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La canne de la Maîtresse de Cérémonies


Il est un symbole en loge qui a toujours éveillé ma curiosité, celui de la canne de la MAITRESSE DES CEREMONIES, il rythme les tenues et se révèle le guide indispensable des multiples déplacements dans le temple.
Depuis la nuit des temps le bâton a marqué l’histoire et ses innombrables références jalonnent les Mythes et les légendes.

Le bâton apparaît dans la symbolique sous divers aspects, il peut être une arme, une arme magique, un soutien de la marche du pasteur, du pèlerin, ou l’axe du monde.
Suivant les époques et son utilisation, il sera crosse, sceptre, houlette du berger, gourdin Vajra chez les bouddhistes, bâton de feu, de foudre ou de tonnerre, objet de correction ou de soutien, symbole de commandement, de justice, de stabilité, il représente dans le culte du bouddhisme au TIBET, le caractère indestructible de l’esprit.

Il me rappelle l’itinérance des compagnons bâtisseurs et matérialise le soutien de quiconque marche beaucoup sur les chemins raboteux. Il est aussi dans les légendes de sorcellerie la baguette magique indispensable aux bonnes et mauvaises fées.

Mes sœurs ce midi, tels des pèlerins, je vous invite à partir en voyage autour du mythe du bâton, de son usage à travers les civilisations et de la symbolique qui s’y rattache.

Rappelez vous :
L’homme primitif eut raison du feu en frottant deux bâtons, du moins c’est la version retenue par la raison des hommes mais il est une légende qui dit que le feu fut offert aux hommes par PROMETHEE qui le déroba à ZEUS en le cachant dans un bâton creux
.
L’apparition du bâton comme symbole à travers ce mythe va traverser toute l’histoire humaine jusqu’à nos jours.

Attribut à l’Origine du Dieu APOLLON, le bâton est alors le symbolisme du caducée
et. ne portait qu’un seul serpent enroulé autour d’un bâton-massue, le symbolisme du serpent est très ancien et a toujours été associé à l’idée de la mort et de la vie, son venin peut aussi être un remède .C’est peut être là l’explication du caducée médical dans l’association serpent bâton. Le serpent représentant le remède tenu secret tandis que le bâton symbolise la Vie.

Il figure aussi la naissance de toute forme de science à travers le gnomon qui à l'origine n'est qu'un bâton planté verticalement en terre marquant la course des heures et le passage des saisons que l’on observe par son ombre portée au sol.
Il permet de se positionner dans le temps et dans l’espace, on peut savoir l’heure et le lieu où nous nous situons à partir d’un simple bâton figé en terre.
Le bâton était également symbole de pouvoir des déesses et de leur éternelle jeunesse et prenait la forme d’une tige de papyrus.

Dès le XIVème siècle avant notre ère le bâton dans la main de MOISE trace l’histoire du peuple hébreu, il est une arme redoutable dont se sert le pharaon, sceptre de force et de puissance, que le Seigneur dans l'épisode du buisson ardent va démystifier: "Le Seigneur dit à Moïse : « Qu'as-tu à la main ? » « Un bâton », dit-il. « Jette-le à terre ». Le bâton devint serpent et Moïse s'enfuit devant lui. Le Seigneur dit à Moïse : "Etends ta main et prends-le par la queue". Moise obéît et le serpent redevint bâton dans sa main. C’est avec ce bâton que Moise frappera par deux fois le rocher MEREBA et ouvrira les eaux du NIL. C’est grâce au bâton que MOISE fera jaillir les sources dans la traversée du désert.
La Bible en fait l’archétype de la transfiguration de l’âme par l’esprit divin.
Dans L’Egypte ancienne, le sceptre, symbole royal dans le monde entier était à l’origine un bâton fourchu destiné à tuer les serpents. Dès l’époque pré-dynastique, il devient symbole divin.
Le sceptre est l'attribut du pouvoir et de la dignité suprême. Il a pour origine le bâton de commandement des divinités et des conducteurs d'hommes. C'est une verticale qui symbolise l'homme en tant que tel, puis sa suprématie en tant que chef, enfin le pouvoir reçu d'en haut. C'est le modèle réduit de la colonne du monde.

Dans de nombreux rituels, la canne des officiants a rempli des fonctions precises et souvent reliées à la purification comme dans le zoroastrisme :

"Le rite s'opère dans un espace ouvert, délimité par des sillons, à l'intérieur duquel sont creusés des trous pour l'écoulement des eaux purificatrices et disposées des pierres où peut s'asseoir le candidat, tandis que le purificateur se tient hors de l' enceinte et verse l'eau au moyen d'un gobelet maintenu par une chaîne rattachée à une canne."

Dans l’iconographie hindoue, le bâton revêt tous ses sens, arme entre les mains de plusieurs divinités mais surtout de YAMA, gardien du Sud et du royaume des Morts, juge suprême des actes des êtres humains, Il est alors appelé DANDA et joue le rôle de contrainte et de punition.

On le retrouve dans la légende de Kuafu, hercule de taille gigantesque qui marchait si vite qu'il semblait avoir des ailes.
Kuafu lança un défi au soleil et entreprit de le rattraper. Il était porteur d’un bâton. plus il s'approchait de l’astre solaire,, plus il avait chaud et soif. Il allait le rejoindre, mais dut s'arrêter pour se désaltérer dans le Huanghe. D'un seul trait, il absorba les eaux du fleuve, puis celles de la rivière Wei. Comme il avait toujours soif, il décida d'aller vider un lac du nord. Mais, mourut de soif avant d'atteindre l’astre solaire. Son bâton, tombé à terre, se transforma en une forêt touffue.
Dans la chine ancienne le bâton et notamment le bâton en bois du pêcher jouait un rôle majeur, il expulsait les influences néfastes et les forces maléfiques lors de l’avènement de l’année. De couleur Rouge il punissait les coupables.

Chez les Taoïstes le bâton de bambou à 7 ou 9 nœuds était d’usage rituel et correspondait aux degrés d’initiation . L’initié devait les atteindre tous pour accéder à la Connaissance.

En GRECE, l’éducation ancienne faisait qu’à 12 ans un jeune garçon exerçait son corps, sous la direction d’un entraîneur armé d'un long bâton fourchu qui servait à corriger les élèves récalcitrants. Le bâton joue là le rôle de contrainte et de punition, mais peut être aussi une arme exorciste et libératrice.

Dans le mythe de la fondation de l'empire inca, un couple ancestral, Manco Capac et Mama Ocllo, munis d’un bâton d’or, symbole de l’axe, offert par l’astre solaire voyagèrent jusqu’en un lieu magique et précis où selon l’astre il devaient s’arrêter et fonder leur empire.
Le signal serait que le bâton s’enfoncerait sans difficulté dans la terre et démontrerait la conjonction du ciel et de la terre donnée par la verticalité du bâton en tant que facteur masculin et la réceptivité horizontale de la terre en tant que composante féminine.

On rapporte que dans ce lieu mythique qui serait CUZCO se réalisa la confluence de deux énergies, produisant la réconciliation des opposés par l’irruption de l’énergie céleste, divine et axiale.

Mais le bâton n’est pas seulement l’élément bois qui jalonna les légendes, il est aussi un symbole d honneur, arme de défense dans les duels qui opposaient les hommes.
Le bâton comme arme de défense n’a point quitté l’histoire, de toutes les époques et au travers de toutes les civilisations on le retrouve

A l'époque de Charlemagne, la constitution, insérée dans la loi des Lombards, ne permettait le duel qu'avec la canne. Plus tard, les gentilshommes préférèrent se servir du fer, et la canne ou le bâton fut laissé aux vilains.
Au Moyen Âge, des duels judiciaires au bâton étaient autorisés pour tous ceux qui n'avaient pas d'épée, sans doute par simulacre des duels qui opposaient de temps à autres certains seigneurs. On retrouve en tout cas trace dans l'iconographie de tels combats, bien que ce soit relativement rare avant le XIVe.
Dans le roman du RENART, vers 1170,le célèbre duel au gourdin,, sorte de gros bâton opposant Renart à Ysengrin est singulier en soi car les deux sont de hauts barons à la cour du Roi.
Au XVIème siècle, en Allemagne son usage est lié aux techniques de combat.
Il est aussi, dans le jeu du TAROT représenté par le BATELEUR première arcane majeure du jeu. Il représente le point de départ du chemin et son bâton est un signe actif, de l'initiative individuelle, de conscience et de volonté.
Ainsi le bâton et l’homme ont parcouru ensemble l’histoire de l’humanité et c’est pour cela que le bâton est symboliquement considéré comme étant l'axe du monde, d’ailleurs de nos jours le bâton est toujours un symbole considéré comme axe du monde, parce qu’il soutient la marche du berger ou du pèlerin, il est tout à la fois soutien, défense et guide, et le principal attribut de ces voyageurs et pas seulement de ceux de St. Jacques, car depuis la nuit des temps les pèlerins l’ont choisi pour compagnon.
C´est un axe, permettant un repère, signant une autorité. Le symbole est phallique.

Tuteur, maître en initiation, le bâton représente, dans l´inconscient humain, l´autorité légitime, la vitalité, la régénération et la résurrection. C´est aussi un symbole d´exemple et de droiture.

Son symbolisme dans notre rituel trouve donc légitimement sa place, dans les mains de La MDC, il marque le rythme de la tenue, guide nos pas sur le pavé mosaïque qui recouvre le sol de la loge et qu’on ne peut éviter de fouler.

La M des C, à l'image du balancier de l'horloge, est reconnaissable à sa canne verticale, son principal signe distinctif, et aux coups qu’ elle frappe.
Ses déplacements ponctuent les temps forts du déroulement réglé de la tenue, elle ne travaille pas seulement pour le juste ordonnancement des choses. Elle est aussi le conducteur des voyages initiatiques. Chargée d’accueillir et d’accompagner toute personne qui entre dans le temple, elle leur ouvre le chemin sur lequel nul ne saurait s’y mouvoir de sa propre volonté. Elle suit les ordres de la VM et conduit les sœurs ou les frères vers leurs places respectives.
Elle interdit toute volonté personnelle quant au trajet qu’ils doivent emprunter et trace, en ce sens le parcours des déplacements en loge.
Pour ma part, dès mon entrée dans le temple, il s’opère en moi un changement, je ne suis plus celle qui il y a un instant attendait sur les parvis, en suivant la canne, je deviens autre comme si elle me purifiait avant d’atteindre les colonnes.
Il m’apparaît certain que lorsque l'une de nos sœurs, voire un visiteur ou une visiteuse de marque prend place sur les colonnes ou à l'orient ils s'y rendent précédés par le Maître de cérémonie armé de sa canne,et que celui ou celle qui arrive n'est pas le ou la même que celui ou celle qui part.

La Canne du MDC, idéalement fabriqué en ébène surmonté d’une boule noire, en contact par le bout métallique au sol, qu’ elle frappe lors de ses déplacements est lancée vers le ciel, masculin, qu'il invoque pour se charger en énergie spirituelle et frappe le sol pour la renvoyer à la terre, féminin, siège du matériel.
Tout ce qui est en haut est en bas ! Le spirituel doit guider nos actions, et notre gestion du matériel.

Si l’on observe cette réalité matérielle, on constate que le blanc et le noir du pavé mosaïque sont alternativement frappés par la Canne comme pour en activer les contenus respectifs, devenus actifs par la vibration du choc de la canne sur le sol.
C’est un message sonore destiné à ceux qui ont des oreilles pour entendre.
Il nous rappelle que l’ébène de la canne représente le Cabinet noir, les ténèbres et que, par sa verticalité, au travers de la boule qui le surmonte elle s’élève au plan spirituel et céleste. Durant tous nos travaux, La canne reste présente et active, la MDC la tenant à ses côtés suivant la règle de l art Royal, qui est un art de vivre, de se comporter, d’aimer selon la règle qui régit l'univers, la vie, la survie et l'évolution de l'espèce.

C'est un office extrêmement riche, riche de symboles, d'expérience mentale et physique, où l'exercice corporel du rituel prend un sens et une dimension particulière.

D'ailleurs lors de la tenue les SS, les yeux posés sur la haute canne ou l'oreille attentive à ses ponctuations, attendent que la MDC ait accompli le pas prévu par le rite. Elle est présente à l’ouverture et à la fermeture des travaux où aidée par la sœur experte, elle trace l’équerre au dessus de l’autel des serments.

C'est un office extrêmement riche, riche de symboles, d'expérience mentale et physique, où l'exercice corporel du rituel prend un sens et une dimension particulière.

Ce soir mes sœurs, je vous demande de vous joindre à moi pour adresser une pensée chaleureuse à notre MDC qui en accomplissant son office, charge le temple d’énergie positive par les vibrations de la canne, tout en insufflant grâce au rite, la symbolique qui s’y rattache.

J’ai dit


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