seulement contre les jouissances exubérantes de la table qui étaient devenues des bombances répugnantes à cette époque, mais il travaillait aussi avec succès contre la volupté générale. Selon lui, un homme ne devait pas avoir de contact avec l'autre sexe avant l'âge de vingt années, et aussi seulement avec sa propre épouse. Pour supprimer la volupté, la modération cependant est un remède sûr.

Le festin des Pythagoriciens devait être terminé au moment où le soleil se couchait. Les dix frères restaient encore ensemble et se divertissaient en lisant des livres d'enseignement. Le plus âgé de l'union proposait ce qu'il leur fallait lire, le plus jeune lisait à haute voix.


Lorsque le moment était arrivé de se coucher, les camarades de la table se donnaient mutuellement en viatique encore une bonne maxime. Ils réfléchissaient dans la solitude tranquille comment ils avaient passé la journée et ils se laissaient tomber dans un sommeil calme.

« Quelle faute ai-je commise ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Et qu'est-ce due j'ai omis de faire ? » Celles-ci étaient les questions les plus importantes auxquelles chaque Pythagoricien devait répondre le soir. Et que pourrait-on mieux choisir que ces trois questions ?

Qu'est-ce que j'ai fait de juste aujourd'hui ? Qu'est-ce que j'ai fait de faux ? Qu'est-ce que j'ai tout omis de faire? Ainsi les adeptes de l'homme excellent acquéraient cette douceur et

cette clémence: du caractère qu'il appelait l'harmonie de l'âme qui de nous est fidèle et dévoué à l'ami, plaisant à l'étranger et conciliant à l'ennemi.
Dans la manière, décrite plus haut, vivaient dans la première période de leur éducation tous ceux qui étaient indépendants et qui pouvaient choisir où et comment ils voulaient vivre. Lorsqu'ils avaient obtenu un certain degré de perfection grâce aux exercices durant des années, c'est-à-dire qu'ils avaient façonné la pierre brute avec succès, ils s'en allaient au-dehors dans la vie. L'apprenti devenait le compagnon et il entrait dans les files de ses concitoyens. Il postulait à des fonctions et des positions et il exerçait ici la force acquise et connue. En faisant cela, chaque Pythagoricien essayait aussi de garder l'idéale manière de vie selon la possibilité. C'étaient les promenades en solitude, les repas communs, les rencontres régulières avec les autres membres de l'alliance qui avaient leur demeure dans la même ville. Et comme à Crotone sous la direction de Pythagore même, de cette façon on se réunissait ailleurs sous la présidence du plus âgé ou du plus capable afin de se cultiver, de se reposer et de se restaurer mutuellement. Mais on restait toujours en rapport le plus actif possible avec le lieu principal. Chaque jour des visiteurs de tous côtés arrivaient et rapportaient chaque fois un nouvel enthousiasme, une nouvelle force et un nouvel amour.

D'après cette organisation on peut dire à peu près : dans les villes particulières de la Basse Italie se trouvaient les loges
filiales; à Crotone, la grande loge maternelle avait son siège, et Pythagore en était le grand maître.
Si quelqu'un voulait s'inscrire dans l'ordre, alors l'état de son éducation était soigneusement examiné. Pythagore était un très vigilant observateur qui tirait également des conclusions sûres hors de mines et de gestes, hors d'attitudes, hors de marches et de mouvements ainsi qu'hors de mots parlés. On se renseignait très attentivement sur le comportement envers les parents, envers les frères et les soeurs, envers les voisins et envers les habitants de sa maison, auprès de celui qui demandait l'admission dans l'union. On observait ses plaisirs et ses jouissances, mais surtout ses manifestations sur la passion - bref, on faisait tout ce que nous, les francs-maçons, devrions faire aussi.

Lorsque toutes les informations et les observations suffisaient, le candidat était admis à l'examen, c'est-à-dire il jouissait des relations et des enseignements des Pythagoriciens. Il participait à leurs discussions, à leurs lectures, à leurs promenades et à leurs repas. Pourtant on ne lui enseignait pas encore les recherches pythagoriciennes dont les résultats ne déviaient le plus loin de l'opinion commune, il ne devait pas apprendre non plus les secrets de l'ordre. Lorsqu'après un certain temps il était mis en évidence que son développement mental n'avait pas atteint le degré espéré, ou qu'on s'était trompé sur lui d'une autre façon, ou que lui ne savait pas assez bien exercer la vertu de se taire, - on le renvoyait et personne ne le connaissait plus.


Mais si on avait trouvé grâce aux longues observations - et parfois trois ou quatre années passaient, car on prenait son temps pour en être plus sûr, parce qu'on ne voulait pas ouvrir les portes secrètes du lieu saint à quelqu'un qui fut indigne ­que le candidat était capable et digne pour acquérir des connaissances élevées, il était alors solennellement reçu dans l'union. Maintenant il faisait la connaissance avec toute la sagesse et tout le savoir des frères et il apprenait aussi les signes secrets, les symboles, la langue et l'écriture des confrères de l'ordre.

De toutes ces choses, seulement le pentagramme, l'étoile à cinq branches, qu'on peut encore voir sur notre tapis, est venu jusqu'à nous. C'est sans doute que les Pythagoriciens avaient leur propre écriture secrète comme nous l'avons aussi, leur alphabet pourtant ne nous est pas connu.

On dit qu'on a d'abord négligé les nouveaux pendant trois années. Ensuite, dans les cinq années suivantes, on leur a fait observer un silence absolu. De plus, les nouveaux membres de l'union n'avaient jamais pu, au commencement, voir Pythagore et ils n'avaient entendu sa voix que derrière un rideau. Seulement durant les marches suivantes de leur enseignement, ils pouvaient voir son honorable face et pouvaient lui parler. A l'entrée dans l'union, chacun devait donner tous ses biens dans la caisse commune, etc.

Cela aussi, les descriptions sur des tortures cruelles et sur des flagellations appartiennent à la légion des contes qui sont propagés sur nous les francs-maçons à partir de l'union pythagoricienne par la voix de la foule.
Lorsqu'un membre de l'union montrait qu'il n'était pas digne et lorsque des exhortations et des persuasions n'étaient pas aptes à le ramener au chemin juste, il était alors expulsé solennellement. On informait tous les confrères du fait. On érigeait cependant une statue au rejeté, s'il était mort.

Tournons-nous maintenant loin de la forme de l'union vers son esprit ! Quel nouveau savoir y avait-il que Pythagore pouvait enseigner aux siens ? C'étaient les résultats de ses études en Egypte et ailleurs, de ses propres recherches, et c'était le résultat des discussions qu'il avait tenues avec les membres de son union. C'était quand même important ce que lui ou la communauté avaient trouvé. A cette époque, les sciences n'étaient pas encore séparées comme aujourd'hui. Pythagore mettait â tout point de vue de grande chose au jour : la géométrie et l'arithmétique, l'histoire et la géographie, la musique, la médecine, - chaque champ du savoir humain était cultivé par lui et les siens, et nous savons qu'ils ont enrichi chaque matière de manière remarquable.

Nous continuons à demander: qu'étaient donc les secrets de l'union que les Pythagoriciens devaient cacher si soigneuse­ment ? La discrétion méritait beaucoup d'attention lors du choix d'un nouveau membre.

Ici nous distinguons trois choses.

Premièrement des choses qui ne restaient secrètes en absolu et pour tous les temps, et où on devait être prudent avec leur publication. A cela appartenait une très grande partie du savoir qui était enseigné par l'union même. Pythagore n'avait pas donné la loi ordonnant à ses adeptes de tenir au secret leur connaissance. Non, l'un éclairait l'autre seulement pour pouvoir expliquer aux autres ( justement sur ce point l'alliance pythagoricienne se distinguait parce qu'elle appliquait tout pour une pratique dans la vie ). Quelque chose pourtant devait rester dans les mains des initiés du cercle, parce que la foule ne pouvait pas encore la comprendre ou la supporter. Car le peuple devait être préparé et mené pas à pas au savoir qui comportait aussi les connaissances médicales élevées des Pythagoriciens. L'art de la médecine semblait être une magie il y a 2 400 années en Italie. Pythagore possédait un grand crédit grâce à l'aide qu'il apportait à beaucoup de malades et aussi à ceux que personne ne croyait plus sauvables.

Mais on se serait moqué de lui s'il avait dit : « Ce n'est pas par la grâce spéciale des dieux que je suis capable de vous guérir. Ils ne m'ont pas accordé cette puissance. C'est sans aucune importance et c'est absolument superflu d'imposer les mains et de bénir. Ce qui compte est la force qui se trouve dans l'extrait de cette herbe-­ci ». Pythagore était obligé, pour son crédit et pour son importance, de ne pas s'opposer gravement à l'opinion de son peuple. Il devait faire des conjurations et quelque chose de semblable - comme les médecins de nos jours font maintes choses, desquelles eux-mêmes n'attendent pas d'autre profit que de contenter les malades.


A ces connaissances, qui ne sont absolument pas à tenir secrètes, mais qui sont à étendre peu à peu, appartient aussi le fait que Pythagore tenait la terre pour une boule et qu'il connaissait sa rotation d'axe. Mais pouvait-il proclamer une telle chose qui contredisait l'apparence claire sur le marché public ? On ne sent pas que la terre ne tourne pas ? Tout le monde ne voit-il pas qu'elle est un disque ? - Il expliquait, tout au contraire de l'opinion superstitieuse de son époque, que la comète qui apparut à cette époque, (il n'en connaissait pas une autre), fut une étoile. Il discutait et traitait de tels sujets avec ses confidents, car ils n'étaient pas convenables aux oreilles de tout le monde.

Pythagore ne croyait pas à la multiplicité des dieux, mais en un seul dieu, non visible, qu'il appelait l'âme mondiale. Mais pour obtenir cette opinion générale, le peuple devrait devenir mature, - les enfants ne supportent pas la nourriture des adultes.
La plus jolie fleur de la morale pythagoricienne semble être les tiens solides, inextricables de l'amitié qui unissaient tous les membres de l'ordre.

L'amitié, la fraternité fidèle, était estimée du fondateur de, l'alliance comme le plus précieux des biens pour ses adeptes. Par conséquent ils omettaient tout ce qui aurait pu troubler l'intime harmonie. «
En relation avec l'ami », enseignait Pythagore, « tu dois éviter toute querelle et la manie d'avoir toujours raison. Ne blesse ni la fidélité, ni la foi, même pas en plaisantant. Garde-toi de ne Jamais heurter ton ami. Aucune plaie ne guérit sans laisser une cicatrice ».
Ainsi ces amitiés héroïques naquirent, ces fédérations fraternelles qui entraînaient ceux qui les observaient à l'enthousiasme supérieur. « C'est une vraie amitié pythagoricienne », disaient les vieux lorsqu'ils parlaient d'une
amitié qui s'élevait au-dessus de l'ordinaire. Les écrivains de cette époque rapportaient que les Pythagoriciens faisaient beaucoup de bien, l'un à l'autre, que normalement les frères et les soeurs qui s'aident ensemble.

Pythagore n'avait pas introduit la communauté de biens. L'amitié de ses adeptes le faisait de la manière la plus émouvante. Celui qui tombait en misère, pouvait taper avec confiance à la porte de chaque confrère - on lui ouvrait. On ne lui refusait ni assistance, ni aide. Si un frère tombait en pauvreté et en misère à cause de durs revers de fortune, - on le subventionnait partout avec une complaisance et chacun aimait donner selon ses biens. Ainsi il était impossible que quelqu'un se trouvât en permanence dans le malheur, car le nombre des Pythagoriciens était si grand et, de plus, beaucoup d'entre eux étaient riches. On ne donnait pas une petite aumône, mais on aidait complètement, parce qu'on pensait avoir l'obligation de partager avec le frère sans question d'amour propre.

Et pour cela il n'était pas nécessaire que les confrères se connaissaient personnellement. Ils sacrifiaient tous leurs biens, même leur vie, pour celui qui portait l'étoile à cinq branches sur la poitrine. - Laissez-moi vous dessiner un petit tableau (5) qu'aucune parole ne soit dite pendant l'explication !

Les vents sifflent, les cimes des arbres craquent, toutes les écluses du ciel sont ouvertes, un ouragan hurlant souffle sur la terre qui tremble. Epuisé, ruisselant de pluie, presque plus capable de se tenir debout sur ses jambes, un voyageur que  l'orage avait surpris, arrive à la porte d'une maison solitaire. Le propriétaire le reçoit avec pitié, le délecte, le renforce, et lui donne une demeure. Mais le lendemain la fièvre accompagnée de frissons agite le pauvre voyageur. Sa conscience disparaît, de fantastiques tableaux de rêve troublent ses sens, - il est malade, gravement malade -. Son hôte fidèle ne le quitte pas. Il lui prépare des repas remontants et des boissons fraîches, le soigne avec attention se sacrifiant et reste auprès de son lit. Mais les forces du malade s'évanouissent de plus en plus. Il sent arriver la fin de sa vie et parle à son garde-malade fidèle: « Ami, tu m'as assisté comme un frère. Les dieux aiment bien te récompenser, moi, je n'en suis pas capable. Je ne peux même pas te rembourser les frais que tu as faits pour moi, toi, qui est le pauvre même. Mais ceux-ci ne doivent pas au moins être perdus pour toi ». Il se fait donner une petite ardoise, il écrit quelque chose sur celle-ci avec des signes inconnus et il parle : « Accroche cela à ta maison de manière que ceux qui passent le voient. Celui qui te payera va venir certainement un jour ». Ensuite l'homme mourut. - Son hôte fit comme on lui avait dit et il alla dans son jardin et lui-même enterra l'homme mort dans son vêtement blanc.

Des semaines et des mois sont passés. Le garde-malade ne pense plus au paiement du disparu. Voilà de nouveau dans un vêtement blanc aux bandes rouges un homme qui va sur la même route. Il voit l'ardoise et lit ce qui est écrit là-dessus, entre dans la maison et parle :

« Ami, tu as soigné un malade que l'orage avait jeté chez toi. Il m'a commandé de te payer et te récompenser beaucoup pour ce que tu as fait pour lui. Voici, prend ce qui est à toi et en plus, je te remercie aussi », - c'était un Pythagoricien -.

(5) Selon Aristoxenos (né en 350 av. J.-C. à Tarente).

Mes frères ! Ici je m'arrête, quoique j'aurais encore à dire quelque chose.

Tous les écrivains sans exception de cette époque louent les Pythagoriciens qui étaient exacts les hommes les plus éclairés, les hommes les plus loyaux et les amis les plus fidèles. Et maintenant !


Quels francs-maçons voulons-nous être ? Que voulons-nous faire ?


Nous voudrions être les plus éclairés et nous voudrions nous éclairer réciproquement. Par conséquent la lumière est un de nos symboles principaux et pour cela nous trouvons le soleil et la lune sur notre tapis, pour cela trois grandes lumières brûlent dans notre temple.


Deuxièmement, nous voulons être les meilleurs et nous voulons nous exhorter, élever et améliorer mutuellement. Pour cela nous avons le fil à plomb et le compas, pour cela la bible est notre symbole. Même si elle ne contient pas vraiment la plus pure et la supérieure morale dans toutes les parties, de cette manière elle nous la symbolise.


Clair l'esprit et chaud le coeur, telle est notre devise ! Ne soyons-nous jamais inférieurs aux nobles Pythagoriciens ! Et que le plus joli décor des maçons actifs et vivants soit toujours la fraternité dans nous tous. Chacun doit être prêt à aider, chacun doit être sûr qu'il n'est pas seul et que tous, tous soient avec lui et pour lui ; chacun sûr de l'autre comme là le pauvre voyageur, qu'un frère ne se torde jamais en vain les mains et qu'il ne lève jamais pour rien les yeux au ciel- ne jamais crié en vain :
Mcdlds « Mon constructeur dans la lumière de la sagesse »

De Dr Karl Oppl
Orateur de la Loge de Socrate à la constance en Orient Francfort s. M.
Francfort sur Main Ferdinand Bosell 1861

Offert au très vénérable frère
Johann Friedrich Mack du Conseil,
Maître du siège de la Loge de Socrate à la constance en Orient : Francfort. s. M. des salutations fraternelles

C\ T\ (Par)


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