Obédience : NC Loge : NC 08/12/2008

Quête ou reconquête

Je me suis posé la question de savoir depuis combien de temps j’étais à la recherche de moi-même. 
Je m’y suis résolu, me semble t il, à partir dans ma prime adolescence. En effet comme beaucoup d’entre vous j’ai bénéficié d’une éducation liée étroitement à la religion catholique apostolique et romaine. 
J’ai également reçu par les voies de la catéchèse les premiers éléments sur lesquels reposaient cette éducation et pour lesquels, souvent des questionnements auprès, soit de ma famille, soit du corps ecclésiastique, restaient sans réponse. 
Dans la plupart des cas lorsque l’on déniait  me répondre ; il était question simplement d’avoir la foi. 
Bien vite je ne me suis pas contenté de « gobé » la chose et le désir d’aller plus loin s’est imposé à moi. Les années ont passé et la vie professionnelle a pris le dessus et est devenue ma priorité. 
Mais, malgré cela, suite à des rencontres fortuites avec des F\M\, alors que j’avais entre 25 et 30 ans, j’ai été titillé par les idées progressistes et libres au niveau de la pensée que développaient ces nouveaux amis. 
L’idée de devenir alors un des vôtres commence à s’ancrer en moi. 
Toujours dans le tourbillon professionnel, je mettais cela sous le boisseau, sauf que le jour ou il a fallu faire un choix sur le sujet d’un mémoire, j’ai choisi la F\M\.
Vite découragé par mon maitre de stage qui m’a dit alors que ce sujet pouvait heurter mon correcteur. 
Mais l’idée faisait lentement son chemin et c’est lorsque ma S\ Annie et mon F\ Jean Paul on franchi le pas que le choix d’être F\M\ c’est de nouveau imposé. 
La chose fut faite en mars 1988 et me voici aujourd’hui, encore parmi vous. 
Effectivement lorsque l’on est profane il nous est difficile de savoir que représente la maçonnerie. Ce n’est qu’une fois admis que le processus se met en marche et que l’on découvre la méthode maçonnique. 
Encore que pour ma part j’y ai mis un peu plus de temps à le comprendre. 
Aujourd’hui cette planche me permet, peut être, de définir que représente, pour moi, cette quête initiatique. 
Le premier constat qui s’impose est à l’évidence que ce phénomène initiatique est strictement personnel et propre à chacun. 
En effet la métamorphose de soi ne peut s’opérer qu’au plus profond de son être intérieur qu’à travers les diverses perceptions des symboles et des vertus à cultiver en l’absence totale de mode d’emploi standard, de formatage de conduite, ni de dogmatisme de pensée. 
Il n’y a pas de méthode maçonnique stéréotypée. 
Rappelons nous pour s’en convaincre nos réunions d’AA\ ou de CC\ ou les échanges étaient parfois assez violents et l’esprit de révolte présent. 

Les questions qui me semblaient essentielles alors sont toujours d’actualité avec la même intensité. 
Qui je suis ?
D’où je viens ?
Où je vais ?
Jeune F\M\ j’attendais des réponses toutes faites qui combleraient mon questionnement. 
Je vous tranquillise ce ne fut pas le cas et je suis à même de dire aujourd’hui heureusement. 
Autre élément d’importance c’est que cette quête d’absolu ne doit pas nous faire perdre de vue qu’il convient de prendre conscience de la relativité de notre existence parmi les hommes et dans l’Univers. 
Notre objectif commun n’est il pas de contribuer à l’amélioration constante des conditions de vie de l’Humanité. 
C’est pourquoi il convient de travailler sur soi pour que nous puissions comprendre l’indispensable nécessité de polir sa pierre pour qu’elle puisse s’intégrer dans le Temple universel. 
Je crois profondément que je ne suis pas aujourd’hui le même qu’hier, je suis,-je peux l’affirmer, depuis que je suis F\M\ en perpétuelle évolution. 
Je ne sais peut être pas le mesurer mais c’est une constante évidente. 
Je sais également que toutes les vérités qui me semblent acquises à l’heure actuelle ne sont que des vérités relatives. 
Je sais que je ne sais pas. 
Fort de cet axiome, je vais essayer de cerner les quelques interrogations que cela a suscité en moi. 

La F\M\ : est-elle une thérapie psychique ?

Je ne pense pas que la méthode maçonnique soit une méthode exclusive de thérapie psychique, mais elle contribue à parfaire l’équilibre moral et humain de chaque individu.  Souvent nous n’avons pas la force ni les capacités d’avancer seul. La maçonnerie m’a permis d’y voir plus clair car soutenu par les autres. 
L’initiation ou la méthode maçonnique ouvre l’esprit au dépouillement et permet de ce fait de mieux atteindre les choses enfouies tout au fond de soi. 
Ce n’est pas un hasard si au court de notre apprentissage le silence qui nous est imposé est le premier élément majeur qui nous est donné. 
Tout d’abord ce fut une douce période, j’étais comme dans un cocon, dans un doux ronronnement. Je n’avais pas très bien compris la nature de ce silence de l’App\.
Pour moi ce n’était qu’un refuge. 
Ce n’est que bien plus tard que ce silence s’est imposé à moi comme un des éléments premiers à ma quête synonyme de  construction de soi, initiation cela me parait être de la même veine. 
Il nous permet d’écouter les autres, quoiqu’ils disent, y compris des âneries ? Cela nous permet de ne pas réagir immédiatement, mais de construire une pensée. 
Grâce à cette écoute j’ai pu, parfois, soyons prudent, commencer à entendre  et  finir par comprendre. 
J’ai également compris que la parole est souvent la manifestation des excès ou des débordements passionnels. 
C’est pourquoi ce silence de l’App\ ne pouvait rester comme une simple écoute. Il devenait au fil du temps l’artisan de la paix intérieure  nous mettant à l’abri, des jugements ou critiques trop hâtives.  Il devrait s’imposer à chacun d’entre nous lorsque nous aurions la tentation de nous valoriser au détriment d’autrui. 
Ce silence encore nous incitera, au lieu de pérorer et privilégier ainsi un ego démesuré, à trouver les mots justes dans le respect des autres.  Il n’est plus exclusivement ce silence d’écoute mais ce silence propre à la méditation, la descente en soi. 
 C’est donc dans ce silence que j’ai découvert l’univers maçonnique.
Je m’en tiendrais là, car le silence mérite à lui seul une planche. . 
J’étais là pour me construire et faire en sorte que la construction de l’homme ordinaire d’alors puisse devenir un homme essentiel qui puisse s’intégrer à la perfectibilité de l’Humanité. 
Vaste programme et il me fallait organiser mon chantier pour atteindre mes objectifs. 
 En effet, pour toute construction d’un chantier il faut réunir plusieurs critères :
 
Des matériaux, qui peuvent se traduire par une pierre brute. 
Des outils : regarder autour de vous dans le Temple pour les découvrir. 
Une technique de construction que chacun va cogiter. 
Voyager, parcourir les différents univers qui nous entourent, accepter les diverses formes de pensées etc.  …
Et un maître d’œuvre. 

Les matériaux :

La Pierre brute est ce que nous sommes, avant notre initiation. Un produit grossier de la nature que l’art de la Franc Maçonnerie permettra de polir et transformer. Pour ce faire le Rituel et la symbolique maçonnique  m’ont apporté les éléments nécessaires pour donner des réponses à mes questionnements.  J’insiste sur le «  m’a donné » puisqu’en aucune raison une expérience, une interrogation ne peux servir à autrui. 
C’est cela tailler sa pierre brute. 
Je laisse le soin au second surveillant de faire découvrir toute la richesse de la symbolique du grade aux apprentis. Je n’irai pas plus avant sur la connaissance des symboles et de leur interprétation, c’est à chacun d’entre nous de trouver leur signification. 
Par contre c’est une voie que j’ai découverte et qu’il m’a fallu intégrer. Cela n’a pas été facile et ce n’est qu’au fil du temps que chacun des symboles commence à évoquer cette dualité qu’ils détiennent. Nous commençons ainsi notre voyage intérieur. Voyage, terme récurent dans notre démarche. 

Rappelons-nous notre initiation et les voyages qui préfigurent notre cheminement prochain. 
3 voyages dont l’intensité va décrescendo, du plus tonitruant au plus idyllique. C’est le reflet pur et simple des épreuves que nous allons rencontrer tout au long de notre propre quête. 
Ensuite nous est donné la lumière. 
 C’est à dire la simple possibilité d’entreprendre ce chemin long et souvent fastidieux.  C’est un passage obligé, nous sommes destinés à voyager pour nous élever et devenir meilleurs. 
Aussi posons nous la question de savoir quel est le chemin que nous allons choisir, ou nous devons nous rendre, selon nos propres choix et celui de nos accompagnants, avec nos certitudes, nos hésitations, notre conscience, notre environnement, nos expériences et notre connaissance. 
C’est en quelque sorte prendre conscience de notre ignorance. 
Il convient de concevoir que l’ensemble de nos incertitudes et nos manques ont autant de poids dans notre quête que nos jugements et notre savoir. C’est à ce prix que peut être nous pourrons nous approcher de notre étoile intérieure. 
Sans vouloir faire de dogmatisme, rapellons nous le voyage des rois mages cherchant à rendre hommage au Christ. Hommes de devoir, ils ont cheminé pour faire partager  la nouvelle à l’humanité et à faire don d’eux-mêmes en toute humilité. 
C’est en quelque sorte un raccourci qui m’a fait mieux comprendre l’objectif de ma démarche. 
C’est également la prise de conscience que la lumière qui nous est donnée se divise en multiples couleurs.  Nous avons la notre et nous devront nous considérer comme des éclats de lumière à la fois multiples et singuliers, dont les aspects irradient autour de nous et à l’intérieur de nous. 
Ils révèlent notre identité qui ne peut être identique en aucune manière à d’autres. 
D’où l’impérieuse  nécessité de mieux se connaître et de vouloir s’élever. 
C’est satisfaire notre curiosité, notre avidité de connaître et de découvrir. 
Souvent j’ai ressenti cette jubilation d’avoir eu une réponse à une question que je me suis posée, ou lorsque j’ai pu accéder à une connaissance nouvelle, mais aussitôt remise en question. 
C’est aussi se rapprocher de notre vérité à pas mesurés, en équilibre avec soi même, avec droiture, respect et sagesse, mais surtout avec pugnacité.  C’est ne pas resté sur la simple réflexion mais agir avec circonspection. 
 
Si notre avancée doit être mesurée nous nous devront d’avancer sans hâte sans brûler les étapes. au risque de faire comme Icare qui se brule les ailes en voulant aller trop vite. 

C’est sur ce sentier initiatique que j’ai découvert petit à petit le sens du mot Humilité. 
Nous sommes tous passés lors de notre initiation par la porte basse et nous avons au cours de nos longues conversations avec nos SS… et FF\ AA\ essayer de cerner au mieux le pourquoi de ce symbole. 
Il m’a fallu recentrer ma personnalité. 
Auparavant l’humilité était pour moi source de faiblesse et d’hypocrisie. Aujourd’hui je suis en mesure d’affirmer que c’est une vertu basique et majeure pour construire mon édifice. Elle m’est indispensable pour parfaire la connaissance de soi et surtout pour tailler sa pierre. 
Ce n’est pas le grade que nous avons en maçonnerie qui fait le F\M\,  mais bien le chemin parcouru. 
Je remonte à mon adolescence, à l’âge de l’éclosion de notre personnalité. A l’époque elle reposait surtout sur la notion d’orgueil. Non pas cet orgueil qui parfois peut se révéler un moteur de progrès, mais cet orgueil du premier de la classe qui semblait me placer au dessus des autres. 
J’ai découvert cette vertu et j’ai du faire des efforts surhumains pour la forger à grands coups de ciseau sur ma pierre. 
Rassurez-vous, en disant cela je m’aperçois que cet orgueil ressurgit à grands pas. Il n’est pas évident de s’en apercevoir seul. 
C’est au fil du temps que je pourrai, peut être, avec l’aide de nos SS\ et FF\ peaufiner, ciseler mes aspérités. 
C’est l’altérité indispensable à ma progression. 
Nos ainés sont pour ce faire, un indispensable miroir. Seule l’humilité devrait me permettre d’acquérir ce devoir d’exigence et faire naitre en moi l’homme nouveau. 
Il serait présomptueux de ma  part de signifier les avancées de ma personnalité. c’est pourquoi nous avons encore besoin des autres pour rectifier nos erreurs. 
A elle seule l’humilité ne suffit pas.  Si nous demandons l’aide de l’autre dans sa propre construction, encore faut il que nous soyons également à l’écoute d’autrui. 
Comme je l’ai dit plus haut, le silence est un élément majeur dans notre prise de conscience, mais il n’est certainement pas le seul. 
En effet nous communiquons avec notre alter ego par le verbe, autre élément majeur. 
J’ai mis du temps avant de comprendre l’importance des mots et de la puissance qu’ils représentent. 

A eux seuls ils essayent de définir les actions, la pensée, les sentiments. 
Apparaît alors la difficulté dans toute son ampleur. 
En effet ; le mot, simple outil arbitraire qui étiquette une chose, ne peut à mon sens exprimer un sentiment, un vécu, une intuition puisqu’il devient alors l’absolu pour chaque individu.  Il ne peut être le reflet objectif de sa pensée et de son vécu. . Il ne peut être en aucune manière le porteur du langage universel, chacun pouvant jouer sa partition. 
Le mot devient alors le vecteur du langage propre à chacun d’entre nous. 
Il nous impose de ne pas interpréter l’idée de l’autre mais au contraire reconnaître à chacun une identité unique et inviolable. 
Faire en sorte que cette idée soit passée au crible de ses propres valeurs, de ses propres démonstrations.  C’est d’avoir une véritable envie de communiquer. 
 Pour aboutir à cette communication il faudra remettre en cause ses propres analyses, ses préjugés, d’éclairer ses zones d’ombre et ainsi de reculer ses propres limites. 
Aujourd’hui, si je n’ai pas réussi totalement à maîtriser les mots, j’ai tout de même à mon actif une prise de conscience. 

L’espoir autre élément majeur dans la quête du F\M\.

J’ai l’intime conviction que l’Homme est perfectible. Pour ce faire chacun de nous aura besoin de s’accrocher à un idéal qui lui permettra de se sublimer. 
Pour ma part il convient de faire un aparté en scindant ma vie en deux périodes. L’une avant la maçonnerie et bien entendu l’autre après. 
Comme beaucoup d’entre nous nous avons eu à subir une éducation tournée vers la religion, peut importe laquelle. 
Aujourd’hui je ne me sens plus appartenir à ces hommes.  Je n’ai plus ce besoin mystique de croire en un Dieu de miséricorde et d’amour qui a créé les hommes pour le glorifier. Je ne peux croire en ce dieu qui a permis en son nom de faire massacrer nos semblables. 
Je serai tenté par la croyance d’un « dieu » énergie et harmonie qui m’accompagnerai dans ma quête. 
Je cherche en fait une vérité qui m’appartient et qui sera, je l’espère, remise en question le plus souvent possible, une justice pour servir le bien commun de l’humanité, sans attendre une récompense divine.  Je trouve une réelle satisfaction dans l’accomplissement de mes devoirs et en essayant de purger autant que faire se peut mon égo de toutes les scories relevant de mon éducation familiale, scolaire et religieuse.  J’essaye en quelques sortes de trouver MON équilibre  et ma propre identité. 
J’ai également l’espoir que l’être humain saura réaliser l’équilibre indispensable à la survie de son espèce, apprendre à vivre ensemble. La tâche est difficile certes, mais réalisable si comme les bâtisseurs que nous sommes nous mettons nos forces en synergie avec sagesse, force et beauté. 
C’est à ce prix que nous pourrons construire aussi bien notre temple intérieur et extérieur dans l’équilibre de l’humanité, en évitant d’orienter cette énergie humaine vers le chaos destructeur. 

La quête que j’ai entreprise depuis maintenant de nombreuses années est sans fin. Je crie au bonheur qu’il en  soit ainsi. 
Je ne sais pas si j’ai pu réussir à entrevoir cette lumière tant recherchée.  Mais une chose me parait essentielle c’est que j’ai pris conscience qu’elle m’est indispensable aujourd’hui. 
Comme je suis en mesure d’affirmer aujourd’hui que la présence en loge est impérative à ma progression. 
J’ai également appris qu’une la discipline d’écoute de l’autre dans un respect mutuel est une vertu enrichissante que j’ignorais auparavant.  L’humilité, valeur fondamentale qui m’a fait prendre conscience de mon vice d’orgueil ;
C’est pour moi des vertus essentielles que je fais miennes. 
 Je ne peux résister à vous offrir cette expression si belle d’un auteur qui m’est inconnu :
« Rien de ce qui est humain ne m’est indifférent.  »

Ah !! J’allais oublier de répondre à la deuxième partie de la question, a savoir si la quête est reconquête. 

Si il y a reconquête c’est qu’il y a eu quête préalable. Alors effectivement à chaque fois qu’il y aura quête il y aura re  conquête d’une partie de soi. La quête s’impose donc si nous voulons progresser.  C’est de partir d’un point zéro à plus. 
 
J’ai dit

J\ A\

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